samedi 14 octobre 2023

Atelier d'écriture du 14 octobre 2023

Voici la production de cet atelier spécial écriture de chansons, animé par l'autrice-compositrice-interprète Karen Lano


Cathy, Evelyne et Jean

 

« Jardin secret »

J’ai retrouvé le vieux banc
Où nous allions rêvasser
Main dans la main en chantant
Nous nous étions enlacés

Dans le grand jardin
Gardien de nos secrets
La menthe et le thym
Mêlés nous enivraient

J’ai cherché dans les buissons
Les fraises les framboises
J’ai croisé le hérisson
Le nez luisant de rosée

Dans le grand jardin
Gardien de nos secrets
La menthe et le thym
Mêlés nous enivraient

Sur le banc
Marie
On s’aimait
Marie

Dans le grand jardin
Gardien de nos secrets
La menthe et le thym
Mêlés nous enivraient

Dans le grand jardin
Gardien de nos secrets
La menthe et le thym
Nos amours envolés

 

 

Jean-Lou, Irène et Hervé

 

« Déambulation cosmique »

Une broutille frou-frou dérouille
Un loup-garou roupiller
Le figuier brode dans l’espoir
Se lover oseille gagner

Profondeur printemps
Saison intime éden
Déambulation
Plénitude temporelle

Une citrouille et une roulotte
Démocratie déformée
Pyjama et incrédule
Espoir décrypté gagné

Profondeur printemps
Saison intime éden
Déambulation
Plénitude abandon

Une trousse secrète
Potager, ressources

Profondeur printemps
Saison intime éden
Plénitude limace
Incrédule attentat


 

Catherine, Léa et Paul

 

« Avant la nuit »

Dans le lit d’une rivière,
Ruisselant contre les pierres,
Les eaux glacées me décrivent
Nos souvenirs en dérive.

Berce mes rêveries,
Hamac, mélancolie.
Berce mes rêveries,
Hamac, mélancolie.

Quand la rosée du printemps
Brouille mes rêves d’enfant,
Le soleil dans son secret
Sèche les broutilles du passé.

Berce mes rêveries,
Hamac, mélancolie.
Berce mes rêveries,
Hamac, mélancolie.

 Déambule, petit.
Au jardin, grandis.

Berce mes rêveries,
Hamac, mélancolie.
Berce mes rêveries,
Hamac, mélancolie.

Berce mes rêveries,
Hamac, mélancolie.
Berce mes rêveries,
Hamac, avant la nuit.

 

 

Dario, Anne, Stéphanie et Maïlys

 

« Le figuier »

Se lovant dans le figuier
Son esprit part en été
Les pieds nus dans la rosée
En laissant son âme chanter

Enflammé d’amour
Son cœur est protégé
Les arbres l’entourent
Son cœur est protégé

D’amour mon cœur a cramé
Le figuier déraciné
L’oxygène vient à manquer
Incrédule, abandonnée

Enflammé d’amour
Son cœur est protégé
Les arbres l’entourent
Son cœur est protégé

Mon amour en cendres
Mais vient le printemps

Enflammé d’amour
Son cœur est protégé
Les arbres l’entourent
Son cœur est protégé

Enflammé d’amour
Mon cœur est protégé
Les arbres m’entourent
Mon cœur est protégé

vendredi 29 septembre 2023

Atelier d'écriture du 23 septembre 2023

La Semaine bleue, qui est un événement dédié aux personnes âgées, était l'occasion de rendre hommage à nos aînés. Nous avons écrit ces textes à partir de photos de Steve McCurry.

L'édition de cette année aura lieu du 2 au 8 octobre. Vous pourrez retrouver à cette occasion les textes dans le hall de la médiathèque.



Irène

 

Maman papa où êtes-vous belle maman je te découvre enfin je suis si heureuse de partir et de revenir vers vous. Ne partez pas je vous suis j’aime votre compagnie belle compagnie je vous aime. Ni passé ni avenir à l’aise enfin du respect de l’autre du soleil du bruit du silence plus de guerre la paix vous êtes nos petits on vous choie notre repère enfin l’entente la quiétude. Pas d’histoires de disputes mes aïeux. J’aime enfin la vie en harmonie avec l’univers de tous les temps vous ne m’effrayez pas vous avez bien vécu. Non il ne faut pas se suicider non il ne faut pas la vie est trop courte quand j’étais jeune je trouvais la vie trop longue. On ne peut tout vivre on ne peut se laisser aller trop longtemps le travail le courage les épreuves le temps passe trop vite je n’ai pas de petit enfant que faut-il faire ? Brûler les étapes et tout gâcher changer de vie les amours sont une leçon les saisons passent les jeunes partent parfois fumer boire les addictions survivre se dire qu’il y a pire que soi être heureux être soi marcher dans la forêt mamie ne peut plus marcher je pense à elle. Je veux lui parler l’écouter elle a son autorité mais elle me rassure elle est la dernière des aïeuls j’aime ton fils mamie on va bien s’occuper de toi quand tu dis avancer tu es courageuse tu nous portes ton enthousiasme ta joie de vivre. Ton corps ne peut plus mais ton esprit est là. Maman tu es partie épuisée fatiguée papa aussi et Hubert mon frère il y a les enfants maintenant c’est l’amour qui vous porte la vie présente et future.

 

 

Hervé

 

Joie de vivre
Quiétude
Richesse intérieure
Amour de soi
Amour du prochain
Sensibilité
Plénitude intérieure
Extériorisation de soi des toxicités
Libération intérieure
Ne pas se laisser déborder
Garde la tête hors de l’eau
Concentration intérieure et extérieure
Expulser les pensées négatives
Penser positif
Ne pas regarder derrière soi
Bien être de la personne
La richesse ne fait pas la personne
Sans se comparer

 


Jean-Lou

 

Il était Une fois un vieil homme qui était endormi dans son lit pour rêver des océans qui aimait bien quand soudain un coup de vent apparaît et les fenêtres s’ouvraient et l’électricité se coupa pendant 5 minutes puis il se rendormit. Le lendemain matin il fait son ménage pour nettoyer la saleté au sol qui en avait beaucoup et il repassa ses vêtements et dépoussiéra ses meubles et regardait ses bibelots dans son armoire qui était toute penchée en pensant aux glaciers qui étaient en train de s’effronter partout dans le monde entier. Enfin il s’habillera pour aller travailler puis avant ça il prend une douche tiède. Il décida d’aller au travail à pied mais il y avait une tempête qui s’abattait sur son lieu de travail. Quand il rentra chez lui sa maison tout était renversé et il remettait tout en ordre puis il refait sa vie comme avant… 



Maïlys

 

Tu es grincheuse, souvent
La vie ne t’a pas fait de cadeau
Ça, on le ressent

Tu as du mal à exprimer tes sentiments
A voir ce qui est beau
Tu te mets en colère facilement

Mais quand tu vois tes petits-enfants
Ton sourire, tout à coup, illumine tes yeux
Il est rare, donc d’autant plus précieux

Il est cette note de joie au milieu des années
Cette note qui t’aide à continuer d’avancer
A 90 ans passés

Tu es aujourd’hui arrière-arrière-grand-mère
Regarde cette famille que tu as contribué à construire
Regarde nous pousser, grandir

Au milieu de nous tous, il y a ton sourire
C’est le plus beau cadeau que tu puisses nous offrir

 

 

Léonie

 

Photo d’un homme âgé. Visage bariolé bleu/vert. Chemises avec de la peinture. Vraie peinture ou effet avec l’ordi ?

Le visage moustachu donne un âge. Avancé, l’âge.

Le regard donne un autre âge. Jeune, l’âge.

Les chemises donnent encore un âge différent. D’jeuns, l’âge.

C’est quoi l’âge ? Des chiffres sur une pièce d’identité ? Une expérience ? Positive ? Négative ? Une place dans la société ?

Je ne sais pas. Certains disent « l’âge c’est dans la tête », d’autres « on a l’âge de ses artères ».

Certains sont fiers de leur âge. D’autres le cachent autant qu’ils peuvent.

Certains trichent sur leur âge, d’autres l’arborent fièrement.

Dans certains milieux on ne demande pas l’âge d’une dame. Dans d’autre il se présente comme un compliment au même titre que les mensurations.

Certains veulent terminer leur vie dans le grand-âge (ne dit-on pas « ad méha essré en hébreu – jusqu’à 120 ans » en hébreu ?) d’autres souhaitent partir jeunes (24 ans comme Ste Thérèse ou 33 comme le Christ)

Tout ça c’est l’âge. Mais ça ne veut rien dire. Cette photo nous le prouve : visage buriné et ridé d’un homme âgé ; regard limpide d’un homme qui a encore tout à découvrir ; habillement qui ne correspond ni au grand-âge ni à la jeunesse.

Cet homme qui a l’expérience de la vie nous dit : l’âge ne raconte rien mais l’homme tout entier raconte une vie entière.

 

 

Hélène

 

Regard profond
Tant intérieur qu'extérieur
Porteur du passé
Franc vers l'avenir
Bouche fermée
Non crispée
Juste droite
Comme lui
N'y a-t-il pas si peu à dire
Si ce n'est l'essentiel parfois
Juste là
Et tellement là
Il est avec moi
Il est miroir
Il me cause sans parler
Je sais des choses
J'en imagine
Il est porteur de tant d'histoires
Il ouvre les portes à tant de souvenirs
Qu'a-t-il transmis
À ses fils à ses filles de la vie
De la vie ?

 

 

Sophie

 

Le temps passe, il file, il défile, tel une pelote qui nous échappe et se déroule sans qu’on ne puisse la rattraper.

Aujourd’hui enfant, demain adulte, après demain vieillard…

…Vieillard… Cette période qui inquiète, qui fait peur ; Qu’aurons-nous à donner au monde quand le moment sera venu ?

Aujourd’hui, je ne sais pas bien, et pourtant… LE souvenir de mes grand-mères est puissant !

Ces femmes étaient telles des femmes de l’ombre. Sans bruit, discrètes, altruistes et résilientes.

Dans leurs yeux, je pouvais lire tellement… Du plaisir dans la simplicité d’un moment, à la rudesse d’un passé bouleversant, comme autant de marques du temps sur leur visage et leur corps, comme autant d’expériences vécues.

A leur contact, le temps semblait ralentir ; leur écoute attentive, leur bonté, le don de soi ; à leur contact, mes souvenirs se sont construits.

Leur attente quotidienne, leur vulnérabilité, sont touchantes…

La joie dans leurs yeux à nous voir vivre, la transmission des valeurs passées qui ne seront pas toujours appliquées… Et pourtant… Tellement de bienveillance à notre égard.

Grâce à elles, notre corps, notre cœur et notre esprit gravent de la douceur, de la paix.

Avec elles, ce sont des habitudes, des odeurs, des gestes, des sons, des matières, des goûts, des objets, qui se gravent à jamais et nos sens n’ont de cesse de nous le rappeler.

Mémé, Mamie, pour tout cela je vous remercie.



Stéphanie


La première photo ne m’a pas plu, parce que la personne âgée était debout, toute seule, dans une pièce sombre. J’ai préféré celle qu’a eue ma voisine de gauche, parce que la femme âgée, dessus, est souriante, assise par terre, encore en activité. Elle vend quelque chose que je n’identifie pas, mais qui semble être fait de ses mains, donc elle est créative.

Peut-être qu’en vrai, c’est mieux d’avoir un toit sur sa tête et de ne pas devoir gagner encore sa vie à pas d’âge, mais ce n’est pas le sujet, et la seconde photo étant plus exotique, elle me ramène moins aux fins de vie que j’ai connues, à celle à laquelle j’assiste en ce moment.

Anne-Lise parlait de joie mais c’est un sujet qui ne m’inspire pas la joie. Peut-être que c’est d’écrire, qui procure cette joie à laquelle je suis invitée.

Je vais chaque jour à l’hôpital de Lisieux voir mon mari. Il a bientôt soixante-douze ans donc il fait partie de ces aînés auxquels il s’agit de se sensibiliser une semaine par an.

Il a un cancer au poumon et au foie, et je crois qu’il est en fin de vie. Mais je ne sais rien. Prédire est une chose difficile, surtout quand il s’agit d’avenir.

Moi j’ai 66 ans, et je ressens de la force et de la joie profonde.

Lui il n’a plus de force, il pèse moins de 60 kilos pour presque 1,80 m. Ses muscles ont fondu, surtout depuis juillet, car ça fait au moins deux mois que sa vie a rétréci. Du lit au canapé, du canapé à la chaise longue dehors. Heureusement c’était l’été. C’est beaucoup moins dur d’être allongé sous les tilleuls que sur un lit.

Je sais que la photo numéro un correspond bien davantage à ce qu’il vit et à ce qui m’attend, parce que l’autre se passe en Amérique du Sud, qui est à mille mille.

Je suis cueillie par ce sujet, auquel je ne m’attendais pas du tout. Mes yeux se brouillent et je ne vois plus les touches de mon macBook Air. Je pleure enfin, ce qui ne m’était pas arrivé depuis des jours. Je pleure de le décrire, je pleure de vous dire tout ça.

J’entends qu’il s’agit de se faire plaisir et de s’amuser mais Patrice est là-haut, à Robert Bisson, en pneumologie. Il voudrait sortir de l’hôpital lundi mais je sens bien que ce n’est pas le projet du service. Moi ça m’est égal qu’il reste à l’hôpital car ça me permet d’être libre le matin et le soir. Je dis ça mais c’est même pas vrai car je reçois des visiteurs à la maison, sa fille s’en va, son fils arrive, il s’en va et c’est sa sœur qui vient, je ne vais pas tarder à me sentir envahie.

 

J’aurais pu parler de ma grand-mère qui était une merveilleuse vieille dame pleine de vie jusqu’à la fin, ou de Vincelette, qui à 70 ans bien sonnés va en tandem avec son mari participer à (et souvent remporter) des championnats de natation, en France, en Europe. Quand elle fait les masters mondiaux, je suppose qu’elle prend l’avion ; elle a un petit carnet où elle note ses temps au 50 mètres, au 200 mètres 4 nages et autres joyeusetés.

Comme ma grand-mère Alice, elle est un modèle pour moi mais comment savoir ce qui va m’arriver ? C’est la surprise du chef.

Atelier d'écriture du 19 août 2023

 Léonie


Des mains pleines de doigts

Ce sont des jouets pour enfants, pour bébés.
Ce sont des artistes : peinture, couture, filage, cuisine, décoration, écriture.
Ce sont des consolatrices
Ce sont des traductrices
Elles peuvent être accusatrices, destructrices, voleuses, baladeuses, source de douleur
Mais elles peuvent sauver, soigner, construire, créer, réparer
Elles sont la partie de notre corps la plus complexe, à l’architecture la plus fine et extraordinaire
Elles sont souvent le premier dessin que l’on fait, trempée dans différentes couleurs de peinture
Elles enrobent, elles enlacent, elles caressent, elles pétrissent
Elles sont belles surtout quand elles sont ridées, usées, calleuses
Elles racontent tant de vies.




Sophie

 

L’attention à soi-même est primordiale me semble t’il…

Je suis ma priorité, et pourtant, la culpabilité n’est jamais loin.

L’oppression peut me bloquer comme un mur infranchissable… Et pour autant, le partage est riche, de même que les rencontres.

Je suis ici et maintenant, et je me respecte dans mes besoins et dans mes envies.

Je me donne désormais le droit de ne pas faire d’efforts, car je me respecte.

C’est une expérience difficile dans la relation à l’autre.

Un grain de sable est capable de venir faire dérailler tout mon engrenage, me court-circuiter.

Mon attention est facilement déviée, c’est atypique !

Lorsqu’un fait me tourmente, si anodin puisse t’il être, il prend toute la place en moi, c’est l’hypersensibilité !

En faire abstraction est ma difficulté.

Ici et maintenant, une contraction m’habite, elle est désagréable, comme un mal lancinant peut l’être ; elle fait monter une anxiété, un état de stress, et m’empêche d’être pleinement présente à moi-même, cela me gêne

samedi 22 juillet 2023

Atelier d'écriture du 8 juillet 2023

Dario

Le poème des vagues et de la sérénité

Des bruits sans fin.
De la relaxation avec un son.
Le son arrête le temps.

Assis sur une chaise et ça commence.
Le bruit du son de l’air et de la sérénité peut nous faire croire qu’on est dans l’espace ou au paradis.
C’est la première fois que je me sens comme ça.
Ce son peut nous faire sentir un truc dans le cœur et dans la tête.

FIN


Catherine

Mi. Mystère. Misère. Mitan. Mitaine. Mitochondrie.

Moi et la mort. Misère et Mystère.
Narcisse et Icare.
Phare et balise.
Valise et tombeau.
Mots et tourments.
Silences et cris.


Léa

Clignote.
Tremble.
Mais ne pleure pas.

Seule au milieu.
Le dialogue est incessant, pas moyen de se détendre.
Tu entends le bol, c’est doux, mais ça vibre, ça frémit, et ça tend ce qui est déjà sur le point de se briser. Ce fil qui s’étire sous ta poitrine, tenu par des mains indésirables.
Tu dois te détendre, mais tu veux ouvrir les yeux. Fuir.
Les semelles qui claquent, les pas lourds résonnent plus que de raison dans tes tympans sensibles.

Tu dois te détendre mais tu penses trop.
Ton cœur bat dans ton ventre. Dans tes tempes. Tu perds patience. Et ce fil qui se tend toujours plus.

Tu dois te détendre.
Tu ouvres les yeux. Tu ne pleures pas.
On appuie sur ta poitrine. On veut te compresser ou te réanimer ?

Clignote.
Tremble.
Mais ne pleure pas.

Tu entends le son de la mine sur le papier. La main qui glisse.
Tu n’es plus seule, au milieu. Je suis là. Je tiens les extrémités du fil pour que tu n’oublies jamais.
J’appuie sur ta poitrine, tu sais que c’est moi. Tu me connais bien.

Clignote.
Tremble.
Mais ne pleure pas.


Paul

« Le bateau de papier »

Quand l’heure défile,
Comme tout ne tient qu’à une seconde,
J’inonde mon corps tout entier
De ce temps qui s’écoule.

Et je regarde, les yeux fermés,
Flotter à la surface
Comme un petit bateau de papier
Le silence.

Il tangue, paisible.

J’ai longtemps cru
Qu’il fallait noircir les feuilles blanches
Mais le papier plié suffit.

Il tangue, tranquille.

C’est un voyageur immobile
Qui me raconte son histoire.

Moi, je regarde sans rien dire
Et j’écoute sans écrire
Je laisse au silence, si beau
Le premier et le dernier mot.


mercredi 5 juillet 2023

Atelier d'écriture du 17 juin 2023

Nous avons commencé par un texte à continuer... Voici les trois phrases proposées :


Il/Elle avait prévu de se prélasser ce dimanche matin-là, mais c’était sans compter sur la bonne humeur de son chat mais aussi sur sa vivacité...

La bonne amie de son enfance venait de lui écrire une lettre, c’est à ce moment-là qu’elle décida…

Leur rendez-vous était fixé à 20h sur la plage. La soirée était douce et le soleil commençait à se coucher sur la mer…

 

 Hélène

Leur rendez-vous était fixé à 20h sur la plage. La soirée était douce et le soleil commençait à se coucher sur la mer…

...Elle est là, et ça va.
La boule rouge, posée à l'horizon,
entre le bleu nuit de l'eau
et le bleu tendre du ciel.
Trois cormorans passent, vite,
dans cette lenteur de carte postale
qu'elle pose sur la toile de son chevalet
avec délicatesse
laissant le soleil
s'enfoncer imperceptiblement.
Quelques promeneurs du soir
passent au loin au bord des vagues.
Elle, est seule mais si habitée
toute ouverte à accueillir
la fin de cette journée de printemps
si vivante.
Le disque rouge a disparu
laissant un doux halo au bord de l'eau.
C’eût pu être une photo
mais ce fut un tableau
qu'elle tentera de vendre au marché.
Le gris, petit à petit, estompe les couleurs,
puis le noir.
C'est la victoire de ce rendez-vous
avant d'aller se coucher,
une fois ses effets rassemblés
Et ses pensées apaisées.

 

Maïlys 

La bonne amie de son enfance venait de lui écrire une lettre, c’est à ce moment-là qu’elle décida…

D’organiser une petite soirée. Une soirée pyjama, comme au bon vieux temps. Elle avait toujours rêvé de ce « rdv dans 10 ans ». Elle se voyait encore, toute petite, imitant Bruel à tue-tête dans le salon de ses parents, presque pressée d’être adulte pour avoir eu le temps de perdre de vue ses copines, et pour les retrouver dans une effervescence de joie et de rires. Là ce n’était plus 10 ans mais presque 25. Qu’importe. La lettre lui avait fait comme un électrochoc. Pourquoi attendre encore ? Sabine, Aurélie, Nathalie, Christelle… ce serait facile de les retrouver, elles ne devaient pas être si loin…

Quelques mois plus tard, les copines se réunissaient. Certaines avaient vaguement gardé contact, d’autres se revoyaient pour la première fois depuis leur adolescence. Toutes étaient maintenant mamans, au moins d’un chat. Toutes avaient fait leurs vies, à droite à gauche, restées dans le coin, parties à l’autre bout de la France. Elles étaient factrice, dentiste, carreleuse, éditrice. Elles étaient mariées, séparées, divorcées, en couple. Toutes très différentes, et pourtant elles avaient tant à se dire. Toutes avaient plaisir à se retrouver, à partager ce moment ensemble. Comme au bon vieux temps.

 


Nous avons ensuite eu l'occasion de faire un texte à plusieurs.

Le but était d'écrire un dialogue, en ping-pong, entre plusieurs personnages qui se rencontrent sur un sentier et qu'un événement va rapprocher :


 Anne-Lise (Jo), Hélène (Marie-Claude) et Maïlys (Sonia)


La chaleur est étouffante, l'ombre des sapins ne suffit pas à rafraîchir l'atmosphère.

Chacun dans son effort et sa solitude intérieure, chemine à son rythme et transpire à grosses gouttes.

Jo, regardant la carte envoyée par son grand-père cet hiver : « Maintenant, à gauche ou à droite ? J'ai l'impression de m'être trompé de chemin. Si quelqu'un pouvait me guider, ce serait magique. »

Sonia : « Aïe aïe aïe, dans quoi je me suis embarquée ? Il fait si chaud et je suis déjà épuisée. Allez, une petite pause sur ce gros rocher qui s'offre à moi. »

Marie-Claude : « Ouah, le rythme cardiaque est bon, les mollets bien échauffés, le bob bien ajusté, mais mais mais... les nuages là-bas, pas si loin, me font craindre le pire. »

Jo : « Oh mince, il commence à pleuvoir. Vite, un abri ! »

Marie-Claude : « Eh oui j'entends que ça gronde. Où me mettre à couvert ? »

Sonia : « Eh merde, je viens de m'asseoir et je sens des gouttes, faut déjà repartir... Tiens, ça s'agite dans les sapins... Ah du rose.... Je suis rassurée ! »

Marie-Claude : « Venez, venez vous mettre à l’abri dans la cabane, par-là. »

Jo : « Ah, ça y est, les tuiles orange du chalet de pépé. Vite vite, l'orage gronde, ça craque. »

Sonia : « Bonjour, vous me sauvez, j'ai bien cru finir trempée. »

Marie-Claude : « Ouf salut. Qu'est-ce que vous faites là vous ? T’es jeune toi ! Comment tu t'appelles ? »

Jo : « Euh ben moi c’est Jo. Vous connaissez mon grand-père ? Si vous voulez j'ai la clé. Mettons-nous à l'abri. Oh super, y a même du bois sec près du poêle. »

Sonia : « Je veux bien m'occuper du feu. S'il y a bien une chose positive que mon ex-mari m'a apprise, c'est d'improviser un feu. »

Marie-Claude : « Attendez, j'ai un stock de barres déshydratées, vous en voulez ? »

Jo : « Merci. Et merci d'être là, moi qui me croyais perdu. J'ai enfin retrouvé le chemin dont mon grand-père me parlait si souvent, avec le chalet de son enfance. »

Sonia : « Merci pour la barre. Vous voyez, je suis partie dans cette aventure pour être un peu seule et finalement je suis bien contente de croiser votre route. Au fait, moi c'est Sonia. »

Marie-Claude : « Moi, c'est Marie-Claude, enchantée. Bon, mais là je me pose. Vous me donnez l'occasion de sortir de mon mental de compet… Et si on se faisait... une soirée pyjama, avant de repartir demain matin, chacun sur son chemin... Ou ensemble, peut-être, tous les trois... »



Pour finir, un petit mot de notre chère Laure, qui part vers de nouvelles aventures :




samedi 20 mai 2023

Atelier d'écriture du 13 mai 2023

Cette séance était concentrée sur les forêts, d'abord les sensations que l'on peut ressentir en se baladant en forêt, puis l'invention d'un personnage et d'une histoire autour. 



Nathalie

 

Me promener en forêt, c’est….

Me promener en forêt, c’est me sentir toute petite parmi les grands arbres, mes frères. Regarder leur tête, osciller avec eux et avoir le vertige.
Me promener en forêt, c’est sentir le vent sur mon visage, ouvrir les pores de ma peau. Respirer !
Me promener en forêt, c’est marcher sur la mousse qui reçoit mes pas, me sentir légère dans le silence habité du pépiement des oiseaux.


Description d’un personnage de la forêt.

Puis : Ce matin-là…

 

Elle ressemble à une femme, mais ne l’est pas vraiment.
Habillée de feuillages qui changent au gré de la lumière, ses cheveux de lierre descendent en cascade sur ses épaules évanescentes.
Elle porte avec elle les soucis ou autres secrets, les plaintes ou autres aboiements. Elle connaît le langage du vivant : qu’il soit homme, chien ou lichen. Elle entend et comprend.
Elle chante dans le vent.
Elle chatouille dans le pépiement des oiseaux.
Elle réconforte dans la mousse douce et spongieuse. 

Dans le monde des hommes, personne ne l’avait jamais vue, mais chacun en louait les bienfaits.

Ce matin-là, alors qu’elle était penchée sur une fourmilière en plein déménagement, elle sentit quelque chose la saisir.
Elle se retourna et vit un petit garçon aux longs cheveux roux, cartable sur le dos et genoux égratignés. « J’me suis perdu » dit le petit garçon en se mettant à pleurer. 

Jamais personne ne l’avait vue. Jamais personne n’avait pu la voir ni lui parler.
Mais ce petit garçon tout reniflant s’adressait à elle et la regardait timidement.
Elle ouvrit la bouche, et contre toute attente, des mots sortirent de sa bouche, des mots sucrés et réconfortants.
L’enfant les écoutait et s’en gorgeait.
Déjà, il était debout et lui avait pris la main. Elle se laissait faire, se laisser mener à travers la forêt.
Il lui racontait l’école, le concours de billes, son amoureuse, Rose, et aussi son grand-père à l’hôpital.
Le petit garçon n’avait plus peur. Il marchait d’un pas assuré vers l’orée de la forêt, tout en continuant de se raconter.

Il était maintenant loin ; elle ne pouvait le suivre, celui par lequel elle avait vraiment existé.



Hélène


... Me promener en forêt, c'est... :

"lâcher
Sortir de ma vie
Pour entrer dans La Vie
Méditer sur ma vie
Ne plus gérer, contrôler
C'est accueillir
Rêvasser
M'imprégner
De sa vie foisonnante
Mais discrète
Et lente
C'est me laisser surprendre
Ici et maintenant
Du minuscule à l'immense
Hors du temps
C'est me délecter
Ou me méfier
De ses offrandes
C'est me perdre
Pour me retrouver
Vigilance
Respect
Paix. "

 

... Inventer un personnage de la forêt... :

" un sourire accompagné d'un signe de la tête, nous nous croisons et poursuivons chacun notre chemin.
Il a accroché à son bras gauche un beau panier en osier, déjà bien fatigué.
Sa main droite, tenant un couteau à la lame légèrement courbée, se met à l'abri dans la poche avachie de sa veste en toile brune huilée.
Son regard s'est tout de suite redirigé vers le talus, le fossé.
Puis ses pas, lents, mesurés, avec ses croquenots boueux, l'ont conduit vers une petite allée, à peine tracée, entre les fougères et les ronces.
Légèrement voûté pour regarder par terre, il reste cependant grand et élégant. "

 

... Mais ce matin-là... :

" mais ce matin-là son panier restera vide.
Ses yeux suivent, un à un, des petits cailloux blancs, qui se succèdent, régulièrement sur ce sentier étroit.
Où vont-ils le mener ?
Il cheminé longtemps, lentement, rêveur et interrogateur, devant ces pointillés qui filent à l'infini, croit-il, voyant le temps passer.
Mais les rayons du soleil l'éblouissent.
Il arrive dans une belle clairière où, en son centre, les pointillés de cailloux blancs forment, maintenant, un beau grand cercle, bien rond, où trône une souche qui lui donne envie irrésistible de s'y asseoir.
C'est fait.
Les yeux fermés, les genou remontés pour s'y recroqueviller,
Il est parti,
Retrouver son enfance,
La douceur de sa mère,
Les leçons de choses de son père,
Les aventures invraisemblables avec son frère.
Son cœur est nostalgique de ce passé,
Mais il est aussi en paix,
Car ainsi sa vie s'est déroulée entre douceurs, découvertes, joies profondes dans la partage avec ceux qu'il a aimé.
Il sent bien qu'il a de moins en moins d'énergie.
Ce tourbillon de cailloux blancs va-t-il l'emporter pour l'éternité.
Il se sent happé,
Et ça lui plaît. "

 

 

Maïlys

 

Me promener en forêt, c’est mille odeurs qui se mélangent dans mes narines, le lichen, les feuilles, les animaux qui traquent, ceux qui observent. C’est sentir les rayons du soleil sur mon visage, à travers les branches. Ressentir le mystère de ces grands bonhommes majestueux, leur force, leur puissance. Se sentir tout petit et en même temps en harmonie. Poser les mains sur un tronc, laisser l’énergie tranquille me bercer. Observer une feuille se détacher, voltiger, se poser tout doucement.

Me promener en forêt c’est des souvenirs, quand j’étais petite, le dimanche, au bois de Saint Christophe. Promenade avec les parents, course à travers les arbres, aire de jeux dans la grande clairière. Rester immobile et respirer cet air pur. S’imaginer des petits lutins, des elfes, des fées, qui peuplent les légendes et les rêves.

Souvenirs d’automne et de printemps. De rouge, de vert, de fraises des bois et de champignons. Souvenirs d’aventure et sentiment de sérénité.

 

Marcel est un petit lutin très malin. Avec sa silhouette svelte, il se faufile partout parmi les racines, grimpe sur les branches. Il récolte du lichen et fabrique des lits pour les nouveaux membres de la tribu. Très discret, il n’a jamais été aperçu par un humain curieux. Ou peut-être une fois, où il est presque sûr d’avoir croisé le regard d’une petite fille qui cueillant des champignons. Il porte une salopette marron, assortie d’un petit bonnet de la même couleur. Il va rejoindre ce soir sa famille, dormir tranquillement à l’abri du chêne.

 

Comme chaque matin, Marcel s’est levé du bon pied. C’est son moment préféré, cet instant où les rayons du soleil viennent rencontrer sa couche de lichen. Il vit avec les saisons, se lève aux aurores l’été, hiberne une partie de l’hiver. C’est aujourd’hui le premier jour du printemps et les jours rallongent à vue d’œil, rien ne peut le réjouir davantage.

Aujourd’hui, c’est aussi dimanche. Le dimanche, il part faire sa cueillette de champignons tout frais et prépare un petit-déjeuner fastueux pour sa lutine et leurs trois enfants. C’est leur petit rituel hebdomadaire, et c’est aussi toute une expédition !

Pour trouver les champignons les plus goûtus, il doit s’aventurer loin de son terrain de prédilection. Il connait tous les coins de la forêt comme sa poche, mais s’éloigner c’est s’exposer aux regards indiscrets des promeneurs. Cela fait grand débat dans la tribu : les lutins ont toujours vécu cachés, mais certains rêvent de se dévoiler au grand jour. Marcel n’est pas de cet avis, pour vivre heureux, vivons cachés, comme on dit. Sa petite vie lui convient très bien comme ça.

Il enfile sa salopette marron, descend de son chêne, et c’est parti pour le grand tour ! Armé de sa brouette à cueillette, le voilà parcourant les sentiers, marchant d’un pas rapide et assuré, aux aguets du moindre bruit humain.

L’expédition se passe sans encombre, et il arrive enfin à son butin. Les champignons sont si beaux aujourd’hui ! Il hume l’air, s’en lèche déjà les babines. Allez, au travail !

Il ne l’a pas vue, mais pendant ce temps, une petite fille observe toute la scène. Allongés sur le ventre, parfaitement immobile, elle regarde le lutin s’affairer, couper les champignons, remplir sa brouette. Elle ose à peine respirer, n’en revient pas de la chance qu’elle a. Un lutin ! Un vrai lutin, sous ses yeux !

Soudain, Marcel se redresse, il a senti quelque chose. Il se tourne et croise le regard de cette petite humaine qui ne bouge toujours pas. Il se fige, panique d’abord, s’apprête à courir en laissant tout en plan. Mais la douceur de ce regard l’apaise. Ils se fixent un moment, se sourient même. Alors, Marcel ose s’approcher. La petite, qui n’avait toujours pas bougé, rend un doigt que le petit lutin vient serrer.

C’est un moment suspendu, une rencontre magique comme il en existe si peu. Comme s’ils se reconnaissaient. Ils ne parlent pas le même langage, alors ils se sourient, et ça suffit.

Ce soir, Marcel aura peut-être un peu changé d’avis sur la vie cachée. Quant à la petite fille, elle ne racontera jamais ce moment à personne, de toute façon on ne la croirait pas. Mais elle gardera toujours le souvenir de cet instant suspendu et reviendra voir, de temps en temps, son ami lutin.

mardi 25 avril 2023

Atelier d'écriture du 15 avril 2023

Pendant cet atelier, nous avons travaillé sur les homonymes
- Ver, verre, vers, vert
- Aire, air, ère, erre, hère
Il y a du choix !

L'exercice suivant consistait à écrire soit un texte sous forme poétique, soit un dialogue de sourd en s'aidant également d'homonymes.

Enfin, un texte sur le passage de la folie à la raison... ou l'inverse.

Camille proposait également d'écrire un texte pour le concours d'écriture du festival Les Gros Maux, un festival d'art urbain engagé pour dénoncer les maux de notre société. Plus d'informations à ce lien.

 

 

Marie

 

Vers les étoiles
Attirée aussi par le vert des forêts
Je n’ai pas envie de mettre des souliers de vair
Mes pas sont simplement perdus
Un verre plein d’eau m’attend sur le bord du chemin
Je bois et invite deux petits vers de terre à y goûter avec moi
Au revoir, à bientôt
Amen
Je ne suis pas la fille de Vercingétorix


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Où voulez-vous que je m’enfuie
J’erre depuis si longtemps et je ne suis pas pour autant un pauvre hère
Mais dans l’air d’aujourd’hui
Je ne suis pas à l’aise peut-être
Vivrais-je un jour une autres ère
Alors je marche encore
Laissez-moi partir sur l’air de « Ça ira »


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La Mer rouge peut-être
la mère de mes ancêtres

 

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La raison, la folie
La folie, la raison
Seulement les saisons de la terre et des hommes

Je ne sais pas, pour moi
Je ne sais plus
Ça ne veut rien dire

Les mots oui les actes encore mieux

 

Camille

 

« La vie en vert »

Dans l’ère du temps
L’air du printemps
Qui me prend pour une hère
Me transforme en hère
Vraie aire de jeu
Où j’erre en mes poèmes malicieux

Le ver de terre
Allant plutôt vers les recoins divers
Sous cette flore nouvelle colorée au milieu de tout le vert
A la santé de ces précieux être silencieux je lève mon verre

En attendant une vraie serre
C’est la chambre d’amis qui me sert
A mes dizaines de bébés plantes que leurs trop petits pots serrent
Un jour ils rejoindront orvet, sous-bois, biches, cerfs.

Oh !
Il trouvera de l’eau
S’il se hisse plus haut
Dans mon jardin aux… merveilles !


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« L’ère du temps »

Dans quel état j’erre ?
Ce monde manque d’air !
Vivement la nouvelle ère
Où se déploieront nos créativités dans une plus vivable aire

J’étouffe
A bout de souffle
Je m’essouffle
Si je garde mes pantoufles

Non je ne veux pas rester sur place
Ramper lentement, en limace
Plutôt que des grimaces
Je construirai de nouveaux palaces
Un sous-bois, un petit étang
Des hôtels à insectes géants
Des abris pour tout le règne du vivant
De la faune, de la flore, en feux d’artifices éblouissants

 

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« La foi »

- J’ai la foi.
- Bah tout le monde a un foie.
- Je veux dire : je crois.
- Non c’est sûr, sinon tu ne survivrais pas.
- Tu ne comprends pas : ma foi.
- Non, ma foi, je crois que c’est toi.
- Moi ?
- Toi…
- Quoi ?
- Toi qui ne comprends pas.
- Pourquoi ?
- Te fâche pas mais pour une fois je te trouve naïf de croire qu’on n’aurait pas tous un foie.
- Ah tu crois toi que tout le monde a la foi ?
- C’est sûr. A la fois, tu ne sembles pas tellement y croire !
- Ah si justement, j’y crois.
- Tu crois quoi ?
- Je crois que je crois.
- Pour sûr, on évolue tous. Mais je crois qu’on ne peut pas toujours croître, la vie croît puis décroît.
- Mais moi… je parlais des croix.
- Voilà. Tu t’exprimes puis tu déclines. C’est normal, crois-moi.
- Non ma foi ne décroît pas. Je crois qu’elle ne fait que croître.

 

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Quelle est la raison de cette folie ?
Quelle folie que de suivre toujours la raison !
La folie arrive-t-elle vraiment sans raison ?
C’est fou comme la déraison surgit à raison.

Les grands maux du monde
Brûlent nos forêts, nos ressources
Brûlent mes lèvres de crier des gros mots immondes
Lorsque dans l’indifférence se tarissent nos sources
Lorsque les catastrophes planétaires inondent
Dans leur inarrêtable course
Contre le déluge, la Nature féconde
Engendre plus de richesses
Que n’en sauraient contenir nos bourses

 

 

Maïlys

 

Le ver s’achemine, ondule dans la terre, se fraye un chemin parmi ses congénères. Il est déterminé, son but est loin mais il l’aperçoit, tout vert. Il va y arriver. Il poursuit son trajet vers le trésor. Tout près, tout près, encore un effort. Il arrive enfin à son butin. La pomme est magnifique, brillante de mille feux ! Il cherche à l’atteindre mais malheur ! La pomme est en verre, il ne peut la croquer. Tant pis, il se cherchera un autre goûter.

 

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Nous rentrons dans une ère, où l’air se fait rare.
Où la nature voit son aire, rétrécir et rétrécir encore.
Où nous, pauvres hères, errons au désespoir.
Quand allons-nous, enfin, nous mettre à la page ?

 

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- Ma mère va partir à Caen, elle veut voir la mer.
- Elle veut voir sa mère ?
- Non la mer, elle veut se baigner.
- Aaah, et elle part quand ?
- Oui c’est ça, à Caen.
- Oui mais quand à Caen ?
- Elle part dimanche, et après Caen elle ira dans la Manche.
- Et bien quoi ? Que se passera-t-il quand elle ira dans la Manche ?
- Et bien, elle verra aussi la mer.
- Aaaah. Mais dis-moi, elle va bien ta mère ?
- Ma foi, elle est un peu malade.
- Ton foie est malade ?
- Non non, mon foie va bien, c’est ma mère qui n’est pas très en forme. L’autre fois, elle a fait une crise de foie. Ma foi, elle a besoin de repos.
- Je ne suis pas sûr de te suivre avec tes histoires de foi. J’ai la tête qui tourne.
- Veux-tu un verre d’eau ?
- Je veux bien !
- Prends donc le vert.
- Oui mais lequel ?
- Eh bien, le vert !
- Tu sais, j’ai du mal à te comprendre parfois.


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Ils sont là, je les aperçois, derrière la vitre.
Ils marchent vers l’entrée, se marrent déjà.
Je les observe.

Ils passent le sas, me fixent avec un grand sourire narquois.
« Bonjour Madaaaaame ».
C’est ça, fais le malin, va.

Ils s’installent sur les canapés, hilares, je crois qu’ils ont fumé.
Ils ne savent pas se tenir, je sens la colère monter.
Du calme, ce ne sont que des adolescents.
Un peu bêbêtes, un peu insolents, un peu bruyants…

Très bruyants. L’un met sa musique à fond, l’autre éclate de rire.
Je les regarde, ils savent mais s’en fichent pas mal.
On a beau leur dire…

Ils baissent le son, font des messes basses, préparent leur prochain coup.
Je suis tendue, ils sont capables de tout.
Je retourne à mon travail, une oreille aux aguets.
Du mal à me concentrer, que vont-ils encore inventer ?

J’entends alors un énorme rot, là c’est la goutte de trop.
Ni une, ni deux, mon collègue et moi sommes debout.
Comme une envie de leur crier dessus :
« Cassez-vous, et qu’on ne vous revoit plus !!! »

Ils pourraient nous rendre fous, mais il faut se contenir.
C’est ce qu’ils cherchent, nous pousser à bout, nous faire faillir.

Alors, aussi calmement que possible, nous les poussons vers la sortie.
Toujours hilares, ils nous narguent, mais eux, ils sont sous la pluie.



Anne-Marie


« Petit ver. »

                    Je suis hors champ dit Camille en parlant de moi. Est que ça étonne quelqu'un ? Car dans mon champ il y a un petit ver tout nu. Evidemment tout vert se confondant avec l’herbe du jardin, courant vers la salade si appétissante. Assoiffée par tant d’émotion je courus vers ce verre salvateur et repris à tue-tête ma comptine préférée ; qui a vu dans la rue le petit ver de terre, qui a vu dans la rue le petit verre tout nu.

 

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« Pauvre hère. »

                    Elle errait dans cette petite ville sans âme. On lui avait dit que cette bourgade était propice au bon air. Une petite ville à la campagne en somme. A ceci près c’est qu’aujourd’hui on respirait surtout les déchets soufrés qui se dégageaient des usines pétrochimiques avoisinantes à droite, sous les arcades de l’ancienne ville gallo-romaine le coiffeur « l’hair du temps » s’activait autour d’un brushing permanenté. Un pauvre hère se dirigeât vers elle et lui dit : « T’as pas cent balles ». Elle se réfugia sur le parking du carmel et se retrouva nez à nez avec un petit hère qui avait perdu sa maman. Et ben voilà elle la tenait enfin sa petite ville à la campagne.

 

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                    Il était une fois un maire qui se proclamait aussi mère. Elle rencontrait quotidiennement ses administrés.

Le curé du même village se souciait de la vie spirituelle de ses paroissiens. Il fit la requête suivante à l’édile qui n’en crut pas ses oreilles : pourrions-nous chanter la carmagnole au 14 juillet au lieu de la Marseillaise ?

Mme le maire pourtant d’un naturel progressiste, réagit violemment. Comment, le clergé s’intéressait à l’idéologie populaire ? Non ce n’était pas possible le prêtre avait dû regarder Don Camillo en boucle, série télévisée qui avait fait le buzz dans les années après-guerre aux temps bénis des chaînes publiques.

Mon bon ami vous devriez prendre des vacances au bord de la mer. Je sens votre foi qui vacille. Sûrement qu’une petite cure de détoxification du foie vous serait profitable. Certes la ville de Foix réputée pour ses eaux thermales semble être l’endroit idéal pour une régénération de tout votre organisme. Et c’est ainsi que notre bon curé fut évincé temporairement de son petit village.

 

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« Raison ou folie. »

                    Raison, raisonnable. J’entends encore les diktats de mon enfance. « Sois raisonnable » Non je n’ai pas envie. Je sentais qu’on allait me rogner les ailes. Ressembler à tout le monde pas question. « L’ennui naquit un jour de l’uniformité »

« Critique de la raison pure » Kant peut être ? Les philosophes au cours des siècles ont toujours apprécié la raison et la folie.

Alors j’assume mon grain de folie, générateur de créativité, m’ouvrant au monde dans un bain d’originalité. Evidemment l’enfer de Dante ne nous attire pas. Pas plus que l’asile d’aliénés. Mais n’ayons pas peur des fous. Humanité, tolérance vous serviront de passeport.

Passeport pour la folie j’aime bien l’idée.

vendredi 24 mars 2023

Atelier d'écriture du 11 mars 2023



Comme vous le savez peut-être, en mars a lieu le Printemps des poètes, événement national mettant en lumière la poésie sous toutes ses formes.
L'occasion de se lancer une nouvelle fois dans l'écriture poétique !
Sur le thème de cette édition 2023, les frontières, voici ce que Laure nous a proposé :

Ecrire quelques lignes sur ce que vous évoque chacune de ces photos :


Ecrire quatre poèmes :
- pour quelqu'un que l'on ne connaît pas ayant pour titre : « A toi qui... »
- thème « Nos frontières intérieures »
- thème « Passeur ou passeur »
- thème « L'amour au-delà des frontières »


Hélène

 

1.

Le soleil brûle la terre et sa vie végétale
Le grillage est découpé
pour un espoir de liberté
Son cœur brûle de paix en rafale
No man's land
One man dream


2.

Jérusalem, je t'aime et je te hais
Quand seras-tu un lieu de paix
Inconditionnel ?
J'en supplie l'éternel.


3.

Grillages et barbelés
Interdit de passer
Lames de rasoir
Sans possibilité d'Espoir
Honte est dans mon cœur
Que de malheurs.


4.

Économie, business,
Au plus fort la pouque
Pour de la merde en paquets
Quel gâchis
Alors que chaque être humain
Pourrait ne plus avoir faim.


5.

Passeport
Pour moi
Passe-pas pour toi
Pour mes plaisirs
Pour ta survie
Pas d'égalité
Où va l'humanité ?


« À toi qui... »

À toi qui
Loin d'ici
Es mon frère
À toi qui
Près d'ici
Es ma sœur
Frères et sœurs
Sœurs et frères
Êtres humains
Humains
Êtres
  Fraternité
  Sororité
  Respect
  Liberté
Poésie pour ta vie
Douceurs pour ton cœur.


« Nos frontières intérieures »

nos frontières intérieures
Les tiennes, les siennes, les miennes
Les nôtres
Je les connais ou les découvre
Les reconnais et les ouvre
Je les accepte ou fais avec
Mais je peux jouer
Les faire bouger
Ou ne pas en déroger
Les accueillir
En discuter
Philosopher
Réfléchir
Et avancer
Parfois m'en excuser
Et toujours chercher
Un peu plus d'humanité.


« Passeur, passeur »

passe passe passera la dernière la dernière,
Passe passe passera la dernière y restera
Elle nous a volé trois p'tits sacs de blé
Nous la rattraperons et nous lui donnerons trois p'tits coups d'bâton...
  À 5 ans, en cours de récréation
  Je chantais cette chanson
  C'est vrai faut pas voler
  C'est vrai faut des sanctions
  Mais faudrait un autre couplet...
...Je lui ai donné trois p'tits sacs de blé
      N'avait pas à manger
      Alors j'ai partagé
      Aussi trois p'tits bonbons.


« L'amour au-delà des frontières »

Une terre ronde où l'on pose tous nos pieds
Une même Lune qui décline ses quartiers
Un même Soleil qui éclaire
et réchauffe notre air
Un humain unique
Une humanité multiple
Capable du pire comme du meilleur
Comment cultiver ses bons côtés
Pour trouver la Paix ?



Laure


1.

14h
Pas un nuage à l’horizon
Douceur visage caresse
Réalité, mirage ou vision ?
No limite, espoir, jeunesse


2.

A vendre !
Mur béton 50m de long sur 6m de haut
DPE vierge
Espace vert à défraichir
Faire offre
Pas sérieux s’abstenir


3.

Aille, ouille
Dans les livres d’histoire, je ne m’imaginais pas que je le vivrai un jour. Jamais ne cesse. Ici ou ailleurs.
Papy. Mamie. Nous maintenant.
Je charge mon sac à dos de mes quelques effets.
La route sera longue. La boule au ventre.
Peur et espoir.
Incertitude du lendemain.
Ils sont là, ils nous attendent.
800€. La nuit est là.
Pince coupante. Cris de chien.
J’ai envie de dormir. Froid. Noir.


4.

Je le tiens
Tu le tiens
Par la manivelle
Le premier de nous deux
Qui lâchera
Aura tout perdu


« A toi qui… »

A toi qui valses la nuit.
Perdre ou sauver des vies ?
Par vents, accalmies ou pluies.

A toi qui portes nos frères
fatigués des lourdeurs des guerres
par-delà les frontières

A toi qui dérives au grand large
Avec espoir mais peur du naufrage
Transportant des cœurs de tout âge

Je te dis bon courage
Garde le cap, ne chavire pas
Tu portes la vie, ne chavire pas.


« Nos frontières intérieures »

A : Ecoute moi ! Vas-y !
B : Non pas encore, n’y va pas.
A : Trouillard, poule mouillée
B : Prudence, savoir attendre
A : C’est pourtant pas sorcier
B : On n’a pas dit ça
A : Vas-y je te dis, tu seras libéré
B : Mais qu’en sais-tu toi ? T’y ai jamais allé.
A : Quoi de pire que ce qu’il a déjà vécu ?
B : Si c’était si simple.

Respiration. Palpitant. En haut de la colline Mohamed s’élance, court, dévale la descente, saute… Raté ! Encore raté !

225e essai. Genoux saignants. Mains écorchées. Mohamed retentera demain s’il est toujours vivant.


« Passeur ou passeur »

Monstres barbares
Détenteurs de la vie ou la mort
Je vous déteste
Je vous hais
Assoiffés de richesse
Assoiffés de vies
Je vous déteste
Je vous hais

Glorieux courageux
Détenteurs de la vie ou la mort
Je vous vénère
Je vous aime
Assoiffés de sauver
Assoiffés d’espoir
Je vous vénère
Je vous aime


« L’amour au-delà des frontières »

Anéantie de notre séparation
Mon cœur bat en explosion
Tu m’as dit pars c’est de raison
Mais la vie ne vaut rien sans toi

Je ne survivrai pas
La vie ce n’est pas ça
Alors ne m’en veut pas
Mais je rebrousse chemin pour toi



Cathy


Image 1.

Nom Giver
Prénom Mike
L’homme qui trouve la solution à tout.
Le voilà bien installé pour se reposer de son périple.


Image 5.

Passeports multicolores
le mien est bordeaux


A toi qui fais avancer mon stylo
Entre toi et moi, il n’y a pas de frontières
Toi ma tête qui pense
Toi mon corps qui accomplit
Toujours complices mais au-delà des frontières
Il se peut que mon corps n’avance plus et s’incruste alors la maladie.
La malle de toutes mes histoires que je me répète en boucle et qui me fait stagner jusqu’à ne plus dormir, ni manger mais beaucoup ruminer.
Un seul remède, reprendre le sens de ma vie pour retrouver la joie et me dire que quand la santé va, tout va.


« Nos frontières intérieures »

Rire ou pleurer ?
Et pourquoi pas pleurer de rire ?
En yoga du rire, il n’y a pas de frontières
puisqu’il est international
Tout le monde parle le même langage
Et si le rire vient, c’est bien
S’il ne vient pas, c’est bien aussi



Mélanie


« A toi qui »

A toi, médecin sans frontières
Que l’on ne peut accuser de polluer la Terre
Tu vis l’horreur des guerres,
De la misère
Tu fais preuve d’une abnégation sans faille
Soigner, sauver, vaille que vaille
Tu mérites mille médailles
Pour ces honorables batailles


« L’amour au-delà des frontières »

Autrefois réservé aux aventuriers, aux voyageurs
Avides de découvertes, d’explorations
A la recherche de paysages inconnus
Mais aussi de rencontres impromptues

Aujourd’hui accessible aux surfeurs
Férus, sur leurs ordinateurs, de navigation
Qui peuvent faire leur choix sur leur écran comme dans une rue
Et trouver l’amour de cette façon saugrenue



Zoé


« A toi qui »

A toi qui ne sais pas qui je suis
A toi qui vis en pensant ne pas me connaître
Que ce soit dans tes rêves, ton subconscient ou bien ta vie,
Jamais tu ne sauras l’existence de mon être

A toi que j’idéalise
A toi que j’imagine
Au fin fond de mon esquisse
Je te sens vivant, présent, existant

A toi qui es étranger
A toi qui viens du monde
Sache que dans mon cœur,
tu existeras à jamais

A toi qui m’inspires, en écrivant ces paroles
A toi qui occupes mes pensées
Je te laisse désormais vagabonder
vers ta destinée


« Nos frontières intérieures »

Je te regarde, je te souris
Je t’explore, et te déchiffre
Mais qui es-tu vraiment,
Jeune homme aux yeux exaltants.

Tu es pour moi une énigme,
Tu es pour moi une enquête,
A la recherche de tes mystères,
Je vogue au gré de mes découvertes.

Je ne m’attends pas à la vérité,
Je ne m’attends pas à une révélation
Mais, si, malgré mes efforts vains

Je parviens à trouver la clé
Je trouverai un jour ton être
Et j’ouvrirai enfin nos frontières intérieures.


« Passeur ou passeur »

Passeur ou passeur,
sur un terrain de football,
de basket, ou de tennis
qui peut mener à terme d’une victoire.

Passeur ou passeur
En Seine Saint Denis,
où les pauvres gens abandonnés
tentent de se faire un peu d’argent,
en vendant des stupéfiants.

Passeur ou passeur
Ces milliers de gens
qui risquent leur vie
afin d’aider une cause
en appartenant aux domaines différents
que possède le mot « passeur »

 

« L’amour au-delà des frontières »

Je t’aime au-delà du sang
Je t’aime au-delà de la chair
Je t’aime au-delà de la religion
Je t’aime au-delà de la profession

Je te chéris au-delà de la nationalité
Je te chéris au-delà de ta couleur de peau
Je te chéris au-delà de ta finance
Je te chéris au-delà de ta forme physique

Je t’aime car tu es
vivante, puissante et passionnante
virevoltante mais aussi cinglante

Pour moi les barrières n’existent pas
Car seul ton cœur peut
me posséder, à tout jamais



Maïlys


1.

Tranquille, il sourit, se détend. La frontière est ouverte, le passage est possible. Il se balance entre ces deux zones. Une seconde il est ici et celle d’après il est là. Il n’appartient ni à l’une, ni à l’autre. Il est bien.


2.

Une barrière, un mur, un seul bloc qui s’étend sur des kilomètres et des kilomètres. Pas de possibilité de traverser. C’est fermé, bloqué, on ne peut rien faire.


3.

Enfermé, prisonnier dans ce pays. Il tente d’escalader mais glisse. S’écorche les paumes sur les barbelés. Il tombe à la renverse, sa respiration se coupe un instant. Pas de solution, il est bloqué là, étalé de tout son long dans la poussière. Pas de solution, juste d’essayer encore.


4.

La pêche a été bonne, mais qui pourra récolter le butin ? Qui l’emportera ? A qui appartient la mer ?

Eh bien aux poissons, pardi !


5.

SVP passeports
Toi tu passes, toi tu passes, toi tu passes pas.
T’as ton passeport ?
Sans ça, c’est mort.
Tu passeras pas.
Point, c’est comme ça.


« A toi qui »

A toi qui es ici
dans une ville, dans un pays que tu ne connais pas
Toi qui as traversé des frontières
pour en arriver là
Toi qui as marché
jusqu’à faire cloquer tes pieds
jusqu’à perdre ton souffle
jusqu’à épuisement.
Tu es là maintenant
Tu es en sécurité,
mais comment te sens-tu vraiment ?
Il te faut encore apprendre
la langue, les coutumes, de nouvelles habitudes

A toi qui te sens seul
loin de tout ce que tu connais
A toi qui as tant de courage
Sois le bienvenu parmi nous.


« Nos frontières intérieures »

Je suis bloquée
pas inspirée
Frontière des mots
de la parole
Que dire ?
Ca s’envole
Pas concentrée
La page blanche m’affole
Va-t-elle le rester ?


« Passeur ou passeur »

Tout le monde s’installe
en cercle dans le noir
La discrétion est de mise
Mais ils se connaissent bien maintenant
Ils ne se voient pas mais se devinent

C’est toujours le même
qui prend la parole le premier
C’est le passeur
Tout le monde le nomme ainsi
car c’est lui qui fait passer les histoires

Plus un bruit, tous sont à l’écoute
de la suite, de la fin, d’un commencement
Le passeur sait si bien raconter
Tous sont suspendus à ses lèvres
On en oublie le temps, la fatigue, la douleur

Pendant un instant d’éternité
Il n’y a plus que sa voix
qui s’élève comme un enchantement.



Anne-Marie


                « Jeux sans frontière »


                Ce n’était plus un jeu. Les frontières s’étaient refermées. Ces photos de l’horreur en témoignent.

Le petit orphelin hurle à la mort comme un chien. Là le cercueil découvert de sa mère. Les femmes entourent la défunte et récitent la prière des morts.  Il n’y a plus rien à faire. Se soumettre ou mourir.

Au travers de la longue trouée multicolore, on aperçoit la colonne des manifestants. Elle s’étire sur plusieurs kilomètres. Les visages sont fermés, haineux et reflètent la détermination. Celle de vaincre au nom de la liberté. Les lance-pierres, armes dérisoires face a l’ennemi sont brandis de mains de maîtres. Une fumée noire obscurcit le ciel et les flammes rougeâtres entourent cette foule belliqueuse. Et quand le crépuscule tombe, ils sont encore là, tendant courageusement leurs bougies aux flammes vacillantes. Les policiers brandissent leurs boucliers dans l’espoir de les faire reculer.

Alors le peuple opprimé lève la main exprimant sa résistance et son espoir dans un rituel magique et incantatoire. Non pas le V de la victoire mais simplement trois doigts levés.

En haut d’un immeuble, une blanche colombe, symbole de paix se dresse et murmure : See you again.


Texte écrit au vu d’une exposition photographique à la médiathèque sur le dernier soulèvement en Birmanie.