Dans cet atelier, il s'agissait d'écrire des textes… à chute !
Voici ce que nous avons imaginé pour étonner les lecteurs.
Rose
« Une boîte »
J'ai une petite boîte.
Dans cette petite boîte il y a des trop belles....
Oh non mes petites chéries
Où elles sont passées
Mes si belles
Chaussures
« Le gardien du trésor »
Il était une fois
Un gros trésor.
Le trésor se trouvait dans une grotte.
Mais à cette époque, personne ne savait où il était.
Sauf le dragon.
Le dragon s'appelait Lave.
Mais un jour un voyageur s'approcha du trésor.
À un moment, le voyageur poussa la pierre qui protégeait le trésor.
Le dragon brûla le voyageur et le trésor fut protégé.
Fin.
Hélène
« Je sors ce soir »
Je monte l'escalier quatre à quatre
J'aurais dû mettre mes baskets
Mais j'avais pas prévu
C'était pas prévisible
C'est arrivé si vite
Ça m'a fait peur
Encore un bon kilomètre
La place à traverser
Vais-je y arriver
Tourner à droite
Une longue ligne droite
Encore des marches
Et après les graviers
Sans me tordre les pieds
Heureusement
Je ne suis même pas essoufflée
Il faut que je sorte mes clés
Ploc Ploc ploc
Je les avais à l'œil
Tout en filant
Ce ciel noir
Et ce vent violent
Ploc Ploc ploc
Le temps de clancher la porte
Et la trombe d'eau
S'abat comme un rideau
Je suis sauvée
Je sors de chez le coiffeur
Ça a failli être une horreur.
Nicolaï et Domino sont à la terrasse du café.
Des plans, ils en ont déjà tant fomenté.
L'excitation monte.
Lulu leur a donné jusqu'au 13, et c'est demain, pour lui livrer la
marchandise.
Domino, ce matin, a trouvé un trèfle à quatre feuilles et Nicolaï est
venu avec sa chevalière gravée d'une belle coccinelle.
Rester les pieds sur terre, bien tout calculer, chronométrer, chaque pas
va être compté.
Tout est prêt.
OK pour y aller... après être passé à la caisse.
Direction le grand mur d'enceinte à franchir, le parc à traverser sous
les grandes futées dont les ombres s'allongent, s'étirent sous cette belle lune
ronde.
Les voici à la porte des
de Magny, de Goncourt, de Bellais
Dont le dernier est décédé cet été.
C'était Gaston, copain de boisson de Nicolaï, copain aussi pour les
confidences, floues, mais joviales et prometteuses.
Aller, direct au placard sous l'escalier
Où, dans le secrétaire,
Le secret est délicatement ouvert.
Domino arrive à y extraire la petite boîte en bakélite, après mille
précautions.
Mais Nicolaï s'impatiente, en tenant la porte entrouverte pour profiter
d'un rayon de lune.
Un chat noir surgit avec un miaulement strident, entraînant avec lui tous
ses copains, dans un courant d'air qui claque la porte.
Une bonne dizaine de chats hirsutes courent dans les couloirs où Nicolaï,
qui siffle Domino, se met à courir lui aussi.
Domino met le coffret dans son sac à dos et ferme cette course folle, à
la recherche d'une fenêtre d'où pouvoir sauter pour sortir.
Ça y est, les deux compères montent sur un vieux fauteuil et sautent
ensemble.
Plouf !
Dans les douves, les crapauds et herbes folles leur font bon accueil.
Il est minuit.
Les cloches de l'église le disent.
Dégoulinants, il faut à nouveau traverser le parc, escalader le mur et
prendre le temps, enfin, de s'asseoir dans un fourré pour ouvrir le coffret,
où, stupéfaction,
est bien rangée, pliée en quatre, la photo d'un gros diamant tout
brillant, étincelant.
Adieu...
Lulu...
C'est foutu.
Mickaël
Il a peur, elle aussi.
Elle se prépare à fuir, il se prépare à combattre
Sans la quitter des yeux, il attrape le manche de son arme
Sans le quitter des yeux, elle prie de toute son âme
Elle tremble, lui aussi
Il se lance à l’assaut, elle se sauve dans un sursaut
Il l’a loupée, elle s’est sauvée, bien trop agile cette araignée
Une course contre le temps des boulets plein les pieds
Ça ne va pas être simple mais on va y arriver
Enfin je crois, j’espère, je n’ai pas la foi mais je prie pour ça
Il va falloir tout changer, perdre nos mauvaises habitudes
Plonger vers l’inconnu, loin de nos certitudes
Tout le monde doit s’y mettre mais beaucoup restent à convaincre
L’ignorance et la peur, c’est elles qu’il nous faut vaincre
Par-delà les frontières l’espoir doit se transmettre
Aux arbres et aux enfants, aux armes pour notre planète.
Plus de suspense, on sait où cela nous mène
A nous de combattre sans armes, sans violence et sans haine.
Camille
« Amor »
Nous chantions à tue-tête
Nous nous prenions dans les bras
Nous parlions à grandes voix
Nous dansions sur des airs de fête
Nous riions aux éclats
Nous succulions cette belle joie
Du creux de cette magie
Je profite de la nuit
Pour t’enlacer
Alors tu me souris
A ton regard je compris
Que tu allais m’embrasser
Ainsi notre énergique insomnie
Ne fit plus de bruit
Et les mots nous auraient embarrassés
Chut…
« A mort »
Aurait-on pu mieux déguster
Ces instants plein de vie ?
Qu’on aurait voulu infinis
Ce bonheur dans nos mémoires incruster
Comble le besoin d’une existence assouvie
Tandis que s’écoule toute la nuit
Ces élans qui s’émerveillent
Colorent l’urgence avant le grand sommeil
Chut…
Les présages de la cartomancienne me restaient en tête. Sa boule de
cristal avait formellement confirmé. J’avais moi-même l’impression maintenant
de visualiser clairement ma destinée et ma destination. Bien sûr, si j’en
parlais à ma sœur, elle rétorquerait que mes bêtises sortent tout droit d’un
conte de fées. J’avais beau essayer de rationaliser, la vue du manoir étincelait
dans mon imaginaire, c’était plus fort que moi. Je nourrissais mille scénarios
comme pour écumer la liste des possibles et me préparer à toutes les
éventualités. Finalement cette période prospère en pensées mais bien stérile en
actions dura quelques temps. Comme si je succulais par avance. Comme si je
redoutais au fond que la mer emporte mon château de sable avant même que je
l’achève. Quand je réalisai que plusieurs semaines s’étaient écoulées, je dus
me rendre à l’évidence et questionner, au fond, mes appréhensions. Cette
introspection initia un tournant et fut le moteur de ma mise en mouvement. Je
bouclai ma valise avec détermination, sans aucun doute. D’habitude, je prépare
des listes, et mon intuition sent quand j’oublie quelque chose. Là, j’étais
sûre de moi. Je ne dis rien à ma sœur. Il était hors de question qu’elle
interfère, me refile son lot de préjugés, de désapprobations, me remplisse
d’hésitations. Non, maintenant que je me sentais prête, je m’élancerai sans un
avertir personne. J’aurai tout le loisir plus tard de lui raconter. Avec les
prophéties de l’oracle de mon côté, je ne me sentais ni seule ni perdue.
J’étais en bonne route et j’avais parcouru le plus gros chemin quand je
regardai en arrière, avec une montée d’anxiété irrépressible. Et si… Et si… Et
si… Et si jamais… Et si cela… Et si ensuite… Et si ceci… Et si bien que, dans
le train lancé à pleine vitesse, j’aurais sauté en marche au péril de ma vie si
je m’étais écoutée. Mais l’angoisse qui monte me paralysait, bien plutôt. Je
tremblais, les impatiences de mes jambes devenaient bruyantes et
incontrôlables. Je commençais à perdre pied (… et jambe !) quand soudain
la main de ma voisine se posa délicatement mais fermement sur mon genou.
Silencieusement, cette dame au sourire discret et au regard tendre avait trouvé
à apaiser la tension interne qui m’avait envahie. Elle n’eut rien besoin de
rajouter. Elle resta là, dans ce contact inattendu de proximité physique, en
tant qu’étrangère. Et… étrangement, sa présence soutenante me fit l’effet d’une
mère calmant son nourrisson en proie aux sensations ingérables par lui-même. Il
se sembla qu’elle venait en prolongement de ma diseuse de bonne aventure. Elle
m’apparut comme une bonne fée, un ange gardien au cœur de mes tourments. Et
dans ce nuage se dissipa ma peur. La scène était digne d’un tour de magie.
Quand je cherche à me remémorer ce qui se passa ensuite, j’ai du mal à
reconstituer le déroulement. Combien de temps me fixa-t-elle calmement ?
Ai-je soutenu son regard longtemps ? Le train entra-t-il en gare
rapidement après ? S’éloigna-t-elle vite ? S’ensuit l’image de
l’attente sur le seuil de la porte, où je suis happée par la magnifique serre
accolée à cette demeure sublime, attendant que le majordome m’ouvre et que je
fasse mon premier pas dans ma nouvelle vie.
Laure
« Clic »
Réveil en sursaut.
Mes yeux encore embués par une nuit magique.
Je rassemble mes idées.
J’essaye de me concentrer.
Quel jour sommes-nous ?
Oh punaise. Ce n’est pas vrai. On y est !
C’est le jour J.
Un des jours les plus importants de ma vie.
Il faut que tout soit parfait.
1h pour se préparer.
Ça va être chaud.
Choisir ma tenue, make-up, me lisser les cheveux…
Ma robe bleue ?
Pff non je pense que Mathilde aura la même.
Ok je mets la verte plissée style vintage.
Mes jolies bottines. Accessoires assortis.
Chaque année c’est la même comédie.
Enfin celle-ci compte beaucoup plus encore.
C’est la dernière.
Faut dire que ce n’est pas rien.
Ça reste à vie ce moment est gravé à tout jamais dans les archives de
tous.
On peut même les retrouver sur les réseaux.
Bref, je ne veux pas rater mon coup.
Dernier coup d’œil dans le miroir.
Ok validé.
A côté de qui je serai cette année ?
Episode 17.
Lycée Jean Rostand – Caen.
Dernière année de BTS.
Photo de classe du 18 septembre 2022.
12 novembre 1972
Dans un silence intense la foule retient sous souffle.
Les regards intenses fixés vers l’horizon.
Des regards parfaits embués de larmes prêtes à glisser sur les joues
rouges du matin glacé de cette journée particulière.
Des regards plissés pour ne rien rater.
Des regards dans le vide histoire de ne pas imaginer ce qui va se passer.
Des regards perdus dans l’horizon profond, fixés vers ces lumières de
l’autre côté de cette étendue aqueuse si imprévisible.
Je suis comme les autres à cet instant, unis avec eux dans l’attente de
ce moment particulier.
Mon cœur battant parfois un peu plus fort qu’un élan commun fait que l’on
imagine que ça y est.
Qui recevra en premier le message, l’information que nous serons à ce
moment, cet instant, ce rendez-vous et que cela engendrera un unisson
collectif.
Je sens mes orteils gelés se crisper et s’ancrer dans le sol pavé de
cette esplanade.
Mes muscles se tendent et figent et le froid glacé a envahi tout mon
corps. Mes yeux figés vers là-bas.
Je me sens seule dans cette douleur atroce que mon esprit provoque à mon
corps.
J’aimerais attraper la main de mon voisin, le serrer fort dans mes bras
pour lui partager mon angoisse mais je n’y arrive pas.
Cette attente est si grande.
Déjà six mois que nous avons vu notre existence bouleversée.
Des chuchotements arrivent à mon oreille et mon cœur s’accélère, je
regarde autour de moi ne comprenant pas ce qui se passe. Les chuchotements
s’intensifient mais je ne vois pas de signal.
Est-ce que ça y est ?
Mon regard se pose dans celui de mon voisin.
Mon interrogation est la même que lui, et que celle de tous.
Y est-on ? Est-ce le moment ?
Je saisis mon bagage posé au sol. Mon ombrelle à l’autre main. Cela fait
déjà 4h que nous y sommes et je m’impatiente.
Le froid a laissé place à la chaleur d’un soleil éclatant.
Et si le signal ne venait pas à nous ?
Et si on nous avait oubliés ?
Et si de l’autre côté tout était comme avant ?
Etait-ce une chance d’avoir été débarqués de ce côté-ci et mis dans cette
prison dorée ?
Je ne m’étais jamais sentie aussi seule que ces derniers mois, aussi
isolée.
J’avance pas à pas parmi cette foule immobile.
Mon instinct désireux de mettre mon corps en mouvement.
Est-ce que je perds la tête ? Le contrôle de moi-même ?
Ou est-ce la bonne décision ?
Vivre et être libre même si ce n’est que quelques instants.
Au début je suis perdue et me heurte dans mon parcours.
Je sens que la foule figée se dresse dans ses battements de cœur, contre
moi, contre ma décision de me mettre en mouvement.
Le silence est de mise. Le silence est de mise depuis six mois déjà.
Depuis que l’on est venu nous chercher pour nous parquer là.
Ah oui nous n’avons manqué de rien mais interdit le plus important :
l’information, la pensée et la parole.
Ça suffit même si c’est pour la dernière fois je veux savoir ce qui
m’attend de l’autre côté et même si cela m’en coûte.
Je sors de cette foule et me retrouve au pied de ce magnifique pont et je
passe la barrière interdite.
Mon cerveau ne réfléchit pas et je suis déterminée.
Ne pas se retourner et avancer.
Au milieu du pont je prends une grande respiration et finis de le
traverser.
Personne à la seconde barrière.
Je me retourne. Je suis seule.
Personne ne m’a suivie.
Je passe cette seconde barrière et quitte cette bulle qui ne m’est plus
supportable.
12 novembre 2022.
M’y revoilà, tout est chaos, détruit et anéanti. Mon cœur se serre. Si
j’avais su.
Marie
La neige, la neige sur le prunier
en avril ?
Non un duvet d’oiseau
Comme un espoir sur l’avenir
Un anneau d’or au doigt
La mariée sort de l’église
Le soleil baigne son front
Trop chaud dans l’étang et
Ressort avec à son cou
Un collier de poissons rouges
Mon cœur, mon cœur bat trop vite
Comme un oiseau qui veut sortir de sa coquille
Suspendue sur le fil barbelé
L’araignée comme une note de musique. Alléluia
Coccinelle sur mon doigt vole
Envole-toi vers ailleurs
Son du cor de chasse au fond des bois
Cachez-vous, biches et renards
La lune me sourit cette nuit
Derrière les nuages où vas-tu avec
Ton voile en dentelle ?
Ça ne te regarde pas
Le lézard aux yeux d’or grimpe sur le
Lierre du mur d’en face
Hirondelles sur mon balcon
Pépiements battements d’ailes
Retour du printemps
Il pleut il pleut mais le soleil essuie
Les cheveux et les pieds de sa
Sœur la pluie
Mignone bouille rouge du bébé endormi
Sous le tilleul trop tôt parti
Une trompette dans la nuit
Les voisins : chasse aux canards
Cerisier avec ses beaux fruits rouges
Quelle chance plein de boucles d’oreille
Jour de Pâques 2018 – 1er avril
Fête de la résurrection explique notre Pasteur. Poisson dans le dos, les
enfants les petits mais aussi les grands trouvent les œufs dans le jardin
fleuri dans les haies et au pieds des arbres.
Réunion à 13h repas pris en commun, 13 à table.
Non pas possible. Au dernier moment un voisin bienvenu apporte d’autres
boîtes de chocolats.
Super restez avec nous, partagez les œufs et le pain.
Et puis à 16h tous les invités et la famille partent.
Pierre sort : il y a une fuite d’eau au compteur dans les champs.
Pourquoi tu t’inquiètes à cette heure-ci.
Une heure passe. La fuite doit être importante.
Je sors, j’appelle, personne ne répond.
Je cours, j’attends, je reprends ma course.
Je perds mes chaussures dans la boue je m’en fous.
Un corps étendu. J’appelle, pas de réponse.
Pompiers Samu, poussez-vous, poussez-vous.
C’est un joli jour pour partir
Le jour de Pâques.
Tu parles d’un poisson !
13.11.2015
Ça commence, ça recommence
Encore.
J’attends trop longtemps.
Maïlys
Depuis que je la connais, elle se tient souvent là près de moi
Elle ne se laisse pas trop approcher, c’est comme ça
Mais elle m’écoute sans broncher, sans langue de bois
Si elle fait une bêtise éhontée, je lui pardonne ce trépas
Je suis très attachée, m’en passer je ne pourrais pas
Oui elle est très aimée, en même temps c’est mon chat
Je me suis réveillée ce matin, un bruit inhabituel imprimé dans les
oreilles. Comme une petite mélodie très ténue, qui ne me quitte plus. Ça me dit
quelque chose, mais où l’ai-je entendue ? Cette nuit j’ai fait des rêves
étranges, je voyais des poupées me sourire, de grandes tasses à la main. Elles
étaient un peu flippantes, ces marionnettes aux grandes dents. Mais que
m’arrive-t-il enfin ? A midi je retrouve ma sœur pour manger. Alors, prête
pour l’aventure ? L’aventure ? Ne me dis pas que tu as oublié ?!
Je n’ose pas lui dire que je ne vois pas de quoi elle peut bien parler. Vivement
que se termine cette si étrange journée.
Sur le trajet du retour, les oiseaux pépient dans les arbres. La mélodie dans mes oreilles revient plus forte encore. Et si j’allais m’acheter une belle robe bleue pour la soirée de samedi ? Ça au moins, je m’en souviens, je m’offre même la permission de minuit. Le magasin est éclairé de fausses chandelles, d’autres rêves de la nuit me reviennent. Des chandelles qui parlent, qui chantent cette mélodie qui ne me quitte toujours pas. Mais pourquoi donc s’accroche-t-elle comme cela ? Non ce n’est pas possible, je deviens folle ! Qu’est-ce que j’ai bien pu oublier ? Mon téléphone sonne. Un sms de ma nièce adorée. J’ai trop hâte pour demain ! Demain ? je lui fais. Ben oui, c’est demain qu’on va à Disney !!! La mélodie se fait soudain plus claire. Nanananana nanananana… C’était donc ça, les poupées, les tasses, les chandelles… Ce soir je pourrai m’endormir sur mes deux oreilles, maintenant je sais que demain, en compagnie de ma nièce, je vais passer la plus magique des journées.