mardi 30 avril 2019

Atelier écriture – 6 avril 2019






Un personnage, un lieu…



Je le regarde passer tous les matins,  il sort de la maison d'à côté,  son bonnet rouge sur la tête. Il marche lentement,  en traînant les pieds,  ses bottes sont peut être un peu trop lourdes.
Je ne comprends pas. Il y a quelques jours, sa porte était entrouverte et n'écoutant que ma curiosité  (maladive quelquefois  !)  j'ai jeté un coup d'œil à l'intérieur.  Rien !!!  Le vide total,  à part un gros tas de paille sur lequel était soigneusement pliée une couverture rose.
Il a vraiment l'air d'être là,  sans but bien précis, peut être seulement celui de vivre, ou de survivre ?
Bizarre bizarre...
Et voilà que je l'ai remarqué un jour de marché,  il était assis sur une caisse retournée. Il ne parlait à personne mais surveillait tout le monde,  l'air de rien, le regard perçant. Au bout d'un moment,  je me suis aperçue qu'il sortait de sa poche un bout de papier chiffonné, qu’il lisait et relisait à  intervalles réguliers
C'est peut être là son secret,  ces petites notes gribouillées à l'encre verte ?
Ce matin, je me lance,  je le suis,  de loin on ne sait jamais.
Il va jusqu'à la rivière, s'assied dans l'herbe à côté d'un arbre recouvert de lierre, et, une fois de plus,  compulse ses notes,  puis ferme les yeux, s'allonge et semble s'endormir.
Je m'enfuis, un peu honteuse d'espionner mon drôle de voisin,  mais je décide quand même de continuer à surveiller ses allées et venues,  parfois nocturnes, et de tout noter sur un petit carnet.
Alors,  agent secret en mission dans notre village,  envoyé spécial venu d'une autre planète ?  Le mystère s'épaissit.
Samedi 06 Avril 2019, 7h36. Je me positionne, comme tous les matins, au coin de ma fenêtre, ma tasse de café bien chaude à la main, et là.... misère,  il est lui aussi à sa fenêtre et il m'observe en souriant.


Linda

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Oui, elle aime l’odeur de la clémentine, cela lui rappelle le soleil de son pays qu’elle a du quitter. On la dit mystérieuse, secrète. Pourtant tout ce qu’elle rencontre, ce qu’elle vit l’intéresse et s’imprime profondément en elle. Même ses vielles chaussures qui l’ont conduite partout dans des chemins parfois inattendus au cours de journées dont elle rentrait parfois fourbue, heureuse de retrouver son lit pour enfin y rêver à son aise.

Quand il fait trop froid, elle se protège d’un bandeau assorti à sa chevelure mais elle préfère le souffle du vent dans ses cheveux courts. Elle aime les rencontres… elle aime retrouver les personnes qu’elle connait bien. Mais dans certaines soirées, de nouveaux visages apparaissent. Alors, elle se met un peu en retrait, observe, et essaie de les connaitre autrement que sur l’apparence jusqu’à ce qu’elle ose enfin entrer en conversation avec eux et les découvrir davantage. Il est vrai qu’elle préfère les lieux calmes, où il fait bon vivre, où elle peut se retrouver en vérité au milieu de ce et de ceux qu’elle aime. En fait, sa grande joie est, dès qu’elle rentre chez elle, d’ouvrir tout grand la fenêtre, de regarder dehors et de laisser pénétrer un peu de ce qu’elle a vécu au dehors.



Paysage désolé… pourtant la vie y persiste, secrète. Des générations de paysans ont transformé ce paysage. Montagne abrupte faite de roche et de cailloux. Montagne à chèvre où rien ne pousse sinon une herbe rare et quelques plantes basses, même pas des arbustes. Pierre à pierre, patiemment, les hommes ont formé ces terrasses, aplani le sol par petites surfaces et réussi à produire quelques cultures.

Non pas les blés orgueilleux qui grandissent dans les plaines et dont on admire la blondeur juste avant la moisson. Non, quelques céréales, orge, seigle… quelques légumes juste ce qu’il fallait pour leur subsistance, pour nourrir leur famille et les bêtes qui partageaient avec eux ce dur labeur. Et quand, à la fonte des neiges, les eaux dévalant la montagne emportaient les fragiles remparts soutenant la terre, ils recommençaient à bâtir ces murets de pierres, travail patient, endurant qui nous émerveille encore aujourd’hui.



Michèle

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Reprendre là où l'on en était resté
La route est longue, parfois tendre, parfois remplie de péripéties
Périlleuse, une pierre fait trébucher
L'élan



Retrouver quelques moments chers à notre existence
En fabriquer de nouveaux, sincères
Et suivre le fleuve de nos jours
Doux et heureux comme l'air printanier
Fleuri et embaumé de fraîches heures parfumées



L'eau silencieuse suit son cours
La mer vaste et solitaire
Ouvre ses bras, l'accueille généreusement

Des falaises abruptes, elle contemple
Les flots de l'eau, cette danse bleue


Sur des vagues roulées en boucle
Elle tournoie et se noie dans le paysage
Fabuleux de notre chère nature



Sylvie

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Chez moi c'est douillet

Je suis une vieille

Une vieille femme

Qui en a vu de toutes les couleurs

Mais les couleurs je les aime

Elles me réchauffent le cœur

Quand il est fatigué



Avec un bout de pain, guère plus

Dans mon lit où je me love

Je relis ma journée

Les visages qui m'ont marquée

Les paroles insensées

Ou les mots doux remplis d'amitié

Les rencontres sont aussi chargées en couleurs

A accueillir pour le meilleur ou pour le pire



Mais pas trop

J'ai besoin de repos

Pour penser pour rêver 

Pour gamberger

Sur mes années passées

Et ce qui me reste à cheminer

A chercher

Oh mes souliers colorés tout usés

En ont croisé

Sur les chemins souvent escarpés

Des couleurs par milliers

Dans cette nature où l'homme n'a rien inventé

Puisqu'il en est



Mais il a voulu l'apprivoiser puis la dominer

Ça c'était le projet dans lequel l'être humain s'est engouffré

Il s'est fait déborder

Au lieu de l'écouter il s'y est imposé et n'y a plus pensé



Moi, j'aime m'y plonger encore

Y trouver de nouveaux reflets de nouvelles lueurs de nouvelles couleurs

Comme dans le sourire de celui que j'ai croisé et qui m'a accrochée

Comme un arc en ciel

C'est mon miel.



Hélène

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Marianne



Marianne est très jolie. Grande, mince elle porte très bien la toilette. Il faut la voir  avec ses escarpins noirs à talons hauts. Pas tout à fait style louboutins mais elle en jette quand même. Sa longue chevelure blonde, magnifique, forme un halo autour de son visage harmonieux. Pas un seul cheveu ne dépasse. C’est pour cela qu’elle ne porte jamais de chapeau. Pour ne pas être décoiffée. Soucieuse de son régime alimentaire et de sa ligne, elle garde toujours un petit morceau de chocolat dans sa poche. Afin de prévenir une hypoglycémie  lors de ses restrictions alimentaires : vegan, sans sucre, sans graisse, j’en passe et des meilleures ! Elle pense que c’est nécessaire pour être en harmonie avec sa tête et son corps. Mais cette rigueur voire rigidité coïncide en fait avec une personnalité »un peu chiante » Par exemple, pensant que sa beauté lui donne tous les droits, elle a exigé de son mari, l’installation d’un lit à baldaquin dans cette chambre exigüe .Une princesse ne peut dormir ailleurs que dans ce lit aux rideaux tirés sur son précieux sommeil Et quand elle rentre de promenade la première chose qu’elle fait, c’est de ranger ses clefs et retirer son manteau qu’elle dépose immuablement au même endroit.

Cet appartement elle en avait assez. 80m2 sous les combles elle étouffait. Elle l’avait pourtant aime ce petit nid, qui les avait accueillis dans une union tardive elle et son compagnon .Mais dorénavant elle rêvait d’autre chose. Oui je sais cela fait un peu Bovary cette insatisfaction sur fond de dépression.

En fait très récemment elle avait retrouvé son premier amour qui lui jurait  qu’il n’avait jamais aimé qu’elle et qu’il ne l’avait pas oubliée. Dans sa vie monotone elle y croyait dur comme fer. Au détour d’une promenade, elle tombât en admiration devant une maison proche d’une tour délabrée et d’une église plus haut perchée. Ce qui la séduisit surtout c’était l’étang entouré d’arbres et couvert de mousse. On sentait que les nymphéas de Monet n’allaient pas tarder à surgir. .C’est la qu’elle voulait vivre maintenant en compagnie de son bel amour. Aucun obstacle ne viendra contrecarrer son projet. Quid du vieux compagnon me direz-vous ? Et bien il sera facile de s’en débarrasser.



 A cet âge une chute dans l’étang ne pourra qu’être fatale. Elle allait s’y employer. Qui a dit que le crime parfait n’existait pas ?



Anne-Marie

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Ce personnage  semble  être  une dame très seule, un peu maniaque (mouchoir bien plié dans sa poche) qui se complait dans une solitude bien organisée !

Elle aime la nature et les promenades et ne recherche pas les échanges avec d'autres  personnes car lorsqu'elle est au milieu d'un groupe, elle reste à l'écart, n'échange aucun mot, mais elle écoute !

Elle n'a pas l'air très coquette, d'un aspect simple (jogging, tennis, et bonnet gris), sans aucune recherche, sans falbalas et déteste attirer l'attention des autres !

Elle évolue dans la vie comme une petite tortue, calmement, lentement, et sort la tête de temps en temps parce qu'il faut bien se nourrir...

Elle se sent bien ainsi, fait de tort à personne, bien dans sa tête et dans son cœur qui ne bat que pour elle ! Elle suit le cours de sa vie en glissant presque, satisfaite de son sort, bien à l'abri dans sa carapace, complètement fermée aux autres et sourde à la misère du monde !

Je pense qu'il s'agit d'une célibataire, sans enfant, repliée sur elle même comme le mouchoir dans sa poche !



Un jour elle a photographié son "arbre fétiche" : un arbre qui semble mort au bord d'un chemin étroit et rectiligne qui mène à nulle part !

Sur cette photo on voit deux arbres l'un en face de l'autre, mais le sien c'est celui de gauche : il a le tronc bien droit, des branches sans feuilles et ressemble à un squelette ; c'est sous celui-ci qu'elle vient s'étendre et reste là des heures à contempler les nuages. Cet arbre, elle l'adore, l'entoure  de ses bras et embrasse son écorce râpeuse. On dirait qu'elle voudrait lui redonner la vie qui coule en elle ou avaler la sienne, on ne sait pas... Puis elle reprend son chemin, tout droit, sans surprise, vers sa petite vie, ni bonne, ni mauvaise ; mais c'est sa vie et elle l'aime ainsi !!



Et enfin, un jour cette vie stérile s'arrêtera, elle partira, seule, comme elle a vécu, sans faire de bruit, et on l'oubliera  comme la petite tortue en hibernation, au fond du jardin, au pied de son arbre...



Morale de cette histoire ;

La discrétion ; oui,  c'est bien !

Mais l'égoïsme et le narcissisme : NON et NON !!!!



Christiane



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Marco, il est encore beau, grands, les épaules larges, visage anguleux, yeux plissés, cheveux coupés courts en brosse. Il est élégant avec son chapeau de cuir, sa veste de lin élimée, sa tunique indienne blanche en coton, son pantalon multi-poches. D’ailleurs d’une de ses poches, il sort son couteau suisse et se nettoie les ongles en discutant accoudé au bar. Un petit sourire aux lèvres, il philosophe avec les autres clients. La patronne du bar, Lucette le hèle : « Hé Marco, pourquoi as-tu des sandales en plastique au pied » ça fait rire tout le monde car Marco revendique son lien avec la nature et ne supporte pas les produits issus du pétrole. Avec son petit accent chantant il balance à l’assemblée : « Je dormais profondément dans mon lit et quelqu’un m’a piqué mes sandales en cuir pour les remplacer par ces horreurs ». Tous les clients savent que le lit de Marco est dans son camion. Marco boit et philosophe- boit beaucoup il parle avec aisance- boit encore puis s’endort pour se réveiller à la fermeture du bar et tituber jusqu’à son véhicule garé sur la place. Lucette lui lance : « Il est gentil ton voleur, il t’a tout de même redonné des chaussures. Sont-elles à ton pied ? » et Marco continue de palabrer tout en jouant avec les clés de son camion. Où tu vas, Marco ? Qu’est-ce que tu as vécu dans ta vie pour avoir refusé de t’insérer, de t’intégrer, de faire corps avec la communauté ? As-tu été confronté à un drame dont tu ne t’es jamais remis ? Tu revendiques haut et fort ta liberté, ton sourire sur tes fines lèvres. Tu conclues la conversation en disant : « Salut la compagnie, de toute façon, je pars vers le Nord. Les Cévennes et la caillasse de Lozère, au revoir et vu la saison, je vais chausser mes chaussures en cuir, chaussettes à l’intérieur ». Marco, tel Don Quichotte fièrement sort, grimpe dans son véhicule, salue de la main l’assemblée. Le camion fume et vibre… Et c’est parti.

Pas d’autoroutes, des haltes dans des villages vides, des plaines avec au loin des tracteurs qui labourent le sol ou sèment le blé. Les kilomètres qui s’ajoutent les uns aux autres dans le bruit assourdissant du diésel. Et puis cet arrêt au bord d’un canal. L’immobilité de l’eau, les grands platanes qui perdent leurs feuilles, les troncs énormes gris et blancs gagnés par le lierre. Au loin un pont. Marco roule sa cigarette, l’allume, la fume tranquillement en laissant pénétrer en lui la fumée et le silence. Seul, il vit. Son regard s’amuse avec les lignes horizontales du canal, courbes du petit pont. Debout digne, il se laisse imprégner des odeurs de feuilles tombées, de vase- Un homme debout au bord d’un canal dans une province en France- La cigarette finie, il reprend son véhicule, le démarre, la route l’attend.



Ghislaine

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Une belle rencontre

L'an dernier, des amis m'ont invité à une soirée barbecue. Ce soir là, j'ai rencontré une personne qui m'a beaucoup marquée.
Elle s'appelait Célestine. Grande, avec de longs cheveux blonds, de grands yeux bleus énigmatiques et observateurs, elle était belle et attirait les regards. Belle, elle l'était, mais ce n'était pas que sa beauté qui attirait, c'était plus, c'était autre chose, peut être un certain mystère ou simplement sa faculté de communication et de partage... Elle était vêtue simplement avec un Jean, un tee-shirt et des baskets. Elle portait une vieille casquette délavée et élimée.
A la soirée, j'ai vu cette personne que je ne connaissais pas. Elle observait, cherchait le contact avec les gens qu'elle rencontrait. Je me suis mise à discuter avec elle. Quand elle m'a dit qu'elle dormait chez l'habitant, je l'ai invitée à dormir chez moi.
Arrivée à la maison, elle a rangé ses affaires dans la chambre. Puis, nous avons parlé. J'ai appris qu'elle avait un caillou dans sa poche, comme le petit Poucet. Elle était rayonnante et chaleureuse. On se sentait bien près d'elle. Elle expliquait son secret qui était vouloir croire que ce sera mieux demain.
Elle m'a aussi raconté son séjour en Grèce, avec ces maisons blanches sur les collines arides, le soleil généreux. Elle n'en finissait pas de parler, et moi, j'écoutais, médusée. Elle était passionnée par toutes les rencontres qu'elle avait faites. Elle parlait avec fougue de tous ces séjours en Europe. En racontant, elle en avait, parfois, les larmes aux yeux. Ses étapes en Grèce l'avaient beaucoup marquée, car ce pays était si beau. Les habitants y vivaient pauvrement, mais ils étaient tellement prêts à accueillir et à partager. Elle aimait aussi l'aventure de ne pas savoir où elle dormirait le soir.

Cette rencontre m'a bouleversée, m'a changée en ouvrant mon regard sur les gens et sur le monde.
Evelyne

samedi 6 avril 2019

Atelier d'écriture 16 mars 2019






Scènes de Tarots



Carte n° 15



L’air du matin est frais. Pas un nuage à l’horizon. Ciel bleu, limpide presque transparent.

A côté du sentier il s’est installé, à l’aise, sur son petit tabouret  qui touche d’une patte la pelouse et avec les autres les cailloux, la terre argileuse.

La palette de couleurs à la main et sa mallette de peinture à gauche, par terre. Il est déjà concentré sur son œuvre.

La toile, posée juste devant sur  le trépied, attend d’être chatouillée par le pinceau provocateur.

A qui appartient cette respiration profonde qu’il entend  derrière lui ? Presque sur  son épaule droite ?

La gamine, attentive, regarde sans rien dire depuis un moment. Ses cheveux noirs attachés vers l’arrière, sa jupe longue protégée par  une blouse orange laissent échapper une idée de son âge : assez âgée pour se promener toute seule mais pas suffisamment pour aller au bal du village.

Monsieur l’artiste tient à peine compte de cette présence enfantine. Chapeau sur la tête, moustache blanche, tenue plus adaptée à la ville qu’à la campagne.

La concentration de ces deux êtres est épatante. Ils semblent figés dans une image de carte de Tarot.



Elina

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Carte n°21



A la veille de la bataille de Waterloo Napoléon B passe ses troupes en revue :

Il s'arrête devant chacun de ses " gronards"  pour les féliciter d'avoir parcouru un si long périple à travers l'Europe : mal chaussés, affamés, transis de froid, les rescapés font pourtant bonne figure et essaient de porter fièrement leur uniforme !

Au garde à vous  devant leur empereur, le fusil à baïonnette contre leur flanc et coiffé de leur couvre-chef à plumet ! 

Napoléon revêtu de son grand habit de général des armées, se redresse de toute sa petite taille, chaussé de bottes flambantes neuves, elles, ....

Il s'adresse à eux comme à des enfants, debouts devant leur père, obéissants et admiratifs !

Derrière tout ce beau monde, on aperçoit des toits d'édifices slaves, avec leurs dômes et leurs flèches !

Tout a l'air calme et serein, et dans l'air flotte une odeur de victoire!

Or, dans l'ombre, se dresse une silhouette inquiétante : c'est celle du diable costumé en polichinelle et qui, les deux mains posées sur les genoux, se gondole come un fou ! Un fou ?  "le fou du roi" ou de " l 'Empereur" : car en fait, il sait, lui, que le petit "caporal" et son armée ne sortiront pas vainqueurs, mais sont à la veille de prendre la plus belle "déculottée" de tous les temps et qu'à la suite de cet évènement historique il en sera fini du beau rêve napoléonien !!



Christiane

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Carte n°4



C'était un jour radieux, nappé d'une brise estivale. Il faisait un temps à jouer dehors et laisser la maison s'aérer ! Je voyais ma grande sœur, qui s'était assise sur les marches de la porte d'entrée ; elle portait cette charmante robe d'un rose doux, qui me faisait ressentir de la tendresse. Ses longs cheveux clairs étaient détachés, je pouvais les contempler voler au vent. Avec quoi jouait-elle dans ses mains ? Je ne le sus point. La seule chose importante est qu'elle était heureuse et s'amusait. Un peu plus à ma gauche, ma maman avait sorti une chaise, sur laquelle elle venait de s'asseoir. Son haut noir avec le bout des manches blanc détonnant avec son visage clair et sa longue jupe bleu ciel, mais s'accordait à la perfection avec ses cheveux d'ébène. Elle tenait sur ses jambes ma plus petite sœur, qui était vêtue d'une petite robe blanche. Ma mère essayait de la distraire à l'aide d'un petit moulin à vent qui tournait doucement. Cependant il était impossible de détourner son regard qui fixait avec attention ma grande sœur. Elle semblait résolument captivée par ce que mon ainée tenait entre ses petits doigts.



Micka

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Carte n°3



Chaque dimanche, après le goûter, ma sœur et moi avons l’habitude d’aller au parc jusqu’à ce que les becs de gaz ne s’allument !

Le printemps est frais cette année, nous avons sorti nos capelines, d’autant que le rendez-vous avec Félicie risque de durer jusqu’à la nuit. A moins que, comme la dernière fois, sa jupe ne se prenne dans les rayons de son vélo et qu’elle n’arrive pas !

Ce serait dommage, il y a tant à dire sur les beaux militaires revenus du front, en permission.

Il y a même Paul, là en uniforme. Quel séducteur ! Nous nous saluons… Ah, si il pouvait quitter ses amis pour se joindre à nous !



Dominique

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Carte n° 6



Quelle belle pièce bien éclairée. Dans le fond, on peut, de l’intérieur, apercevoir à l’extérieur quelques arbres, à travers les rideaux bicolores qui ornent la fenêtre.

Dans un coin, sur un meuble haut, est posé un vase garni d’un bouquet de fleurs fraichement composé. Sur une table, couverte d’une nappe en dentelle blanche, se trouve un plateau de bois avec un service à thé en céramique.

Bien à leur aise, l’une joliment vautrée dans un beau fauteuil rembourré vert citron, l’autre sur une chaise, ou plutôt un tabouret bien confortable, posé sur un tapis d’orient. Noblement habillées dans des costumes d’époque, deux femmes discutent de leurs affaires ou pourrais-je dire de tout et de rien en buvant du thé.



Chimène



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Carte n° 17



C’est la fenaison. Un homme, courbé, tenant une grande faux, coupe l’herbe abondante. Au premier plan, trois femmes, armées de fourches à deux dents, retournent et étalent le foin tout frais. L’une, à droite de l’image, penchée vers l’avant, tient sa fourche à deux mains dans un geste précis, rassembleur. Elle est vêtue d’une longue jupe bleue, d’un corsage noir, , les manches retroussées sur les avant bras, et porte un large chapeau jaune, de paille peut-être. On distingue à peine sons visage. Une autre, d’un geste large de sa fourche étale l’herbe fraichement coupée. Ses mains tiennent l’outil, la gauche en haut du manche, l’autre au deux tiers, comme pour se donner plus d’appui, plus de force. On sent un travail long et fatiguant. Sa jupe noire surmontée d’un corsage bleu, mettent en valeur sa silhouette. Elle porte aussi un chapeau de paille large qui protège bien le visage du soleil. Une troisième femme, de face, debout, la main droite sur la hanche, se repose un peu. Elle regarde sa compagne en s’appuyant sur sa fourche plantée dans l’herbe, dont elle tient le manche appuyé sur son épaule. Elle est vêtue d’une longue robe rouge très seyante. Son visage, encadré par une sorte de capeline est paisible. Près d’elle, un panier chargé de victuailles attend l’heure de la pause.

Au loin on aperçoit le clocher d’un village et quelques maisons. Des arbres ont l’air de border une route mais on ne la voit pas.

Tout est calme, le ciel est bleu d’azur.



Michèle

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Carte n° 20



Six personnages

Au centre le plus jeune, peut-être espagnol- sabot au pied- pantalon de grosse toile rapiécée au genou ceinturé avec un tissu à la façon de son pays- chemise blanche retroussée sur ses bras et ouverte sur son torse- chapeau sur sa tête- cheveux noirs. Il est concentré en appui sur sa jambe droite, le corps un peu en avant. Le bras droit le long de son corps, le gauche replié avec dans sa main une boule de bois. Devant lui une planche. Il fixe un point hors champ. Si l’image s’animait, il pointerait et lancerait sa boule dans les quilles.

A sa droite, un homme pied nu- pantalon bleu qui dégage ses chevilles- veste noire- chapeau de paille. Main derrière le dos- visage en direction du joueur. Pas d’expression- épaule un peu basse. Il est plus petit que tous les autres.

Derrière l’homme qui joue, deux hommes attendent leur tour en file indienne. Le premier porte chaussures- chemise blanche- petit gilet. L’homme derrière lui chuchote à son oreille. Mêmes vêtements mais rouge avec un feutre sur sa tête. Il a lui aussi une boule au bras gauche.

Les hommes à droite du joueur sont debout dans l’herbe verte. Derrière eux le ciel bleu.

A gauche du personnage principal, un banc avec deux « anciens ». Derrière eux une haie haute et verte. L’un a une canne, l’autre un parapluie. Celui de gauche a un uniforme casquette- pantalon blouse bleu foncé- garde champêtre peut-être facteur- en appui sur sa canne avec ses deux mains, il regarde la scène. Ses épaules sont larges. Sur son côté droit, l’autre homme, peut-être instituteur- gilet jaune- veste sans doute en velours grenat- pantalon rouge- chaussure noire- chapeau de paille- élégant.

C’est le joli mois de mai, en pleine période impressionniste, peut-être dans le Beaujolais.



Ghislaine

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Carte n° 11



Cette histoire, c’est l’histoire de deux personnes voguant sur l’eau.

C’est dimanche sur cette photo impressionniste.

En fait, ce canoë croise un autre canoë.

Je le vois bien, la quiétude est de mise.

Ils se sont mis au vert, comme ce canoë vert.

L’air est pur et les oiseaux pépient.

Nous sommes au printemps, ils ont la pépie

A force de pagayer comme des malades

Sur ces canaux où il n’y a pas de guinguette

Car elle a fermé ses volets depuis longtemps.

Pourtant une bonne orangeade ferait bien l’affaire

Après cette balade, ainsi que une bonne douche

Sous cette cascade, entre camarade,

En évitant une dégringolade en forêt de fontainebleau

Où elle se dessine au fond de ce tableau.



Michel

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Carte n° 13



C’est une réunion quelconque car rien n’indique le lieu et l’objet de ce rassemblement. Une femme au premier plan tourne le dos. Elle semble seule, un peu à l’écart du reste de l’assemblée. Grande, mince elle est vêtue d’un ensemble élégant, aux manches bouffantes qui donnent une ampleur au vêtement. Son chapeau bien visible  laisse apparaître une chevelure épaisse torsadée en chignon. A l’arrière plan des personnes, assises ou debout, des couples pour la plupart ont l’air très attentifs. On dirait qu’ils consultent des documents. Les femmes ont revêtu des robes soyeuses et fluides .Elles sont coiffées de chapeaux aux couleurs en harmonie avec leurs vêtements. Les hommes portent tous des redingotes et des chapeaux haut de forme, dans des teintes austères. Ce tableau est figé et même le mobilier, deux chaises et une table  ne donne pas une impression d’ornement. Malgré le peu de mouvement on sent qu’il va se passer quelque chose.



Anne-Marie



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Carte n° 5



Soirée de veillée dans une maison bourgeoise du XIX° s

La mère et ses enfants sont dans le salon. Un rideau relevé permet d’apercevoir le couloir au papier jaune orangé. On distingue qu’il est imprimé mais on ne peut pas voir les motifs. 

Le mur du salon est recouvert dans sa partie supérieure d’un papier vert imprimé de losanges et de fleurs. Le bas du mur est ornementé de panneaux de bois teinté.

Le parquet est décoré d’un tapis bleu. 

La mère est assise dans un grand fauteuil couvert de velours rouge foncé. Elle porte la tenue traditionnelle de la région : un chemisier vert, une robe noire protégée d’un tablier blanc. Un châle jaune couvre ses épaules et, ses cheveux sont protégés d’une coiffe en dentelle.

Son fils est accoudé au fauteuil et pose tendrement sa tête sur le bras de sa mère. Elle lui lit une histoire dans un livre posé sur ses genoux. Avant de lire le livre elle devait ravauder quelqu’ouvrage parce qu’elle tient encore un bout de laine dans la main droite. La pelote est tombée sur le tapis. Elle intéresse beaucoup le chat noir et blanc de la maison. Sa queue relevée, ses oreilles en pointe et son regard attentif prouvent que cette pelote de laine ferait un bien joli jouet.

Face à la mère, une toute jeune fille est assise sur un pouf recouvert de tissu vert foncé avec des franges.

La jeune fille est vêtue simplement : robe rose protégée d’un tablier bleu comme le tapis. Elle porte un bonnet de coton. Elle est en train de broder une petite pièce.

La soirée est calme et paisible. Il fait bon dans cette pièce

Attendent-ils le retour du père ? Ou bien est-ce lui qui a peint cette charmante image ?



Léonie


jeudi 4 avril 2019

Observatoire de lecture d'albums du 8 mars 2019 à Saint Pierre sur Dives

Pour cet observatoire du 8 mars, nous évoquons la représentation de la femme dans l'album.

Souvenirs Souvenirs
Anne-Marie et Dominique ont apporté deux Martine de collection.

 "Martine en avion" "Martine fait ses courses" Gilbert Delahaye Marcel Marlier ed Casterman
Martine est une petite femme autonome, les parents d'aujourd'hui ne laisserait plus leurs enfants faire les courses seuls, dans un grand magasin. L'univers de Martine représente l'idéal féminin des années 50-60 dans des familles aisées. Très décalé aujourd'hui et peu féministe.

A la même époque Caroline était une héroïne plus émancipée. " Les vacances de Caroline" "Caroline à la mer" Pierre Probst ed.Hachette

"Babar et la vieille dame" Jean de Brunhoff ed Hachette (ou plutôt de sa femme Cécile qui crée pour ses enfants la famille éléphant en 1931). La vieille dame est assez rigide mais elle accepte d'accueillir chez elle une famille éléphant…



En 2010, "A calicochon" d'Anthony Browne ed Ecole des Loisirs évoque clairement la libération de la femme. L'album est réussi, même si la chute reste contestable. Album réédité. 

"Boucle d'Ours" de Stéphane Servant et Laetitia Le Saux ed. Didier jeunesse, où le Petit Ours qui est un garçon, décide de se déguiser en Boucle d'Or, donc en fille. Papa Ours est dans tous ses états… 


"Les papas" d'Alain Le Saux ed.Ecole des Loisirs- critiqués par un papa à la crèche. Les papas seraient trop caricaturés, c'est mal connaitre Alain Le Saux et son impertinence, son sens artistique et son humour décapant. Les enfants l'adorent.
 "Brindille" Rémi Courgeon ed. Milan Une maigrichonne qui vit avec des garçons et qui doit négocier les corvées au bras de fer, alors qu'elle rêve de devenir pianiste. Elle va se mettre à la boxe pour faire face à la situation. Elle ne se brisera pas les doigts et pourra reprendre sa passion, encouragée par ses frères…
"Lotte Fille Pirate" Sandrine Bonini Audrey Spiry ed. Sarbacane.  Une petite fille qui ressemble à Boucle d'Or, s'émancipe dans une jungle peuplée de toucans et de fauves. Magnifiques illustrations, une chute qui questionne. Qui est cette famille de race noire? Est-on au siècle des colonies ou aujourd'hui en Afrique du Sud?  

"T'es fleur ou t'es chou? " Gwendoline Raisson Clothilde Perrin  ed. Rue du mondeUn album qui remet en cause les jeux pour les filles ou pour les garçons. Les enfants inventeront les"  dînette-mitraillette " ou encore le "rugby-princesse ".  Jolies illustrations foisonnantes de détails. 


"Marre du rose" Nathalie Hanse Ilya Green ed. Albin Michel. Si les petites filles à qui vous lisez vos albums sont toutes de rose vêtues, il est grand temps de lire cet album. Lisez le aux petits garçons, ils s'y retrouveront aussi. 



Allez à la rencontre de l'univers de la famille, selon Emmanuelle Houdart . Deux albums présentés "Abris" ed Foumis Rouges et "Les heureux parents" ed Thierry Magnier avec Laëtitia Bourget. Des livres qui poussent à la réflexion sur la relation enfants/parents. 

"Maman était petite avant d'être grande" Valérie Larrondo Claudine Desmarteau. ed Seuil Jeunesse
Tout le monde le sait les mamans étaient des anges quand elles étaient petites. Un album à rebrousse-poil.  Pour lecteurs qui pratiquent l'humour et l' impertinence. 


"ça joue vite et ça joue bien!" Bernard Marnier Aude Morel ed. Frimousse. Des équipes filles-garçons qui jouent au foot, c'est classique en France. Je l'ai appris au cours de l'observatoire. Dans cet album, ce ne sera pas la fille qui marquera le but final, dommage…







"De la terre à la pluie" Christian Lagrange ed. Seuil Trois femmes, trois générations, peu de mots, des figurines en poterie pour un long voyage. Les couleurs sont sombres. Malgré tout, le livre se termine par une note d'espoir 




"Vite, vite, chère Marie!"  Niels Mogens Bodecker Erik Blegvad ed. Autrement Une histoire d'une autre époque?  Marie a un look des grand-mères de jadis, son mari est très exigent. La chute de l'album est adaptable aujourd'hui pour ce même type de situation. 
"Jenifer vétérinaire- Les louveteaux introuvables " Emily Costello ed. Bayard. Ce n'est pas un album mais un petit roman présenté lors de l'observatoire. Il y a tout une série de Jenifer. Dans l'esprit de Fantômette créée en 1961 ou de Mafalda en BD. Des filles qui font face, se débrouillent, aiment l'aventure. 

Et puis pour finir, car nous n'avons pas pu tout présenter:  une bible sur le sujet: "Filles d'albums" Nelly Chabrol Gagne ed. L'atelier du poisson soluble
Un corpus de 250 albums, où Nelly Chabrol Gagne étudie la représentation du féminin dans l’album.




Prochain observatoire de lecture d'albums jeunesse 
Mardi 11 juin 9h30-12h 
Centre Culturel Jacques Brel 
Mézidon Vallée d'auge