vendredi 16 février 2024

Atelier d'écriture du 10 février 2024

Cet atelier s'inscrivait dans le cadre du festival des Mycéliades, un événement national qui met en lumière les univers de la science-fiction !

Cette année, la médiathèque de Lisieux s'est associée au cinéma Le Royal à Lisieux, pour proposer des projections de films SF, une rencontre avec Clara Azémard - une chimiste participant au programme ExoMars, ou encore des lectures pour les enfants. Et bien sûr un atelier d'écriture ! 

Plus d'information sur ce festival sur leur site : myceliades.com


Catherine

 

VOYAGE

Non le voyage n’est pas infini
Pour moi c’est le dernier tour de piste

Il s’agit aujourd’hui
D’emprunter la bonne voie
Le voyage touche à sa fin mais
Il y a encore de beaux jours.

Non à un monde aseptisé
De clones téléguidés
Non au bonheur programmé

Je suis femme, de chair, d’os,
de sang, d’eau et de vent
Je suis née d’une étreinte
Je suis née dans la douleur et l’effort.

Une entre mille branches
Unique comme chacun.
Je me cherche chaque jour, chaque nuit
Je suis comme je suis

Mon voyage est infini
Jusqu’à la fin
Jusqu’à l’expiration
Mon voyage m’appartient.

 

 

Hélène

 

Je suis le robot butineur. Nous sommes en l'an 3000, je viens de descendre d'un de ces 3 ascenseurs. Ils m'ont appelé BEE !

J'ai tourné à gauche en descendant.... Quel paysage idyllique ce cerisier en fleurs, ces jolies fleurs roses, cette pureté blanche de ces jeunes gens calmes et attentifs... Mais... ce ne sont que personnages de cire, carton-pâte et plastique.

Pourtant mon voyant vert s'est bien allumé... Ce n'est qu'un détour, un survol... rien à butiner... ni rien à aiguillonner... Un looping au-dessus de ces faux pollens et nectars...

Et me voici, enfin, dirigé à droite, vers l'horizon qui sent bon.

Je n'ai qu'à piquer, c'est ma mission, piquer, en série, piquer chacun dans cette concentration de pions, piquer chacun de ces hurluberlus, ces fourmis géantes sans protection et aux petits pois dans le cerveau.

Ma spermathèque est bien remplie, niveau 100, bien en haut, pour une diffusion presque infinie...

.....

Ah, mon bouton vert clignote.... Mission accomplie....
Le temps de prendre le bon ascenseur pour mon retour,
le bouton est rouge...
Plus rien ne bouge.



Maïlys

 

Ils s’étaient rencontrés devant la fontaine centrale, un matin très tôt, loin du tumulte de la foule habituelle. Elle avait ressenti le besoin de marcher, pour une fois, de prendre un grand bol d’air, d’aller vers la forêt, au-delà de la barrière protectrice. Avant de l’atteindre, elle s’était arrêtée devant le dôme, reflétant un magnifique lever de soleil. Il était là, l’avait observée en train d’observer les lumières flamboyantes et changeantes. C’était rare, que quelqu’un s’arrête devant la beauté du monde. Il avait aimé ça chez elle. Elle avait aimé chez lui son regard doux.

Depuis, ils se retrouvaient tous les jours devant cette fontaine. Ils s’y rendaient à pied, à chaque fois, soucieux de donner de l’importance à l’impatience de la rencontre. Dans ce monde où tout le monde vivait si vite, où les êtres disparaissaient à tous les coins de rues pour se matérialiser 200 mètres plus loin, ils détonaient, marchant lentement l’un vers l’autre, s’apercevant au loin, se souriant. D’un regard extérieur, ils auraient pu paraître un peu niais, mais personne ne faisait vraiment attention à eux, tout occupés qu’ils étaient à converser avec leur ami IA. Le couple s’en fichait de toute façon pas mal, du regard des autres.

Ils s’appréciaient, ils appréciaient cette lenteur inattendue, retrouvée grâce à l’autre. Ils passaient des heures entières, assis à la fontaine à discuter de tout et de rien. Là où tout le monde courait après le temps, ils avaient trouvé ensemble le moyen de l’arrêter.


Victoria


Ma journée de travail est terminée, je rentre chez moi, je sors mon chien, rentre mes poules, nourris mon chat, je cuisine, prend ma douche et je regarde la télé avant de m’endormir.

Je me réveille plusieurs fois dans la nuit alors je vais voir mon chien puis je regarde par la fenêtre s’il y a des étoiles.

Je me rendors. Le réveil sonne, j’ouvre les yeux, tout est différent, je ne suis pas là où je me suis endormie. Ma chambre est différente, je n’ai pas le même pyjama. Je sors de la pièce et découvre ce nouvel endroit. Même le déjeuner est différent, chaque jour est une nouvelle vie, une nouvelle maison ou un nouvel appartement, un jardin ou un hyper centre, une nouvelle voiture ou un nouveau vélo.

Des tenues vestimentaires différentes, une nouvelle coiffure, des animaux ou non, seule ou mariée, un nouveau boulot, des nouveaux collègues, un lieu différent.

Chaque jour se passe dans la découverte, pas besoin de préparer l’avenir car en m’endormant je serai ailleurs. Je n’ai pas peur car si la journée commence mal, il n’y en aura pas pour longtemps.

Alors je démarre la journée en me laissant porter par la vie.

Tout se fait naturellement, je profite au maximum avant de me rendormir pour une nouvelle histoire.

jeudi 18 janvier 2024

Atelier d'écriture du 13 janvier 2024

Pour cet atelier, Anne-Lise nous a proposé de nous inspirer des illustrations de l'australienne Deb Hudson, dont vous pouvez découvrir le travail sur son site : debhudson.com




Sophie


Tout est blanc. Il fait froid. Il fait nuit.
Derrière elle, la lune. Sous ses pieds la neige.
Autour d’elle, les bruits des branches d’arbres gelés crissant sous la légère brise, et le son de ses pas dans la neige. Scratch, scratch, scratch…
Elle avance dans ce décor noir et blanc, légère, innocente.
D’où vient-elle ? Où va-t-elle ? Qui est-elle ?
Elle emplit le paysage de sa présence et pourtant elle se fond en lui comme une douce amie.
Son diadème doré se perd dans sa longue chevelure blanche argentée.
Au bout de sa baguette, un soleil éclatant semble lui montrer le chemin, la guider vers son destin.
Elle s’y soumet aveuglément, tendrement, presque amoureusement.
La peau rose-orangée de son visage et de ses bras libère une chaleur bienveillante, une confiance et une sérénité immense.
Sa fidèle confidente vole non loin d’elle, la protégeant de son aura.
De son regard perçant la nuit la plus profonde, elle saura lui faire éviter les embûches.
D’où vient-elle ? Où va-t-elle ? Qui est-elle ?
Bientôt elle sera passée… Et si je la suivais ?



Jean-Lou


Il était une fois une petite fille qui allait dans son jardin et attrapait un papillon dans ses mains et posa le papillon sur un tournesol qui était de couleurs multicolore. Quand soudain le papillon s‘envola du tournesol où il était posé dessus pour emmener la petite fille avec lui. Lorsque qu’il arriva au ciel le papillon déposa la petite fille sur les nuages et lui continue sa Route. Les années passent et la petite fille grandit d’année en année. Un jour la petite fille devient une jeune femme. Puis le papillon revient chercher la jeune femme. Donc la jeune femme attrapa les ailes du papillon et le papillon la déposa sur le Sol et la petite fille continua sa vie comme Avant...



Kristell


Elle tournait les pages à toute vitesse. Rien ne pouvait l’arrêter, il fallait qu’elle trouve ce numéro. Vite, le trouver…

« Be… Bi… Bo… Ci… Non. Comment s’appelle-t-il déjà ? Isidore ? Non. »

Enfermée dans la cabine, elle paniquait. Trouver son nom, son numéro. Il fallait qu’il vienne l’aider. Lui seul le pouvait. Elle s’était réfugiée dans la cabine téléphonique.

« Ka… Ke… Ki… Kiwi ? Non plus !... Laurent ? Certainement pas !... Arf… Je dois trouver son nom ! »

La mémoire qui flanche, c’est pénible. Les mots s’effacent dans sa tête. Encore eût-il fallu qu’on les lui ait appris ! Si jeune et si vieille dans sa tête. Hors d’âge. Les mots et les sons se bousculent… Se souvenir…

« Mmm… Ma… Maman ? Peut-être… Je ne sais plus ce que ce mot veut dire. A-t-il été joyeux jadis ? Mais non ! Et d’ailleurs, pourquoi jadis ? J’ai cinq ans ! Je suis un papillon. Mon amie la coccinelle viendra m’aider et me sortir de cette cabine ! Vite, trouver son numéro ! Ne pas paniquer. Respirer. Je finirai bien par retrouver ! Retrouver quoi au fait ?... Qu’étais-je en train de chercher ? Comme tout le monde, mon enfance ? Mon temps ? Mon bonheur ?... Ah oui ! Ma mémoire ! »



Hélène


« Petit papier. »

Petits papiers
Ou grandes feuilles
Qui s'envolent
Pleines de phrases folles
De mots
Rigolos
Ou pas beaux
Les feuilles d'automne
Descendent vers le sol
Celles-là
du seuil de ma maison
Montent en tourbillons
Dans une joie sans nom
Des lettres
C'est la fête
Des dessins
De belles couleurs
Des fleurs
Volez tout autour de la Terre
Chargées de tant d'univers
Croisées avec les tiennes
Avec les vôtres
Des bouquets enrubannés
Des livres uniques
Un livre
Un bateau ivre
Le feuilleter
Et s'y plonger
Jusqu'au fond des abîmes
Y danser de joie
Y claquer d'effroi
Petits papiers
Avancer
Livre
Vivre.



Catherine


« Le rêve de Lucile »

Blottie dans la chaleur des plumes
Le silence aspirant son souffle
Elle danse.
Sa colonne vertébrale s’étire. Ses bras tournent en spirales,
reliés à son cœur, à son ventre, à son esprit.
Ses pieds sortent de terre
Pour jouer dans l’air
atteindre le ciel.
Elle saute, caracole, vole, s’envole.
Elle rit, sourit.
Ses cheveux tournoient.
Ses yeux sont là et ailleurs.
Dans le silence, elle s’invente une musique, un rythme pour elle.
Lucile est elle-même, joyeuse, légère, unique.
Le réveil l’appelle ; doucement elle se redresse,
s’étire et
s’ouvre à aujourd’hui.



Maïlys


Elle est partie ce matin. Un dernier souffle, presque sans bruit.
Elle a quitté le monde à pas de souris, pour aller danser sur d’autres chemins.
Je l’imagine flotter, légère. Un dernier lien avec la terre, et le fil se coupe net.

Elle est partie ce matin, je sais que c’est pour son bien.
Tu peux voler maintenant, je ne te retiendrai plus.



Camille


Le père de famille de ma succession venderesse.
Parkinson.
Je ne l’ai connu qu’indirectement, et pourtant assez intimement : 
ses passions, ses estampes, ses nombreux petits tableaux vilains comme tout, ses magazines d’histoire, ses fantassins miniatures, ses meubles en bois massif aux plateaux de marbre, sa magnifique roseraie multicolore, ses évaluations par l’Inspection Académique !
Etrange ce que chacun garde, ce que les proches laissent, qui trouve ces trésors, et en fait quoi...
Peut-être même des brouillons, redispatchés, vers quelles nouvelles aventures ?

 

Puis, rapidement, le voisin.
La retraite deux ans avant.
Trop tôt bien sûr.
Dommage.
Du peu que j’ai connu, il semblait profondément bienveillant, avec son doux sourire, subtilement drôle, affectueux, calme.
Rebelote : dès les travaux bruyants des grosses machines faisant aveuglément table rase de tout le passé,
Et moi épluchant méticuleusement, solennellement, ses carnets d’écolier, ses poèmes et leçons d'anglais aux images scotchées dans des cahiers jaunis aux odeurs imprégnées d'ancienneté.

Des biographies par fragments, d’un autre siècle, d'un autre millénaire... 


Mon oncle, l'année d'après.
Phlébite.
Mon amoureux et lui n'avaient pas encore eu l'occasion de se connaître.
Nous étions loin, hors des frontières.
Il avait eu à se battre en leur nom, au nom de la patrie, et aurait sûrement sinon vécu une toute autre vie...


Le voisin et mentor d’un ami agriculteur.
Vieillesse. Usure du labeur qui l'a pourtant si longtemps conservé droit et fier.
A sa mémoire nous visionnons son interview : son humour rebelle nous amuse.
Une bibliothèque brûle.


Qui d’autre ensuite ?

Je les ai déjà oubliés.
De ci, de là, impression naïve qu’en 2023 ça n’arrêtait pas.
Vite effacés de ma mémoire sursaturée.
Vite disparus de nos existences tous ceux pour qui l’histoire s’est terminée.
Je réalise qu'à les chercher dans les labyrinthes du temps s'imposent davantage à mon esprit les suicidaires, les dépressifs, les souffrants, bien là, encore vivants.


Une copine enchaîne les décès.
L’ancien compagnon de sa mère, son ex-beau-père.
Mauvais état général, très affaibli.

Jamais connu son père.
Accident violent.

Coup sur coup sa sœur.
Septicémie.

Ses doigts crispés sur ma main,
elle se raccroche, ravagée :
« t’es ma famille maintenant ».


Le frère d’une amie proche.
Cancer.
Fraîchement divorcé. Rupture de liens avec ses enfants, sa fratrie.

Un mois plus tard, son père.
Tristesse. Solitude.

Avant-hier, une ancienne collègue, croisée par hasard.
Cinq décès dans l’année.


Hier, un copain de collège-lycée.
Cirrhose.
Sa vie ne devait pas être si rose.
Je savais avant d’arriver qu’un décès rassemblait une bande de copains. En terrasse, j’étais happée par la surprise de retrouvailles de longue date avec deux d’entre eux, je n’avais pas encore recoupé. C’est en entrant dans le bar, en reconnaissant les bouilles de toute la bande que je réalisai.
« Je vous vois rassemblés, tous... Mince, c’est vous qui avez perdu un pote. »
« (soupir) Ouais. Ben tu le connais. »
Oui je l’ai connu, et me voilà là du fait des aléas du hasard. Parmi tous ces gars qui se fréquentent depuis l’enfance, réunis autour de l’annonce du décès, j’étais la seule fille.
D’ailleurs j’entretenais avec lui une relation d’amitié en parallèle des groupes, une relation duelle comme je les aime, à s’offrir des tête-à-tête qui s’étirent jusqu’à l’aube, traversant la nuit, refaisant le monde.
Des papotages à l’infini.
De la légèreté, de la profondeur.
Plongées dans l’âme, ouverture du cœur.
Cela faisait tant d’années que je ne l’avais pas recontacté.

Ça n’a jamais guère été lui qui me relançait.
Sa porte me fut toujours ouverte pour autant.
Apparemment cela faisait beaucoup d’années aussi que ses amis n’avaient plus accès à lui.
J’ai souvent parlé de lui, encore tout récemment, critiquant la pression d’une norme sociale désuète.
Chacun s’acharnait à le dissuader d’arrêter les études, on le disait perdu.
« Passe au moins ton bac, sinon t'es foutu. »
La suite me semble lui avoir donné raison.


J’en retiens la même leçon que celle reçue à 15 ans par ma tante.
DID : Diabète Insulino Dépendant.
Elle avait DÉ-CI-DÉ.

A 50 ans elle est décédée.
Elle gardait SES I-DÉES.
Elle préférait vivre, boire, manger, fumer, sans se priver, se limiter, se refuser, se frustrer.
Elle a vécu comme elle l’entendait.


Lui aussi, ce vieil ami, me semble avoir poursuivi ses aspirations.
N’est-ce pas là leur liberté suprême ?
On ne décide pas de quand et comment mourir.

On essaie de choisir, un peu, comment et pour qui vivre…

Un des copains réunis là me soulignait comme il ne l’a jamais entendu critiquer qui que ce soit.
Je me rappelle comme il ne supportait pas l’autorité. C’est vrai que les profs en bavaient un maximum.
J’ai mieux connu le sous-sol dans lequel il s’était réfugié ado que la maison de ses parents.


Il ne sait pas que j'ai enfin rencontré l'homme avec qui je veux vieillir... que je suis revenue dans la région, que j'ai acheté une maison, planté mes arbres fruitiers... que faire des années je fais du slam, de la poésie, des adaptations de contes... 


A chaque scène ouverte de slam, la conclusion de l'animateur nous redonnait le sourire avant de partir.
C’est important d’offrir des sourires.
« Si vous ne savez pas quoi faire de votre argent, si vous avez la possibilité de donner un ticket resto, une clope, une capote, un chèque en blanc, ou tout autre objet qui vous encombre, un chapeau va tourner. Et surtout d’ici notre prochain rendez-vous (et le public de s’écrier d’une même voix) ''RESTEZ VIVANTS'' ».

Condoléances.
C’est con les doléances.
Certes la douleur est nommée,
Mais revendiquer les qualités et dresser le portrait élogieux, ne devrions-nous pas nous efforcer de le faire au gré des opportunités du vivant des gens, avant qu’ils ne se meurent de tristesse, de solitude, de manque de soins pour eux-mêmes ?


« Allez tous vous faire aimer » avant que le temps ne vienne vous emporter...



Stéphanie


Au début, un papier reçu les yeux clos. Un papier ça se reconnait, c’est très mince, celui-ci était un peu plus grand qu’un post it et pas collant du tout, mais disons qu’au toucher, j’en ai vite fait le tour, alors j’ai ouvert les yeux sur une page blanche. 

J’ai trouvé ça une drôlement bonne idée, la page blanche. C’est un vaste sujet, et jadis, elle m’a bien fait peur, m’a bien empêchée, m’a bien fait baigner dans le jugement, l’auto-censure, tout ça tout ça. Mais c’est fini depuis que j’ai lu il y a au moins 15 ans le livre de Julia Cameron Libérez votre créativité, et que du coup j’écris, et que je pratique les ateliers d’écriture. 

Comme toutes les pratiques, l’écriture va mieux en se pratiquant. C’est en écrivant que je deviens écrivaine. Même si je n’ai guère de lecteurs. Au mieux quelques auditeurs attentifs et bienveillants dans les ateliers d’écriture, mais j’ai publié deux livres sur internet, et presque personne ne les a lus. C’est comme ça. Je n’ai plus d’opinion à ce sujet. J’ai fait ce que j’avais à faire et autant j’étais dans volonté déchaînée avant publication, amenant livre n° 1 chez 70 éditeurs parisiens ! Autant j’ai lâché prise une fois que j’avais sorti le livre sur le site de « mon petit éditeur ». 

Un jour j’ai lu dans un livre drôle et un peu méprisant qui s’appelait je crois « comment rater sa vie ? », qu’un des plus beaux ratages possibles était d’être un ou une ancienne alcoolique qui amenait son autobiographie chez un grand nombre d’éditeurs sans parvenir à se faire éditer. C’était mon portrait. Bon, mais je me fichais profondément de l’opinion de cet auteur. J’avais fait ma crotte, j’avais un sentiment d’accomplissement même sans lecteurs.

Cette page blanche du jour était une petite page blanche carrée. Je l’ai retournée. Je n’étais pas sûre qu’elle était blanche des deux côtés. Et en effet de l’autre côté il y avait un charmant dessin, d’une fillette et d’un papillon, qu’elle tenait par les pattes comme elle aurait tenu un guidon de vélo, mais je n’ai plus le temps de me laisser vraiment inspirer par lui. Est ce qu’elle vole ? Ce n’est pas clair, elle est un peu au-dessus du sol ou alors c’est juste un effet de perspective… c’est probablement comme je veux. Et de toute évidence, j’ai été nourrie par la page blanche. Merci. Mon mot du jour lorsque nous nous sommes présentés était « contente ».

vendredi 22 décembre 2023

Atelier d'écriture du 9 décembre 2023

Pour ce dernier atelier de l'année, Anne-Lise a fait appel à notre odorat : une goutte d'huile essentielle sur le poignet, nous étions prêts à écrire. Peut-être arriverez-vous à retrouver ce parfum, à la lecture des textes...

Je vous souhaite de très belles fêtes de fin d'année, et vous dis à l'année prochaine pour de nouveaux ateliers à la médiathèque de Lisieux !



Sophie S.


« Doux Parfum »

 

Orange douce, petit grain bigarade ou bien mandarine…

Me voilà partie vers un bain de douceur, un bain d’été, un bain de soleil.

Il me pique les yeux et attise mes narines comme autant de petits de moments de plaisir qui m’ancrent à la vie et à ses moments suspendus auxquels je sais me raccrocher quand, dehors, le soleil brille moins fort ou bien même que les nuages ou le brouillard viennent à le faire disparaître totalement.


Orange douce, petit grain bigarade ou bien mandarine…

Me voilà partie dans ce tumulte d’énergie qu’il me procure à son approche. Une douce énergie, une énergie d’un foyer sécurisant et réconfortant dans lequel il me plaît de me réfugier quand, dehors, l’énergie me plombe. Il m’accueille dans cette atmosphère récemment diffusée et me met en joie de bouger si je l’accompagne d’une douce musique dynamisante.


Orange douce, petit grain bigarade ou bien mandarine…

Me voilà réconciliée, alignée, mes sens en éveil remerciant ces instants si précieux que la vie sait m’offrir et que je sais saisir pour pouvoir m’épanouir.



Sophie T.


D’abord ça surprend.
On ne sentait rien ou plutôt on sentait du vide.
Une absence d’odeur.
Ou plutôt une odeur tellement habituelle qu’on ne la sent même plus.
Et d’un coup, tout change.
Une odeur forte, presque trop forte, emplit le nez.
Mais c’est tellement bref. On croit avoir rêvé, cette sensation d’avoir vécu quelque chose mais sans se rappeler quoi.
Alors on y revient. Une autre grande inspiration.
Plus longue, plus intellectuelle, chercher une réponse à un « c’est quoi ? »
Une troisième inspiration. On y est presque.
On sent que ça pique, comme une acidité.
Une fragrance connue, familière presque nostalgique.
Et la sensation reste là, même quand les nouvelles inspirations n’entraînent plus cette fragrance au fond du nez.
On l’a dans la tête, on l’a dans le cœur.
On lutte pour la garder, mais c’est déjà trop tard.
L’odeur est partie mais elle nous a laissé
Un grand sourire aux lèvres et la sérénité.



Kristell


« Brume d’agrume »


Je cherche. Je ne te trouve pas.
Qui es-tu ? Rappelle-toi à moi !
Je sais que pour m’endormir tu es là
Tu apaises mes maux et donnes à mes rêves l’éclat

Chaque matin tu vitamines mon cœur
En cake d’amour je goûte ta saveur
Tu pétilles et piques par ta senteur
Dans la cuisine, chasse la mauvaise odeur

Je te cherche parfois haut dans le ciel
Dans une tarte, je te trouve, tel un grand soleil
Avec du saumon mes papilles s’émerveillent
Je te presse, et tu coules en de multiples perles

Mon nez est bien troublé
Peut-être es-tu citron ?
Ou bien doux pamplemousse ?
Agrume tu me plais
Et me fais sentir bon

Ma journée sera douce
Merci pour ton coup de pouce !

 

 

Maïlys


Hiver. Tout doux, dans les chaumières. Les oranges pressées du dimanche matin. L’odeur de cannelle qui s’échappe des tasses et du four.

Tout doux, le dernier chocolat du calendrier de l’avent. Réveil à 11h. Les paquets colorés attendent sous le sapin. Le chat s’étire dans un coin.

La ville frétille de milliers de petites mains d’enfants, déballant leurs cadeaux impatiemment.

Tout doux, c’est l’anniversaire de mamie aujourd’hui. La famille est réunie.


Hiver. Enrhumée. Un mouchoir de climarome pas loin du nez. On savoure, lorsqu’il se débouche, ce mélange de lavande et de je ne sais quoi.

Enrhumée, dans le plaid enroulée. L’odeur de l’hiver, dans la maison, se mêle à celle, dehors, du feu de cheminée des voisins.

Petit à petit tombent les aiguilles du sapin. Il va être temps de l’enlever. Dire au revoir à ses notes de forêt. Des grands espaces qui s’invitent chez nous.

A l’année prochaine, hiver tout doux.



Stéphanie

 

Je n’ai pas beaucoup d’odorat et il peut m’arriver de me juger pour ça, je me dis que je me prive de quelque chose, que je ne suis pas en contact, mais avec quoi, que c’est le plus ancien des sens, le plus primitif, le plus animal, et que je suis trop dans le mental, la bête noire des ashrams.

Je ne sais pas pourquoi je n’ai pas beaucoup d’odorat. Est-ce que le fait que j’ai tant fumé pendant tant d’années en est responsable ? Est-ce que savoir le pourquoi de ça a le moindre intérêt ? Il y a peut-être des causes psychologiques et presque aussi anciennes que moi ?

Je ne sais pas forcément reconnaître les odeurs, mais je sais celles qui me plaisent ou me déplaisent. Il y a des parfums que je déteste. L’odeur que j’ai sur le poignet est délicieuse et citronnée.

Mes odeurs préférées sont celles du riz qui cuit, de l’herbe fraichement coupée, de l’Eau Sauvage de Christian Dior que sentait mon père quand j’étais petite et que par miracle sa belle-mère a offert à Patrice à Noël l’an dernier si bien qu’il a senti l’Eau Sauvage de Christian Dior les derniers mois de sa vie et de notre vie commune. J’aime aussi beaucoup d’autres odeurs de végétaux, par exemple le céleri, de plantes aromatiques, ou de trucs qui mijotent.

Quand je travaillais dans le social, comme on dit, je n’étais pas gênée par les odeurs des gens dont je m’occupais alors que d’autres disaient que tel ou tel sentait mauvais et même, à un moment je travaillais avec des personnes très désocialisées et j’ai un jour emmené un junkie qui avait de surcroit des problèmes psychiatriques majeurs, à une projection un dimanche matin, au cinéma Le Bastille, je crois que c’était le film Les Chtis, dans une salle pleine de SDF et c’était un moment magnifique. J’ai juste mis mon écharpe un peu sur mon nez parce que quand même, mais j’ai été très heureuse de vivre ça et je crois que personne d’autre, au taf, n’aurait pu le faire.

Quand j’ai fait des stages dans des services hospitaliers où les gens se sevraient de l’alcool ou des drogues, un des ateliers chouchous des équipes (avec l’atelier d’écriture) consistait à « piffer » des odeurs de synthèses assez médiocres.

Je disais souvent, quand je vivais à Paris, que n’avoir pas beaucoup d’odorat était un avantage adaptatif. Mais maintenant, je vis à quelques kms de Lisieux, dans la campagne, et quand il m’arrive de courir le matin, je suis gênée à la moindre bagnole qui passe. Depuis 23 ans que je ne fume plus, peut-être que mon odorat s’est amélioré ?

 

 

Hélène

 

"Frais
Poivré
Citronné
Mais trop
Trop fort, entêtant, écœurant
Trop
Trop
Trop
Besoin de douceur
De délicatesse
De subtilité
À chercher
À trouver
Trop
Trop
Trop
L'éloigner pour ne plus être envahie
J'essaie mais la repousse
Envie de choisir
L'odeur de la pluie
D'une rose
De la peau aimée
Du foin fraîchement coupé
Celle-là, elle ne me dit rien de bien
Elle m'agresse
En ce matin chagrin
Pas de voyage
Pas de...
Pas de...
Un pas de deux
Un tourbillon
Et partir vers d'autres horizons. "

jeudi 14 décembre 2023

Atelier d'écriture du 18 novembre 2023

A l'occasion du festival des Boréales, un atelier d'écriture spécial autour de l'Islande, pour notre plus grand plaisir !


Céline


Un jour en Islande…

« Je volcan ? »

Je vole maintenant.

Je vois les arborescences de la vitre se dessiner sous l’encre de la pluie. 

A cet instant, elle m’écrit le prologue d’un nouveau voyage. Mon corps se tasse sous la couverture et délivre mon esprit vagabond, pour partir à l’invitation de l’imaginaire.

La matière, autour de moi, les meubles, les murs, les pierres, ma chair, mes vertèbres, deviennent presque insoupçonnables jusqu’à se dématérialiser.

Les réalités se troublent et mes yeux ignorent les conditions moléculaires comme les lois de la physique, dans lesquelles j’étais encore enferrée il y a peu.

La rigidité et la férule d’être se ruent progressivement à un état métaphysique, sans apesanteur.

L’Islande ? Mes pensées font « éruption » face aux silhouettes flammées qui prennent et cherchent forme parmi les volcans.

Je ne ressens plus les morsures du froid, je ne vis plus les frémissements de mon corps évanescent.

Je deviens aérienne, éthérée, juste une conscience qui vole, plane.

Je m’élève telles que ces volutes de fumées qui suivent la danse du feu des magmas qui s’éveillent.

Je rêve ou bien c’est l’Islande qui vient me confier ses rêves tout de flammes vêtus, et de lave limé d’or rougeoyant.

Tout autour, sa beauté s’agite de bruissements et de houles, d’ondoiements et de plissures dans un vent panoramique. L’Islande me parle de ses forêts qui tremblent devant les volcans empereurs. La terre révèle sa puissance aux milles braises qui défient celles du soleil.

La dualité se perpétue entre le sel et le ciel, avec une joute tout feu, tout flamme.

L’Islande est un silence menaçant, mais aussi cette voix céleste, celle des glaciers qui touchent l’azur en pourléchant de ses flammes l’horizon ému qui rougit.

L’Islande, ses miroirs qui se reflètent de ses lacs colorés de braises…

La vitrine aux volcans qui reste à briller toute l’année.

Terrien, on a des bleus à l’âme et cette envolée m’a mis du rouge aux lèvres et le feu au cœur. 

Les glaciers veulent rendre la glace avec la Terre en colère. Le ciel rubescent n’a qu’une couleur pour y répondre ;

Il y a splendeur et aiguilles sous roche.

L’Islande, de sa nature si volcanique, se « lave », de tout soupçon. Des laves bien courroucées, qui reprennent vite le flambeau.

Mes yeux frôlent l’embrasement des paysages, sans se brûler. Ces derniers bavent sur tout et tout le temps… le temps des tisons.

Commence alors ce voyage chaleureux où chaque étape est mêlée de ris et lumières.



Maïlys

 

C’est la première fois qu’elle remettait les pieds en Islande depuis son enfance. La sortie de l’aéroport créa en elle un magma d’émotions, qui la réchauffa face au froid mordant. Elle était de retour, après des années à rêver de sa maison.

Dans l’avion déjà, elle avait collé son nez au hublot pour voir les paysages bluffants défiler. Les coulées de lave qui couvraient la terre d’une épaisse couverture noire, les plaines vertes qui les succédaient, les glaciers blancs au-dessus, bleu électrique en dedans. Un pays aux milles couleurs, à l’image des maisons qui embellissaient les rues de Reykjavik.

Elle était de nouveau chez elle. Elle retrouvait les odeurs, les chemins, les chants d’oiseau de son enfance. La route qu’elle avait prise, quinze ans plus tôt avec ses parents, pour quitter ce pays qu’elle aimait tant. Elle la reprenait enfin dans l’autre sens.

Elle arriva devant la maison. Sa maison. Sa maison bleu glacier

samedi 14 octobre 2023

Atelier d'écriture du 14 octobre 2023

Voici la production de cet atelier spécial écriture de chansons, animé par l'autrice-compositrice-interprète Karen Lano


Cathy, Evelyne et Jean

 

« Jardin secret »

J’ai retrouvé le vieux banc
Où nous allions rêvasser
Main dans la main en chantant
Nous nous étions enlacés

Dans le grand jardin
Gardien de nos secrets
La menthe et le thym
Mêlés nous enivraient

J’ai cherché dans les buissons
Les fraises les framboises
J’ai croisé le hérisson
Le nez luisant de rosée

Dans le grand jardin
Gardien de nos secrets
La menthe et le thym
Mêlés nous enivraient

Sur le banc
Marie
On s’aimait
Marie

Dans le grand jardin
Gardien de nos secrets
La menthe et le thym
Mêlés nous enivraient

Dans le grand jardin
Gardien de nos secrets
La menthe et le thym
Nos amours envolés

 

 

Jean-Lou, Irène et Hervé

 

« Déambulation cosmique »

Une broutille frou-frou dérouille
Un loup-garou roupiller
Le figuier brode dans l’espoir
Se lover oseille gagner

Profondeur printemps
Saison intime éden
Déambulation
Plénitude temporelle

Une citrouille et une roulotte
Démocratie déformée
Pyjama et incrédule
Espoir décrypté gagné

Profondeur printemps
Saison intime éden
Déambulation
Plénitude abandon

Une trousse secrète
Potager, ressources

Profondeur printemps
Saison intime éden
Plénitude limace
Incrédule attentat


 

Catherine, Léa et Paul

 

« Avant la nuit »

Dans le lit d’une rivière,
Ruisselant contre les pierres,
Les eaux glacées me décrivent
Nos souvenirs en dérive.

Berce mes rêveries,
Hamac, mélancolie.
Berce mes rêveries,
Hamac, mélancolie.

Quand la rosée du printemps
Brouille mes rêves d’enfant,
Le soleil dans son secret
Sèche les broutilles du passé.

Berce mes rêveries,
Hamac, mélancolie.
Berce mes rêveries,
Hamac, mélancolie.

 Déambule, petit.
Au jardin, grandis.

Berce mes rêveries,
Hamac, mélancolie.
Berce mes rêveries,
Hamac, mélancolie.

Berce mes rêveries,
Hamac, mélancolie.
Berce mes rêveries,
Hamac, avant la nuit.

 

 

Dario, Anne, Stéphanie et Maïlys

 

« Le figuier »

Se lovant dans le figuier
Son esprit part en été
Les pieds nus dans la rosée
En laissant son âme chanter

Enflammé d’amour
Son cœur est protégé
Les arbres l’entourent
Son cœur est protégé

D’amour mon cœur a cramé
Le figuier déraciné
L’oxygène vient à manquer
Incrédule, abandonnée

Enflammé d’amour
Son cœur est protégé
Les arbres l’entourent
Son cœur est protégé

Mon amour en cendres
Mais vient le printemps

Enflammé d’amour
Son cœur est protégé
Les arbres l’entourent
Son cœur est protégé

Enflammé d’amour
Mon cœur est protégé
Les arbres m’entourent
Mon cœur est protégé

vendredi 29 septembre 2023

Atelier d'écriture du 23 septembre 2023

La Semaine bleue, qui est un événement dédié aux personnes âgées, était l'occasion de rendre hommage à nos aînés. Nous avons écrit ces textes à partir de photos de Steve McCurry.

L'édition de cette année aura lieu du 2 au 8 octobre. Vous pourrez retrouver à cette occasion les textes dans le hall de la médiathèque.



Irène

 

Maman papa où êtes-vous belle maman je te découvre enfin je suis si heureuse de partir et de revenir vers vous. Ne partez pas je vous suis j’aime votre compagnie belle compagnie je vous aime. Ni passé ni avenir à l’aise enfin du respect de l’autre du soleil du bruit du silence plus de guerre la paix vous êtes nos petits on vous choie notre repère enfin l’entente la quiétude. Pas d’histoires de disputes mes aïeux. J’aime enfin la vie en harmonie avec l’univers de tous les temps vous ne m’effrayez pas vous avez bien vécu. Non il ne faut pas se suicider non il ne faut pas la vie est trop courte quand j’étais jeune je trouvais la vie trop longue. On ne peut tout vivre on ne peut se laisser aller trop longtemps le travail le courage les épreuves le temps passe trop vite je n’ai pas de petit enfant que faut-il faire ? Brûler les étapes et tout gâcher changer de vie les amours sont une leçon les saisons passent les jeunes partent parfois fumer boire les addictions survivre se dire qu’il y a pire que soi être heureux être soi marcher dans la forêt mamie ne peut plus marcher je pense à elle. Je veux lui parler l’écouter elle a son autorité mais elle me rassure elle est la dernière des aïeuls j’aime ton fils mamie on va bien s’occuper de toi quand tu dis avancer tu es courageuse tu nous portes ton enthousiasme ta joie de vivre. Ton corps ne peut plus mais ton esprit est là. Maman tu es partie épuisée fatiguée papa aussi et Hubert mon frère il y a les enfants maintenant c’est l’amour qui vous porte la vie présente et future.

 

 

Hervé

 

Joie de vivre
Quiétude
Richesse intérieure
Amour de soi
Amour du prochain
Sensibilité
Plénitude intérieure
Extériorisation de soi des toxicités
Libération intérieure
Ne pas se laisser déborder
Garde la tête hors de l’eau
Concentration intérieure et extérieure
Expulser les pensées négatives
Penser positif
Ne pas regarder derrière soi
Bien être de la personne
La richesse ne fait pas la personne
Sans se comparer

 


Jean-Lou

 

Il était Une fois un vieil homme qui était endormi dans son lit pour rêver des océans qui aimait bien quand soudain un coup de vent apparaît et les fenêtres s’ouvraient et l’électricité se coupa pendant 5 minutes puis il se rendormit. Le lendemain matin il fait son ménage pour nettoyer la saleté au sol qui en avait beaucoup et il repassa ses vêtements et dépoussiéra ses meubles et regardait ses bibelots dans son armoire qui était toute penchée en pensant aux glaciers qui étaient en train de s’effronter partout dans le monde entier. Enfin il s’habillera pour aller travailler puis avant ça il prend une douche tiède. Il décida d’aller au travail à pied mais il y avait une tempête qui s’abattait sur son lieu de travail. Quand il rentra chez lui sa maison tout était renversé et il remettait tout en ordre puis il refait sa vie comme avant… 



Maïlys

 

Tu es grincheuse, souvent
La vie ne t’a pas fait de cadeau
Ça, on le ressent

Tu as du mal à exprimer tes sentiments
A voir ce qui est beau
Tu te mets en colère facilement

Mais quand tu vois tes petits-enfants
Ton sourire, tout à coup, illumine tes yeux
Il est rare, donc d’autant plus précieux

Il est cette note de joie au milieu des années
Cette note qui t’aide à continuer d’avancer
A 90 ans passés

Tu es aujourd’hui arrière-arrière-grand-mère
Regarde cette famille que tu as contribué à construire
Regarde nous pousser, grandir

Au milieu de nous tous, il y a ton sourire
C’est le plus beau cadeau que tu puisses nous offrir

 

 

Léonie

 

Photo d’un homme âgé. Visage bariolé bleu/vert. Chemises avec de la peinture. Vraie peinture ou effet avec l’ordi ?

Le visage moustachu donne un âge. Avancé, l’âge.

Le regard donne un autre âge. Jeune, l’âge.

Les chemises donnent encore un âge différent. D’jeuns, l’âge.

C’est quoi l’âge ? Des chiffres sur une pièce d’identité ? Une expérience ? Positive ? Négative ? Une place dans la société ?

Je ne sais pas. Certains disent « l’âge c’est dans la tête », d’autres « on a l’âge de ses artères ».

Certains sont fiers de leur âge. D’autres le cachent autant qu’ils peuvent.

Certains trichent sur leur âge, d’autres l’arborent fièrement.

Dans certains milieux on ne demande pas l’âge d’une dame. Dans d’autre il se présente comme un compliment au même titre que les mensurations.

Certains veulent terminer leur vie dans le grand-âge (ne dit-on pas « ad méha essré en hébreu – jusqu’à 120 ans » en hébreu ?) d’autres souhaitent partir jeunes (24 ans comme Ste Thérèse ou 33 comme le Christ)

Tout ça c’est l’âge. Mais ça ne veut rien dire. Cette photo nous le prouve : visage buriné et ridé d’un homme âgé ; regard limpide d’un homme qui a encore tout à découvrir ; habillement qui ne correspond ni au grand-âge ni à la jeunesse.

Cet homme qui a l’expérience de la vie nous dit : l’âge ne raconte rien mais l’homme tout entier raconte une vie entière.

 

 

Hélène

 

Regard profond
Tant intérieur qu'extérieur
Porteur du passé
Franc vers l'avenir
Bouche fermée
Non crispée
Juste droite
Comme lui
N'y a-t-il pas si peu à dire
Si ce n'est l'essentiel parfois
Juste là
Et tellement là
Il est avec moi
Il est miroir
Il me cause sans parler
Je sais des choses
J'en imagine
Il est porteur de tant d'histoires
Il ouvre les portes à tant de souvenirs
Qu'a-t-il transmis
À ses fils à ses filles de la vie
De la vie ?

 

 

Sophie

 

Le temps passe, il file, il défile, tel une pelote qui nous échappe et se déroule sans qu’on ne puisse la rattraper.

Aujourd’hui enfant, demain adulte, après demain vieillard…

…Vieillard… Cette période qui inquiète, qui fait peur ; Qu’aurons-nous à donner au monde quand le moment sera venu ?

Aujourd’hui, je ne sais pas bien, et pourtant… LE souvenir de mes grand-mères est puissant !

Ces femmes étaient telles des femmes de l’ombre. Sans bruit, discrètes, altruistes et résilientes.

Dans leurs yeux, je pouvais lire tellement… Du plaisir dans la simplicité d’un moment, à la rudesse d’un passé bouleversant, comme autant de marques du temps sur leur visage et leur corps, comme autant d’expériences vécues.

A leur contact, le temps semblait ralentir ; leur écoute attentive, leur bonté, le don de soi ; à leur contact, mes souvenirs se sont construits.

Leur attente quotidienne, leur vulnérabilité, sont touchantes…

La joie dans leurs yeux à nous voir vivre, la transmission des valeurs passées qui ne seront pas toujours appliquées… Et pourtant… Tellement de bienveillance à notre égard.

Grâce à elles, notre corps, notre cœur et notre esprit gravent de la douceur, de la paix.

Avec elles, ce sont des habitudes, des odeurs, des gestes, des sons, des matières, des goûts, des objets, qui se gravent à jamais et nos sens n’ont de cesse de nous le rappeler.

Mémé, Mamie, pour tout cela je vous remercie.



Stéphanie


La première photo ne m’a pas plu, parce que la personne âgée était debout, toute seule, dans une pièce sombre. J’ai préféré celle qu’a eue ma voisine de gauche, parce que la femme âgée, dessus, est souriante, assise par terre, encore en activité. Elle vend quelque chose que je n’identifie pas, mais qui semble être fait de ses mains, donc elle est créative.

Peut-être qu’en vrai, c’est mieux d’avoir un toit sur sa tête et de ne pas devoir gagner encore sa vie à pas d’âge, mais ce n’est pas le sujet, et la seconde photo étant plus exotique, elle me ramène moins aux fins de vie que j’ai connues, à celle à laquelle j’assiste en ce moment.

Anne-Lise parlait de joie mais c’est un sujet qui ne m’inspire pas la joie. Peut-être que c’est d’écrire, qui procure cette joie à laquelle je suis invitée.

Je vais chaque jour à l’hôpital de Lisieux voir mon mari. Il a bientôt soixante-douze ans donc il fait partie de ces aînés auxquels il s’agit de se sensibiliser une semaine par an.

Il a un cancer au poumon et au foie, et je crois qu’il est en fin de vie. Mais je ne sais rien. Prédire est une chose difficile, surtout quand il s’agit d’avenir.

Moi j’ai 66 ans, et je ressens de la force et de la joie profonde.

Lui il n’a plus de force, il pèse moins de 60 kilos pour presque 1,80 m. Ses muscles ont fondu, surtout depuis juillet, car ça fait au moins deux mois que sa vie a rétréci. Du lit au canapé, du canapé à la chaise longue dehors. Heureusement c’était l’été. C’est beaucoup moins dur d’être allongé sous les tilleuls que sur un lit.

Je sais que la photo numéro un correspond bien davantage à ce qu’il vit et à ce qui m’attend, parce que l’autre se passe en Amérique du Sud, qui est à mille mille.

Je suis cueillie par ce sujet, auquel je ne m’attendais pas du tout. Mes yeux se brouillent et je ne vois plus les touches de mon macBook Air. Je pleure enfin, ce qui ne m’était pas arrivé depuis des jours. Je pleure de le décrire, je pleure de vous dire tout ça.

J’entends qu’il s’agit de se faire plaisir et de s’amuser mais Patrice est là-haut, à Robert Bisson, en pneumologie. Il voudrait sortir de l’hôpital lundi mais je sens bien que ce n’est pas le projet du service. Moi ça m’est égal qu’il reste à l’hôpital car ça me permet d’être libre le matin et le soir. Je dis ça mais c’est même pas vrai car je reçois des visiteurs à la maison, sa fille s’en va, son fils arrive, il s’en va et c’est sa sœur qui vient, je ne vais pas tarder à me sentir envahie.

 

J’aurais pu parler de ma grand-mère qui était une merveilleuse vieille dame pleine de vie jusqu’à la fin, ou de Vincelette, qui à 70 ans bien sonnés va en tandem avec son mari participer à (et souvent remporter) des championnats de natation, en France, en Europe. Quand elle fait les masters mondiaux, je suppose qu’elle prend l’avion ; elle a un petit carnet où elle note ses temps au 50 mètres, au 200 mètres 4 nages et autres joyeusetés.

Comme ma grand-mère Alice, elle est un modèle pour moi mais comment savoir ce qui va m’arriver ? C’est la surprise du chef.

Atelier d'écriture du 19 août 2023

 Léonie


Des mains pleines de doigts

Ce sont des jouets pour enfants, pour bébés.
Ce sont des artistes : peinture, couture, filage, cuisine, décoration, écriture.
Ce sont des consolatrices
Ce sont des traductrices
Elles peuvent être accusatrices, destructrices, voleuses, baladeuses, source de douleur
Mais elles peuvent sauver, soigner, construire, créer, réparer
Elles sont la partie de notre corps la plus complexe, à l’architecture la plus fine et extraordinaire
Elles sont souvent le premier dessin que l’on fait, trempée dans différentes couleurs de peinture
Elles enrobent, elles enlacent, elles caressent, elles pétrissent
Elles sont belles surtout quand elles sont ridées, usées, calleuses
Elles racontent tant de vies.




Sophie

 

L’attention à soi-même est primordiale me semble t’il…

Je suis ma priorité, et pourtant, la culpabilité n’est jamais loin.

L’oppression peut me bloquer comme un mur infranchissable… Et pour autant, le partage est riche, de même que les rencontres.

Je suis ici et maintenant, et je me respecte dans mes besoins et dans mes envies.

Je me donne désormais le droit de ne pas faire d’efforts, car je me respecte.

C’est une expérience difficile dans la relation à l’autre.

Un grain de sable est capable de venir faire dérailler tout mon engrenage, me court-circuiter.

Mon attention est facilement déviée, c’est atypique !

Lorsqu’un fait me tourmente, si anodin puisse t’il être, il prend toute la place en moi, c’est l’hypersensibilité !

En faire abstraction est ma difficulté.

Ici et maintenant, une contraction m’habite, elle est désagréable, comme un mal lancinant peut l’être ; elle fait monter une anxiété, un état de stress, et m’empêche d’être pleinement présente à moi-même, cela me gêne