vendredi 31 mai 2024

Atelier d'écriture du 25 mai 2024

Le déclencheur d'écriture était ici la lecture du poème "Fujita", de Jeanne Cherhal, publié dans le recueil Couleurs primitives.


Hélène


« Fougita »

Femme inspirante
Nudité exposée
Modèle fidèle ou
Imaginaire éphémère
Poésie infinie
Regard posé
Corps osé
Intimité
... Voyeur...?
La poésie s'enfuit
La pudeur
Ce n'est pas l'éducation
C'est le besoin de protection
La peur
La femme
A-t-elle les yeux ouverts
A-t-elle le cœur offert
Cette ombre
Est si sombre
Trop noire
Pour y croire.



Camille


Déjà le réveil ?! Quelle plaie !
Je l’ai repoussé une fois, deux fois, trois fois, quatre fois, cinq fois, quel luxe !
Petit déjeuner au jardin ce matin
Sur la route, un sourire. Deux sourires. Plein soleil.
Est-ce que je reprends un café ? Oh non.
Le silence parle.
Au travail, ma mémoire.
Bonheur… incomparable !...

L’expérience que nous vivons ici
Ce que nous aimons
Ce qui nous fait vibrer

Qui la dégustera mieux que soi-même
Des mots en vrac
Se posant librement
Sans censure
Toujours plein de surprises

Se laisser émerveiller
Par ce qui viendra se coucher sur le papier
Se défaire d’exigences futiles
Se distraire de l’insecte qui crapahute
Fermer les yeux un instant
Déguster le printemps
Avant que le soir ne tombe la nuit
Je ne connais pas l’ennui
Je poursuis chaque jour le labour
D’un petit morceau de mes mille projets

Ici-bas tout est permis
Pour le bien comme pour le pire
Et dans nos pages aucune rêverie
Ne saurait rester prisonnière
Que de ses propres cages,
Et de toutes leurs chimères.

Je respire sans effort
Me rappelant tout le trésor
Que la vie réserve
A ceux qui la succulent et la préservent

Je respire l’instant
Celui qui ramène au présent
Au cadeau des envies
Des besoins épanouis

Je respire sans y penser
Emportée par le flot d’idées
Avant de revenir à moi-même
Là, maintenant

Maintenant je respire, en conscience,
Et cette intention est sitôt apparue
Chassée par l’insouciance
D’un grand chassé-croisé
De l’esprit et du ressenti
Un joyeux bordel ambulant
Je vous partage mon humble bazar

Où est ma boussole ?
Faut-il seulement que je me console ?
Des inévitables blessures,
Pour que mes bonheurs n’en soient que plus murs ?

Il ne nous reste que quelques minutes
Avant que la mort ne nous happe
dans son « chut » …
Alors d’ici là, tut tut !
Vis sans t’appesantir de questions,
petit papillon.

Mais ta métamorphose
Emet de ta métaphore
D’aimer ces mets offerts

N’oubliez pas de commencer
parce que ce sera court… quoi qu’il arrive
Prenez bien le temps ensuite…
Délicatement… profondément
Jusqu’à l’âme
Incitée à la paix
Invitée à l’amour

Les cinq sens dans tous les mots
mais sans équivoque
en pagaille, à l’état sauvage
En laissant infuser ce qui vient à notre cœur

Compliqué de céder la place au silence
Se bousculent des envies à l’infini
Le sablier sera écoulé

Poésie infinie
infime beauté
Touches de douceur
Notes de diverses lueurs

Tact dans l’approche
Pudeur dans la parole
Respect dans le silence

Ressenti à l’état pur
Emotions en échos
Apprécier ce que l’autre donne
Rien de plus.
Désirs de transmission
Justesse des perceptions
Peut-être rien moins que le réel
Doux, léger, qui rebondit
Au jardin des chagrins
Je cultiverai tes fruits délicieux
Chaque seconde est unique
N'est-ce pas, chrysalide ?

Viens me parler de la pluie et du beau temps
Viens que tu aies l’humeur à rire ou à pleurer
La vie n’est toujours qu’un premier jet… qu’un premier jour !



Maïlys


Il peint. Il peint et je l’observe. Je l’observe me peindre. C’est beau, un pinceau qui dépose des couleurs sur une toile. C’est beau, une main qui fait naître des formes. C’est beau, un visage concentré sur son œuvre. C’est beau, un homme qui peint. Mon homme qui peint.

Il n’y a plus rien autour, juste nous deux et un deuxième moi qui prend forme sous ses doigts. Je le laisse me façonner à sa guise. En retour, je le façonne avec mes mots.



Cathy


Arrêt sur image
Les yeux dans le cœur
Muette
Figée
Tour de sang
Touchée par la flèche de l’extase
La phrase, l’image imprimées dans la chair :
Tout à coup je vois clair.

samedi 20 avril 2024

Atelier d'écriture du 13 avril 2024

Cet atelier d'écriture très printanier a débuté avec l'écoute de chants d'oiseaux. Voilà ce que cela nous a inspiré...


Jean-Lou


« La cigogne mystérieuse »

Il était une fois Louis qui entend un bruit qui vient de l’extérieur en se levant. Il se demande c’est quoi comme bruit. D’un seul coup il pensa à un bruit d’oiseau.
Sa mère Nicole lui répond c’est un coucou qui vient nous faire coucou ou en pinçon mais pas une pie. Son fils aîné Jean lui répond pourquoi c’est pas une pie ? Car elle est voleuse et elle pique toutes les affaires.
Nicole lui répond mais peut être une cigogne qui vient d’Afrique pour hiberner en France.
Mais les cigognes ne font pas ce bruit-là. Mais de toute façon j’ai jamais vu des cigognes en France pour hiberner. 

Mais pourtant il y en a de temps en temps mais ce ne sont pas des cigognes ce sont des hérons.
Donc Jean et Nicole prennent leur téléphone et font écouter la chanson « Fais comme l’oiseau » à Louis puis il fait comme l’oiseau et réfléchit à cette question. C’est quoi comme oiseaux ?
Puis là il voit passer une cigogne qui passe par la fenêtre. Et dit à Louis c’est sûr c’est une cigogne.
Et ils reprennent leurs occupations et la vie continua comme avant.



Hélène


Voyage
Pas besoin d'aller loin
Il est là le bonheur
N'oublie pas qu'il est là
À portée de main
À portée d'oreilles
Mes sens grands ouverts
M'apaisent, ici,
Grâce aux "cui-cui"
Là, dans ce pays où je suis née
Que je n'ai pas choisi.
Mon pouvoir
Je sais l'identifier
Je sais en jouer
Pour trouver la paix
Ma paix intérieure
Si fragile
Si facile
Tant qu'on n'est pas en exil
Tant que les violences humaines
Leurs perversités
Ne me sont pas destinées.
Mon cœur bat la chamade
Voyage
Plus loin
Mon cœur saigne
De tant de souffrance
Tant de cœurs sont gorgés de douleurs
De peurs.

Les chants
Les fredonnements
Les sifflements
Les plaintes
Les pleurs
Les cris
Les hurlements
Le silence.



Catherine


Que me dis-tu ? Je t’entends
mais je ne te comprends
pas. Tu racontes et tu pépies
et moi je suis
là dans
le silence percé de tes cris.

Cris
ou chanson ? Je vois du vent
plein de vent
des feuilles, des arbres et le ciel calme et bleu ; la rivière coule doucement.

Quand ai-je entendu les premiers pépiements
d’oiseaux ?
C’est si loin dans le temps, dans les temps.
D’autres que moi se sont interrogés
sur le « langage des oiseaux ».
De nombreuses légendes se sont racontées
sur les origines. Tout humain cherche avant lui ?
Et après lui ?
Mais ne trouve que lui
là perdu comme un grain de sable. Mais ce qui
fait vivre, c’est l’oiseau
les feuilles, l’arbre, la rivière où il se ressource comme un assoiffé de la vie.
Oiseaux
de toutes les couleurs, tout petits
ou si grands
colibri
ou cormoran
nous appellent, nous invitent à jouer avec nos cordes vocales. La parole, le chant,
souffler sur un brin d’herbe ou dans un soubassophone, jouer avec le vent
qui traverse notre corps, qui irrigue notre sang,
moduler notre voix
comme toi
oiseau
des champs
mouette sur le dos de la vague, aigle ou milan
très haut, si haut, voyage au- dessus des océans
migrations, envolées, oiseaux
blancs
de notre âme, à jamais tourmentée
à jamais apaisée.
Oiseau
voyageur. Homme de passage. Passager du vent.
Entends !

« Oiseaux de passage » 



Maïlys


Elle sort de la maison à toute vitesse et s’élance dans les herbes folles. Je le sens, elle a repéré quelque chose. Elle s’arrête net au milieu du jardin et observe. J’entends quelques oiseaux s’échanger joyeusement des mélodies. S’ils savaient comme ils se trahissent ainsi… Leurs chants ne sont pas tombés dans l’oreille d’une sourde.

Elle s’avance lentement, très lentement vers le cerisier, observe, encore. D’un geste gracieux, elle bondit sur le tronc. Elle a été discrète mais deux des oiseaux ont déjà pris leur envol. Son attention se concentre sur un troisième qui continue son concert, inconscient du danger. Déjà assez haute dans les branches, elle se rapproche du moment fatal… Clac ! Ses crocs se sont refermés sur le pauvre oisillon qui n’avait malheureusement aucune chance.

Je l’observe redescendre prestement de l’arbre. Le festival de plumes au milieu de la terrasse va encore être pour ma pomme, je me dis. Mais au lieu de s’approcher de moi avec son offrande, comme elle le fait souvent, elle part de l’autre côté et s’enfonce dans les herbes hautes. Curieuse, je suis son parcours, me faisant discrète. Elle me lance un regard en arrière. Bien sûr, elle m’a quand même repérée mais me fait confiance. Elle s’arrête alors dans un renfoncement. Là, tranquille, une grosse boule de poils de toutes couleurs respire. Je comprends que devant nous dort une fratrie abandonnée. Je crois bien qu’elle l’a déjà adoptée.

Ce soir, pas de festival de plumes à la maison, mais j’accueille avec joie une ribambelle de chatons. 



Maggy


Un oiseau est un rêve qui nous emporte dans le ciel pendant notre sommeil pour nous transporter au-delà de notre corps.

Un oiseau est un ancêtre descendant du dinosaure dans ses cellules il y a des millions d'années de vie sur terre.

Un oiseau nous apporte un message qu'il soit vibratoire par le son magnifique du printemps qui arrive.

Un oiseau prend du recul sur notre vie d'humain. Il vit autour de nous ; il nous regarde du haut de sa branche, où bien du toit.

Un oiseau peut être le plus petit du monde dans les forêts équatoriales mais aussi il peut être incroyablement grand sans pouvoir voler mais il porte une couronne de plumes décoratives qui nous émerveille.

Un oiseau c'est la liberté, il rayonne la quintessence de la beauté.

Nous humains arrêtons-nous et écoutez - regardez !!



Marie-Jeanne

 

« Bruits d'oiseaux »

Bruits d'oiseaux
Je glisse dans mon canot
La forêt s'étire
À perte de repères

Bruits d'oiseaux
Dans le ciel immense
À perte de vue
À perte de repères
S'étale la forêt
Le chemin d'eau

La chaleur envahi mon corps
Bruits d'oiseaux
Afrique, Asie, Amérique
Toucans, aras, colibris
S'étirent, volètent, tourbillonnent

Devant moi
Ouvrent la voie
Montrent le chemin
Liberté recouvrée

Bruits d'oiseaux
Le canot se fige
Dans un marécage

Bruits d'oiseaux
Le voyage est infini
Le voyage s'étire
Rejoint le ciel
Atteint les cimes

Bruits d'oiseaux
Engluée dans le marécage
Tu parviens néanmoins à ouvrir la cage !

mercredi 20 mars 2024

Atelier d'écriture du 16 mars 2024


Un atelier d'écriture spécial poésie et sur le thème de la grâce, à l'occasion du Printemps des poètes.

Le déclencheur d’écriture était un poème de Jacques Moulin (Rondels d’enfance) paru dans Nu€, n°52 « Jokari/Enfances » Octobre 2012 :

 

Ma mie est en printemps
La poésie va paître
Je vois par la fenêtre
Qu’on a changé le temps

Je me dis bien souvent
Qu’un enfant n’est plus à naître
Ma mie est en printemps
La poésie va paître

Les bourgeons sous le vent
Sont des verts à renaître
On s’étonne d’y être
Pour un regard d’enfant
Ma mie est en printemps



?


Papiers, papiers
Petits papiers,
Papiers liés,
Papiers pliés,

Papiers envolés,
Papiers trouvés,
Papiers déchirés,
Papiers collés,
Papiers envolés,
Mêlés dans la forêt,
Petit papier cherché
Au pied d’un hêtre,
Je t’ai ramassé
Et j’ai trouvé
Ma raison d’être


……..


Cheminer d’arbre en arbre,
Voler comme un oiseau,
Déployant toute la grâce,
De son vol au-dessus des arbres,
Être léger comme l’oiseau
Et comme un état de grâce
Réaliser son rêve.


……..


Parcourir l’arbre,
Courir dans la forêt,
Sentir l’odeur,
Le bois chaud du mois de mars,
Admirer les couleurs
Dans les saisons remplies de grâce.



Hélène


le temps
un instant
chancelant
dans le vent
      fugitif
      furtif
une vie
infinie
remplie
de pluie
      histoire
      grimoire
ailes
d'oiselle
ombrelle
réelle
      photos
      échos
vibration
passion
d'émotions
sans nom
      jubilatoire
      ou désespoir
éléments
chantant
au présent
le temps.



Jean-Lou


La Feuille est un seuil rempli de pierre qui va naître
La fenêtre est ouverte
on a le choix de prendre tout son temps
La poésie va vivre tout autour de lui

Le carré est encadré autour du cadre de son soir
La ville de Grace est ouverte grâce à cela
Nue est perdu loin de nulle part où il va
Le jokari joue quand il rit dans ce qui il le fait rire

L’enfance est un temps loin de ces Cévennes natales qui est calme
Les espaces verts sont ouverts quand le verre est à moitié plein
Le printemps est un enfant lointain
Être est un mal pour les Herbes qui poussent quand le temps est calme

La mie est une amie qui naît
Rien n’est perdu quand il vient
La prairie verte est à renaître de la vie
Le temps a changé de tant en tant.



Léonie


Jacques Moulin
Tu as écrit un joli refrain
Ma mie est en printemps
Et moi j’ai lu : ma vie est en printemps

Mon être est-il saisi par la grâce
De changer ainsi ton refrain ?
Ou bien suis-je en train
De transformer tes mots en mélasse ?

Mie de pain ou mie d’amour ?
De qui, de quoi nous parles-tu ?
Moi, je trouve que la vie dure toujours.
Cette infidélité me pardonneras-tu ?

Ma mie est en printemps
Ma vie est en printemps
Finalement ne sommes-nous pas les enfants
De la même grâce, de la même poésie, du même chant ?



Ghislaine


« Chez Clotilde »

Chez Clotilde, ça embaume le bonbon acidulé,
La cire d’abeille et l’été.
Dans son salon, elle joue sur un clavecin blanc
Et les notes s’évadent au-delà du temps.

Chez Clotilde, aucune pendule n’enferme le temps,
Elle veut oublier les heures qui s’égrènent,
Elle vit avec ses souvenirs bien rangés
Que sa mémoire ne veut effacer.

Chez Clotilde, les odeurs du thé
Se mêlent à la poussière de ses romans.
Elle écrit sur des grands cahiers
Les histoires de ses jeunes années.

Chez Clotilde, les oiseaux, les papillons
Peignent de couleurs sa maison.
C’est une féérie de chants.
La paix est son alliée de chaque instant.

Chez Clotilde, on respire son enfance,
Les étés de ses vacances
Retrouvant l’odeur des confitures,
Son espace de vie sans armure.

Chez Clotilde, l’ennui n’existe pas,
On se laisse bercer par sa voix
Quand elle raconte ses vingt ans
Le soleil brille sur ses cheveux blancs



Anne-Marie


Ma Mie est en printemps
Primesautière à souhait  
Elle caracole dans le vent
Gracieuse à souhait

La poésie est à paître
On a changé de temps
Gracieuse à naître
Son enfant différend

Il caracole dans le vent
Il n’est plus à naître
Il voit différemment
Son regard à a fenêtre

La poésie va paître. 



Paul


Grâce,
La chorégraphie d’un balai
D’essuie-glace
Quand la pluie fine déguise
Le pare-brise.

Grâce,
A toi, belle, délicate,
Blottie au creux de mon être,
Peut-être
Penses-tu à moi aussi ? 

Grâce,
Quelle idée de voir ici,
En conduisant sous la pluie,
La poésie !

Grâce,
La cadence métronomique
Est comme un cœur qui palpite
Sur des larmes qui, à peine
Effacées, vite, reviennent.

Et la pluie ne s’arrête pas.
Je l’efface à chaque fois,
Sachant bien qu’elle reviendra,
Gardant l’espoir éphémère
De t’apercevoir au travers, 

Là, marchant dans la rue,

Avec grâce,

Pour te rendre au Super U



Stéphanie


avoir la grâce, qu’est-ce que ça veut dire ? c’est un je ne sais quoi, comme on dit quand on ne sait pas

port de tête altier, démarche dansante, certains ont de la grâce, mais la grâce n’a pas de genre, ou alors la grâce est la part féminine de qui peut être né -à son corps défendant- dans un corps d’homme.

grâce à qui a-t-on de la grâce ? C’est un don de la vie, une remise gracieuse, et éphémère.

la grâce est quelque fois gracile, la plupart du temps légère mais il est des personnes grasses qui quand même sont gracieuses et savent se mouvoir et savent émouvoir

la grâce de dieu est le quartier de Caen qui a le plus beau nom,

mais pourtant mauvaise réputation

Les biches les chats les enfants dégagent quelque chose qu’on appelle la grâce, est-ce que la grâce est forcément innée ? les danseurs prouvent que la grâce se travaille d’arrache-pied.

Je me souviens que Jeanne d’Arc à qui on a demandé lors de son procès : êtes-vous dans la grâce de Dieu ? a répondu « si je n’y suis Dieu m’y mette, si j’y suis Dieu m’y garde ». Mais alors être dans la grâce de Dieu n’évite pas le bûcher. J’aimerais quand même y être.

J’aurais aimé comme Marie pleine de grâce, être bénie entre toutes les femmes. Etre choisie pour être particulière quitte à être mangée par les lions, brûlée par les flammes. Au moins être comme Grace Kelly, devenir la princesse Grace ? Au moins vivre en état de grâce permanent ?

De grâce, ne dîtes pas des choses pareilles. Votre ego est sans grâce

Gracias, votre grâce. Ne me jugez pas ; ça non plus, n’est pas gracieux.

vendredi 16 février 2024

Atelier d'écriture du 10 février 2024

Cet atelier s'inscrivait dans le cadre du festival des Mycéliades, un événement national qui met en lumière les univers de la science-fiction !

Cette année, la médiathèque de Lisieux s'est associée au cinéma Le Royal à Lisieux, pour proposer des projections de films SF, une rencontre avec Clara Azémard - une chimiste participant au programme ExoMars, ou encore des lectures pour les enfants. Et bien sûr un atelier d'écriture ! 

Plus d'information sur ce festival sur leur site : myceliades.com


Catherine

 

VOYAGE

Non le voyage n’est pas infini
Pour moi c’est le dernier tour de piste

Il s’agit aujourd’hui
D’emprunter la bonne voie
Le voyage touche à sa fin mais
Il y a encore de beaux jours.

Non à un monde aseptisé
De clones téléguidés
Non au bonheur programmé

Je suis femme, de chair, d’os,
de sang, d’eau et de vent
Je suis née d’une étreinte
Je suis née dans la douleur et l’effort.

Une entre mille branches
Unique comme chacun.
Je me cherche chaque jour, chaque nuit
Je suis comme je suis

Mon voyage est infini
Jusqu’à la fin
Jusqu’à l’expiration
Mon voyage m’appartient.

 

 

Hélène

 

Je suis le robot butineur. Nous sommes en l'an 3000, je viens de descendre d'un de ces 3 ascenseurs. Ils m'ont appelé BEE !

J'ai tourné à gauche en descendant.... Quel paysage idyllique ce cerisier en fleurs, ces jolies fleurs roses, cette pureté blanche de ces jeunes gens calmes et attentifs... Mais... ce ne sont que personnages de cire, carton-pâte et plastique.

Pourtant mon voyant vert s'est bien allumé... Ce n'est qu'un détour, un survol... rien à butiner... ni rien à aiguillonner... Un looping au-dessus de ces faux pollens et nectars...

Et me voici, enfin, dirigé à droite, vers l'horizon qui sent bon.

Je n'ai qu'à piquer, c'est ma mission, piquer, en série, piquer chacun dans cette concentration de pions, piquer chacun de ces hurluberlus, ces fourmis géantes sans protection et aux petits pois dans le cerveau.

Ma spermathèque est bien remplie, niveau 100, bien en haut, pour une diffusion presque infinie...

.....

Ah, mon bouton vert clignote.... Mission accomplie....
Le temps de prendre le bon ascenseur pour mon retour,
le bouton est rouge...
Plus rien ne bouge.



Maïlys

 

Ils s’étaient rencontrés devant la fontaine centrale, un matin très tôt, loin du tumulte de la foule habituelle. Elle avait ressenti le besoin de marcher, pour une fois, de prendre un grand bol d’air, d’aller vers la forêt, au-delà de la barrière protectrice. Avant de l’atteindre, elle s’était arrêtée devant le dôme, reflétant un magnifique lever de soleil. Il était là, l’avait observée en train d’observer les lumières flamboyantes et changeantes. C’était rare, que quelqu’un s’arrête devant la beauté du monde. Il avait aimé ça chez elle. Elle avait aimé chez lui son regard doux.

Depuis, ils se retrouvaient tous les jours devant cette fontaine. Ils s’y rendaient à pied, à chaque fois, soucieux de donner de l’importance à l’impatience de la rencontre. Dans ce monde où tout le monde vivait si vite, où les êtres disparaissaient à tous les coins de rues pour se matérialiser 200 mètres plus loin, ils détonaient, marchant lentement l’un vers l’autre, s’apercevant au loin, se souriant. D’un regard extérieur, ils auraient pu paraître un peu niais, mais personne ne faisait vraiment attention à eux, tout occupés qu’ils étaient à converser avec leur ami IA. Le couple s’en fichait de toute façon pas mal, du regard des autres.

Ils s’appréciaient, ils appréciaient cette lenteur inattendue, retrouvée grâce à l’autre. Ils passaient des heures entières, assis à la fontaine à discuter de tout et de rien. Là où tout le monde courait après le temps, ils avaient trouvé ensemble le moyen de l’arrêter.


Victoria


Ma journée de travail est terminée, je rentre chez moi, je sors mon chien, rentre mes poules, nourris mon chat, je cuisine, prend ma douche et je regarde la télé avant de m’endormir.

Je me réveille plusieurs fois dans la nuit alors je vais voir mon chien puis je regarde par la fenêtre s’il y a des étoiles.

Je me rendors. Le réveil sonne, j’ouvre les yeux, tout est différent, je ne suis pas là où je me suis endormie. Ma chambre est différente, je n’ai pas le même pyjama. Je sors de la pièce et découvre ce nouvel endroit. Même le déjeuner est différent, chaque jour est une nouvelle vie, une nouvelle maison ou un nouvel appartement, un jardin ou un hyper centre, une nouvelle voiture ou un nouveau vélo.

Des tenues vestimentaires différentes, une nouvelle coiffure, des animaux ou non, seule ou mariée, un nouveau boulot, des nouveaux collègues, un lieu différent.

Chaque jour se passe dans la découverte, pas besoin de préparer l’avenir car en m’endormant je serai ailleurs. Je n’ai pas peur car si la journée commence mal, il n’y en aura pas pour longtemps.

Alors je démarre la journée en me laissant porter par la vie.

Tout se fait naturellement, je profite au maximum avant de me rendormir pour une nouvelle histoire.

jeudi 18 janvier 2024

Atelier d'écriture du 13 janvier 2024

Pour cet atelier, Anne-Lise nous a proposé de nous inspirer des illustrations de l'australienne Deb Hudson, dont vous pouvez découvrir le travail sur son site : debhudson.com




Sophie


Tout est blanc. Il fait froid. Il fait nuit.
Derrière elle, la lune. Sous ses pieds la neige.
Autour d’elle, les bruits des branches d’arbres gelés crissant sous la légère brise, et le son de ses pas dans la neige. Scratch, scratch, scratch…
Elle avance dans ce décor noir et blanc, légère, innocente.
D’où vient-elle ? Où va-t-elle ? Qui est-elle ?
Elle emplit le paysage de sa présence et pourtant elle se fond en lui comme une douce amie.
Son diadème doré se perd dans sa longue chevelure blanche argentée.
Au bout de sa baguette, un soleil éclatant semble lui montrer le chemin, la guider vers son destin.
Elle s’y soumet aveuglément, tendrement, presque amoureusement.
La peau rose-orangée de son visage et de ses bras libère une chaleur bienveillante, une confiance et une sérénité immense.
Sa fidèle confidente vole non loin d’elle, la protégeant de son aura.
De son regard perçant la nuit la plus profonde, elle saura lui faire éviter les embûches.
D’où vient-elle ? Où va-t-elle ? Qui est-elle ?
Bientôt elle sera passée… Et si je la suivais ?



Jean-Lou


Il était une fois une petite fille qui allait dans son jardin et attrapait un papillon dans ses mains et posa le papillon sur un tournesol qui était de couleurs multicolore. Quand soudain le papillon s‘envola du tournesol où il était posé dessus pour emmener la petite fille avec lui. Lorsque qu’il arriva au ciel le papillon déposa la petite fille sur les nuages et lui continue sa Route. Les années passent et la petite fille grandit d’année en année. Un jour la petite fille devient une jeune femme. Puis le papillon revient chercher la jeune femme. Donc la jeune femme attrapa les ailes du papillon et le papillon la déposa sur le Sol et la petite fille continua sa vie comme Avant...



Kristell


Elle tournait les pages à toute vitesse. Rien ne pouvait l’arrêter, il fallait qu’elle trouve ce numéro. Vite, le trouver…

« Be… Bi… Bo… Ci… Non. Comment s’appelle-t-il déjà ? Isidore ? Non. »

Enfermée dans la cabine, elle paniquait. Trouver son nom, son numéro. Il fallait qu’il vienne l’aider. Lui seul le pouvait. Elle s’était réfugiée dans la cabine téléphonique.

« Ka… Ke… Ki… Kiwi ? Non plus !... Laurent ? Certainement pas !... Arf… Je dois trouver son nom ! »

La mémoire qui flanche, c’est pénible. Les mots s’effacent dans sa tête. Encore eût-il fallu qu’on les lui ait appris ! Si jeune et si vieille dans sa tête. Hors d’âge. Les mots et les sons se bousculent… Se souvenir…

« Mmm… Ma… Maman ? Peut-être… Je ne sais plus ce que ce mot veut dire. A-t-il été joyeux jadis ? Mais non ! Et d’ailleurs, pourquoi jadis ? J’ai cinq ans ! Je suis un papillon. Mon amie la coccinelle viendra m’aider et me sortir de cette cabine ! Vite, trouver son numéro ! Ne pas paniquer. Respirer. Je finirai bien par retrouver ! Retrouver quoi au fait ?... Qu’étais-je en train de chercher ? Comme tout le monde, mon enfance ? Mon temps ? Mon bonheur ?... Ah oui ! Ma mémoire ! »



Hélène


« Petit papier. »

Petits papiers
Ou grandes feuilles
Qui s'envolent
Pleines de phrases folles
De mots
Rigolos
Ou pas beaux
Les feuilles d'automne
Descendent vers le sol
Celles-là
du seuil de ma maison
Montent en tourbillons
Dans une joie sans nom
Des lettres
C'est la fête
Des dessins
De belles couleurs
Des fleurs
Volez tout autour de la Terre
Chargées de tant d'univers
Croisées avec les tiennes
Avec les vôtres
Des bouquets enrubannés
Des livres uniques
Un livre
Un bateau ivre
Le feuilleter
Et s'y plonger
Jusqu'au fond des abîmes
Y danser de joie
Y claquer d'effroi
Petits papiers
Avancer
Livre
Vivre.



Catherine


« Le rêve de Lucile »

Blottie dans la chaleur des plumes
Le silence aspirant son souffle
Elle danse.
Sa colonne vertébrale s’étire. Ses bras tournent en spirales,
reliés à son cœur, à son ventre, à son esprit.
Ses pieds sortent de terre
Pour jouer dans l’air
atteindre le ciel.
Elle saute, caracole, vole, s’envole.
Elle rit, sourit.
Ses cheveux tournoient.
Ses yeux sont là et ailleurs.
Dans le silence, elle s’invente une musique, un rythme pour elle.
Lucile est elle-même, joyeuse, légère, unique.
Le réveil l’appelle ; doucement elle se redresse,
s’étire et
s’ouvre à aujourd’hui.



Maïlys


Elle est partie ce matin. Un dernier souffle, presque sans bruit.
Elle a quitté le monde à pas de souris, pour aller danser sur d’autres chemins.
Je l’imagine flotter, légère. Un dernier lien avec la terre, et le fil se coupe net.

Elle est partie ce matin, je sais que c’est pour son bien.
Tu peux voler maintenant, je ne te retiendrai plus.



Camille


Le père de famille de ma succession venderesse.
Parkinson.
Je ne l’ai connu qu’indirectement, et pourtant assez intimement : 
ses passions, ses estampes, ses nombreux petits tableaux vilains comme tout, ses magazines d’histoire, ses fantassins miniatures, ses meubles en bois massif aux plateaux de marbre, sa magnifique roseraie multicolore, ses évaluations par l’Inspection Académique !
Etrange ce que chacun garde, ce que les proches laissent, qui trouve ces trésors, et en fait quoi...
Peut-être même des brouillons, redispatchés, vers quelles nouvelles aventures ?

 

Puis, rapidement, le voisin.
La retraite deux ans avant.
Trop tôt bien sûr.
Dommage.
Du peu que j’ai connu, il semblait profondément bienveillant, avec son doux sourire, subtilement drôle, affectueux, calme.
Rebelote : dès les travaux bruyants des grosses machines faisant aveuglément table rase de tout le passé,
Et moi épluchant méticuleusement, solennellement, ses carnets d’écolier, ses poèmes et leçons d'anglais aux images scotchées dans des cahiers jaunis aux odeurs imprégnées d'ancienneté.

Des biographies par fragments, d’un autre siècle, d'un autre millénaire... 


Mon oncle, l'année d'après.
Phlébite.
Mon amoureux et lui n'avaient pas encore eu l'occasion de se connaître.
Nous étions loin, hors des frontières.
Il avait eu à se battre en leur nom, au nom de la patrie, et aurait sûrement sinon vécu une toute autre vie...


Le voisin et mentor d’un ami agriculteur.
Vieillesse. Usure du labeur qui l'a pourtant si longtemps conservé droit et fier.
A sa mémoire nous visionnons son interview : son humour rebelle nous amuse.
Une bibliothèque brûle.


Qui d’autre ensuite ?

Je les ai déjà oubliés.
De ci, de là, impression naïve qu’en 2023 ça n’arrêtait pas.
Vite effacés de ma mémoire sursaturée.
Vite disparus de nos existences tous ceux pour qui l’histoire s’est terminée.
Je réalise qu'à les chercher dans les labyrinthes du temps s'imposent davantage à mon esprit les suicidaires, les dépressifs, les souffrants, bien là, encore vivants.


Une copine enchaîne les décès.
L’ancien compagnon de sa mère, son ex-beau-père.
Mauvais état général, très affaibli.

Jamais connu son père.
Accident violent.

Coup sur coup sa sœur.
Septicémie.

Ses doigts crispés sur ma main,
elle se raccroche, ravagée :
« t’es ma famille maintenant ».


Le frère d’une amie proche.
Cancer.
Fraîchement divorcé. Rupture de liens avec ses enfants, sa fratrie.

Un mois plus tard, son père.
Tristesse. Solitude.

Avant-hier, une ancienne collègue, croisée par hasard.
Cinq décès dans l’année.


Hier, un copain de collège-lycée.
Cirrhose.
Sa vie ne devait pas être si rose.
Je savais avant d’arriver qu’un décès rassemblait une bande de copains. En terrasse, j’étais happée par la surprise de retrouvailles de longue date avec deux d’entre eux, je n’avais pas encore recoupé. C’est en entrant dans le bar, en reconnaissant les bouilles de toute la bande que je réalisai.
« Je vous vois rassemblés, tous... Mince, c’est vous qui avez perdu un pote. »
« (soupir) Ouais. Ben tu le connais. »
Oui je l’ai connu, et me voilà là du fait des aléas du hasard. Parmi tous ces gars qui se fréquentent depuis l’enfance, réunis autour de l’annonce du décès, j’étais la seule fille.
D’ailleurs j’entretenais avec lui une relation d’amitié en parallèle des groupes, une relation duelle comme je les aime, à s’offrir des tête-à-tête qui s’étirent jusqu’à l’aube, traversant la nuit, refaisant le monde.
Des papotages à l’infini.
De la légèreté, de la profondeur.
Plongées dans l’âme, ouverture du cœur.
Cela faisait tant d’années que je ne l’avais pas recontacté.

Ça n’a jamais guère été lui qui me relançait.
Sa porte me fut toujours ouverte pour autant.
Apparemment cela faisait beaucoup d’années aussi que ses amis n’avaient plus accès à lui.
J’ai souvent parlé de lui, encore tout récemment, critiquant la pression d’une norme sociale désuète.
Chacun s’acharnait à le dissuader d’arrêter les études, on le disait perdu.
« Passe au moins ton bac, sinon t'es foutu. »
La suite me semble lui avoir donné raison.


J’en retiens la même leçon que celle reçue à 15 ans par ma tante.
DID : Diabète Insulino Dépendant.
Elle avait DÉ-CI-DÉ.

A 50 ans elle est décédée.
Elle gardait SES I-DÉES.
Elle préférait vivre, boire, manger, fumer, sans se priver, se limiter, se refuser, se frustrer.
Elle a vécu comme elle l’entendait.


Lui aussi, ce vieil ami, me semble avoir poursuivi ses aspirations.
N’est-ce pas là leur liberté suprême ?
On ne décide pas de quand et comment mourir.

On essaie de choisir, un peu, comment et pour qui vivre…

Un des copains réunis là me soulignait comme il ne l’a jamais entendu critiquer qui que ce soit.
Je me rappelle comme il ne supportait pas l’autorité. C’est vrai que les profs en bavaient un maximum.
J’ai mieux connu le sous-sol dans lequel il s’était réfugié ado que la maison de ses parents.


Il ne sait pas que j'ai enfin rencontré l'homme avec qui je veux vieillir... que je suis revenue dans la région, que j'ai acheté une maison, planté mes arbres fruitiers... que faire des années je fais du slam, de la poésie, des adaptations de contes... 


A chaque scène ouverte de slam, la conclusion de l'animateur nous redonnait le sourire avant de partir.
C’est important d’offrir des sourires.
« Si vous ne savez pas quoi faire de votre argent, si vous avez la possibilité de donner un ticket resto, une clope, une capote, un chèque en blanc, ou tout autre objet qui vous encombre, un chapeau va tourner. Et surtout d’ici notre prochain rendez-vous (et le public de s’écrier d’une même voix) ''RESTEZ VIVANTS'' ».

Condoléances.
C’est con les doléances.
Certes la douleur est nommée,
Mais revendiquer les qualités et dresser le portrait élogieux, ne devrions-nous pas nous efforcer de le faire au gré des opportunités du vivant des gens, avant qu’ils ne se meurent de tristesse, de solitude, de manque de soins pour eux-mêmes ?


« Allez tous vous faire aimer » avant que le temps ne vienne vous emporter...



Stéphanie


Au début, un papier reçu les yeux clos. Un papier ça se reconnait, c’est très mince, celui-ci était un peu plus grand qu’un post it et pas collant du tout, mais disons qu’au toucher, j’en ai vite fait le tour, alors j’ai ouvert les yeux sur une page blanche. 

J’ai trouvé ça une drôlement bonne idée, la page blanche. C’est un vaste sujet, et jadis, elle m’a bien fait peur, m’a bien empêchée, m’a bien fait baigner dans le jugement, l’auto-censure, tout ça tout ça. Mais c’est fini depuis que j’ai lu il y a au moins 15 ans le livre de Julia Cameron Libérez votre créativité, et que du coup j’écris, et que je pratique les ateliers d’écriture. 

Comme toutes les pratiques, l’écriture va mieux en se pratiquant. C’est en écrivant que je deviens écrivaine. Même si je n’ai guère de lecteurs. Au mieux quelques auditeurs attentifs et bienveillants dans les ateliers d’écriture, mais j’ai publié deux livres sur internet, et presque personne ne les a lus. C’est comme ça. Je n’ai plus d’opinion à ce sujet. J’ai fait ce que j’avais à faire et autant j’étais dans volonté déchaînée avant publication, amenant livre n° 1 chez 70 éditeurs parisiens ! Autant j’ai lâché prise une fois que j’avais sorti le livre sur le site de « mon petit éditeur ». 

Un jour j’ai lu dans un livre drôle et un peu méprisant qui s’appelait je crois « comment rater sa vie ? », qu’un des plus beaux ratages possibles était d’être un ou une ancienne alcoolique qui amenait son autobiographie chez un grand nombre d’éditeurs sans parvenir à se faire éditer. C’était mon portrait. Bon, mais je me fichais profondément de l’opinion de cet auteur. J’avais fait ma crotte, j’avais un sentiment d’accomplissement même sans lecteurs.

Cette page blanche du jour était une petite page blanche carrée. Je l’ai retournée. Je n’étais pas sûre qu’elle était blanche des deux côtés. Et en effet de l’autre côté il y avait un charmant dessin, d’une fillette et d’un papillon, qu’elle tenait par les pattes comme elle aurait tenu un guidon de vélo, mais je n’ai plus le temps de me laisser vraiment inspirer par lui. Est ce qu’elle vole ? Ce n’est pas clair, elle est un peu au-dessus du sol ou alors c’est juste un effet de perspective… c’est probablement comme je veux. Et de toute évidence, j’ai été nourrie par la page blanche. Merci. Mon mot du jour lorsque nous nous sommes présentés était « contente ».

vendredi 22 décembre 2023

Atelier d'écriture du 9 décembre 2023

Pour ce dernier atelier de l'année, Anne-Lise a fait appel à notre odorat : une goutte d'huile essentielle sur le poignet, nous étions prêts à écrire. Peut-être arriverez-vous à retrouver ce parfum, à la lecture des textes...

Je vous souhaite de très belles fêtes de fin d'année, et vous dis à l'année prochaine pour de nouveaux ateliers à la médiathèque de Lisieux !



Sophie S.


« Doux Parfum »

 

Orange douce, petit grain bigarade ou bien mandarine…

Me voilà partie vers un bain de douceur, un bain d’été, un bain de soleil.

Il me pique les yeux et attise mes narines comme autant de petits de moments de plaisir qui m’ancrent à la vie et à ses moments suspendus auxquels je sais me raccrocher quand, dehors, le soleil brille moins fort ou bien même que les nuages ou le brouillard viennent à le faire disparaître totalement.


Orange douce, petit grain bigarade ou bien mandarine…

Me voilà partie dans ce tumulte d’énergie qu’il me procure à son approche. Une douce énergie, une énergie d’un foyer sécurisant et réconfortant dans lequel il me plaît de me réfugier quand, dehors, l’énergie me plombe. Il m’accueille dans cette atmosphère récemment diffusée et me met en joie de bouger si je l’accompagne d’une douce musique dynamisante.


Orange douce, petit grain bigarade ou bien mandarine…

Me voilà réconciliée, alignée, mes sens en éveil remerciant ces instants si précieux que la vie sait m’offrir et que je sais saisir pour pouvoir m’épanouir.



Sophie T.


D’abord ça surprend.
On ne sentait rien ou plutôt on sentait du vide.
Une absence d’odeur.
Ou plutôt une odeur tellement habituelle qu’on ne la sent même plus.
Et d’un coup, tout change.
Une odeur forte, presque trop forte, emplit le nez.
Mais c’est tellement bref. On croit avoir rêvé, cette sensation d’avoir vécu quelque chose mais sans se rappeler quoi.
Alors on y revient. Une autre grande inspiration.
Plus longue, plus intellectuelle, chercher une réponse à un « c’est quoi ? »
Une troisième inspiration. On y est presque.
On sent que ça pique, comme une acidité.
Une fragrance connue, familière presque nostalgique.
Et la sensation reste là, même quand les nouvelles inspirations n’entraînent plus cette fragrance au fond du nez.
On l’a dans la tête, on l’a dans le cœur.
On lutte pour la garder, mais c’est déjà trop tard.
L’odeur est partie mais elle nous a laissé
Un grand sourire aux lèvres et la sérénité.



Kristell


« Brume d’agrume »


Je cherche. Je ne te trouve pas.
Qui es-tu ? Rappelle-toi à moi !
Je sais que pour m’endormir tu es là
Tu apaises mes maux et donnes à mes rêves l’éclat

Chaque matin tu vitamines mon cœur
En cake d’amour je goûte ta saveur
Tu pétilles et piques par ta senteur
Dans la cuisine, chasse la mauvaise odeur

Je te cherche parfois haut dans le ciel
Dans une tarte, je te trouve, tel un grand soleil
Avec du saumon mes papilles s’émerveillent
Je te presse, et tu coules en de multiples perles

Mon nez est bien troublé
Peut-être es-tu citron ?
Ou bien doux pamplemousse ?
Agrume tu me plais
Et me fais sentir bon

Ma journée sera douce
Merci pour ton coup de pouce !

 

 

Maïlys


Hiver. Tout doux, dans les chaumières. Les oranges pressées du dimanche matin. L’odeur de cannelle qui s’échappe des tasses et du four.

Tout doux, le dernier chocolat du calendrier de l’avent. Réveil à 11h. Les paquets colorés attendent sous le sapin. Le chat s’étire dans un coin.

La ville frétille de milliers de petites mains d’enfants, déballant leurs cadeaux impatiemment.

Tout doux, c’est l’anniversaire de mamie aujourd’hui. La famille est réunie.


Hiver. Enrhumée. Un mouchoir de climarome pas loin du nez. On savoure, lorsqu’il se débouche, ce mélange de lavande et de je ne sais quoi.

Enrhumée, dans le plaid enroulée. L’odeur de l’hiver, dans la maison, se mêle à celle, dehors, du feu de cheminée des voisins.

Petit à petit tombent les aiguilles du sapin. Il va être temps de l’enlever. Dire au revoir à ses notes de forêt. Des grands espaces qui s’invitent chez nous.

A l’année prochaine, hiver tout doux.



Stéphanie

 

Je n’ai pas beaucoup d’odorat et il peut m’arriver de me juger pour ça, je me dis que je me prive de quelque chose, que je ne suis pas en contact, mais avec quoi, que c’est le plus ancien des sens, le plus primitif, le plus animal, et que je suis trop dans le mental, la bête noire des ashrams.

Je ne sais pas pourquoi je n’ai pas beaucoup d’odorat. Est-ce que le fait que j’ai tant fumé pendant tant d’années en est responsable ? Est-ce que savoir le pourquoi de ça a le moindre intérêt ? Il y a peut-être des causes psychologiques et presque aussi anciennes que moi ?

Je ne sais pas forcément reconnaître les odeurs, mais je sais celles qui me plaisent ou me déplaisent. Il y a des parfums que je déteste. L’odeur que j’ai sur le poignet est délicieuse et citronnée.

Mes odeurs préférées sont celles du riz qui cuit, de l’herbe fraichement coupée, de l’Eau Sauvage de Christian Dior que sentait mon père quand j’étais petite et que par miracle sa belle-mère a offert à Patrice à Noël l’an dernier si bien qu’il a senti l’Eau Sauvage de Christian Dior les derniers mois de sa vie et de notre vie commune. J’aime aussi beaucoup d’autres odeurs de végétaux, par exemple le céleri, de plantes aromatiques, ou de trucs qui mijotent.

Quand je travaillais dans le social, comme on dit, je n’étais pas gênée par les odeurs des gens dont je m’occupais alors que d’autres disaient que tel ou tel sentait mauvais et même, à un moment je travaillais avec des personnes très désocialisées et j’ai un jour emmené un junkie qui avait de surcroit des problèmes psychiatriques majeurs, à une projection un dimanche matin, au cinéma Le Bastille, je crois que c’était le film Les Chtis, dans une salle pleine de SDF et c’était un moment magnifique. J’ai juste mis mon écharpe un peu sur mon nez parce que quand même, mais j’ai été très heureuse de vivre ça et je crois que personne d’autre, au taf, n’aurait pu le faire.

Quand j’ai fait des stages dans des services hospitaliers où les gens se sevraient de l’alcool ou des drogues, un des ateliers chouchous des équipes (avec l’atelier d’écriture) consistait à « piffer » des odeurs de synthèses assez médiocres.

Je disais souvent, quand je vivais à Paris, que n’avoir pas beaucoup d’odorat était un avantage adaptatif. Mais maintenant, je vis à quelques kms de Lisieux, dans la campagne, et quand il m’arrive de courir le matin, je suis gênée à la moindre bagnole qui passe. Depuis 23 ans que je ne fume plus, peut-être que mon odorat s’est amélioré ?

 

 

Hélène

 

"Frais
Poivré
Citronné
Mais trop
Trop fort, entêtant, écœurant
Trop
Trop
Trop
Besoin de douceur
De délicatesse
De subtilité
À chercher
À trouver
Trop
Trop
Trop
L'éloigner pour ne plus être envahie
J'essaie mais la repousse
Envie de choisir
L'odeur de la pluie
D'une rose
De la peau aimée
Du foin fraîchement coupé
Celle-là, elle ne me dit rien de bien
Elle m'agresse
En ce matin chagrin
Pas de voyage
Pas de...
Pas de...
Un pas de deux
Un tourbillon
Et partir vers d'autres horizons. "

jeudi 14 décembre 2023

Atelier d'écriture du 18 novembre 2023

A l'occasion du festival des Boréales, un atelier d'écriture spécial autour de l'Islande, pour notre plus grand plaisir !


Céline


Un jour en Islande…

« Je volcan ? »

Je vole maintenant.

Je vois les arborescences de la vitre se dessiner sous l’encre de la pluie. 

A cet instant, elle m’écrit le prologue d’un nouveau voyage. Mon corps se tasse sous la couverture et délivre mon esprit vagabond, pour partir à l’invitation de l’imaginaire.

La matière, autour de moi, les meubles, les murs, les pierres, ma chair, mes vertèbres, deviennent presque insoupçonnables jusqu’à se dématérialiser.

Les réalités se troublent et mes yeux ignorent les conditions moléculaires comme les lois de la physique, dans lesquelles j’étais encore enferrée il y a peu.

La rigidité et la férule d’être se ruent progressivement à un état métaphysique, sans apesanteur.

L’Islande ? Mes pensées font « éruption » face aux silhouettes flammées qui prennent et cherchent forme parmi les volcans.

Je ne ressens plus les morsures du froid, je ne vis plus les frémissements de mon corps évanescent.

Je deviens aérienne, éthérée, juste une conscience qui vole, plane.

Je m’élève telles que ces volutes de fumées qui suivent la danse du feu des magmas qui s’éveillent.

Je rêve ou bien c’est l’Islande qui vient me confier ses rêves tout de flammes vêtus, et de lave limé d’or rougeoyant.

Tout autour, sa beauté s’agite de bruissements et de houles, d’ondoiements et de plissures dans un vent panoramique. L’Islande me parle de ses forêts qui tremblent devant les volcans empereurs. La terre révèle sa puissance aux milles braises qui défient celles du soleil.

La dualité se perpétue entre le sel et le ciel, avec une joute tout feu, tout flamme.

L’Islande est un silence menaçant, mais aussi cette voix céleste, celle des glaciers qui touchent l’azur en pourléchant de ses flammes l’horizon ému qui rougit.

L’Islande, ses miroirs qui se reflètent de ses lacs colorés de braises…

La vitrine aux volcans qui reste à briller toute l’année.

Terrien, on a des bleus à l’âme et cette envolée m’a mis du rouge aux lèvres et le feu au cœur. 

Les glaciers veulent rendre la glace avec la Terre en colère. Le ciel rubescent n’a qu’une couleur pour y répondre ;

Il y a splendeur et aiguilles sous roche.

L’Islande, de sa nature si volcanique, se « lave », de tout soupçon. Des laves bien courroucées, qui reprennent vite le flambeau.

Mes yeux frôlent l’embrasement des paysages, sans se brûler. Ces derniers bavent sur tout et tout le temps… le temps des tisons.

Commence alors ce voyage chaleureux où chaque étape est mêlée de ris et lumières.



Maïlys

 

C’est la première fois qu’elle remettait les pieds en Islande depuis son enfance. La sortie de l’aéroport créa en elle un magma d’émotions, qui la réchauffa face au froid mordant. Elle était de retour, après des années à rêver de sa maison.

Dans l’avion déjà, elle avait collé son nez au hublot pour voir les paysages bluffants défiler. Les coulées de lave qui couvraient la terre d’une épaisse couverture noire, les plaines vertes qui les succédaient, les glaciers blancs au-dessus, bleu électrique en dedans. Un pays aux milles couleurs, à l’image des maisons qui embellissaient les rues de Reykjavik.

Elle était de nouveau chez elle. Elle retrouvait les odeurs, les chemins, les chants d’oiseau de son enfance. La route qu’elle avait prise, quinze ans plus tôt avec ses parents, pour quitter ce pays qu’elle aimait tant. Elle la reprenait enfin dans l’autre sens.

Elle arriva devant la maison. Sa maison. Sa maison bleu glacier