Chercher un personnage dans la ville, à la manière de Bruno Allain
"L'étudiante
porte un T-shirt trop court. Elle longe un immeuble dont la façade est
composée d'immenses vitres réfléchissantes. Tout en marchant, elle se
regarde dans le miroir ainsi formé. Plus elle se regarde, plus sa
poitrine se soulève. Ses seins évoquent la proue d'un catamaran bravant
la houle, se dit Charles. La fille oublie le monde autour d'elle. Elle
s'adonne au simple plaisir de se voir si pleine, si fière, si
appétissante. Plus elle se regarde, plus sa poitrine se soulève.
Mais
bientôt l'immeuble se termine. Dans quelques pas, il n'y aura plus de
vitres. L'image que la fille aime tant va disparaître d'un coup. Charles
voudrait crier pour la prévenir mais il n'ose pas. La fille franchit la
ligne. La silhouette s'évanouit. C'est comme si elle tombait d'un rêve.
Sa démarche un instant se suspend. Il y a un hoquet dans le temps.
Comment a-t-elle pu s'oublier de la sorte ? Plus de vitre, plus de
vision, plus de poitrine ... La fille regarde de droite à gauche pour
voir si personne n'a remarqué son manège avant de reprendre sa marche.
Elle fixe maintenant le trottoir à ses pieds. Qui pourrait croire
qu'elle était reine il y a un instant ?" in Bruno Allain "Monsieur
Néplion", p. 58 Edition de l'Amandier 2004
Attendre- se
réveiller ...Attendre -10h Attendre- le chat coincé- énervement
Attendre- mon ami- impatience Attendre- ma tante- impatience.
Tiens,
j'aperçois mon professeur de technologie, assis à feuilleter les
journaux et magazines. C'est un homme drôle, sans vouloir vraiment
l'être, un homme au langage soutenu, cheveux blancs, assez grand en
compagnie de sa femme, professeur de technologie aussi, et de leur fils,
guitariste, en 3ème et de sa fille ... je dirai qu'il est un peu
imbécile dans l'âme, mais comment est-il en dehors du cours ? L...
Que
Louis m'appelle pour dire qu'il vient ou pas, avec Victor.Pour manger
ensemble après l'atelier. Attendre de finir le rangement de mon
appartement, je n'ai plus le temps, c'est l'heure de l'atelier, je me
dépêche. Je reprends mon poste d'observation, telle une vigie à l'avant
du bateau. Personne ne m'enthousiasme dans le public. Une impression de
petitesse, d'uniformité. Et quand on sait que l'ennui naquit naguère de
l'uniformité !...
Est-ce le reflet de mon état d'esprit, le temps
maussade contribue-t-il à mon ressenti négatif ça y est je l'ai. J'ai
failli m'engueuler avec lui. Car décidé à fouiller dans les placards où
sont rangées les revues, il me gène je suis obligé de me déplacer. Je
lui fais comprendre à demi-mot dans un langage non châtié il me rétorque
: vous pourriez être polie, c'est facile. Puis continue ses recherches
en m'ignorant grand mince, les cheveux blancs, revêtus d'un blouson
marron et d'un jean, que cherche-t-il si fébrilement ? Je vais le suivre
discrètement.
Il l'a trouvé sa revue. Plongé dans la lecture,
ignorant le monde extérieur, d'un seul coup il jette un regard peu amène
à un autre lecteur qui s'approche de lui. Je vous le dis, je ne le
trouve pas sympathique du tout. Et si je le poussais encore un peu dans
ses retranchements, il s'énerverait peut-être, on pourrait appeler la
police. Alors là il se serait passé quelque chose un samedi matin dans
notre bonne ville lexovienne. AM...
Assise là, vêtue de sombre,
sourire engageant, elle nous observe puis elle propose la consigne. Ses
mains s'agitent au rythme de son propos, se joignent, se séparent. Elle
feuillette le livre qui servira de support au travail, trouve la page,
se concentre pour une lecture fluide et inspirante. Elle y croit à cet
extrait, elle l'a choisi. Son regard cherche le nôtre. Souci d'avoir été
comprise, envie de nous laisser toute liberté. Sa main passe sur son
front. Il faut convaincre sans imposer. Son regard bienveillant se pose
sur nous dans ce moment difficile du premier mot, de la première phrase.
Ce moment tant désiré et tant redouté à la fois. Elle occupe ses mains,
prend une feuille de papier, un stylo, sans doute pour ne pas peser sur
nous, pour tromper son attente aussi. Elle écrit, droite et concentrée.
Sa main gauche glisse sur la feuille régulièrement. Jambes croisées,
immobile, cahier posé sur les genoux, assise sur le bord mais installée
malgré tout dans une attente qui semble confortable. Le départ n'est pas
à l'ordre du jour. Elle se prépare au plaisir qu'elle va prendre à nous
écouter. La diversité des textes et des auteurs est toujours une
récréation très enrichissante. Son stylo reposé, elle nous attend,
s'inquiète de chacun, pose et repose livres et cahiers, reste en
retrait, propose thé ou café, grignote un biscuit posément, calmement
puis s'assoit de nouveau pour nous écouter et retenir le meilleur de
chacun. C...
2h5 le réveil Brûme Ah oui S'habiller Prendre la
voiture Envoyer le SMS : Je viens te chercher Démarrer Attendre la
réponse. Compter les kms. Pas de réponse. Ouilly le Vicomte. Pas de coup
de fil. Le Breuil en Auge. Tel Muet. Autoroute. Canapville. Les
villages défilent comme des ... à l'attente du petit bling d'un message
de réponse. Chaque village fait monter d'un cran le « Je ne sais quoi »
qui dilate le temps. Autoroute- Canapville- Bling ! Affolement : prendre
le tel dans le noir sur le siège de passager, se tromper de sens,
appuyer sur la mauvaise touche. Lire enfin : Je t'attends devant le rond
point. La tension retombe, l'inquiétude aussi. Tout va bien ! Je
récupère ma fille et nous rentrons.
Elle est entre deux âges,
comme on dit quand on ne sait pas quoi dire. On l'a toujours vu là, nous
semble-t-il, la même coupe « carré mi-long », les petites lunettes
rectangulaires, debout, la silhouette fine. Elle est penchée, sur des
fiches couvertes d'une écriture microscopique. De temps en temps, elle
porte le stylo à sa bouche –souvenir de l'enfance aux crayons dévorés-
On
entre, elle lève la tête, regarde un peu par-dessus ses lunettes,
sourit. Pour le moment, elle reste derrière sa table mais dans son
attitude, on voit qu'elle sait qu'elle n'est plus seule dans la boutique
; on n'ose pas regarder mais on sent qu'elle nous suit de temps en
temps des yeux.
On choisit son article, elle s'approche, mais sans
précipitation. On échange quelques mots, elle propose un paquet cadeau
et disparaît pendant qu'on cherche sa carte bleue en regardant deux ou
trois choses sur la caisse. Puis elle revient, encaisse. On échange
quelques banalités. On sort, et en regardant une dernière fois à travers
la vitrine, on voit bien qu'elle est revenue à son monde de petites
fiches....
(Quand on reviendra dans quelques jours, quelques semaines, aura-t-elle bougé ? A-t-elle une autre vie ? ) D...
Attente
10h-10 D'accord on fait comme ça. Toi tu fais les courses au marché.
Pendant que je suis à l'atelier d'écriture. Ah oui bien sûr je te fais
la liste. Vite 10h15, je vais être en retard. Zut mon cahier d'écriture
oublié à la maison en bas de l'escalier, vite, on a juste le temps.
J'attends assise à coté de lui dans la voiture. J'attends le crétin qui
papote au milieu de la rue dans sa voiture, coincé derrière. Moins deux,
je récupère mon cahier. 10h pile Il me dépose en ville je cours ouf !
J'ai mon cahier.
« L'observer dans ses attitudes »
Ils son
installés à l'écart seuls au monde au milieu des livres comme une mer.
Assis. Tous les deux assis. Il tient sa petite fille assis sur ses
genoux, sa tête à lui nichée dans le cou de la petite. Le livre ouvert
devant leurs yeux à tous les deux. Sa voix il lui lit une histoire
immobile derrière ses lunettes, tendu vers un monde qui n'appartient
qu'à eux. Elle abandonnée les yeux se promènent d'une ligne à l'autre
elle suce son pouce. Tout d'un coup il a retiré la main de la bouche de
la petite pour poser son doigt à elle sur le livre. Elle s'est levée à
la recherche d'un nouveau trésor. Et lui toujours assis est redevenu un
adulte regard rapide autour de lui. La petite a repris sa place
exactement la même sur les genoux du grand-père. Son pouce a repris sa
place au chaud. L'homme s'est un peu affaissé mais son visage a repris
sa place dans le cou de la petite fille. J'essaie de saisir quelques
bribes Même si... alors qu'est ce qu'on lui fait... Mais j'y suis déjà
allée hier...
La fin approche. Il a tourné la page, j'ai aperçu la
page de garde rouge. La petite fille s'est levée et il a refermé le
livre. Je n'avais pas remarqué sa longue écharpe bleue sur son pull
vert. Il a sorti son mouchoir de sa poche et s'est mouché bruyamment.
C'est un adulte comme les autres. G...
Si y'a bien une chose que
je déteste c'est d'attendre. Si j'attend quelques chose j'ai du mal à
dormir, j'arrête pas d'y penser, et j'ai envie de me projeter tout de
suite dans le futur pour en avoir enfin fini. Je regarde ce marchand en
face qui essaie de vendre les derniers sweat à la mode, il possède la
même marque de toutes les couleurs et de toutes les tailles, il mâche un
chewing-gum et parcourt son stand de gauche à droite. Enfin quelqu'un
s'approche de son stand pour poser un regard, il se jette direct dessus
et commence à lui parler, son visage change, il lui sourit il n'a pas
envie de lâcher sa proie, les arguments ont été bons, la proie cède il
commence à ouvrir son porte monnaie. A...
Attendre pour se lever,
savourer quelques minutes de repos supplémentaires Attendre la salle de
bain, quelques minutes de lecture Attendre l'heure du départ, en
profiter pour appeler ma belle-fille Attendre l'atelier d'écriture ;
prendre un premier café, observer les consommateurs Attendre la
consigne, la décanter ; faire travailler ses neurones.
Elle attend
patiemment son tour au distributeur. Enveloppé dans son blouson de
cuir, le cou protégé de deux tours d'une grosse écharpe de laine
blanche, elle se tient à distance de l'usager pas assez toutefois pour
ne pas regarder avec insistance ce qui se passe à l'écran. Quel est son
dessein, simple curiosité sans conséquence ou va-t-elle lui dérober son
code ? Les passants les frôlent sans s'inquiéter de ce qui se passe.
Elle engage la conversation, ses hochements de tête, son sourire me
disent que leur entretien est bienveillant, sympathique, il en émane une
sorte de connivence heureuse. Il lui répond, ne se retourne pas,
absorbé par le déroulement de sa progression. L'homme s'écarte de
l'appareil, ils continuent leur conversation, souriants, tous les deux.
Plusieurs fois, elle penche la tête et fait glisser ses longs cheveux
châtains. Elle ne prend pas sa place devant l'écran, elle l'attendait,
ils étaient ensemble, père et fille. E...
Il porte un manteau
noir, noir comme des idées noires. Elle porte un anorak blanc, blanc
comme une peur blanche. Il porte un pardessus gris, gris comme un temps
d'hiver. Mais qui est-elle, cette jeune fille en blouson de toutes les
couleurs comme un habit d'Arlequin ? D'un geste vif, elle enlève la
capuche qui la protégeait de la pluie et gonfle sa chevelure noire
frisée. Elle marche d'un pas décidé vers le but qu'elle s'est donnée ;
elle rejoint en souriant un homme assis à la terrasse d'un bar. Le
bonheur de la rencontre se lit dans sa précipitation à aller vers lui.
Les couleurs de son vêtement donne l'envie d'y écrire des mots. Sur le
vert, les mots fraîcheur, bourgeon du printemps. Sur le jaune ; lumière,
bonheur de la rencontre ;Sur le rouge ; fierté, confiance en l'autre.
Sur le bleu ; infini, rêve, respiration vers un monde meilleur avec la
paix, l'unité et le partage. Peut-être abordera-t-elle un de ces thèmes
avec celui qui est assis devant un café avec les quotidiens du jour
qu'il va commencer à feuilleter. AM...
Attendre que le réveil
sonne en sachant qu'il va produire un bruit strident, mais comme j'étais
réveillée bien avant lui c'est moi qui l'ai fait taire avant qu'il ne
se mette en marche. Attendre que le chat miaule pour demander à manger.
Il y a plusieurs façons de se manifester avec un miaouh d'impatience, ou
avec douceur en passant derrière mes mollets, Après j'ai attendu que
l'ordinateur se mette en marche, il a émis quelques borborygmes comme
hier soir, mais n'a rien voulu savoir.
Un vieux monsieur, dans
l'entrée de la médiathèque les yeux rivés, que dis-je collés sur une
revue. Pourquoi n'a-t-il pas de lunettes et qu'est ce qui le gêne pour
lire de si près ? Une cataracte insistante ? Il tourne les pages, plongé
dans sa lecture et ne voit rien d'autre que les lettres en farandoles
les mots mis bout à bout qui donnent du sens à son article. Les gens
entrent et sortent ne troublant pas le moins du monde sa concentration.
Qui est-il ? Quel fut le roman de sa vie, sa propre histoire et tous les
chapitres qui la constituèrent. Son propre roman pourrait commencer par
il naquit en mille neuf cent trente, un beau dimanche du mos d'août,
quand les récoltes à venir finissent de mûrir sous l'ardent soleil de
l'été ; Enfant il aime très vite les livres pourtant on lui laissa
entendre que c'était bien là du temps perdu... A...
Femme tenant
un pot de fleur Un panier de victuailles Tenant un pot de fleur dans sa
main gauche et un panier de victuailles dans l'autre main. Elle ne
savait pas que je lui disais dans ma tête. « Où que tu vis, que tu
ailles » je te survivrai, dans mon mental, par ma plume ancrée sur ton
personnage. ô toi grand-mère de petits enfants déjà grands. Tu vas
entrer ce midi, sous les cris de ces grands encore petits pour toi, toi
la mémé gâteau, inquiète de choisir ??? qui sait si bien faire les
desserts pour le plaisir de leurs papilles et de leur papy. Ton béret en
forme de galette blanche et tes lunettes en forme de hublot
t'accompagneront tout au long de ce voyage textuel que je ferai avec
toi. M...
Le temps d'attente est mélancolique, j'ai importuné une
caissière, pour payer avec de la menue monnaie, des toutes petites
pièces, qui a mis tout le monde en colère et laisser un temps de
lassitude et de calme. Chaque personne a sa particularité anxieux,
libéré et passe beaucoup de temps à lire des fictions et de la santé
biologique et la personne reste calme malgré que les neurones y sont
pour quelque chose ce qui s'appelle la patience et la maladie. E...
Gorge
sèche- sensation de manque d'air- énervement- irritabilité- trouble du
sommeil- penser en boucle- pesant- salive qu'on avale et qui bloque au
niveau du cou- attente- respirer profondément- calmer- marcher dans la
forêt- regarder les premiers signes du printemps pointer- cultiver ses
rosiers- toucher la terre. Il attend main dans les poches de son jean
noir, boots noires aux pieds; bord de trottoir sweat rouge un peu long
puma vertical horizontal – petit bijou autour du cou coquillage peau de
môme peau toute claire toute neuve cheveux au gel hérissé hérisson
discipliné il reprend sa marche il balance un peu les épaules il est
tout fin il n'a pas froid il traverse la rue. Démarche lourde fatiguée
mêche teinte en blond caleçon noir tunique noire et blanche qui dépasse
d'un anorak foncé elle peine à avancer elle traîne un caddies noir et
rouge à carreau. Il pose sa main fine blanche doucement sur sa nuque le
geste est gracieux comme un vol de papillon elle continue sa marche
comme guidée par ce contact complice ensemble. G...