vendredi 16 février 2024

Atelier d'écriture du 10 février 2024

Cet atelier s'inscrivait dans le cadre du festival des Mycéliades, un événement national qui met en lumière les univers de la science-fiction !

Cette année, la médiathèque de Lisieux s'est associée au cinéma Le Royal à Lisieux, pour proposer des projections de films SF, une rencontre avec Clara Azémard - une chimiste participant au programme ExoMars, ou encore des lectures pour les enfants. Et bien sûr un atelier d'écriture ! 

Plus d'information sur ce festival sur leur site : myceliades.com


Catherine

 

VOYAGE

Non le voyage n’est pas infini
Pour moi c’est le dernier tour de piste

Il s’agit aujourd’hui
D’emprunter la bonne voie
Le voyage touche à sa fin mais
Il y a encore de beaux jours.

Non à un monde aseptisé
De clones téléguidés
Non au bonheur programmé

Je suis femme, de chair, d’os,
de sang, d’eau et de vent
Je suis née d’une étreinte
Je suis née dans la douleur et l’effort.

Une entre mille branches
Unique comme chacun.
Je me cherche chaque jour, chaque nuit
Je suis comme je suis

Mon voyage est infini
Jusqu’à la fin
Jusqu’à l’expiration
Mon voyage m’appartient.

 

 

Hélène

 

Je suis le robot butineur. Nous sommes en l'an 3000, je viens de descendre d'un de ces 3 ascenseurs. Ils m'ont appelé BEE !

J'ai tourné à gauche en descendant.... Quel paysage idyllique ce cerisier en fleurs, ces jolies fleurs roses, cette pureté blanche de ces jeunes gens calmes et attentifs... Mais... ce ne sont que personnages de cire, carton-pâte et plastique.

Pourtant mon voyant vert s'est bien allumé... Ce n'est qu'un détour, un survol... rien à butiner... ni rien à aiguillonner... Un looping au-dessus de ces faux pollens et nectars...

Et me voici, enfin, dirigé à droite, vers l'horizon qui sent bon.

Je n'ai qu'à piquer, c'est ma mission, piquer, en série, piquer chacun dans cette concentration de pions, piquer chacun de ces hurluberlus, ces fourmis géantes sans protection et aux petits pois dans le cerveau.

Ma spermathèque est bien remplie, niveau 100, bien en haut, pour une diffusion presque infinie...

.....

Ah, mon bouton vert clignote.... Mission accomplie....
Le temps de prendre le bon ascenseur pour mon retour,
le bouton est rouge...
Plus rien ne bouge.



Maïlys

 

Ils s’étaient rencontrés devant la fontaine centrale, un matin très tôt, loin du tumulte de la foule habituelle. Elle avait ressenti le besoin de marcher, pour une fois, de prendre un grand bol d’air, d’aller vers la forêt, au-delà de la barrière protectrice. Avant de l’atteindre, elle s’était arrêtée devant le dôme, reflétant un magnifique lever de soleil. Il était là, l’avait observée en train d’observer les lumières flamboyantes et changeantes. C’était rare, que quelqu’un s’arrête devant la beauté du monde. Il avait aimé ça chez elle. Elle avait aimé chez lui son regard doux.

Depuis, ils se retrouvaient tous les jours devant cette fontaine. Ils s’y rendaient à pied, à chaque fois, soucieux de donner de l’importance à l’impatience de la rencontre. Dans ce monde où tout le monde vivait si vite, où les êtres disparaissaient à tous les coins de rues pour se matérialiser 200 mètres plus loin, ils détonaient, marchant lentement l’un vers l’autre, s’apercevant au loin, se souriant. D’un regard extérieur, ils auraient pu paraître un peu niais, mais personne ne faisait vraiment attention à eux, tout occupés qu’ils étaient à converser avec leur ami IA. Le couple s’en fichait de toute façon pas mal, du regard des autres.

Ils s’appréciaient, ils appréciaient cette lenteur inattendue, retrouvée grâce à l’autre. Ils passaient des heures entières, assis à la fontaine à discuter de tout et de rien. Là où tout le monde courait après le temps, ils avaient trouvé ensemble le moyen de l’arrêter.


Victoria


Ma journée de travail est terminée, je rentre chez moi, je sors mon chien, rentre mes poules, nourris mon chat, je cuisine, prend ma douche et je regarde la télé avant de m’endormir.

Je me réveille plusieurs fois dans la nuit alors je vais voir mon chien puis je regarde par la fenêtre s’il y a des étoiles.

Je me rendors. Le réveil sonne, j’ouvre les yeux, tout est différent, je ne suis pas là où je me suis endormie. Ma chambre est différente, je n’ai pas le même pyjama. Je sors de la pièce et découvre ce nouvel endroit. Même le déjeuner est différent, chaque jour est une nouvelle vie, une nouvelle maison ou un nouvel appartement, un jardin ou un hyper centre, une nouvelle voiture ou un nouveau vélo.

Des tenues vestimentaires différentes, une nouvelle coiffure, des animaux ou non, seule ou mariée, un nouveau boulot, des nouveaux collègues, un lieu différent.

Chaque jour se passe dans la découverte, pas besoin de préparer l’avenir car en m’endormant je serai ailleurs. Je n’ai pas peur car si la journée commence mal, il n’y en aura pas pour longtemps.

Alors je démarre la journée en me laissant porter par la vie.

Tout se fait naturellement, je profite au maximum avant de me rendormir pour une nouvelle histoire.