samedi 14 janvier 2012

Atelier d'écriture du 14 janvier 2012

5000 choses à faire cette année et plus tard
Ranger le grenier
Prendre chaque jour une photo du ciel au-dessus de la terrasse et en faire une collection
Prendre des cours de piano
Ranger la cave
Trouver enfin des chaussures qui ne me font pas mal aux pieds
Réussir à faire des meringues
Aller à Florence
Arrêter de manger du chocolat tous les soirs, MAIS trouver le meilleur chocolat possible
Revoir tous les films de Kubrick
Aller dans le plus grand nombre d’îles possibles. D

Les bateaux mouche et la batterie
Un site de visite des plantes herboristes pour en faire en infusion et soigner les plantes et les êtres humains.
Les bateaux mouches sur les semaines
Voir les changements des saisons et voir l’aménagement de la plage sur les berges.
Etre bénévole pour retaper et coudre et donner des idées.
Je ne connais aucune adresse, elle existe à Lisieux sur informatique. E
Planter des asperges grosses comme ça
Déplacer mes deux rosiers grimpants
Renouveler mes semis de fleurs
Retrouver des plants de capucines tubéreuses
Repeindre ma chambre
Aller en Ariège
Marcher en Corse
Nager dans la Manche
Réfléchir à quoi faire d’autre contre
Bien voter
Prendre du temps pour regarder les pâquerettes pousser
Lire tranquillement dans mon hamac et m’assoupir avec le soleil qui me cligne de l’œil entre deux feuilles. G
- trier mes photos
- ne garder que ce qui me sert réellement
- réfléchir avant d’agir (ça, c’est bien, ça permet de repousser les échéances. Je garde)
- savoir rester assise
- ne penser à rien
- écrire
- prendre le temps encore
- faire ce que je veux
- vouloir ce que je fais
- arrêter de faire (le droit d’arrêter de faire…) et de se faire des contraintes
- m’engager
- me dégager des contradictions
- vivre en harmonie, en symphonie, en sympathie….C
être acrobate
chanter à l’opéra
nager 100m sans reprendre mon souffle
parler anglais couramment
voyager au THIBET et faire une retraite chez les moines bouddhistes
me lever de bonne heure tous les matins
diminuer la pile d’ouvrage prévu.
DE JC à Marie Madeleine.

Oui Marie Madeleine,je le sais.Après l’ascension du Golgotha,et ma ressurection inespérée,au 3eme jour conformément aux écritures,je suis toujours là.Tu m’attendais,toujours fidèle,belle et attirante.Ton voile encadrant ton beau visage céleste et ton corps lascif d’une sensualité débordante me font dire que ton idée d’ouvrir un lupanar en pleine Judée chrétienne est une idée de genie.Fatigué d’une longue errance,j’ai bien envie de me poser dans une petite entreprise de bon rapport.Aidé de mes douze acolytes,qui ne jurent que par moi,je sens que nous allons réussir.Rendez vous ce soir à Bethléem,près de la petite grotte que tu connais bien,afin que nous puissions parler de ce projet.

Maître,
J’ai le regret de vous informer des faits suivants : votre petite clerc de notaire, à l’air si respectable, n’est pas d’une probité exemplaire.
Je sais vous allez tomber des nues.Cette blondinette, toujours bien habillée, avec son air si distinguée, n’est qu’une vulgaire voleuse.Pas plus tard qu’hier, je l’ai rencontrée rue Pont Mortain.Dans sa petite robe cintrée, ajustée, style courreges, elle était vraiment élégante.Pas un cheveu ne dépassait de son brushing impeccable.Tout dans son allure reflétait son bon goût et son souci de respectabilité qui sied tant aux petites bourgeoises.
Oui Maître, mais savez vous comment cette femme se procure l’argent nécessaire  à ses envies de coquette?Elle vous vole.Après etude approfondie de vos comptes,10000 euros ont disparu depuis le début de l’année.Directement versés sur le compte de votre employée,sous couvert de transactions immobilières traitées recemment.J’attire votre attention sur d’éventuelles malversations à votre encontre.En effet ,un scandale financier pourrait rejaillir sur la réputation de votre étude,mettant à mal la confiance d’une partie de votre clientèle.
Cher Maître,je me tiens à votre disposition pour toute information complémentaire.
Votre dévoué Michel Dupont,conseiller financier à la caisse d’épargne de l’agence de Lisieux.

Installé confortablement devant la fenêtre ouverte, j’écoute la nuit descendre sur cette montagne que j’aime tant. J’aimerais tellement pouvoir la partager avec toi. Je regrette à chaque instant que tu n’aies pas pu m’accompagner.
Ce matin au marché, j’avais envie de tout te montrer, tout t’expliquer, les couleurs, les odeurs que l’on ne trouve qu’ici. J’ai même acheté un morceau de ton fromage préféré, sans y penser, tant pis, je l’offrirai à la voisine. J’imagine tes yeux emplis de gourmandise devant tous les étals débordants de produits plus alléchants les uns que les autres.
Cet après-midi, j’ai fait une longue promenade au bord du torrent. Le chant de l’eau m’a toujours apaisé. Les bons moments que nous passerions ensemble… J’ai croisé un petit oiseau magnifique au plumage mordoré. Je ne le connais pas. Je vais sans doute passer le reste de la soirée à le chercher dans tous les ouvrages qui se sont amassés là au fil du temps et demain je t’écrirai son nom. Je regrette de n’avoir pas pu le photographier, il m’a surpris, peut-être que je le reverrai.
Demain je me lève tôt, tu sais quel effort ça représente pour moi, mais marcher en montagne à l’aube est quelque chose d’extraordinaire. Je voudrais pouvoir t’emmener le long des sentiers, là où l’on est seul au monde avec l’impression que personne n’est venu avant nous. La nature nous accueille à bras ouverts à condition qu’on la respecte. Rien n’est plus émouvant que le chant des oiseaux au lever du jour. Je te présenterai toutes les jolies fleurs dont je t’envoie les photos depuis longtemps déjà, tu verras, elles sont encore plus belles dans ma montagne.
Il me reste tant de choses à te dire mais aurais-tu le temps de les lire ? Je vais en rester là pour ce soir.
Peut-être que ces quelques lignes te donneront enfin l’envie de découvrir la plus belle région qui soit. Je crois que je saurais être le plus merveilleux des guides.
Je t’embrasse.
Ici aussi le temps est magnifique. Frais le matin, ensoleillé tout le jour. Je passe mes journées au jardin, l’ouvrage ne manque pas. Tu vois, je ne pouvais vraiment pas partir à cette saison, les fleurs ne poussent pas aussi bien sans moi et qui en aurait profité ?
Ca me fera très plaisir de découvrir ta belle région, il faut juste que nous trouvions une date commune et ça ce n’est pas simple.
Ici, j’ai terminé le nouveau parterre, repeint les volets, tu verras la maison a de l’allure, demain j’irai acheter les plantes pour garnir les fenêtres. Il me faut aussi quelques lavandes et quelques thyms pour parfumer l’été qui arrive. Ces plantes me feront penser à ton pays presque comme si j’y étais.
Ne m’en veux pas si je n’écris pas chaque jour, mais le temps me manque et quand je rentre le soir, je me plonge voluptueusement dans un bain en compagnie d’un bon bouquin, Maupassant en ce moment, et je suis sûre que tu me comprends, avant de partir pour une bonne nuit réparatrice.
Bisous
PS : tes lettres me font très plaisir, je les attends avec impatience.C
St Aubin, le 7 février 1940,
Cher Maurice,
Ta  mère et moi espérons que la neige a pu être dégagée rue Thiers. Nous avons eu beaucoup de travail de notre côté pour réparer les canalisations. Grand-mère est venue quelques jours chez nous car sa fièvre et sa toux étaient de plus en plus mauvaises.
Le Docteur Godefroid n’a pu venir qu’hier.
Les livreurs n’ont pu passer et nous manquons de farine et d’huile. Nous t’enverrons un colis dès que possible. Travaille bien.
Ton père
Rouen, juillet
Ma sœur bien-aimée,   Ta dernière lettre m’a bien amusé. Je vois que la petite troupe se prépare pour la kermesse. Je voudrais bien voir ! toi en petite soubrette, Jean en gendarme, Nicolas en voleur et Lucie en matronne. La fanfare répète-t-elle avec le Père Gilbert ? Je serai en congé le 6 et espère pouvoir prendre le train de 11 heures. Mon oncle Daniel me conduira à la gare. D’ici là, sois sérieuse avec ton petit béguin…Dis-lui que je lui donnerai un coup de mainà la ferme des Lasnel cet été.
Je t’embrasse affectueusement, petite sœur,
Ton frère à qui tu manques
P.S. : Embrasse Grand-mère pour moi. Je lui rentrerai son bois pendant les vacances, qu’elle ne s’inquiète pas pour ça.
Monsieur le commissaire de Police,
C’est avec surprise, et un certain mécontentement que j’ai reçu hier une injonction de la part de vos services de payer une amande de 200 € pour dépôt d’objet encombrant sur la voie publique. Ne croyez pas que j’aie l’habitude d’abandonner des objets devenus inutiles sur le trottoir, mais il faut comprendre que la situation était exceptionnelle. Il y a quelques temps, j’ai décidé d’arracher la haie d’arbustes qui bordait mon jardinet afin de gagner de la place. Je dois vous dire que ce fut un travail de romain. Je n’avais pas les outils adéquats et je ne vous raconte pas combien il est harassant de découper des troncs d’arbre avec un couteau à pain et des ciseaux de couturière. Bref, je n’entre pas non plus dans les détails, et j’en viens à notre affaire. J’avais déjà arraché six thuyas et m’apprêtais à m’attaquer au septième quand ma petite pelle en plastique rouge rencontra un obstacle sous la terre, à quelques centimètres seulement de la surface. Je pensais que c’était une racine, un rocher, bref la perspective de gros efforts et d’une bonne suée pour m’en débarrasser.
J’entrepris de dégager l’obstacle en creusant tout autour avec la pelle. Mais, plus je cherchais, plus ces contours me paraissaient larges ! Finalement, après maintes efforts, je m’aperçus que cet objet dur avait une superficie énorme, puisqu’il occupait plus de la moitié du sous-sol de mon jardin. Intriguée, je débarrassais la surface de l’objet de la terre qui le recouvrait. Elle était lisse, dure et brillante comme du métal, mais chaude et palpitante comme si elle était vivante. Sa couleur n’était pas définie, s’irisant doucement. Je ne vous explique pas comment je pus dégager ce monstrueux objet de mon gazon. Une fois la corvée terminée, j’avais sous les yeux, posé au milieu du tas de terre retourné qu’était devenu mon coquet jardinet, une énorme chose ronde d’un diamètre de sept ou huit mètres et d’une épaisseur de trois mètres environ. Sur un côté se dessinait une sorte de porte au dessus de laquelle étaient inscrits des signes étranges, qui, après moult recherches étaient inconnus de toutes les écritures possible dans le monde. Mettez-vous à ma place, Monsieur le Commissaire. Que faire ? Alerter les scientifiques, le gouvernement, les médias, qu’un engin extraterrestre avait été découvert à Lisieux, sur le territoire qui avait autrefois été une partie du jardin de l’Evêché ? Je veux garder ma petite vie tranquille, Monsieur le Commissaire. Les hordes de photographes, les agents spéciaux, les curieux, tout cela, ce n’est pas pour moi. Je veux juste continuer à arracher mes thuyas, à agrandir mon carré de pelouse, et pouvoir profiter de mon jardin. Alors voilà, Monsieur le Commissaire, je ne vous explique pas comment, de nuit, en me cachant des voisins, j’ai pu sortir l’engin et le déposer sur le trottoir. Naïvement, je pensais que les éboueurs allaient peut-être le ramasser avec les poubelles… Et voilà que je me retrouve avec 250€ à payer. Si je vous ai exposé toute la situation c’est que j’espère que vous comprendrez que je n’avais pas le choix, c’est pourquoi je vous demande de bien vouloir m’exonérer du paiement de cette amande. Veuillez agréer, Monsieur le Commissaire, l’expression de mes sincères salutations. D
Mon cher frère, je te remercie pour ton courrier de Polynésie me donnant où vous devez vous relaxer ce que tu fais de tes vacances, ainsi que ta femme et ton fils dans votre logement de fortune tu dégustes de bons homards grillés et du poisson frais tout cela sous les palmiers et des ballades en pirogue, toujours le soleil et vous bronzez sur le sable doré. Tu sais pour nous en France cela fait du chemin pour aller en Polynésie dans l’océan Indien. Dans Six mois tu rentres en France dans ton sous marin atomique. Je te joins une enveloppe pour que tu envoies des photos de vous et de votre boa. Un retour agréable pour ta famille en avion. Tous les trois, nous vous embrassons jusqu’à votre retour à Toulon. Ici il ne fait pas trop chaud. On se reverra le 14 juillet au défilé. Pour un mois de juillet 1986. Ta sœur Edith. E
A Marthe Dauphine
Tanambo
Diego Suarez
Madagascar
Le 13.12.11
Chère Marthe
Te souviens-tu de moi? Ça fait tellement longtemps, j’avais 8 ans quand nous avons quitté Diégo. Tu as été ma dernière nounou notre dernière « ramatou » comme on disait. Je me souviens très précisément de ta case dans ton quartier de Tanambo. Ta case était ta chambre, minuscule. Elle était meublée d’un lit très haut recouvert de tissus moelleux multicolores, les murs tapissés de toutes sortes de babioles cartes postales et autres souvenirs. Ce jour là, tu nous avais emmené mon frère et moi passer l’après-midi avec toi parmi les tiens. Je me souviens du repas pris avec ta tribu entière autour de la grande table de la case principale : poisson séché et riz blanc. Nous avions l’impression Régis et moi d’être tellement importants tous ces gens autour de nous qui nous regardaient engloutir notre festin en plein après-midi, tous ces malgaches tellement fiers de nourrir les deux petits français… Et le soir à la table familiale mes parents inquiets devant notre manque d’appétit… C’est toi qui leur a expliqué chère Marthe, cinquante ans tu te rends compte cinquante ans déjà. J’ai trouvé cette enveloppe dans un carton et tout est revenu. C’est étrange comme les souvenirs d’enfance peuvent être précis mais aussi ressembler à des miettes ou des fragments, des fragments de miroir, miroirs brisés qui me renvoient plus que des morceaux épars de nos vies. Chère Marthe et toi ! Tu peux avoir maintenant 75 à 80 ans. Je vois parfaitement ton visage café au lait ton grain de beauté près de l’aile du nez, tes peignes pour tenir tes cheveux tirés… Chère Marthe je n’ai pas ton adresse précise. Peut-être que le quartier de Tanambo n’existe plus, ou peut-être que tu l’as quitté. Je t’embrasse G.
Chère Louise.
J’ai eu mes dix neuf  ans. J’ai épousé Henri, il y a six mois. Le mariage était très réussi. Mes quatre sœurs m’ont bien aidée. Il y avait cinquante personnes, la cousine Hortense est venue aussi pourtant elle habite à cinquante kilomètres. Chacun avait mis son plus bel habit. Mes sœurs m’ont aussi aidée pour la robe. Elles ont coupé, cousu, brodé un tissus blanc pour en faire un bel habit. Henri était très content du résultat. Lui avait mis un costume neuf et c’est un évènement car Jeanne sa mère est très avare. Mes sœurs étaient fières que l’aie un trousseau comme toutes les autres filles du village. J’ai pensé à maman, je me suis dit qu’elle nous regardait du ciel avec un œil bienveillant. J’ai prié beaucoup pour que Henri et moi, nous ayons une vie heureuse et de nombreux enfants. Henriette ma sœur aînée a déjà quatre enfants. Nous les avons coiffés pour le mariage. Les deux garçons étaient si mignons avec leurs anglaises blondes. Je crois que je suis enceinte, j’ai des nausées le matin. Je n’en ai rien dit à ma belle-mère. Elle est très sèche avec moi. Je vis désormais avec Henri à la ferme, lui travaille dur toute la journée. Moi, je dois laver le linge au lavoir, soigner les volailles, traire les vaches, tirer l’eau au puits. Ma belle-mère fait le repas, je dois aussi l’aider. Je n’ai guère le temps d’écrire, ni de lire  et ma belle-mère n’aime pas me voir perdre mon temps à ça. Si je m’arrête de travailler, je pense à mes sœurs et je suis très triste de ne pas les voir plus souvent. Heureusement Henri est très gentil avec moi. Hier, il m’a ramené un ruban rouge pour attacher le gilet que je suis en train de tricoter. Ça fera très joli. Voilà pour aujourd’hui, Jeanne m’appelle, il me faut retourner à ma tâche. Je t’embrasse.
Chère mamie, en fouillant dans le grenier, j’ai trouvé cette lettre. Elle était bien cachée. J’ai été très émue de lire tes mots. J’ai cherché d’autres enveloppes, je n’ai rien trouvé. Sans doute as-tu écrit souvent mais tes lettres se sont égarées. Tu dois dormir sous terre depuis pas mal de temps, mais je t’écris quand même peut-être que toi aussi tu me regardes du ciel comme ta maman le faisait le jour de ton mariage. Tu sais, les temps ont bien changé. D’ailleurs je n’arrive même pas à imaginer ta vie, même en te lisant. Moi, je voyage, je suis allée en Bolivie, sais-tu seulement où ce pays se trouve ? Je ne suis pas pressée d’avoir des enfants, j’ai bien le temps d’en faire et puis aujourd’hui, on choisit. Je veux vivre d’abord, et prendre le temps de choisir mon compagnon. Quant au mariage, c’est un peu désuet aujourd’hui. J’aimerai aller vivre aux Etats-Unis pour y travailler. De toute façon je n’ai pas encore fini mes études, on verra bien…G
Cher Marquis,
A l’aube de ce jour, je vous écris, mes esprits revenant à la surface, après une longue nuit agitée au sujet du différend qui nous a divisés en ce début d’année concernant ces bâtisses qui m’étaient dévolues lors du partage de ces terres entre nos deux familles. Je pense toujours que les bijoux de famille cachés dans ce coffre de diamant m’appartiennent car la ligne de sang de ma famille est plus pure que la votre. Si vous persévérez  dans cette croisée de fers entre deux familles, soyez certains que sabre au clair, dès lundi de la semaine prochaine, je serai là pour vous provoquer en duel dans la cour du château. Mes respects Mr le Marquis.
Chevalier De la Morinerie
Cher Chevalier de La Morinerie
Je viens par cette lettre vous répondre, cachet du roi faisant foi, une fois avoir parcouru votre parchemin. Je vous assure qu’un règlement de notre différent se fera bien, sabre au clair, dans la cour du château. Si vous revenez à de meilleurs sentiments envers ma personne, rendez-vous à l’orée du bois, j’y serai avec l’une des dauphines du Roi, ma cousine, nous pourrions nous entendre et nous comprendre pour conjurer nos différents par l’entremise de cette confidente du roi s’y rendant en carrosse, à l’effigie de notre Roi. Veuillez agréer, Marquis, mes respects chevaleresques.
Marquis De Gonzac de la Ferrière
M.
Une enveloppe « par avion » et une enveloppe standard : écrire deux lettres correspondant à l’enveloppe
Chère Marraine,
Je suis heureux que tu aies choisi ma photo pour me parrainer. Ti dis que la petite somme que tu verseras tous les mois n’est rien pour toi mais pour moi c’est beaucoup. Elle va assurer ma scolarité et mes parents ne vont pas devoir m’envoyer travailler. Tu sais, ici les enfants peuvent commencer à six ans. Il faut comprendre les parents, nous n’avons presque rien et les petites sommes que chacun peut rapporter à la maison font que la famille mangera mieux. Pour le reste, nous nous contentons de peu, nous sommes souvent habillés par l’aide humanitaire et nos cases d’une ou deux pièces contiennent les ustensiles de cuisine et les nattes que nous déroulons le soir. Mais à la saison sèche, tout se passe dehors. La saison des pluies complique tout évidement.
Pour aller à l’école au village (il n’y a pas d’école de brousse), je dois me lever de bonne heure et je fais le trajet à pied mais c’est très amusant car les copains et copines me rejoignent sur la piste et nous nous amusons beaucoup. Quelquefois, nous pensons à nos camarades qui sont déjà aux champs à sarcler ou à garder les troupeaux de chèvres. C’est dur et dangereux.
L’année prochaine, j’irai au collège à la ville. Je prendrai le taxi brousse et ne rentrerai qu’à la fin de la semaine. Je serai interne et j’aurai un uniforme. Mon papa a dit qu’il viendrait me chercher quelquefois sur son vélomoteur. Je ne t’ai pas dit qu’il travaillait dans la forêt à abattre des arbres pour une compagnie française. Maman élève mes cinq petits frères et sœurs, ma sœur Animata va aussi à l’école, les autres sont trop petits.
J’espère que tu viendras me voir mais si tu ne peux pas je demanderai à l’instituteur de faire des photos et je te les enverrai et toi, pourras-tu m’en envoyer ? de toi et de ta famille et aussi de ton village.
Si je réussis bien à l’école, je pourrai peut-être venir faire mes études en France mais j’ai entendu dire que ce n’était pas si facile maintenant chez vous pour les étrangers.
Tu sais, j’aime bien écrire, alors si tu veux bien je t’écrirai souvent et je te raconterai mon village, la forêt, les animaux. Ici la nuit tombe d’un seul coup et on n’entend plus aucun bruit pendant un moment, et puis ça reprend mais les cris ne sont plus les mêmes. A ce moment-là les bébés pleurent mais les mamans qui les portent toujours dans le dos leur chantent des chansons douces pour les consoler et ils se rendorment.
Bon, il faut vraiment que j’arrête d’écrire sinon mes devoirs ne vont pas être faits. Je t’embrasse et te remercie très fort.
Abdou
Ma chère Maman,
C’est une bonne initiative que tu as prise de parrainer cet enfant. Les nôtres verront ainsi qu’ils ne sont pas si malheureux.
J’ai un peu honte de te parler de nos travaux quand tu me dis qu’Abdou et sa famille vivent à sept dans deux pièces, sans eau, sans électricité bien entendu.
Nous avons abattu tous les murs de la salle, la chambre et la cuisine pour ne faire qu’une seule pièce à vivre. Nous n’avons conservé que la chambre du bout et la salle de bain qui seront affectés aux hôtes quand tous nos travaux seront finis. Les trois chambres dans le grenier sont terminées et nous avons tous pris possession de notre nid. Les toilettes prévues sur le palier vont bientôt être opérationnelles.
Les ouvriers ont commencé l’extension où sont prévus chambre, salle de bain et atelier. Je pense qu’à la fin de l’année tout sera terminé. Et l’année prochaine, nous ouvrirons une véranda devant la maison.
Une chanson ou plutôt un poème disait : » Est-ce ainsi que les hommes vivent, » Oui, pourquoi disposons-nous de tant de place, de tant de confort, alors que d’autres vivent les uns sur les autres dans des conditions d’hygiène inacceptables et pas seulement en Afrique ? J’ai un peu de remords et pourtant je fais comme tout le monde.
J’ai oublié de te remercier de la corvée de repassage que tu m’as faite, cela m’a bien aidée, je suis vraiment débordée en ce moment. Pierre s’investit beaucoup dans la maison, et puis les trajets pour aller travailler, conduire les enfants à leurs activités, vraiment j’ai apprécié que tu prennes en charge le repassage. Je sais que tu as aussi beaucoup à faire et qu’avec Papa vous ne vous épargnez pas et je t’en suis reconnaissante.
Je te quitte pour préparer le goûter et je t’embrasse très fort ma petite maman,
Ta fille aimante,
Louise
E.