samedi 5 mars 2016

Atelier d'écriture du 27 février 2016



http://dentelle.gide.free.fr/Dentelle020.jpg

Le fuseau de la dentellière et l’application

Je ferme les yeux- c’est long, effilé d’un côté, en bois, l’autre bout forme des renflures comme les pieds d’une chaise ancienne.

A quoi cela sert-il ? Surement pas à se nettoyer les oreilles… La partie longue et renflée pour tenir ou déplacer… et de l’autre côté ? Sert peut-être à y enrouler des fils, fins, légers, solides. Est-ce pour tisser une toile d’araignée ? Est-ce pour recouvrir minutieusement quelque objet minuscule qui deviendra broche ou attache précieuse ? Peut-être est-ce tout simplement un de ces innombrables fuseaux permettant de confectionner ces dentelles fines et aériennes que l’on admire plus aujourd’hui que dans les musées, merveilles de dextérité et de patience.

Application…
Dehors, le soleil est au maximum de son éclat. Il entend les cris et les rires  des enfants qui jouent dans le parc au bout de la rue. Un vent léger entre dans la pièce parfumant l’air d’une douce senteur de fleurs. Mais Jean est trop absorbé par le texte qu’il rédige. Penché sur sa feuille, il réfléchit, mordille son crayon, commence à écrire, efface, recommence… Les idées se pressent dans sa tête mais comment mettre tout cela sur le papier ? Les mots lui manquent ! Quels mots ? Quels verbes ? Et comment traduire les images qui montent en lui ? A vraiment écrire est difficile. Alors, il se concentre, ferme les yeux, indifférent à toute la nature qui éclate autour de lui. Et pendant, qu’il écrit, formant les lettres avec précision, presque avec art, un petit bout de langue apparait entre ses lèvres comme si cela pouvait l’aider à venir à bout de son œuvre. Car c’est bien une œuvre qu’il a entreprise, seul dans sa chambre. Cette œuvre qu’il offrira ce soir à sa maman pour lui dire « Je t’aime ».
M

Station orbitale et le lilliputien

Je suis lilliputien. Je travaille dans cette mini-station. Je m’exerce à l’apesanteur, dans la base longue mais courbe, dès que je m’ennuie dans mes trois petits bureaux au-dessus pour scruter l’étoile polaire. Elle est tellement petite qu’elle ne pourra être déchet à l’avenir. Tout là-haut, je cultive mes tomates dans le petit bureau, côtoyant aussi des haricots verts, choux bio mais beaux. Le bureau du milieu me sert à la navigation de mon vaisseau, ainsi que le coin repas et pharmacie où s’entreposent suppositoires etc… Le bureau circulaire du rez de chaussée me sert d’observations de toutes constellations courbes et des galaxies en long et en large. Si vous voulez observer avec moi, tapez 36-39 code1.

Le paludier dans l’île de ré assis sur un banc admire le sel qu’il racle avec son palud. Il contemple le soleil se réverbérant sur la fleur de sel assis sur un banc. Il est content. Il travaille avec minutie avec palud pour seul outil. Il va et vient avec lui. Le long de ces berges claires. Dans les soleils de tous les étés. Il égrène dans sa main le grain de sel. Il pense qu’il est dans l’ouvrage de l’Universel. Il pense déjà au poivre venant le rejoindre dans cet univers poivre et sel que la coiffure de sa compagne allant arborer cette couleur qui nous vieillit. Est-ce elle qu’il aime ou la couleur , celle que j’aime. Est-ce le sel gemme, que j’aime, par sa couleur éclatante qu’il aime.
M

Tomawak Maïs Fil
Référence à un objet indescriptible. Cet objet chez les Iroquois était attribué à chaque enfant nouveau- né. Il comprenait très vite, car néanmoins précoce qu’il ne fallait pas se l’introduire dans les narines et de préférence dans aucun autre orifice, ni même ceux de sa sœur. Plus grand mais encore imberbe, comme il l’aimait en songe, appâté par la soupe au maïs de sa grand-mère, il poursuivait les grains de maïs peu cuits et les enfilaient sur un fil. Par ailleurs ils avaient le front plat et les oreilles décollées. C’était devenu congénital.

Broderie. Activité interdite aux hyperactifs et même aux chaussures des phoques. La précision pour dépouiller les phoques égalait celle des brodeuses, ainsi qu’une vacuité presque parfaite entre les oreilles. A part une matière assez différente, l’une tenait chaud naturellement, l’autre décorait quoique peu présente dans le grand nord. Cependant une attention soutenue provoquait parfois une montée de température. Dans l’un et l’autre cas l’effort de réfléchir est rare.
B

Un petit coussin plat percé d’une multitude d’aiguilles, des fuseaux avec un fil soigneusement enroulé sur chaque tête placée l’un à côté de l’autre retenu par un fil léger extrêmement solide. Tous les fils venant du centre du coussin où repose un motif ajouré, dentelé en cours de construction, l’habileté des doigts qui manipulent pour tordre, nouer le fil, en suivant un modèle précis. Faire de la dentelle, être dentellière. Une activité qui demande du temps, de la patience, de l’habilité, encore très pratiquée de nos jours.

Avec une plume, s’appliquer dans les déliés, la langue légèrement pincée entre ses lèvres. Ne pas faire de pâtés- Penchés au- dessus de la pièce de tissus, couper après avoir longuement réfléchi au sens du fil, au résultat espéré- Décorer le gâteau d’anniversaire, avec de la crème fouettée, veiller à cacher les fraises qui dépassent et colorent en rose la chantilly, lécher ses doigts et délicatement glisser la pâtisserie au réfrigérateur- Tailler la greffe, d’un geste sûre, trancher de chaque côté de la pousse boisée de l’année, puis glisser délicatement dans l’arbre étêté qui développera désormais une tête chargée de pommes sucrées- Entendre un auteur parler de son écriture, des hésitations, du travail laborieux d’énumérations des mots pour que le texte final soit juste, qu’il touche le lecteur au cœur. Pour s’appliquer, nous devons faire abstraction totale de l’extérieur, nous concentrer. Ça ne peut pas durer trop longtemps, nous sommes proches de l’apnée. Malgré tout, c’est très plaisant surtout quand l’ouvrage est réussi.
G



L’homme immense reposait sur le sol, inanimé. Le chef de la troupe, prenant son courage à deux mains, s’approcha du géant monstrueux. Il fit une inspection minutieuse et s’arrêta net devant une collection de bâtons en bois sculpté attaché à la ceinture. Ces bâtons de bois étaient dérisoirement petits par rapport au géant. Le chef se demande à quoi cela pouvait bien servir. Les mains immenses du géant semblaient d’une force capable de briser ces bâtons de bois. Le chef en pris un dans ses mains. Le bâton était lourd mais juste fait pour lui. Il détacha la collection et les bâtons tombèrent au sol. Les membres de sa troupe se ruèrent dessus, chacun essayant d’attraper un bâton. S’en suivit une dispute. L’un des soldats voulant reprendre son bâton des mains d’un autre, le frappa à la tête avec le bâton. Le sang jaillit. Une arme ! Ce bâton est une arme ! Quelle découverte. Le chef compris tout de suite les conséquences désastreuses que cette découverte pouvaient avoir. Il essaya de remettre de l’ordre dans sa troupe.
Quelques mois plus tard. Jour de fête à Lilliput. Sous les conseils tonitruants du coach géant, les deux équipes s’affrontent en un match débridé. Les armes se sont transformées en bâtons de jeu pour la plus grande paix de Lilliput.
Et la nuit venue, le géant, dans sa masure, à la lumière de dizaine de bougies minuscules, tisse une belle dentelle avec les armes devenues bâtons de jeu.


SOIN – SOIGNER
Soigner sa mise
Soigner son âme
Soigner ses bêtes
Soigner son langage
Soigner son intérieur
Soigner son écriture
Soigner son entourage
Soigner aux petits oignons
Soigner son style
Soigner sa cuisine
Soigner ses relations
Soigner sa forme
Une addition soignée
Une œuvre soignée
Soigner une plaie
Soigner la maladie
Faire soigner
Prendre soin
Apporter un soin particulier
Avoir soin
Etre aux petits soins

            Avec toute l’application nécessaire, cela tisse une vie.
L
Entouré de ton fil
tu passes d'une main à l'autre
tu contournes les autres
qui sont là comme toi
allongés et inertes
mais prêts à sautiller
par dessus par dessous
où les épingles à tête
dessinent et maintiennent
ces fils acrobatiques
qui font surgir des dentelles
si belles.

Se centrer et se déconnecter du reste
Etre tout entier à l'objet de ses soins
Donner, donner, donner
Se donner à ce qu'on fait
Essayer, essayer, essayer
Continuer, continuer, continuer
Le temps n'a plus d'importance
Se consacrer, hors du temps, hors de l'espace
Etre tellement à ça
Sans être vraiment là
Continuer, continuer, continuer
Etre minutieux
Le plus qu'on peut
Dans tout ce qu'on veut
Poursuivre encore
Pour tendre vers
Ce qu'on a à faire
sans se laisser distraire.
H




Notre bâtonnet affûté ?
Vous pouvez le porter
A la bouche sans hésiter
Le respirer, le mordiller,
Entre vos doigts, le faire rouler
Il ne vous quittera plus jamais !

Une envie de fumer ?
Notre bâtonnet affûté
Est là pour vous en empêcher !

Il n’y a plus à hésiter
Arrêtez de vous empoissonner
Acheter notre bâtonnet affûté !


Tout commence par une rencontre
Il suffit d’un regard, d’un mot
Avec lequel chacun se raconte

Telle l’aiguille et son fil
On devient inséparables
Deux êtres d’une même famille

On écrit une histoire commune
Animés par cette utopie
D’un jour atteindre la lune

Quelques obstacles sur la route
Trop souvent indémêlables
Atteignent les cœurs qui s’essoufflent

Il est temps de se séparer
Le lien est rompu
Il n’est même plus question d’amitié

Si tisser des liens n’est pas facile
Les garder intactes
Ne dépendra que de votre fil
 B

C
N
S

Aucun commentaire: