jeudi 23 avril 2015

Atelier d'écriture du 24 janvier 2015




Jeu avec mots au tableau

Du plus profond de mon être, l’imaginaire guide ma plume. C’est avec plaisir que j’évoque l’amitié, la diversité pour mettre en lumière toutes formes de liberté. J’y ajoute la couleur sépia, et me rappelle avec sympathie, le souvenir d’un vélo foulant le goudron. Mais dans cette arborescence, je ne sais où placer le clown et l’évanescence.
 
Sens : la vue (affiche du festival Mythos : chaise décorée de mots sur fond jaune)

L’attente va enfin se terminer
La souffrance va enfin s’arrêter
Dans quelques minutes, on viendra me chercher
Une dernière fois, je pourrais m’exprimer
J’évoquerai mes regrets
Mais personne ne sera satisfait
Les mines seront tirées
Certains n’oseront pas regarder

Le moment est arrivé
Sur chaque accoudoir, on serre mes poignets
A leur tour, mes chevilles sont arrimées
Ma tête reste baissée
Personne ne pourra s’y opposer
Même si mes larmes se mettent à couler
Mon cœur frémit sous la charge d’électricité
Le public reste muet

Je n’étais sûrement pas le dernier
Mais j’ose espérer
Que les sociétés vont évoluer
Ne plus jamais se laisser guider
Par l’envie de se venger
Prendre le temps d’écouter
Au risque de rester enfermé
Dans cette violence à tout jamais.
B

                                             Odorat.  
                         Un seul sens vous manque … et tout est dépeuplé. Cette odeur douceâtre ne m’inspire vraiment pas.Vanille Manille.J’ai récemment fait rire un de mes neveux ayant cru entendre que la capitale des Philippines c’était …Vanille. Encore un jour de pilotage automatique, ou mon cerveau embrumé avait du mal à fonctionner.
Dans la grisaille glacée et hostile de ces derniers jours penser à la vanille me fait rêver.J’imagine des cocotiers, des frangipaniers , des vahinés.Tous les ingrédients du farniente, du bien être seraient réunis. Je laisserais mes mains se remplir de sable chaud dans un rituel extatique bien connu de Sisyphe qui me dirait »T’as tout compris »Car depuis la fin de l’été et mon expérience de naïade allongée sur le sable une question existentielle me taraude les sens et me fait dire :Faut il mettre de la vanille dans les confitures ?

                                           Toucher.
                           Alanguie sur le sable, les bras en croix, non je ne souffre pas ma passion. Bien au contraire. Dans un mouvement lent d’ouverture et de fermeture des mains, je sens le sable fin et chaud, compact dans mes paumes, glisser le long de mes doigts.Doucement, tranquillement. Je pourrai effectuer ce geste des heures entières.C’est mon activité préférée sur la plage, rituel confinant au trouble obsessionnel compulsif. Mon cerveau se déconnecte de la réalité, me procurant un bien être total.J e ressemble à une étoile de mer décérébrée.
Je pense à Sisyphe, toujours seul avec son rocher. Et si lui aussi, dans son éternelle escalade, avec son caillou retombant inexorablement, y prenait du plaisir ?

                                            Vue.                               Mots :Plaisir.évanescence.Goudron.sépia.être.lumière.liberté.vélo.clown.sympathie.diversité arborescence.plume.amitié.imaginaire.
  
Dans la diversité des plaisirs il y a le vélo. J’ai l’air d’un clown mais c’est la liberté sur le goudron. Légère comme une plume, je ressens l’évanescence du plaisir imaginaire. Pas d’arborescence. La lumière sépia remplit mon être de sympathie et d’amitié.


                                         Suite.
                             Au festival des arts de la parole, il y avait un fauteuil vide. L’affiche surannée, de couleur sépia semblait annoncer un être de lumière. Et là il apparut, chevauchant son vélo, l’air d’un clown. Dès qu’il parlait, on ressentait toute de suite de la sympathie voir de l’amitié à son égard. La diversité de ses paroles logorrhéiques, émises en toute liberté me fascinait. Il donnait l’impression que l’évanescence de l’existence  n’avait pas de secret pour lui. Dans une arborescence de sentiments il me transportait.
L’homme de théâtre, hésitant, interrogatif, semble englué sur une scène pleine de goudron. Il lui colle aux pieds, l’empêchant d’avancer et son esprit, léger comme une plume s’égare.
« Avez-vous vu ce fauteuil vide, nous dirait il de sa voix de fausset bien particulière. Freud est peut- être là, tapi dans les replis du rideau de scène. Entendez- vous les trois coups, le spectacle va commencer. » Et il s’assiérait dans le fauteuil, l’air absent et brusquement rebondirait tel un petit jouet mécanique. Puis d’un seul coup il redeviendrait silencieux, presque ombrageux.
« Avez-vous vu le titre de l’affiche ? Mythos. Oui le mythe est là, la mythologie aussi avec sa cohorte de vilénies et de mensonges, mais aussi son esthétisme flamboyant  confrontant l’homme à sa fatale destinée. Mythomanie vous avez dit ? Alors il se lèverait pour céder sa place au bon docteur Freud, éminent spécialiste de l’inconscient tourmenté." Je vous en prie cher ami, " lui dirait il de ce ton respectueux et un peu précieux. Son œil pétillant, faussement naïf et un peu moqueur nous laisserait dans l’attente de la prochaine joute oratoire.
Voilà ce qu’aurait dit mon acteur préféré si on l’avait invité au festival des arts de la parole.
AM

Je suis la Mer
Où se dessinent des moutons d écumes
Expurgeant des embruns amers
Qu’ ils exhument sur des rochers posthumes
Où j’ hume dans la brume
Le parfum de l’iode
Dans des grands espaces
Où l’eau étale s’étale
Comme un manteau calme bleu azur
Où un raz de marée est une imposture
Elle, qui faisait danser des voiles
Sur son ventre surfent des étoiles
A la tombée de mes nuits
Où j’écris sur des manuscrits
Des naufrages de marins endormis
En des profondeurs abyssales
Où leur fin est théâtrale leur vie se perd en un dédale
De végétal que des raies enrobent
De leurs immenses robes
M

Jamais elle n'aurait dû partir. Pas si tard en tout cas. Pas sans prévenir, sans dire où elle allait. Pas dans cette direction. Et surtout pas dans cette forêt.
Maintenant elle ne pourrait plus faire marche arrière. La nuit tombait maintenant, inquiétante et pleine de mystère. Les ombres de la forêt, frémissantes, se faisaient de plus en plus menaçantes. Elle aurait voulu fuir, maintenant. Elle pressa son pas, se mit à courir.
Des gémissements plaintifs la firent frissonner. Des êtres informes semblaient se rapprocher en rampant. Elle retint un hurlement et accéléra sa course.
Les branchages lui fouettaient le visage, lui griffaient les jambes. Sa chevelure qu'elle avait épaisse et frisée se prenait dans les ronces, la forçant à ralentir parfois.
Mais son épouvante grandissante la galvanisait, et elle continua à fuir en laissant couler ses larmes de peur et les gouttelettes de sang que les épines avaient fait naître sur ses joues.
Les chuchotements de la forêt se faisaient de plus en plus proches, de plus en plus pressants. Ce cauchemar ne prendrait-il donc jamais fin ? Serait-elle obligée de courir éternellement dans cette nature hostile qui voulait la détruire ?
Des grognements sinistres résonnèrent alors, réguliers, se rapprochant inexorablement.
C'est à ce moment-là qu'elle entrevit à travers les branches et les feuilles une vague lumière.
Instinctivement, elle prit sa direction. Était-ce une issue, une présence humaine ? Un feu ?
Les grognements se faisaient de plus en plus proches, de plus en plus forts. Cela se dirigeait sur elle. Cela allait l'attraper.
Elle se précipita vers la lumière. Une maison ! Une petite habitation, perdue au milieu de cet endroit sinistre !
Elle frappa à la porte de bois rustique. Pas de réponse. Que faire ?
Il fallait échapper à la chose, aux monstres qui grognaient puissamment dehors et qui allaient l'anéantir de la pire des manières. Elle entra doucement et referma vite la porte derrière elle.
La pièce était chaude, accueillante et vide. Un bon feu brûlait dans la cheminée. Les habitants n'étaient sans doute pas loin. Elle les attendrait et leur expliquerait qu'elle s'était perdue. Ils pourraient l'abriter puis la ramener chez elle. Elle était sauvée.
Des chaises étaient disposées autour de l'âtre. Très différentes les unes des autres.
Elle s'assit sur la première pour se réchauffer et se sécher à la flambée. Mais elle n'était pas aussi confortable qu'elle se l'était imaginée. Elle était beaucoup trop grande, beaucoup trop dure. Elle décida de changer de place. Mais la deuxième chaise était couverte de vieux coussins avachis. C'était trop mou et elle s'enfonçait désagréablement. Elle allait essayer la dernière chaise quand la porte s'ouvrit avec fracas. Enfin ! Elle se retourna en souriant mais ses yeux s'agrandirent d'épouvante.
Un énorme grizzli à la marche pesante s'avançait en se dandinant lourdement dans la pièce, suivi par sa femelle et son petit. Trois énormes ours bruns massifs et furieux de sa présence. Les griffes du monstre s'abattirent sur la fillette.
Non, vraiment, Boucle d'Or n'aurait jamais dû venir dans cette forêt.
D

Des journaux entreposés déboulent des étagères. Un son strident de ventilateur casse le silence d'un bureau dont la porte entrouverte donne sur un terrain vague. Nevada est-tu là? Empilés et vieillis des découpages de toute sorte jonchent le sol immaculé de différents caractères et d'images en papier. Un débarras en somme dans lequel un homme assis sur un fauteuil tapissé de coupures de journaux lisait au quotidien des dépêches, des courriers. Les papiers jaunis, l'odeur de poussière caractérisent cet espace confiné et rappelle que le temps s'achemine vers l'inexorable, mort en dedans et mort à l'extérieur, que ces contrées perdues en mal de progrès restent en dehors de toute civilisation. Mr. Herr, l'ancien occupant, aurait voulu ennoblir ce bureau en y apportant sa touche personnelle. c'est en badigeonnant de colle à papier qu'il confectionne ce fauteuil, pièce unique revisitée par un art digne du camouflage. Mr. Herr coupait et collait des typographies divereses, fidèle à sa conception névrotique que tout pouvait se recycler 
E

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