jeudi 5 mars 2015

Récolte de poèmes n°6





Rien à tailler

Liberté, crient-ils en brandissant le crayon
Impossibilité, pleurent-ils en tendant la gorge
Néant, susurre-t-Il en avançant les pions

Sous les pavés sans âge, hier et demain, toujours la plage
Unis, là-bas et maintenant, convergent les affluents de sang
Réalisant Sa promesse de créer une autre mer d'Edom

Rien à signaler ici qu'un colis suspect d'oisiveté
Et là, juste le silence d'une foule qu'on sentence
Charismatique, énigmatique, Il attire le tragique

Trêve de terreur, éteignons le poste pour éloigner l'erreur
Incapacité de zapper pour ceux qui vivent et survivent le JT
On leur biberonnera Notre propre charia via les médias

N'oublie pas que tu as arraché ta laïcité au fil du couperet
Et toi, que tu perds la tête en affirmant ta raison d'être
Seule compte pour l'âme mal-née, la déforestation des plants de Jessé

Tout est routine de Dédale avant le chaos
Les comptines qu'on ravale à coup de sanglots
Et voilà que Je t'endoctrine, avec mal et à huis clos

Plus rien ne compte que de fermer les yeux dans le noir
Le monstre ne reste pourtant pas caché dans le placard
Ubiquité, multiplicité, résistance, c'est la souche de ce Cafard

Si tu décides que ton pays s'arrête aux frontières
Si tu crois que ta vie vaut plus qu'une patrie-mère
Alors J'envahirai ton nid et J'en ferai mon repère

Croise tes concitoyens, crache ton venin, fais ta vie sans soucis,
Rappelle-toi des assassins, pleure les tiens, combats l'envie de cette Furie,
Engage les siens, dis que le mal est bien, nourris l'Ennui avec Ta pédagogie

Déni de grossesse, diagnostic posé, guerre en gestation
Encore le forceps , douleur murmurée, plus qu'une contraction,
Seule tape sur les fesses, un prématuré , belle prédication!

Doit-on se laisser mener par l'indolence d'une démagogue Tolérance
Renonçant à voir la schizophrène souffrance de cette autre France
Ornant cette extrême violence d'une si parfaite Indifférence

Ils sont venus te chercher et il ne restait plus personne pour protester
Tu ne dois plus m'ignorer, je ne suis pas un insurgé rien qu'un égorgé
Si tu restes les yeux fermés, tu n'auras bientôt plus de crayons à tailler.
                                                                                                          (Anou, 27/02/15, Lisieux)

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