samedi 17 janvier 2009

La république des étoiles



J'attache de la valeur à toute forme de vie, à la neige, la fraise, la mouche.

J'attache de la valeur au règne animal et à la république des étoiles.

J'attache de la valeur au vin tant que dure le repas, au sourire involontaire, à la fatigue de celui qui ne s'est pas épargné, à deux vieux qui s'aiment.

J'attache de la valeur à ce qui demain ne vaudra plus rien et à ce qui aujourd'hui vaut encore peu de chose.

J'attache de la valeur à toutes les blessures.

J'attache de la valeur à économiser l'eau, à réparer une paire de souliers, à se taire à temps, à accourir à un cri, à demander la permission avant de s'asseoir, à éprouver de la gratitude sans se souvenir de quoi.

J'attache de la valeur à savoir où se trouve le Nord dans une pièce, quel est le nom du vent en train de sécher la lessive.

J'attache de la valeur au voyage du vagabond, à la clôture de la moniale, à la patience du condamné quelque soit sa faute.

J'attache de la valeur à l'usage du verbe aimer et à l'hypothèse qu'il existe un créateur.

Bien de ces valeurs, je ne les ai pas connues.

Erri DE LUCA in Oeuvres sur l'eau.


Fervente lectrice des romans d'Erri DE LUCA, j'aime ce texte, beaucoup. Il met en lumière des choses invisibles.

Retrouvez cet auteur italien à l'espace Adultes de la médiathèque.

Et si vous aimez ses histoires, son esprit, sa délicatesse, vous adorerez GIANMARIA TESTA, son ami auteur-compositeur-interprète.

S'il n'y avait qu'un album à écouter, sans hésiter : La valse d'un jour (actuellement en commande).

Extrait choisi:

Sono belle le cose (elles sont belles les choses)

Elles sont belles les choses,

beaux les contours des yeux

et les contours du rouge

les accents sur les a, larmes de pierrot, les cils des divas,

les bulles de savon,

le cercle du monde est beau,

l'oxygène des étoiles

et la poésie des retours,

d'émigrants et des îles,

cherchant l'invisible : l'appartenance [...]


Bonne lecture, bonne écoute, bonne année

1 commentaire:

Stéphanie a dit…

Et du même poète Erri De Luca,
"Sans éclats de rire avant, les baisers sont fades". (Trois chevaux)
Ca donne envie de s'embrasser, non ?