samedi 3 novembre 2018

Atelier d'écriture du 6 octobre 2018



1)    Ecrire, pour moi, c’est…

Pour moi, écrire, c’est : rêver, m’évader, me souvenir, partager, découvrir, transmettre. - Léonie
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Pour moi, c’est une bonne surprise, une joie ! Retrouver l’atelier, les personnes connues ou nouvelles, se remettre en route pour une année de partage, d’écoute, de rencontres. Merci. Cela valait la peine d’attendre.
Michèle
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Ecrire, pour moi, c’est l’évasion, s’échapper du monde réel, laisser divaguer son esprit, broder un autre monde autour d’un mot, d’une phrase…
Marie-Laurence
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Ecrire, pour moi, c’est
Pouvoir dire ce que je n’ose pas
Prendre le temps de réfléchir,
Poser les mots,
Les retourner, et découvrir un autre sens.

C’est m’amuser avec les mots
Pour leur donner du tempo
Chercher une rime
Faire travailler mon cerveau
Pour trouver le mot qu’il faut.

Aller à l’atelier d’écriture
Et rire à l’écoute des créations des copines
C’est sans jugement mais il y a certains textes qu’on attend impatiemment.
Déborah
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Ecrire, pour moi, c'est.... poser des mots sur la neige et la regarder fondre. Ecouter ce qui germait dessous, comme ces bulbes qu'on enfouit à l'automne. Se laisser doucement renaître dans la contemplation des fleurs, toujours nouvelles, toujours uniques en leur façon d'être au monde. Ecrire, c'est aller à la rencontre du vivant qui sommeille.
Pascale B.

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Ecrire pour moi c’est prendre un temps de poser des idées, de laisser gambader mon imaginaire. Un temps pour s’arrêter de courir. Un temps de partage aussi lorsque l’écriture se fait en groupe.

Avant tout, c’est un mode d’expression. Parfois indispensable quand la prise de parole s’avère difficile, ou entravée.

C’est enfin, une telle richesse d’entrer dans des univers parfois inconnus. Une façon de découvrir de nouvelles facettes de soi, des autres.

Mais c’est aussi des moments de blocage quand rien ne vient, ou bien que les mots, les phrases sont fades, sans profondeur. Ah, attention. Bérénice a bien dit : pas de jugement de son écriture. Mais oh combien c’est difficile. C’est difficile de contrecarrer le petit vélo dans la tête.

Ecrire c’est tout ça, et bien d’autres choses que j’ai à découvrir, ressentir, expérimenter. Car tout compte fait, tout moment d’écriture reste unique et éphémère car c’est une façon de vivre l’instant présent.

Nathalie

Raconter son premier souvenir d’écriture

Ma première écriture ? Mais quelle première écriture ? Celle du CP ? Avec mon père nous étions allés chez le papetier acheter une plume Sergent-Major. Hé oui ! Nous avions encore les bureaux avec encriers. Le jour J est arrivé. Je place mon porte-plume dans la rainure prévue à cet effet et j’écoute avec attention les instructions de la maitresse. Au moment de passer à la pratique, plus de porte-plume dans la rainure !!... Un camarade malveillant l’avait subtilisé. Ce fut le drame.
Celle du collège ? Chez les sœurs ? Cette première dictée de 6°. Résultat – 13. Oui ! Oui ! MOINS 13. Les braves sœurs comptaient toutes les fautes selon un barème très précis. La honte. Ce fut le drame.
Celle de cette première dictée « pour le fun » dans une salle remplie de volontaires masos ? J’ai fait 8 fautes. Je suis déçue. Je trouve ça nul. J’ai gagné. Oui, j’ai gagné le 1° prix de cette dictée. Ce fut la consolation.
Celle de ce premier atelier d’écriture à la médiathèque ? Quelle découverte. Je me souviens très précisément de ce que nous y avons fait. Et je me ressers de l’exercice auprès de mes étudiants … C’est un souvenir doux et lumineux. C’est le début d’une aventure qui dure encore. C’est l’apaisement.
Léonie

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Ma sœur, enfin celle que j'ai longtemps appelée  comme ça, a fait une action qui me déplait. L'action, l'environnement, la société, tout me déplait.
"Ce n'est pas juste, ce n'est pas juste!" hurle une voix dans ma tête.
Une tristesse et une colère montent en moi comme une bête qui m'envahit, comme un monstre qui s'empare de moi.
Alors, des mots viennent dans ma tête, ils tournent, tournent en boucle. Ils tournent, courent, se mêlent et s'agencent pour former des phrases qui tournent, tournent dans ma tête. Il faut que j'écrive tous ces mots, toutes ces phrases. Une force, une vague venue du plus profond de moi me pousse à écrire.
Mais comment faire? Je n'ai pas de chambre, je suis rarement seule dans cet appartement. Les mots, les phrases sont dans ma tête, je ne veux pas les oublier. Mais, en même temps, je dois trouver une solution pour physiquement, m'isoler des regards et que tout reste hermétiquement secret. Enfin, je peux m'éclipsais furtivement vers la salle de bain, en cachant un petit crayon et un bout de papier bien plié dans ma poche. Et là, toutes les phrases  qui tournent dans ma tête se posent fébrilement sur le papier.

Quelques années plus tard, ma stupéfaction fut totale, quand j'entendis, par hasard, une chanson "les temps changent"(reprise en français de Bob Dylan), de retrouver les mêmes phrases, les mêmes mots. Un cocktail d'émotions m'envahissait : surprise extrême, joie intense, émotions du passé liées à ce jour et fierté aussi, mêlée d'incompréhension.
Evelyne


Venir à la médiathèque, écrire pour la première fois… Aïe ! Aïe ! Aïe ! Avec mon amie nous étions bien décidées, mais… comment cela allait-il se passer ?
L’une disait : « je n’y arriverai jamais… je ne suis pas capable. »
L’autre essayait de l’encourager : « mais si, tu verras, ce sera bien. », tout en n’étant pas rassurée pour autant.
Toujours le même refrain ancré au fond de nous-mêmes : « je ne sais pas faire, je ne suis pas bonne à cela. » Et puis, première fois.
Nous voilà à pied d’œuvre. Œuvre, c’est beaucoup dire. Nous avons écrit ! Quel thème ? Je n’en sais plus rien. Quel texte ? Il doit être dans la pochette avec tous ceux qui ont suivi. Ecrire… Sortir de soi des idées, les mettre sur papier, écrire, effacer, rectifier, peu à peu ça prend forme et même si on n’est jamais tout à fait satisfait, peu à peu on progresse. On n’écrira jamais un roman, mais cela aide à se connaître mieux, à prendre confiance en soi, à exprimer ce qu’on ne dirait pas autrement. C’est un peu une libération, la reconnaissance de ce que l’on peut faire, l’accueil de soi et des autres. Alors, pourquoi ne pas continuer ?
Michèle

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Coucher sur le cahier la solitude et la tristesse pour tenter d’apaiser le chagrin.
Y écrire aussi les mots de haine, qui ne pouvaient pas être prononcés sans créer d’inguérissables blessures.
Soulager ce poids des non-dits qui écrasait ma vie.
Cette bile alimentait et alimente encore mon stylo aussi bien qu’un encrier.
Poser les mots sur le papier les empêche de pourrir dans la tête et d’aggraver le mal.
Marie-Laurence

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Alors c’est bien une question à laquelle je ne saurais répondre, j’étais bien trop petite.
Par contre, je me souviens de mes fautes, entourées d’un crayon rouge sur mes cahiers. Encore aujourd’hui cela me hante. Je voudrais écrire à l’oral pour ne pas leur laisser la possibilité d’exister.

Quant à mes premiers textes, ils m’ont surpris. Je n’aurais jamais pensé un jour que j’allais lire en public. Et parfois, parler de moi sans trouver cela impudique.

En fait, c’était pas vraiment un atelier d’écriture mais un atelier Slam, pas de quoi se laisser intimider. Alors j’ai osé, merci Yohan Leforestier. Je me suis lancée et les mots ont déboulé plus vite que je ne l’aurais jamais imaginé.
Yo, oublier qu’on écrit et raconter une histoire de tempo.

Ghislaine, toujours présente et non moins amusante. Gigi, une petite souris qui a dans ses textes de la magie, un combat à défendre, une idée à faire passer et amener l’aitre à réfléchir.

Je ne sais pas quels étaient ces premiers mots ou raconter ce qu’ils invoquent, tout comme je ne saurais parler des derniers ou imaginer une épitaphe qui pourrait me représenter.
Déborah


Le Vieux Pont et La Vitesse

La Terre est parsemée de secrets,
De parfums, de chaleurs inattendues,
Que nul ne peut apprécier parfaitement,
Tout est si complexe, si diffus parfois,
Chaque rive du fleuve
Se garde bien de décalquer les luminescences,
Les chatoiements de ses images reflets
Sur les bords de l’autre rive,
L’autre versant
Celles-ci mêlant éclats aux couleurs
Multiformes
Sillonnant une voie d’eau fébrile,
Aux teintes chaumière-rafiot-lavoir
Qui impriment leurs propres nuances
Dans l’eau ocre salie,
Vieillie par les dégueuloirs funèbres
Des grandes cités, et verdie
Par ces mousses, ces lichens
Accrochés aux remparts célestes,
Pétrifiés par le gel d’un matin opaque,
Coincés entre trois mâts et badauds,
Sous un amas de givre,
Mordant, craquelant chaque pierre,
Léchant pavés accolés aux arches
D’un pont éternel

Aujourd’hui, ivres de vitesse,
Les hommes ne puisent plus,
Dans leurs yeux,
Les reflets de ces arcades,
Majestueusement ciselées,
Finement dentelées et sculptées
Des mains d’orfèvres d’antan.
Nos yeux ne s’usent plus
A admirer les feux follets de lumière,
Puis, d’ombre, de couleurs, de nuances
Livrés au spectacle de Monde fluide
Où, dans ces iles flottantes,
S’affairent nos grands-mères à polir
Leurs mains, dans l’eau savonneuse,
Parfois fumante.

Nos silhouettes n’admirent plus
Ces bâtiments impressionnants
Pénétrant les voûtes célestes
 De briques rouillées
Par le temps dévoilant l’écume
Des eaux millénaires, franchissant
Ce gué esquissé par les hommes,
D’un bruit grave, majestueux et pesant.
Ces ilots mobiles, fatigués par les marées,
Qui les ont éreintées de leurs vaguelettes
Les débauchent vers ces ports
Où leurs compagnes les espèrent
Dans un geste furtif du mouchoir
Flottant au vent qui les ramène au Pays
Il ne faut pas que ces bateaux
Meurent au Port d’attache,
Ils ressusciteront un jour en pleine mer
Mer avec ses flux et reflux,
C’est alors que, les étoiles
De Mer pourront se mirer près de leurs coques
Imitant leurs ainées
Qui, du ciel éclairent leur nuit étoilées,
Par un fourmillement
Luminescent de beauté.

Michel






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Un souffle léger comme l'air, intérieur

Semblable au vent des dunes de sable

Des herbes hautes oscillantes

Le regard lointain, un sentiment l'accable

La mer est loin

Autour les floraisons foisonnent

Couchée dans les champs comme

L'on couche les mots sur le papier

Un air simple et entraînant

Quelque part quelqu'un l'attend



Sylvie

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Taches. Ne pas faire de taches.

L'outil est un animal rétif, l'encrier un puits sombre.

La feuille tend ses cordes de funambule sur lesquelles doivent se poser les lettres.

La main tremble, transpire un peu sous le regard adulte.

Le buvard, rose et doux, rassure.

Il est prêt à prendre en charge le trop plein.

La main s'y repose et s'apaise.



Je trempe la plume, pas trop, un peu comme un pinceau.

J'égoutte sur le bord de porcelaine.

Il va falloir franchir sans heurt l'espace du pupitre qui sépare du cahier,

poser l'acier à l'endroit juste, puis descendre bien droit et sans éclaboussure.

Ma respiration s'arrête un instant puis reprend son souffle.

Le premier bâton est tracé.

Retourner au puits inlassablement, avec toujours cette boule au ventre,

cette peur logée comme un loir au creux de soi : celle de la rature.

Le second bâton a manqué d'encre, le troisième est un peu court.

Je voudrais les aligner, semblables, mais ma main d'enfant se fatigue

et me retient dans une posture jusqu'alors inconnue.

Le banc est dur, les jambes prisonnières.

Je lève les yeux et ne vois tout autour qu'une forêt de têtes courbées.

Je regrette celle des arbres.



Il me faudra longtemps d'efforts et de dressage pour apprécier le geste d'écriture.

La liberté n'est encore qu'un point minuscule au bout d'un long tunnel.



Plus tard, le corps retrouvera cette contrainte dans la danse promise mais assujettie

aux longs exercices de barre. La peur sera moins forte, mais sera.

Celle de l'erreur, celle du jugement, celle de faillir et décevoir.

L'écriture m'aura pourtant appris ce qui donne son prix à chaque mot, à chaque geste,

à chaque parole : la prise de risque.



Pascale B.

Colette, un nom prédestiné pour être prof de français. Le lundi, il arrivait enthousiaste, il nous racontait la couleur du ciel depuis le cockpit de son petit avion. Il avait une 203, véhicule de collection aujourd’hui. A l’époque, les 203 se faisaient rares, mais elles étaient encore présentes sur les routes avec les Simca 1000, les 204, les 2CV. Un jour, il est arrivé très en retard, il avait eu un accident, sa voiture avait glissé sur la neige, s’était retournée. Il nous l’a dit, a débuté son cours puis ses mains se sont mises à trembler, trembler, trembler. Colette, profondément humain. Ils nous ouvraient des portes, nous étions des ados, pas forcément bercés dans la littérature, mais Lamartine, Verlaine, Rimbaud, Baudelaire résonnaient à nos oreilles, nous touchaient au cœur. Je me souviens des noms de tous ces profs passionnés, passionnants qui nous ont accompagnés à lire, à écrire, à écouter, je leur dis « Merci ».



Ghislaine

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La première fois que j'ai écrit j'avais 8 ans, c'était un poème pour Maman pour sa fête à l'école primaire. C'était  très agréable et je pense très beau ! D’ailleurs le maître l'a lu à haute voix devant toute la classe.



Plus tard, à chaque fois que l'on faisait des rédactions, jusqu'au collège, les miennes étaient lues à haute voix et j'avais toujours la meilleure note !



Mon imagination était fertile, j'inventais des histoires et mes professeurs étaient très dubitatifs et ne savaient pas si j'inventais ou si c'était réellement ma vie !



En fait je lisais beaucoup et je m'identifiais aux héroïnes de mes lectures : j'aurais voulu être écrivain, hélas la vie ne l'a pas permis et cela reste pour moi une énorme frustration.



Mais qui sait, il n'est peut-être pas trop tard ?



En  ce temps là  (j'avais vingt ans...) "clin d'œil au grand Charles qui vient de nous quitter" : il n'y avait pas de télé chez moi et la lecture était ma principale distraction !



J'aime écrire mais quand je m'y attelle ma vie passée me rattrape, me saute au visage et certaines choses que je croyais oubliées resurgissent et m'angoisse. Car lorsqu'on se retourne sur le passé on s'aperçoit que la vie ne nous a pas fait de cadeaux !



Pour écrire sereinement, à mon sens il faut avoir gardé une âme d'enfant ou de poète, et à mon âge (77) c'est un peu tard je crois ! Et cela me rend triste et je suis incapable d'aligner une phrase...



C'est pourquoi j'espère que cet atelier d'écriture va m'aider à me réconcilier avec les mots et aussi avec moi-même !



Christiane





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Dix ans déjà, peut-être même plus. Je ne compte plus déjà depuis longtemps. Ca me paraît tellement lointain et si proche. La discussion en amont avec celle qui m’a aidée à oser franchir le premier pas.



Aller écrire dans un atelier d’écriture avec d’autres personnes. Quel défi ! Ca faisait un petit moment déjà que ça trottait dans la tête. Et puis voilà, je rencontre cette femme, une collègue de travail qui anime des ateliers d’écriture. Sa description de l’atelier m’a donné envie. M’a donné ce petit coup de pouce qui me manquait pour OSER.



Ce fut bien laborieux, les premières fois. Car oui c’était une éternelle première fois. Pauvreté du vocabulaire. Pauvreté de l’imaginaire.



Et découverte des mondes, d’univers d’écriture tellement divers.



Je ne savais pas à l’époque que j’attraperais le virus. Que cette activité prendrait autant de place, autant d’importance. Sous diverses formes, divers contextes.



Infinitude.



Certains en font même leur métier.



Les mots sont devenus mes amis. Mais souvent ils me manquent. Vous savez ce mot que l’on cherche pour dire, exprimer au plus juste son idée, son sentiment. Alors c’est une éternelle quête. Trouver la phrases, l’ordre des mots qui vont refléter, mettre à nu ce qui se cache encore sous le crayon.



Timidité. Incertitude. Conflit.



Tout se mélange sous la plume et les directions sont multiples.



Oui, dix ans déjà et sans doute plus, et ce sentiment de la première fois persiste.



Infinitude de la recherche.



Nathalie




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