jeudi 30 mars 2017


Printemps des poètes 2017 à la médiathèque: Afrique[s]

Ateliers poétiques des 4, 11 et 18 mars animés par Sabine

Merci aux participants dont vous pouvez lire les contributions ci-dessous :

 Texte de Léonie Chaveton d'après l'exercice suivant : choisir des mots à l’écoute de poèmes divers (Anthologies de la poésie africaine ; recueil de L.G. Damas ; œuvre poétique de Senghor ;  poèmes de Glissant ; de Tchicaya U Tam'si ; etc.) les mélanger puis constituer un poème avec ces mêmes mots dans l’ordre de leur tirage.
 
Calebasses de miséricorde

Le souffle tiède de la Terre
Me fait choisir l’hospitalité de la Vie.

La Miséricorde de la Vie,
En calebasses débordantes,
Allège le surpoids de ma vie
Et calme le feu dévorant de l’envie.

Les doigts de la Terre,
Recouverts du miel de la douceur,
Changent le sentier brûlant de l’enfer
En chemin de paradis
Protégé du cocon de la nuit.

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Réflexion sur l'inspiration, les techniques et les conditions d'écriture et la forme définitive.

3 poèmes sur le thème imposés de l’Afrique de Sylvie Pelcat


Ô toi si belle terre

Ô toi si belle terre
Terre des ancêtres
Terre de vivants
Ce doux chant que tu entends
Amour reviens avant que tu n’enterres

Tes fléaux avec si peu d’eau
Tes animaux si beaux si chers
Tes hommes tes rivaux
Protégeons mais ne laissons
Ces vautours te détruire

Ce doux chant que tu entends
Vole dans le souffle du vent
L’oreille que tu tends
Vers l’horizon de tes déserts
Se promène sur ces terres
Dans tes brousses, tes villages, tes villes

Savane sauvage
Saccage urbain
La nature de pleins droits
Le commerce des lois
L’homme sage
Constate, son appel est divin

Des remèdes coulent sur vos terres
Pauvre de moi, qui te possède ?
Quel esprit maléfique sous son masque
T’empêche de voir clair
L’horizon qui s’efface
Ces sorts vaudous qui t’encrassent
Te laissent des traces
Des épidémies
La magie des marabouts ne suffit
Protège tes esprits, suffit-toi !

 La nuit serait douce
(d'après le souvenir d'une conversation téléphonique avec une amie en Côte d'Ivoire)

La lune de son éclat
Elle éclaire ma nuit
Les étoiles scintillent
Je les regarde de mon lit
La fenêtre ouverte
Une chaleur étouffante
Dans l’attente

Au loin, ils bombardent
Je regarde ceux qui ce soir
Peut-être sera leur dernier
Vient une main sur eux
Rassurante, confiante
Elle se pose comme l’espérance
Qui vient recouvrir nos nuits

Le ciel au loin comme un tonnerre
Sa foudre et ses éclairs
 Surveille mes lendemains
Le massacre sur la ville avoisinante
Se rapproche lentement
Je le sens si proche
Venir vers moi comme un cauchemar

Ce cauchemar que même endormie
Se rapproche
Les combats, ce sanglant ménage
Tombe sur ma maison
Auront-ils gagné ?
Sinon, demain c’est sur moi
Ma famille que cette pluie de balles
Viendra déferler

Une prière Seigneur
Donne-moi encore cette nuit
Une nuit encore, un jour
Une victoire
Chaque jour une victoire
Quand la guerre rode alentour
Vivante, rester en vie
Ce combat est mien, nôtre
Que veulent-ils ? Un territoire
Désert de cadavres.
  
 Afrique


Les mots me prennent
Se déroulent sous mes pensées
Un tapis se déplie
On s’assoit dessus
Un plat pour seul appui
Un repas des amis
Des regards profonds du soutien
Solennel mais cruel
Quand on pense aux siens

Je suis ici eux sont là-bas
Dans la misère on s’unit
On bâtit des liens
Dans ce village danse
Rituel pas de duel
Un semblable émerveille
Se met en transe
Un soir de longue veillée
Il m’ensorcèle
Son regard est plus dense
Que la Savane environnante

Quelle part me manque
Quelque part elle m’attend
Bien des espérances
Une paix sous ma peau brûlante
Traverse mon continent ses habitants
Mon identité me guide
Mes pieds sur son sol
Ma tête sous son soleil
Mes plaies sous son eau
Me recouvre d’un lambeau
Comme cette terre qui est mienne.
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1 poème sur le thème imposé de l'Afrique de Michel Moreno (hommage à Nelson Mandela)

 Noir en Afrique du Sud,

Mais enfin Libre

Cette peau martyrisée,
Par les temps de l’esclavage
A flétri ta noirceur
Regarde-la briller, enfin
De ses charbons ardents,
Attisés au Vent de la liberté,
Sur ta peau lustrée,
Réverbérant toute lumière,
Tel un lambeau de cuir,
Ravivant chez nous
La chaleur de la fraternité retrouvée,
Animée par une flamme africaine,
Qui naît et renait,
Chaque jour en toi,
Dans un Oasis de paix.
Enfin ravivée,
Cette flamme de paix,
Source de fraîcheur,
Source de la joie retrouvée,
Rayonnant pour nous tous,
Dans un Monde,
Palpitant de bonheur,
Pour ton Peuple
Qui dans ses rêveries anciennes,
Annonçait, sous la pulsion
D’un tam-tam battant la chamade,
A vouloir te faire chavirer
Toutes nos Nations
Dans l’axe de ton Soleil
Cette paix s’est enfin révélée
Au sommet de ta Puissance
De Paix et de fraternité.

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1 texte sur le thème imposé de l'Afrique de Céline Hardy et sa fascination des félins et des merveilles de la nature.
 

Rêves dans un écrin

Je ferme les yeux. Parmi le bruissement des feuilles taquines,
La nuit rauque, de sa voix de contralto, féline,
Me frôle, avec sa fourrure d’ébonite, et tiède,
La panthère allume ses iris flavescentes qui m’obsèdent.

Mon rêve, en cet instant, labile, mes mots insomnieux,
Où le Nil rampe, fascié de cuir et de lanières,
Entre les roseaux hoquetant, qui couvaient, parcimonieux,
Ses caïmans homochromes, dans l’expectation des eaux aurifères.

La récession des nues Girondes, aux panses replètes,
Gravides, brimbalaient, dolentes et anémiques,
Telles des parturientes, accouchant, qui allaitent,
Leur ouvrage poupin dans l’alaise ponantaise et balsamique.

Dans l’infinitude du ciel céruléen, sans prologue,
S’ébattaient, là, des balafons, allaires et vaporeuses,
Sous les fragrances liquoreuses des hibiscus, que lapent les pirogues,
Et qui venaient emplir les vasques ouvertes de l’horizon aux coulures rubigineuses.

Parmi les nebkas qui chaussaient de leurs pièges arénacéens,
Leur prise ingénue et haletante, le vent vermillait perfide,
Les vieux sillons qui désavouaient les secrets ammophiles et spumescents,
Sous les claquantes chélicères des scorpions et arachnides.

La pluie piquetait avec véhémence, la vertèbre fragile des palmeraies,
Où les fanges de banco roulottaient les troncs toussotant,
Sous ce chromatisme immensurable et immodéré,
Qui coulait dans les grandeurs spasmophiles, d’or cuivré et de sang.

La panthère aérienne, avec les accorts du polatouche,
Mimait le jeu d’occultation, parmi les fourrages spéculaires.
A aller, venir, s’évanouir, intemporel et farouche,
Avec la même grâce augustinienne, d’un funambule des airs.

Sous les soulanes flatteuses, s’enorgueillit sa silhouette mirifique,
Qui dansait avec les blondices d’une almée, délictueuse,
Aux élans zéphyriens, et effleura les hibiscus narcotiques,
En s’emparant des joailleries ivoiriennes sur ses courbes nerveuses.

Les informes chameaux se trainaient, au bas nonchaloir
Sous l’infamie de leurs bosses symptomatiques,
Et amusaient le malandrin, ce fauve sur son séant de cuistre noir,
Qui, extatique, ruminait son art apollinien, en cet instant sabbatique.

Cette danseuse Venda, de son torse ondulant et d’alabandine,
Semblait s’accordait aux sons polyphoniques et voluptueux,
En silhouettant son corps de bronze, sous son masque d’arlequine,
Parmi les espaces vivriers, sourds et soucieux.
 
Dans le soir aurifère, les girafes assombries en noirs pantins,
Se désarticulaient, le cou pantelant et accablé,
La tête dodelinante et incurieuse, au vent sanguin,
Laissant choir leur ombre infidèle sur le fleuve troublé.

Au ponant, les rivières crissaient sous l’or fondu,
Du soleil veuf et hémogène qui venait y confier,
Ses opimes, sur les lisières coralliennes et prétendues,
Que venait pourlécher les eaux miellées et assoiffées.













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