vendredi 5 février 2016

Livres lus, livres déchus



Voici un court extrait d'un auteur qui ignora peindre à travers ces lignes, en 1999, les souffrances d'un bibliothécaire !


"Je lis des vieux livres parce que les  pages tour-
nées de nombreuses fois et marquées par les
doigts ont plus de poids pour les yeux, parce
que chaque exemplaire d'un livre peut appar-
tenir à plusieurs vies. Les livres devraient rester
 sans surveillance dans les endroits publics pour
 se déplacer avec les passants qui les emporte-
raient un moment avec eux, puis ils devraient 
mourir  comme eux, usés par les malheurs, conta-
minés, noyés en tombant d'un pont avec les sui-
cidés, fourrés dans un poêle l'hiver, déchirés par
 les enfants pour en faire des petits bateaux, bref
 ils devraient mourir n'importe comment sauf 
d'ennui et de propriété privée, condamnés à vie
 à l'étagère."

                                 Trois Chevaux, Erri de Luca






Cette photo, prise dans nos murs, dans vos murs, il y a 2 mois, concerne des vieux livres qui ont accompagné vos vies et qui désormais, faute de place, vont quitter leur écurie...
Usés par plusieurs manipulations ? C'est ce qu'on peut leur souhaiter !
Au mieux certains suivront la belle suggestion prémonitoire de l'auteur, qui se répand de nos jours sous forme de Boîtes à livres,  où les livres sans surveillance dans un endroit public sautent de poche en poche au gré des caprices et des humeurs des passants.
Mais ... Il y a ceux qui meurent d'insuccès, c'est-à-dire d'ennui sur leur étagère, alors ceux-là nous fendent le coeur,  à nous les frustrés de voir passer dans nos mains tant d'oeuvres de l'esprit sans l'once d'une minute à leur accorder. Quel sort leur réserver, à part les aider à sauter - tout seuls - du pont de Normandie ?









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