« Le chemin rural qui mène au clos des Neuville ouvre sa charrière sur la
route unie et claire de Fervacques, au lieudit de la Forge. Ce chemin
est creusé dans le coteau. Les pluies l’ont raviné, le balancement des
hautes cimes a dégradé ses talus, le gel a provoqué l’éboulis de ses
sables. Il est devenu profond, et sa pente est rude, si rude qu’on n’y
monte qu’à « bêtes de somme » qui s’y reprennent par trois fois pour
gagner le clos.
« Autrefois, ce chemin, aux arêtes rocheuses, était l’unique raccourci qui joignait la vallée de la Touques à sa sœur jumelle, la vallée de l’Orbiquet. Il franchissait le haut plateau au carrefour des Quatre-Maillots, point où quatre communes se touchent pour s’épandre au versant opposé.
« Dans de vieux actes, où il est fait mention d’obligations rurales, les riverains devaient fournir des bourrées pour combler ses fondrières, mais les générations avaient passé sans adoucir son échine, si bien que, lassés, les paysans s’en détournèrent pour prendre une voie nouvelle et qu’ils laissèrent croître dans le sentier ingrat la ronce envahissante, la viorne et l’églantier brutal. Dès lors, dans ses parties hautes du plateau, l’eau stagna, les bêtes puantes creusèrent ses rebords, et toutes les herbes d’ombre l’accaparèrent si pleinement qu’on ne le désigna plus, dans le canton, que comme le « chemin perdu ».
« Aujourd’hui encore, en dépit de l’impôt des prestataires, qui ne s’applique que dans le court espace de sa montée à la ferme Neuville, il y faut, pour rouler un charretis à vide, l’effort de deux chevaux en flèche, pousser à hue, tirer à dia, et jurer d’ahan jusqu’au sommet, où les bêtes arrivent boiteuses et le charretier damné.
« C’est par ce chemin qu’ont passé mes grands et arrière-grands-pères ; ceux-ci habillés d’habits marron et de hauts-de-chausses ; ceux-là plus modernes, vêtus de blouses à fins liserés et coiffés du chapeau « castor ».
« Par là s’en est allée ma bisaïeule, ornée du haut bonnet normand, jupe fleurie, fichu croisé. Et tous ont dévalé du clos avec leur monture sellée de velours rouge, garnie de pompons chatoyants.
« La pierre énorme émergeant du talus n’est que le marche-pied de ces vieux cavaliers... »
« Autrefois, ce chemin, aux arêtes rocheuses, était l’unique raccourci qui joignait la vallée de la Touques à sa sœur jumelle, la vallée de l’Orbiquet. Il franchissait le haut plateau au carrefour des Quatre-Maillots, point où quatre communes se touchent pour s’épandre au versant opposé.
« Dans de vieux actes, où il est fait mention d’obligations rurales, les riverains devaient fournir des bourrées pour combler ses fondrières, mais les générations avaient passé sans adoucir son échine, si bien que, lassés, les paysans s’en détournèrent pour prendre une voie nouvelle et qu’ils laissèrent croître dans le sentier ingrat la ronce envahissante, la viorne et l’églantier brutal. Dès lors, dans ses parties hautes du plateau, l’eau stagna, les bêtes puantes creusèrent ses rebords, et toutes les herbes d’ombre l’accaparèrent si pleinement qu’on ne le désigna plus, dans le canton, que comme le « chemin perdu ».
« Aujourd’hui encore, en dépit de l’impôt des prestataires, qui ne s’applique que dans le court espace de sa montée à la ferme Neuville, il y faut, pour rouler un charretis à vide, l’effort de deux chevaux en flèche, pousser à hue, tirer à dia, et jurer d’ahan jusqu’au sommet, où les bêtes arrivent boiteuses et le charretier damné.
« C’est par ce chemin qu’ont passé mes grands et arrière-grands-pères ; ceux-ci habillés d’habits marron et de hauts-de-chausses ; ceux-là plus modernes, vêtus de blouses à fins liserés et coiffés du chapeau « castor ».
« Par là s’en est allée ma bisaïeule, ornée du haut bonnet normand, jupe fleurie, fichu croisé. Et tous ont dévalé du clos avec leur monture sellée de velours rouge, garnie de pompons chatoyants.
« La pierre énorme émergeant du talus n’est que le marche-pied de ces vieux cavaliers... »
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