samedi 8 décembre 2012

Atelier du 8 décembre 2012

Pour cet atelier, Annie invite chacun à fermer les yeux dans l'attente d'un objet qu'elle va déposer dans nos mains.
Trois propositions d’écriture :
  1. Contact sensation impression
  2. Evocation
  3. Souvenirs projets…
Les boites
Rectangulaire, granuleuse, parfaitement hermétique.
Intérieur tapissé d’un coussin de mousse synthétique. 2 trous pour des boucles d’oreilles disparues, je ne sais où, je ne sais comment, je ne sais rien.
Extérieur rouge grenat

Dessus : inscription gravée dorée : « Past times » temps passé / passe-temps.
Dessin ressemblant à une broche. Et si c’avait été une broche !
Un cadeau, en tous cas, sans doute. Anniversaire ? Quel âge avait donc la femme, c’est forcément une femme !
Souvenir du temps passé, anniversaire de mariage ?
La boite est un peu écornée, elle a donc servi, voyagé, avec son trésor. Bousculée, une petite tache ; l’intérieur est toujours aussi doux.
Resservira-t-elle ?
Pourquoi ce petit R encerclé ? R comme se rappeler, copie d’un bijou ancien ?
C’est vrai que j’ai du mal à jeter une boite. J’en conserve quelques unes : boites à chaussures, beaux ballotins, boite de cotons tiges, en carton, en plastique, en bois…Ces boites sont le souvenir de leur contenu.
C’est important une boite quand on fait un cadeau. Après le ruban denoué, le papier déchiré, la boite cache le cadeau. .L’attente est à son comble, l’excitation de la découverte avant l’enthousiasme ou la déception.
Main droite ou main gauche ? La main est une boite magique qui instaure une relation entre les personnes. Le cœur sur la main, les cœurs battent à l’unisson, les yeux s’observent, complices d’un secret.
La boite contient un secret. Même vide. Même vieille. Comme l’être humain.
Chacune est unique. Même fabriquée en série.
Caisse en bois, container : 6 faces comme le dé. Fermé, mais contrairement au dé, une face peut s’ouvrir, le haut, le côté.
Ma boite à moi, mon cercueil, en bois, matière vivante. Pas la peine d’y mettre cher, le plus simple est le mieux, bien sous terre. Terre au ras du sol.
Avant la mort, pas de boite. La liberté, toute, de respirer le soleil, de voir le ciel à chaque instant, d’entendre le frissonnement du vent dans les feuilles et le murmure des vagues et les oiseaux, les cigales.
Pas de boite. Nomade. Tant encore à découvrir. Emerveillement perpétuel.
Pourtant « past times », ne pas oublier d’où on vient, qui étaient-ils ? Quelle fleur, quelle semence ?
Le retour vers le passé est une boite noire, un tunnel, retour en arrière dans la nuit des morts sans voix parmi les âmes insaisissables qui font fi de toutes les boites. Ah ! l’infini…
Dites-moi, comment disait Pascal déjà ?
« Le silence de ces espaces infinis m’effraie. »
C
Petites boites
Petite boite peu encombrante, légère et lisse, sûrement un peu fragile. Sur un pan un trou avec deux aspérités qui pourraient presque piquer. Une odeur de papier, de bois s’en dégage. Je l’approche de mon oreille et la gratte avec la pulpe de mon doigt. On dirait le bruit d’une souris qui trottine. J’ouvre les yeux. Je suis un peu déçue de sa banalité, hormis l’opercule qui la compose. Cela ressemble à un trou de serrure qui n’attend plus que sa clé pour s’ouvrir. Sur une autre face je lis: savon d’Alep royal200g avec sa composition, sa provenance et son distributeur. Alep qui me faisait rêver, la Seyne sur mer que je connais très bien.
Alep, Syrie : pays actuellement divisé, dévasté, martyrisé. Je pense a ce peuple qui doit être bien loin des préoccupations d’hygiène du monde occidental .A tous ces martyrs opprimés qui souffrent sans issue visible je dis oui retrouvons vite la clé de la liberté.
Une autre boite me fascine : la boite de Pandore. Elle me fait peur. Car parait il lorsqu’on l’ouvre elle se déverse à l’infini, au fur et à mesure que l’on tire sur les éléments qui la compose. Elle n’en finit pas car elle est inépuisable. Mais comment peut-on imaginer une chose qui ne se terminerait jamais ? L’éternité plus un jour ?
AM
Elle pèse pas, elle pique pas, elle sent rin. Elle existe pas.
Caisse ? Dis-y pas caisse d’orange dis-y caisse dépêche.
Quelque part dans et autour de l’ailleurs. Je remonte à la surface.
J’ouvre la main, la chose tombe, petite boite innocente, comme la grenouille qui létargeait inoubliablement parmi les nouveaunénuphars. Cédant à la curiosité, elle sautait sur notre épingle recourbée adorée d’un chiffon rouge fauché au toréro local ou à la petite culotte de ma sœur. Récupéré, le petit animal glissait de sous mon pouce comme la boite mais plus vite et sautait vers son marigot. Ce soir, la nuit tombée, une planchette, une bougie petite, les attirant. Avec la ficelle, nous les tirons jusqu’à nous. A vrai dire c’était rare. Soit qu’elles étaient prises du mal de mare, soit nos mines patibulaires quoique enfantines, éveillaient leurs méfiance. Ceci-dit, les grenouilles ne pensent pas, exactement comme le carton astucieusement plié que j’ai dans la main gauche et qui commence à me briser sérieusement les phalanges. Soudain brisé aussi par l’émotion. Ah les souvenirs un parfum subtil, léger m’a frisé les naseaux. La boite a susurré nettement : rose fraiche. Logique. Pourrie ferait désordre comme les 30 minutes allouées à des âmes enfermées. Allez pour la plus belle, la poubelle.
B
Cette boite me fait penser au Kinder surprise, à l’intérieur se place pour moi une petite boite en plastique bombée qui bombe le torse pour faire sortir l’oiseau de mes rêves, en morceau pour l’instant, peut-être deviendra-t-il réalité cet oiseau de toutes les couleurs, asiatique, jauni par son enveloppe et noir de chocolat à l’intérieur. Pourrait-il voler cet oiseau ? Non, je ne le pense pas, car c’est un poussin et un qui pousse l’un pousse l’autre qui trébuchera dans cette marée de poussins à la cage n°10, tous anonymes très formatés autant les uns que les autres. Moi, finalement je vais pour l’adopter l’appeler, Alfred, mon poussin, ce qui veut dire AVIDE LIBERTE FOLLE RECHERCHANT ENVOL DURABLEMENT
Elle fait peur car elle se déverse sans arrêt.
M

.
  1. Mes premières sensations sont simples = rectangulaire, avec vécue et entravée  entourée d'un élastique sans doute du fait d'une trop grande utilisation. Ma pensée va vers la boite d'allumettes. Je m'aperçois que mon imaginaire est bridé par manque de vue. Même si je n'aime pas le contact de l'élastique et de la pastelle ainsi que l'odeur de vieillot qui s'en dégage et le silence me gêne. Cette boite n'a aucune musique.
  2. L'ouverture de mes yeux est synonyme de l'ouverture d'état d’esprit, je découvre une petite boite nationalisée sur les cotés avec un dessin sous forme de fresque intitulé « Napoléon au tombeau du grand Fréderic (1806) » Et là, je découvre tout d'un coup, que je suis inculte merci  Annie pour ce samedi noir, ce 10/11, dont je me serais bien passé et je me rassure en disant que toute culture a une limite, comme un boite soit dit en passant. Comme je suis honnête (au moins intellectuellement) tout ce laïus pour cacher ma méconnaissance de cet événement. Bon allez je tente un nom de famille pour ce Frédéric = DARD, DIEFENTHAL, NIETCHE… En fait je m’en moque et passons à ce qui m’intéresse vraiment : la boite dite « idéale » (totalement imposée par Annie, encore cette Annie)
  3. Je suis obligée d’imaginer une boite, la mienne, mon idéale de boite et justement qu’il n’y en ait pas. Je sais j’exagère. Mais cette idée de boite me fait penser à une case psychologique dans laquelle on enferme un état d’esprit, une culture, des compétences professionnelles, un rôle dans la personne humaine. Je suis conscient que l’invention de la boite est de structurer, d’organiser et de ranger. Et c’est bien, surtout lorsque je me rappelle avoir acheté un livre hier AM avec pour titre « De l’enfant roi à l’enfant tyran ». Il faut au moins une boite éducative pour équilibrer notre boite mondiale dans laquelle nous vivons.
P
Annie me pose dans la main une boite cylindrique, assez haute. On sent la forme circulaire en cheminant avec les doigts autour de la forme.
Elle est légère, papier, carton ? Elle est forcément bleu marine- non rouge sombre- non vert sapin. Elle est forcément féminine. Elle s’ouvre ? Elle ne s’ouvre pas. Pas de rainure qui permette d’en explorer l’intérieur. Si, elle s’ouvre, mais la rainure est bien dissimulée (tout en haut – Tout en bas ?) Rien dedans, sensation de carton. Oui, sûr, c’est du carton.
Allez, j’ouvre les yeux. Déception idiote : elle n’est pas bleue, ni rose, ni verte. Une boite à savonnette parfumée, à l’ancienne.
Inscription énigmatique : Quelques fleurs naturelle. Quoi ? Une faute d’orthographe sur une boite de savon. Annie n’aurait pas permis cela ! J’ouvre pour sentir : Quel parfum, ce savon ?
Des inscriptions au fond de la boite : Cette poudre » (Ah, c’est de la poudre !) se fait dans les nuances : blanche, rosée, Rachel (Rachel ?), naturelle, ocre, ocre rosée, Rachel Soleil (Rachel soleil !)
C’est donc ça, la faute d’orthographe :
Parfum : Quelques fleurs
Nuance : Naturelle
Les noms des parfums fleurent bon (c’est le cas de le dire) le début de siècle- Non, pas le nôtre- La Rose France, Cœur de Jeannette, Royal bégonia.
Plus aucune trace de poudre dans la boite. Combien de matins a-t-elle coloré les jours d’une Germaine, d’une Philomène, d’une Emma ? Etait-ce la peau fraiche d’une jeune fille, la peau fanée d’une vieille dame ?
Dans quel tiroir a-t-elle passé tous ces jours avant de finir posée sur une tablette, devant ma feuille, à la médiathèque de Lisieux ?
Si tu ouvres cette boite, mon ami- si tu as le courage, l’audace, d’ouvrir cette boite, tu pourras y trouver tout objet perdu, cassé, disparu, volé, que tu souhaiterais récupérer.
Peu importe la taille, la boite s’adaptera.
Peu importe les circonstances, la boite retrouvera.
Il te suffira de le désirer assez fort, il suffira que l’objet te manque suffisamment.
Je te donne cette boite car je l’ai assez utilisée. Je l’ai trop utilisée- J’ai retrouvé des centaines d’objets, les objets de mon enfance (ours en peluche, jouets, livres), les objets de ma jeunesse (bijoux, lettres, photos), tout ceux que j’avais abimés, cassés, qu’on m’avait pris, empruntés et jamais rendus.
Aucun ne m’a satisfaite.
Il fallait que j’ouvre à nouveau la boite, toujours et encore ; Et ma maison a commencé peu à peu à se remplir, à s’encombrer, à déborder ;
C’est alors que j’ai tenté- oui, mon ami, j’ai tenté et réussi- ce que je n’aurais jamais dû oser : faire revenir les êtres.
Et là, le passé m’a explosé à la figure : tous ceux qui m’avaient entouré tout au long de ma vie sont revenus, grâce à la boite. Comme les objets, ils ont peu à peu envahi mon espace, m’ont éjecté de ma propre vie.
Alors voilà, mon ami, je te la donne, cette boite.
Fais-en bon usage !
D
Boites et caisses
La boite est constituée d’un fond carré ou rectangulaire autour de ce fond quatre cotés forment un réceptacle. Tout ça tient ensemble et permet de placer deux chaussures, un chapeau, des bijoux, des gâteaux, un loukoum. Sur ce premier élément vient s’encastrer un couvercle très semblable au fond, il a lui aussi quatre cotés mais cette deuxième partie est un peu plus grande que la première et grâce à des mesures méticuleusement prises, elle vient « chapeauter » le fond et ainsi protéger les divers objets mis à l’intérieur.
La caisse, elle, peut-être simplement un fond, des parois de planches non rabotées, clouées rapidement sans souci d’esthétique, elle sert à entreposer du savon, des clous, des outils. Le cageot est lui aussi une caisse et non une boite puisqu’il n’y a pas de joli couvercle. La boite est plus précieuse que la caisse, peut-être parce qu’elle peut contenir des trésors. Un coffre est-il une boite ?
« On prend ma caisse pour aller en boite ? »
Si on disait
« On prend ma boite pour aller en caisse ? »
Qui aurait envi d’aller danser en caisse ?
Qui prendrait une boite pour se déplacer ?
Par contre la caisse, comme les caisses à savon munies de roues de notre enfance, c’est très attractif.
Danser en caisse, c’est un peu lugubre, Ce n’est pas jolie, une caisse. On préfère danser en boite surtout avec des jolis murs de toutes les couleurs.
Caisse boite caisse boite
Jolies boites très étroites, jolies boites toutes pareilles
Je rêve d’une Mercedes décapotable siège cuir avec un prince à l’intérieur, en route pour Vienne et ses valses interminables.
Caisse boite caisse boite
De toute façon tout se termine par une mise en boite.
G
Moi je vois la mer
Vieille comme un dinosaure
S’affaissant sur la grève
En un lit de bulles éparses
Disséminés par le vent
Moi je vois la mer
Je la médite, frugale, ancienne
Sur le corps et l’âme humaine
Mêlée d’amour et de haine
Sa houle s’étale d’écumes
Comme draps de satin
De blanc marié
Sur de ces grèves dispersées
Moi je vois la mer tapissée
De constellations et d’étoiles
Où les marins même les yeux du ciel
Puisent dans leurs cerveaux
La quintessence de parfums marins
Qu’ils exhaleront de leurs pores
Jusque dans le fond des ports
Moi je vois la mer gardienne souveraine de sirènes
Et là, elles entonnent dans les alizés
Des rengaines que le vent entrain
Vers des horizons sans limite
Moi je vois la mer, la mer avec des yeux bleus
Que les oiseaux de passage n’ont pas
La mer, la mer, elle dicte ses colères le long des écueils
Polis par l’allée et le retour de marée rougies par
La fatigue que les digues lui prodiguent.
La mer, la mer, elle étale ses marées d’écumes en des dentelles tapies d’étoiles où des rêves même en moi élèvent des visions d’embruns que le vent arrache au sommet des vagues où le matin au sommet de sa puissance
En des trésors marins emplit ses calebasses
Dans ces criques à marée basse
Où des ancêtres dans le clair obscur trépassent
Mais dont la mémoire ne s’efface.
M

samedi 10 novembre 2012

Atelier d'écriture 10 novembre 2012

Pour cet atelier, Annie invite chacun à fermer les yeux dans l'attente d'un objet qu'elle va déposer dans nos mains.
Trois propositions d’écriture :
  1. Contact sensation impression
  2. Evocation
  3. Souvenirs projets…
Les boites
Rectangulaire, granuleuse, parfaitement hermétique.
Intérieur tapissé d’un coussin de mousse synthétique. 2 trous pour des boucles d’oreilles disparues, je ne sais où, je ne sais comment, je ne sais rien.
Extérieur rouge grenat

Dessus : inscription gravée dorée : « Past times » temps passé / passe-temps.
Dessin ressemblant à une broche. Et si c’avait été une broche !
Un cadeau, en tous cas, sans doute. Anniversaire ? Quel âge avait donc la femme, c’est forcément une femme !
Souvenir du temps passé, anniversaire de mariage ?
La boite est un peu écornée, elle a donc servi, voyagé, avec son trésor. Bousculée, une petite tache ; l’intérieur est toujours aussi doux.
Resservira-t-elle ?
Pourquoi ce petit R encerclé ? R comme se rappeler, copie d’un bijou ancien ?
C’est vrai que j’ai du mal à jeter une boite. J’en conserve quelques unes : boites à chaussures, beaux ballotins, boite de cotons tiges, en carton, en plastique, en bois…Ces boites sont le souvenir de leur contenu.
C’est important une boite quand on fait un cadeau. Après le ruban denoué, le papier déchiré, la boite cache le cadeau. .L’attente est à son comble, l’excitation de la découverte avant l’enthousiasme ou la déception.
Main droite ou main gauche ? La main est une boite magique qui instaure une relation entre les personnes. Le cœur sur la main, les cœurs battent à l’unisson, les yeux s’observent, complices d’un secret.
La boite contient un secret. Même vide. Même vieille. Comme l’être humain.
Chacune est unique. Même fabriquée en série.
Caisse en bois, container : 6 faces comme le dé. Fermé, mais contrairement au dé, une face peut s’ouvrir, le haut, le côté.
Ma boite à moi, mon cercueil, en bois, matière vivante. Pas la peine d’y mettre cher, le plus simple est le mieux, bien sous terre. Terre au ras du sol.
Avant la mort, pas de boite. La liberté, toute, de respirer le soleil, de voir le ciel à chaque instant, d’entendre le frissonnement du vent dans les feuilles et le murmure des vagues et les oiseaux, les cigales.
Pas de boite. Nomade. Tant encore à découvrir. Emerveillement perpétuel.
Pourtant « past times », ne pas oublier d’où on vient, qui étaient-ils ? Quelle fleur, quelle semence ?
Le retour vers le passé est une boite noire, un tunnel, retour en arrière dans la nuit des morts sans voix parmi les âmes insaisissables qui font fi de toutes les boites. Ah ! l’infini…
Dites-moi, comment disait Pascal déjà ?
« Le silence de ces espaces infinis m’effraie. »
C
Petites boites
Petite boite peu encombrante, légère et lisse, sûrement un peu fragile. Sur un pan un trou avec deux aspérités qui pourraient presque piquer. Une odeur de papier, de bois s’en dégage. Je l’approche de mon oreille et la gratte avec la pulpe de mon doigt. On dirait le bruit d’une souris qui trottine. J’ouvre les yeux. Je suis un peu déçue de sa banalité, hormis l’opercule qui la compose. Cela ressemble à un trou de serrure qui n’attend plus que sa clé pour s’ouvrir. Sur une autre face je lis: savon d’Alep royal200g avec sa composition, sa provenance et son distributeur. Alep qui me faisait rêver, la Seyne sur mer que je connais très bien.
Alep, Syrie : pays actuellement divisé, dévasté, martyrisé. Je pense a ce peuple qui doit être bien loin des préoccupations d’hygiène du monde occidental .A tous ces martyrs opprimés qui souffrent sans issue visible je dis oui retrouvons vite la clé de la liberté.
Une autre boite me fascine : la boite de Pandore. Elle me fait peur. Car parait il lorsqu’on l’ouvre elle se déverse à l’infini, au fur et à mesure que l’on tire sur les éléments qui la compose. Elle n’en finit pas car elle est inépuisable. Mais comment peut-on imaginer une chose qui ne se terminerait jamais ? L’éternité plus un jour ?
AM
Elle pèse pas, elle pique pas, elle sent rin. Elle existe pas.
Caisse ? Dis-y pas caisse d’orange dis-y caisse dépêche.
Quelque part dans et autour de l’ailleurs. Je remonte à la surface.
J’ouvre la main, la chose tombe, petite boite innocente, comme la grenouille qui létargeait inoubliablement parmi les nouveaunénuphars. Cédant à la curiosité, elle sautait sur notre épingle recourbée adorée d’un chiffon rouge fauché au toréro local ou à la petite culotte de ma sœur. Récupéré, le petit animal glissait de sous mon pouce comme la boite mais plus vite et sautait vers son marigot. Ce soir, la nuit tombée, une planchette, une bougie petite, les attirant. Avec la ficelle, nous les tirons jusqu’à nous. A vrai dire c’était rare. Soit qu’elles étaient prises du mal de mare, soit nos mines patibulaires quoique enfantines, éveillaient leurs méfiance. Ceci-dit, les grenouilles ne pensent pas, exactement comme le carton astucieusement plié que j’ai dans la main gauche et qui commence à me briser sérieusement les phalanges. Soudain brisé aussi par l’émotion. Ah les souvenirs un parfum subtil, léger m’a frisé les naseaux. La boite a susurré nettement : rose fraiche. Logique. Pourrie ferait désordre comme les 30 minutes allouées à des âmes enfermées. Allez pour la plus belle, la poubelle.
B
Cette boite me fait penser au Kinder surprise, à l’intérieur se place pour moi une petite boite en plastique bombée qui bombe le torse pour faire sortir l’oiseau de mes rêves, en morceau pour l’instant, peut-être deviendra-t-il réalité cet oiseau de toutes les couleurs, asiatique, jauni par son enveloppe et noir de chocolat à l’intérieur. Pourrait-il voler cet oiseau ? Non, je ne le pense pas, car c’est un poussin et un qui pousse l’un pousse l’autre qui trébuchera dans cette marée de poussins à la cage n°10, tous anonymes très formatés autant les uns que les autres. Moi, finalement je vais pour l’adopter l’appeler, Alfred, mon poussin, ce qui veut dire AVIDE LIBERTE FOLLE RECHERCHANT ENVOL DURABLEMENT
Elle fait peur car elle se déverse sans arrêt.
M

.
  1. Mes premières sensations sont simples = rectangulaire, avec vécue et entravée  entourée d'un élastique sans doute du fait d'une trop grande utilisation. Ma pensée va vers la boite d'allumettes. Je m'aperçois que mon imaginaire est bridé par manque de vue. Même si je n'aime pas le contact de l'élastique et de la pastelle ainsi que l'odeur de vieillot qui s'en dégage et le silence me gêne. Cette boite n'a aucune musique.
  2. L'ouverture de mes yeux est synonyme de l'ouverture d'état d’esprit, je découvre une petite boite nationalisée sur les cotés avec un dessin sous forme de fresque intitulé « Napoléon au tombeau du grand Fréderic (1806) » Et là, je découvre tout d'un coup, que je suis inculte merci  Annie pour ce samedi noir, ce 10/11, dont je me serais bien passé et je me rassure en disant que toute culture a une limite, comme un boite soit dit en passant. Comme je suis honnête (au moins intellectuellement) tout ce laïus pour cacher ma méconnaissance de cet événement. Bon allez je tente un nom de famille pour ce Frédéric = DARD, DIEFENTHAL, NIETCHE… En fait je m’en moque et passons à ce qui m’intéresse vraiment : la boite dite « idéale » (totalement imposée par Annie, encore cette Annie)
  3. Je suis obligée d’imaginer une boite, la mienne, mon idéale de boite et justement qu’il n’y en ait pas. Je sais j’exagère. Mais cette idée de boite me fait penser à une case psychologique dans laquelle on enferme un état d’esprit, une culture, des compétences professionnelles, un rôle dans la personne humaine. Je suis conscient que l’invention de la boite est de structurer, d’organiser et de ranger. Et c’est bien, surtout lorsque je me rappelle avoir acheté un livre hier AM avec pour titre « De l’enfant roi à l’enfant tyran ». Il faut au moins une boite éducative pour équilibrer notre boite mondiale dans laquelle nous vivons.
P
Annie me pose dans la main une boite cylindrique, assez haute. On sent la forme circulaire en cheminant avec les doigts autour de la forme.
Elle est légère, papier, carton ? Elle est forcément bleu marine- non rouge sombre- non vert sapin. Elle est forcément féminine. Elle s’ouvre ? Elle ne s’ouvre pas. Pas de rainure qui permette d’en explorer l’intérieur. Si, elle s’ouvre, mais la rainure est bien dissimulée (tout en haut – Tout en bas ?) Rien dedans, sensation de carton. Oui, sûr, c’est du carton.
Allez, j’ouvre les yeux. Déception idiote : elle n’est pas bleue, ni rose, ni verte. Une boite à savonnette parfumée, à l’ancienne.
Inscription énigmatique : Quelques fleurs naturelle. Quoi ? Une faute d’orthographe sur une boite de savon. Annie n’aurait pas permis cela ! J’ouvre pour sentir : Quel parfum, ce savon ?
Des inscriptions au fond de la boite : Cette poudre » (Ah, c’est de la poudre !) se fait dans les nuances : blanche, rosée, Rachel (Rachel ?), naturelle, ocre, ocre rosée, Rachel Soleil (Rachel soleil !)
C’est donc ça, la faute d’orthographe :
Parfum : Quelques fleurs
Nuance : Naturelle
Les noms des parfums fleurent bon (c’est le cas de le dire) le début de siècle- Non, pas le nôtre- La Rose France, Cœur de Jeannette, Royal bégonia.
Plus aucune trace de poudre dans la boite. Combien de matins a-t-elle coloré les jours d’une Germaine, d’une Philomène, d’une Emma ? Etait-ce la peau fraiche d’une jeune fille, la peau fanée d’une vieille dame ?
Dans quel tiroir a-t-elle passé tous ces jours avant de finir posée sur une tablette, devant ma feuille, à la médiathèque de Lisieux ?
Si tu ouvres cette boite, mon ami- si tu as le courage, l’audace, d’ouvrir cette boite, tu pourras y trouver tout objet perdu, cassé, disparu, volé, que tu souhaiterais récupérer.
Peu importe la taille, la boite s’adaptera.
Peu importe les circonstances, la boite retrouvera.
Il te suffira de le désirer assez fort, il suffira que l’objet te manque suffisamment.
Je te donne cette boite car je l’ai assez utilisée. Je l’ai trop utilisée- J’ai retrouvé des centaines d’objets, les objets de mon enfance (ours en peluche, jouets, livres), les objets de ma jeunesse (bijoux, lettres, photos), tout ceux que j’avais abimés, cassés, qu’on m’avait pris, empruntés et jamais rendus.
Aucun ne m’a satisfaite.
Il fallait que j’ouvre à nouveau la boite, toujours et encore ; Et ma maison a commencé peu à peu à se remplir, à s’encombrer, à déborder ;
C’est alors que j’ai tenté- oui, mon ami, j’ai tenté et réussi- ce que je n’aurais jamais dû oser : faire revenir les êtres.
Et là, le passé m’a explosé à la figure : tous ceux qui m’avaient entouré tout au long de ma vie sont revenus, grâce à la boite. Comme les objets, ils ont peu à peu envahi mon espace, m’ont éjecté de ma propre vie.
Alors voilà, mon ami, je te la donne, cette boite.
Fais-en bon usage !
D
Boites et caisses
La boite est constituée d’un fond carré ou rectangulaire autour de ce fond quatre cotés forment un réceptacle. Tout ça tient ensemble et permet de placer deux chaussures, un chapeau, des bijoux, des gâteaux, un loukoum. Sur ce premier élément vient s’encastrer un couvercle très semblable au fond, il a lui aussi quatre cotés mais cette deuxième partie est un peu plus grande que la première et grâce à des mesures méticuleusement prises, elle vient « chapeauter » le fond et ainsi protéger les divers objets mis à l’intérieur.
La caisse, elle, peut-être simplement un fond, des parois de planches non rabotées, clouées rapidement sans souci d’esthétique, elle sert à entreposer du savon, des clous, des outils. Le cageot est lui aussi une caisse et non une boite puisqu’il n’y a pas de joli couvercle. La boite est plus précieuse que la caisse, peut-être parce qu’elle peut contenir des trésors. Un coffre est-il une boite ?
« On prend ma caisse pour aller en boite ? »
Si on disait
« On prend ma boite pour aller en caisse ? »
Qui aurait envi d’aller danser en caisse ?
Qui prendrait une boite pour se déplacer ?
Par contre la caisse, comme les caisses à savon munies de roues de notre enfance, c’est très attractif.
Danser en caisse, c’est un peu lugubre, Ce n’est pas jolie, une caisse. On préfère danser en boite surtout avec des jolis murs de toutes les couleurs.
Caisse boite caisse boite
Jolies boites très étroites, jolies boites toutes pareilles
Je rêve d’une Mercedes décapotable siège cuir avec un prince à l’intérieur, en route pour Vienne et ses valses interminables.
Caisse boite caisse boite
De toute façon tout se termine par une mise en boite.
G
Moi je vois la mer
Vieille comme un dinosaure
S’affaissant sur la grève
En un lit de bulles éparses
Disséminés par le vent
Moi je vois la mer
Je la médite, frugale, ancienne
Sur le corps et l’âme humaine
Mêlée d’amour et de haine
Sa houle s’étale d’écumes
Comme draps de satin
De blanc marié
Sur de ces grèves dispersées
Moi je vois la mer tapissée
De constellations et d’étoiles
Où les marins même les yeux du ciel
Puisent dans leurs cerveaux
La quintessence de parfums marins
Qu’ils exhaleront de leurs pores
Jusque dans le fond des ports
Moi je vois la mer gardienne souveraine de sirènes
Et là, elles entonnent dans les alizés
Des rengaines que le vent entrain
Vers des horizons sans limite
Moi je vois la mer, la mer avec des yeux bleus
Que les oiseaux de passage n’ont pas
La mer, la mer, elle dicte ses colères le long des écueils
Polis par l’allée et le retour de marée rougies par
La fatigue que les digues lui prodiguent.
La mer, la mer, elle étale ses marées d’écumes en des dentelles tapies d’étoiles où des rêves même en moi élèvent des visions d’embruns que le vent arrache au sommet des vagues où le matin au sommet de sa puissance
En des trésors marins emplit ses calebasses
Dans ces criques à marée basse
Où des ancêtres dans le clair obscur trépassent
Mais dont la mémoire ne s’efface.
M

samedi 13 octobre 2012

Atelier du 13 décembre 2012

Pour cet atelier, Annie invite chacun à fermer les yeux dans l'attente d'un objet qu'elle va déposer dans nos mains.
Trois propositions d’écriture :
  1. Contact sensation impression
  2. Evocation
  3. Souvenirs projets…
Les boites
Rectangulaire, granuleuse, parfaitement hermétique.
Intérieur tapissé d’un coussin de mousse synthétique. 2 trous pour des boucles d’oreilles disparues, je ne sais où, je ne sais comment, je ne sais rien.
Extérieur rouge grenat

Dessus : inscription gravée dorée : « Past times » temps passé / passe-temps.
Dessin ressemblant à une broche. Et si c’avait été une broche !
Un cadeau, en tous cas, sans doute. Anniversaire ? Quel âge avait donc la femme, c’est forcément une femme !
Souvenir du temps passé, anniversaire de mariage ?
La boite est un peu écornée, elle a donc servi, voyagé, avec son trésor. Bousculée, une petite tache ; l’intérieur est toujours aussi doux.
Resservira-t-elle ?
Pourquoi ce petit R encerclé ? R comme se rappeler, copie d’un bijou ancien ?
C’est vrai que j’ai du mal à jeter une boite. J’en conserve quelques unes : boites à chaussures, beaux ballotins, boite de cotons tiges, en carton, en plastique, en bois…Ces boites sont le souvenir de leur contenu.
C’est important une boite quand on fait un cadeau. Après le ruban denoué, le papier déchiré, la boite cache le cadeau. .L’attente est à son comble, l’excitation de la découverte avant l’enthousiasme ou la déception.
Main droite ou main gauche ? La main est une boite magique qui instaure une relation entre les personnes. Le cœur sur la main, les cœurs battent à l’unisson, les yeux s’observent, complices d’un secret.
La boite contient un secret. Même vide. Même vieille. Comme l’être humain.
Chacune est unique. Même fabriquée en série.
Caisse en bois, container : 6 faces comme le dé. Fermé, mais contrairement au dé, une face peut s’ouvrir, le haut, le côté.
Ma boite à moi, mon cercueil, en bois, matière vivante. Pas la peine d’y mettre cher, le plus simple est le mieux, bien sous terre. Terre au ras du sol.
Avant la mort, pas de boite. La liberté, toute, de respirer le soleil, de voir le ciel à chaque instant, d’entendre le frissonnement du vent dans les feuilles et le murmure des vagues et les oiseaux, les cigales.
Pas de boite. Nomade. Tant encore à découvrir. Emerveillement perpétuel.
Pourtant « past times », ne pas oublier d’où on vient, qui étaient-ils ? Quelle fleur, quelle semence ?
Le retour vers le passé est une boite noire, un tunnel, retour en arrière dans la nuit des morts sans voix parmi les âmes insaisissables qui font fi de toutes les boites. Ah ! l’infini…
Dites-moi, comment disait Pascal déjà ?
« Le silence de ces espaces infinis m’effraie. »
C
Petites boites
Petite boite peu encombrante, légère et lisse, sûrement un peu fragile. Sur un pan un trou avec deux aspérités qui pourraient presque piquer. Une odeur de papier, de bois s’en dégage. Je l’approche de mon oreille et la gratte avec la pulpe de mon doigt. On dirait le bruit d’une souris qui trottine. J’ouvre les yeux. Je suis un peu déçue de sa banalité, hormis l’opercule qui la compose. Cela ressemble à un trou de serrure qui n’attend plus que sa clé pour s’ouvrir. Sur une autre face je lis: savon d’Alep royal200g avec sa composition, sa provenance et son distributeur. Alep qui me faisait rêver, la Seyne sur mer que je connais très bien.
Alep, Syrie : pays actuellement divisé, dévasté, martyrisé. Je pense a ce peuple qui doit être bien loin des préoccupations d’hygiène du monde occidental .A tous ces martyrs opprimés qui souffrent sans issue visible je dis oui retrouvons vite la clé de la liberté.
Une autre boite me fascine : la boite de Pandore. Elle me fait peur. Car parait il lorsqu’on l’ouvre elle se déverse à l’infini, au fur et à mesure que l’on tire sur les éléments qui la compose. Elle n’en finit pas car elle est inépuisable. Mais comment peut-on imaginer une chose qui ne se terminerait jamais ? L’éternité plus un jour ?
AM
Elle pèse pas, elle pique pas, elle sent rin. Elle existe pas.
Caisse ? Dis-y pas caisse d’orange dis-y caisse dépêche.
Quelque part dans et autour de l’ailleurs. Je remonte à la surface.
J’ouvre la main, la chose tombe, petite boite innocente, comme la grenouille qui létargeait inoubliablement parmi les nouveaunénuphars. Cédant à la curiosité, elle sautait sur notre épingle recourbée adorée d’un chiffon rouge fauché au toréro local ou à la petite culotte de ma sœur. Récupéré, le petit animal glissait de sous mon pouce comme la boite mais plus vite et sautait vers son marigot. Ce soir, la nuit tombée, une planchette, une bougie petite, les attirant. Avec la ficelle, nous les tirons jusqu’à nous. A vrai dire c’était rare. Soit qu’elles étaient prises du mal de mare, soit nos mines patibulaires quoique enfantines, éveillaient leurs méfiance. Ceci-dit, les grenouilles ne pensent pas, exactement comme le carton astucieusement plié que j’ai dans la main gauche et qui commence à me briser sérieusement les phalanges. Soudain brisé aussi par l’émotion. Ah les souvenirs un parfum subtil, léger m’a frisé les naseaux. La boite a susurré nettement : rose fraiche. Logique. Pourrie ferait désordre comme les 30 minutes allouées à des âmes enfermées. Allez pour la plus belle, la poubelle.
B
Cette boite me fait penser au Kinder surprise, à l’intérieur se place pour moi une petite boite en plastique bombée qui bombe le torse pour faire sortir l’oiseau de mes rêves, en morceau pour l’instant, peut-être deviendra-t-il réalité cet oiseau de toutes les couleurs, asiatique, jauni par son enveloppe et noir de chocolat à l’intérieur. Pourrait-il voler cet oiseau ? Non, je ne le pense pas, car c’est un poussin et un qui pousse l’un pousse l’autre qui trébuchera dans cette marée de poussins à la cage n°10, tous anonymes très formatés autant les uns que les autres. Moi, finalement je vais pour l’adopter l’appeler, Alfred, mon poussin, ce qui veut dire AVIDE LIBERTE FOLLE RECHERCHANT ENVOL DURABLEMENT
Elle fait peur car elle se déverse sans arrêt.
M

.
  1. Mes premières sensations sont simples = rectangulaire, avec vécue et entravée  entourée d'un élastique sans doute du fait d'une trop grande utilisation. Ma pensée va vers la boite d'allumettes. Je m'aperçois que mon imaginaire est bridé par manque de vue. Même si je n'aime pas le contact de l'élastique et de la pastelle ainsi que l'odeur de vieillot qui s'en dégage et le silence me gêne. Cette boite n'a aucune musique.
  2. L'ouverture de mes yeux est synonyme de l'ouverture d'état d’esprit, je découvre une petite boite nationalisée sur les cotés avec un dessin sous forme de fresque intitulé « Napoléon au tombeau du grand Fréderic (1806) » Et là, je découvre tout d'un coup, que je suis inculte merci  Annie pour ce samedi noir, ce 10/11, dont je me serais bien passé et je me rassure en disant que toute culture a une limite, comme un boite soit dit en passant. Comme je suis honnête (au moins intellectuellement) tout ce laïus pour cacher ma méconnaissance de cet événement. Bon allez je tente un nom de famille pour ce Frédéric = DARD, DIEFENTHAL, NIETCHE… En fait je m’en moque et passons à ce qui m’intéresse vraiment : la boite dite « idéale » (totalement imposée par Annie, encore cette Annie)
  3. Je suis obligée d’imaginer une boite, la mienne, mon idéale de boite et justement qu’il n’y en ait pas. Je sais j’exagère. Mais cette idée de boite me fait penser à une case psychologique dans laquelle on enferme un état d’esprit, une culture, des compétences professionnelles, un rôle dans la personne humaine. Je suis conscient que l’invention de la boite est de structurer, d’organiser et de ranger. Et c’est bien, surtout lorsque je me rappelle avoir acheté un livre hier AM avec pour titre « De l’enfant roi à l’enfant tyran ». Il faut au moins une boite éducative pour équilibrer notre boite mondiale dans laquelle nous vivons.
P
Annie me pose dans la main une boite cylindrique, assez haute. On sent la forme circulaire en cheminant avec les doigts autour de la forme.
Elle est légère, papier, carton ? Elle est forcément bleu marine- non rouge sombre- non vert sapin. Elle est forcément féminine. Elle s’ouvre ? Elle ne s’ouvre pas. Pas de rainure qui permette d’en explorer l’intérieur. Si, elle s’ouvre, mais la rainure est bien dissimulée (tout en haut – Tout en bas ?) Rien dedans, sensation de carton. Oui, sûr, c’est du carton.
Allez, j’ouvre les yeux. Déception idiote : elle n’est pas bleue, ni rose, ni verte. Une boite à savonnette parfumée, à l’ancienne.
Inscription énigmatique : Quelques fleurs naturelle. Quoi ? Une faute d’orthographe sur une boite de savon. Annie n’aurait pas permis cela ! J’ouvre pour sentir : Quel parfum, ce savon ?
Des inscriptions au fond de la boite : Cette poudre » (Ah, c’est de la poudre !) se fait dans les nuances : blanche, rosée, Rachel (Rachel ?), naturelle, ocre, ocre rosée, Rachel Soleil (Rachel soleil !)
C’est donc ça, la faute d’orthographe :
Parfum : Quelques fleurs
Nuance : Naturelle
Les noms des parfums fleurent bon (c’est le cas de le dire) le début de siècle- Non, pas le nôtre- La Rose France, Cœur de Jeannette, Royal bégonia.
Plus aucune trace de poudre dans la boite. Combien de matins a-t-elle coloré les jours d’une Germaine, d’une Philomène, d’une Emma ? Etait-ce la peau fraiche d’une jeune fille, la peau fanée d’une vieille dame ?
Dans quel tiroir a-t-elle passé tous ces jours avant de finir posée sur une tablette, devant ma feuille, à la médiathèque de Lisieux ?
Si tu ouvres cette boite, mon ami- si tu as le courage, l’audace, d’ouvrir cette boite, tu pourras y trouver tout objet perdu, cassé, disparu, volé, que tu souhaiterais récupérer.
Peu importe la taille, la boite s’adaptera.
Peu importe les circonstances, la boite retrouvera.
Il te suffira de le désirer assez fort, il suffira que l’objet te manque suffisamment.
Je te donne cette boite car je l’ai assez utilisée. Je l’ai trop utilisée- J’ai retrouvé des centaines d’objets, les objets de mon enfance (ours en peluche, jouets, livres), les objets de ma jeunesse (bijoux, lettres, photos), tout ceux que j’avais abimés, cassés, qu’on m’avait pris, empruntés et jamais rendus.
Aucun ne m’a satisfaite.
Il fallait que j’ouvre à nouveau la boite, toujours et encore ; Et ma maison a commencé peu à peu à se remplir, à s’encombrer, à déborder ;
C’est alors que j’ai tenté- oui, mon ami, j’ai tenté et réussi- ce que je n’aurais jamais dû oser : faire revenir les êtres.
Et là, le passé m’a explosé à la figure : tous ceux qui m’avaient entouré tout au long de ma vie sont revenus, grâce à la boite. Comme les objets, ils ont peu à peu envahi mon espace, m’ont éjecté de ma propre vie.
Alors voilà, mon ami, je te la donne, cette boite.
Fais-en bon usage !
D
Boites et caisses
La boite est constituée d’un fond carré ou rectangulaire autour de ce fond quatre cotés forment un réceptacle. Tout ça tient ensemble et permet de placer deux chaussures, un chapeau, des bijoux, des gâteaux, un loukoum. Sur ce premier élément vient s’encastrer un couvercle très semblable au fond, il a lui aussi quatre cotés mais cette deuxième partie est un peu plus grande que la première et grâce à des mesures méticuleusement prises, elle vient « chapeauter » le fond et ainsi protéger les divers objets mis à l’intérieur.
La caisse, elle, peut-être simplement un fond, des parois de planches non rabotées, clouées rapidement sans souci d’esthétique, elle sert à entreposer du savon, des clous, des outils. Le cageot est lui aussi une caisse et non une boite puisqu’il n’y a pas de joli couvercle. La boite est plus précieuse que la caisse, peut-être parce qu’elle peut contenir des trésors. Un coffre est-il une boite ?
« On prend ma caisse pour aller en boite ? »
Si on disait
« On prend ma boite pour aller en caisse ? »
Qui aurait envi d’aller danser en caisse ?
Qui prendrait une boite pour se déplacer ?
Par contre la caisse, comme les caisses à savon munies de roues de notre enfance, c’est très attractif.
Danser en caisse, c’est un peu lugubre, Ce n’est pas jolie, une caisse. On préfère danser en boite surtout avec des jolis murs de toutes les couleurs.
Caisse boite caisse boite
Jolies boites très étroites, jolies boites toutes pareilles
Je rêve d’une Mercedes décapotable siège cuir avec un prince à l’intérieur, en route pour Vienne et ses valses interminables.
Caisse boite caisse boite
De toute façon tout se termine par une mise en boite.
G
Moi je vois la mer
Vieille comme un dinosaure
S’affaissant sur la grève
En un lit de bulles éparses
Disséminés par le vent
Moi je vois la mer
Je la médite, frugale, ancienne
Sur le corps et l’âme humaine
Mêlée d’amour et de haine
Sa houle s’étale d’écumes
Comme draps de satin
De blanc marié
Sur de ces grèves dispersées
Moi je vois la mer tapissée
De constellations et d’étoiles
Où les marins même les yeux du ciel
Puisent dans leurs cerveaux
La quintessence de parfums marins
Qu’ils exhaleront de leurs pores
Jusque dans le fond des ports
Moi je vois la mer gardienne souveraine de sirènes
Et là, elles entonnent dans les alizés
Des rengaines que le vent entrain
Vers des horizons sans limite
Moi je vois la mer, la mer avec des yeux bleus
Que les oiseaux de passage n’ont pas
La mer, la mer, elle dicte ses colères le long des écueils
Polis par l’allée et le retour de marée rougies par
La fatigue que les digues lui prodiguent.
La mer, la mer, elle étale ses marées d’écumes en des dentelles tapies d’étoiles où des rêves même en moi élèvent des visions d’embruns que le vent arrache au sommet des vagues où le matin au sommet de sa puissance
En des trésors marins emplit ses calebasses
Dans ces criques à marée basse
Où des ancêtres dans le clair obscur trépassent
Mais dont la mémoire ne s’efface.
M

samedi 9 juin 2012

telier d'écriture 9 juin 2012

chaise2
Les chaises, chaise de l'enfance, photographies de chaises

Elle est petite : elle culmine à 50cm du sol environ
Elle est jumelle : François mon frère a presque la même.
Elle est le contraire de l’imposant fauteuil Voltaire de mon grand-père.

Elle est paillée : les premières années la paille est bien agencée, très colorée, formant un joli canevas doux et luisant. Peu à peu au fil des ans, elle se décolore, se déchire, disparaît : on en voit de plus en plus la charpente. Elle est quand même solide. Elle existe encore, chez ma mère, utilisée par mes nombreux frères et sœurs. Mes enfants aussi l’ont usée, et leurs petites cousines la prennent encore aujourd’hui pour jouer avec leurs poupées. (D’ailleurs, est-ce la mienne ou celle de François ? Chacun de nous deux doit se l’approprier, j’imagine… C’est LA chaise de notre enfance).


Chers collaborateurs, Maurice, notre concepteur design, nous a proposé hier soir son nouveau modèle de chaise.
Le cahier des charges ne me semble pas totalement respecté, aussi dois-je prendre votre avis : est-il bien raisonnable de commencer la fabrication alors que notre principal client est l’évêché de Bayeux pour l’ensemble de ses paroisses ?
Je ne suis pas certain que le recrutement récent de Maurice ait par ailleurs été totalement judicieux.
Chers collègues, que dois-je faire : licencier Maurice sur le champ, ou bien convaincre l’évêque que, non seulement ses églises seront bien plus accueillantes ainsi meublées, mais que de tels dossiers empêcheront à coup sûr les fidèles de s’endormir pendant la messe ?
Aidez-moi, chers amis, je suis dans le doute.
Signé : le PDG de « Chaises pour tous »
D

Chaise haute
Chaise cannelée de mon enfance
Où le confort et la sécurité
Se fiancent avec la dureté et l’enfermement
Elle est ronde, mais bien sur ses jambes
Elle rompt avec la monotonie des chaises en formica ou en plastique.
Elle est vivante devant la fenêtre
Près de la fenêtre sans rideaux.
Elle est de bois mais elle parlerait si elle pouvait.
Des cris, des odeurs acres, des déjections
Des senteurs d’eau de Javel.

La chaise
Il y a parait-il dans une pièce une chaise qu’on surnomme bête à quatre pattes.
Elle est bien assise sur ses 4 pieds.
Depuis ma naissance jusqu’à…. ?
Haute, très haute, dès ma naissance
Elle en est même exubérante
Puis avec l’âge elle se tasse
Ses pieds raccourcissent
Elle se fait plus proche de la terre
Elle me porte à l’école, au travail
Dans les moindres vicissitudes de la vie
Conçues d’habitudes de s’asseoir
Sur sa chaise de tomber de fatigue
De cette même chaise devenue bancale avec le temps.
M

Pendant qu’ils regardent tous la ligne d’horizon, j’ai pris la chaise la plus belle, et j’en profite pour aller regarder ailleurs car c’est bien connu, ailleurs c’est certainement bien meilleur.
Et puis je ne comprends pas pourquoi ils restent tous là en rang d’oignons, à l’ombre, moi je vais au soleil ! C’est ça l’avantage d’être petite, au raz du sol, je ne souffre pas du vert ! Comment ça tous les projecteurs sont sur moi ? J’en suis intimidée.
V

Fauteuil tout petit rotin tressé fin accoudoirs arqués larges avec petits bambous très fins sur chaque coté de l’accoudoir forment les pieds cannelés avec du rouge genre broderie petit losange dossier confortable forme ronde épouse la forme du dos assis comme un prince une princesse un trône en quelque sorte mais léger multi-usage dinette repas utilisable mis à disposition pour les poupées les poupards ayant appartenu à ma sœur où est-il ? N’existe plus a été donné. Douceur de l’enfance seul au monde centre du monde le monde autour roi reine mais tout petit minuscules nains lutins.

Quatre pattes une assise un dossier le postérieur bien au fond de l’assise les cuisses à plat posées. Le genou fait l’angle le mollet est légèrement appuyé sur l’assise. Le pied est posé au sol à plat. Le dos est appuyé bien droit au dossier les épaules sont d’équerre avec le dessus du dossier. La tête vient couronner le tout. Elle est droite. « Tient toi droite. Arrête de faire basculer ta chaise, tu vas tomber. Ne te balance pas. Tu es encore assise sur le bord de ta chaise. Assied toi comme il faut »  Rêve de chaise où le corps se laisse aller, les relations avec les autres en seraient bousculées.
G
La chaise de votre enfance
Eh bien ! je ne sais pas ce qu’elle est devenue, enfin…il, car c’est, ne vous en déplaise, un fauteuil, s’il vous plait.
Description : en bois clair vernis, de forme arrondie, dossier et accoudoirs en un seul demi cercle.
Je ne me revois pas assise, je ne revois pas de petite table non plus. Je le vois tout seul, pas abandonné mais comme un meuble, près à vous accueillir – si besoin.
Sans doute mes poupées y ont trôné car j’adorais jouer à « l’anniversaire des poupées », prétexte à manger des bonbons de toutes sortes.
Peut-être que ma sœur s’y est assise, elle.
En tous cas, aujourd’hui, il a été relégué au sous-sol dans la maison de maman, probablement. Je me renseignerai, irai lui porter un regard ému comme à un ami trop tôt disparu. Ah ! cher objet de mon enfance…
P.S. : Renseignement pris….il a disparu….pas de nos têtes où il est encore bien vivant

C


Illustration : photo de square dans un grand désordre.
Ce jour là, les chaises étaient humides comme si souvent dans les squares et autres jardins publics. Je m’en approchai. Une grosse moustache grommela : Pique ai piou … Il est anglais dit un bon gars à côté. C’est une chaise, ou ça y ressemble. « Prends en une et assieds-toi parterre et si tu veux parler commence par te taire ». D’habitude, une me suffit, répondis-je sobrement.
Posés sur une fesse, nous surveillons du coin de l’œil, le passage de la vieille caissière, dite la mère ronchon. Une terreur sans pitié rarement louée. De fait, elle déboule derrière nous avec les pattes de chat et réclame son dû. Nous faisions remarquer un usage partiel de son mobilier et jurons sur les têtes de sa regrettable famille un bref arrêt pour un repos maladif.
Nous nous sommes mal compris et peu appréciés.
Il y eut comme une discussion assez animée, avec quelques envolées…
Depuis, il se chuchote dans les allées où jouent les enfants, que la chère vieille chose est disséminée parmi les feuilles mortes à droite.
B

Image …
Le fauteuil de grand-mère
Elle s'impose tout de suite ou plutôt il s'impose le fauteuil de grand-mère un haut dossier rigide, c'est tout ce que je voyais du haut de mes jeunes années, le reste du siège étant occupé, disparaissant sous les jupons noirs qui retombaient jusqu'aux pantoufles, elles-mêmes reposant sur la chaufferette qui dégageait une odeur odeur de caoutchouc brûlé!
Toujours placé près de la cuisinière d'émail bleue, ce fauteuil de bois dominait tout le mobilier, c'était le seul objet, presque luxueux, qui se dégageait de l'ensemble modeste de la petite cuisine. Grand-mère y trônait en majesté! Son beau visage doucement installé sur le dossier, un coussin de velours passé soutenant sa tête qui plongeait à intervalle régulier vers sa poitrine, lorsqu’un petit somme la surprenait au milieu d’une phrase après le déjeuner, moi, je la regardais, patiente, assise sur mon tabouret en attendant qu’elle ouvre les yeux à nouveau, réveillée par son propre ronflement, elle souriait, me souriait en disant « J’ai du plonger un p’tit coup… » on en était où… Avant de reprendre notre histoire !

Toi fauteuil sans le savoir tu vas m’aider ! Bien campé sut tes quatre pieds, tu as ta place droit dans tes bottes et tu n’en doutes pas. C’est que voilà, ce n’est pas si simple d’être un fauteuil comme il faut, j’en ai pour preuve mes indicibles hésitations sur le choix d’une couleur, d’une texture, d’une garniture à la hauteur de ce vieux fauteuil, cet UNIQUE fauteuil, tellement convoité mais en piteux état à qui je souhaite redonner une vie, une vie digne d’un fauteuil que dis-je d’une bergère Louis XV. Cela parait évident lorsqu’on le voit dans une vitrine ou sur une photo mais quelle aventure lorsqu’on prend la responsabilité de lui redonner vie. Vais-je respecter son histoire ? Vais-je le profaner ? Vais-je l’apprivoiser ? Vais-je l’aimer autant lorsqu’il sera tout propre ?
H
Une photo
Paris, un après-midi, jardin des Tuileries. Grande allée d’arbres. Derrière : 2 chaises, vides. 2 chaises face à face ; l’une contre une haie desséchée y dessine son ombre, 2 chaises vertes, puis une 3e un peu lus loin.
Qu’ont pu se dire les gens assis ici, ou faire ? sur l’une des chaises manque un montant. Chaise  percée ? Non pas des chaises, des fauteuils avec accoudoirs en tube.
Une femme et son enfant ? Elle lui donne son goûter ? Une scène de divorce, ce face à face. Une conversation animée, une discussion philosophique ou politique ?familiale.
Les chaises sont désertées. Qui viendra les déplacer, les mettre côte à côte, c’est tentant.
Lire au soleil de fin d’été, se reposer d’une longue déambulation, méditer, écrire son journal, siroter une menthe à l’eau, regarder les passants, les enfants jouer, courir, rire, tomber…puis s’en aller encore, laisser derrière soi ce moment passé. La nuit va s’imposer, la rosée se déposer. Lentement le soleil s’imposer, la vie s’écouler.
C

C'est pas vraiment une chaise. C'est la marche de la cuisine. Papa s'assoit dessus, porte ouverte derrière son dos, fraîcheur de la cuisine sur son échine.
Il fume là sa gauloise ; son regard scrute le jardin : le tilleul qu'il faudrait tailler, la brande qui s'écroule un peu à consolider...
Je ne sais pas quel âge j'ai, je suis juste assez grande pour que ma jambe fasse toute la hauteur de la marche. Contact ferme et frais sous l'assise, un peu rugueux contre le mollet. C'est l'été, les vacances. J'ai l'impression d'être grande et sérieuse comme mon père. Je fais un effort pour ne pas parler, comme lui, pour avoir l'air de réfléchir à des choses importantes.
Ma grand-mère me dit « Pousse-toi » je reçois des gouttes d'eau, c'est la bassine de linge, elle va finir de le frotter sur le banc à laver, installé dans le jardin tant qu'il fait beau.
Je me tasse contre l'embrasure de la porte, mon père ne bouge pas d'un millimètre. Ah ! Être grande, pouvoir tenir tête et garder sa place sur la marche quoi qu'il arrive.


  • Bon, qu'est-ce qu'on peut faire ?
  • Les chaises ! le temps que les projos refroidissent.
Aïe, j'aurais pas dû poser la question, coincée maintenant ! Les chaises, c'est tout un truc...
on les empile par 2, pas de souci, par 3, 4, ça va, dès la 5ème ça devient un vrai problème : le pied arrière gauche ne peut pas rentrer à sa place, le droit coince, on tire, on pousse, ça passe. 6Ème, même chose, la 7ème, déjà faut se hisser sur la pointe des pieds et... de travers ! - la dégager .
Zut, elle est coincée, quand je tire, la numéro 6 vient avec et la 5 aussi...
Bon, je fais une autre pile, de 4, et je la hisserai sur le tas.
Trop lourde la pile, j'y arrive pas – et quand j'aurai fini celles-là, il en restera encore 192 à empiler !
J'entends : « Tu les mets par 12, et puis on les déplacera avec le chariot ! »
Je craque
je demande de l'aide
au 3ème appel, on vient, un grand mec et une futée.
On y arrive !
Le chariot – on aligne tous nos tas le long du mur ; bien empilées , les chaises, nickel ! On est en nage, vaguement mal aux reins, bras alourdis, mains tétanisées.
On contemple béats le fruit de nos efforts : 6 piles de 12 chaises...
  • 12 ?
  • Tiens ! Y a une pile plus haute que les autres...
    Je compte, le grand mec compte aussi, la futée regarde fixement l'alignement : « Y en a 14, elle dit, à côté aussi !
  • Mince !
  • Zut !
  • Faut recommencer !
    Je dis rien, je compte les autres piles... 13 chaises – Allez, on recommence .
  • Eh les feignants ! Vous avez pas bientôt fini de vous amuser avec les chaises !

A

La chaise de notre enfance
Aujourd’hui elle trône dans mon bureau, au cœur d’un bric à brac de livres et d’objets amassés par le temps. Douce et dorée, je l’ai rencontrée, je ne me souviens pas du moment, elle avoir toujours été là, je l’ai rencontrée donc devant la machine à coudre de ma grand-mère. Avant que celle-ci ne s’en aille, elle avait toujours été là à attendre la couturière, un petit coussin chamarré posé sur l’assise. Bois ordinaire, sans valeur, sans odeur, lissé par les années, ni peinte, ni sculptée, mais quelle présence dans cette pièce, dans le quotidien de grand-mère, dans ma vie aujourd’hui.
La photo
Chaise musicale qui s’est mal terminée
Spectacle interrompu par la tempête
Spectateurs invisibles d’un mur qui ne s’effondre pas
Enchevêtrement de corps après la bataille
Automne gris après un été de fêtes et de joie
Autant d’images qui se bousculent dans mon esprit. Et cette chaise, là au premier plan qui semble avoir été mise à l’écart, au coin même, comme un enfant turbulent. Quelle bêtise peut-elle avoir commise ? Les autres l’ignorent, s’adonnent à leurs jeux préférés, je ne la regarde pas non plus, cet isolement est peut-être mérité. Le square est fermé, la nuit va tomber, peut-être qu’au matin le gardien viendra lever la sanction et la laissera rejoindre les autres…
C

samedi 12 mai 2012

Atelier d'écriture du 12 mai 2012


AE 12052012
Dialogue au téléphone
Le Bouquet de Roses : Tiens, un nouvel arrivant, déjà…
Le petit bouquet de muguet : Bonjour Mesdames les Roses, je me présente : Muguet 4 brins, parfum assuré, cueilli ce matin au jardin.
Le Bouquet de Roses : Vous arrivez du marché jeune homme, vous êtes bien fringant !
Le petit bouquet : Oui Mesdames, la maitresse de maison vient de m’acquérir pour 2 euros. J’aimerais qu’elle me donne à boire très vite. Je me déshydrate rapidement ! Dites-moi on est bien traité ici ?

Le Bouquet de Roses : Oui c’est assez convenable…au début…tant que nous sommes belles et parfumées, mais lorsque nous commençons à nous faner, que nos feuilles sont moins brillantes, nos couleurs moins vives, nous ressentons un manque d’intérêt certain, plus d’expressions d’émerveillement de : «  Ah ! Comme elles sont jolies, comme elles sentent bon ! » Enfin les compliments d’usage quoi !
Le petit bouquet : Mais je vous trouve encore très belles, mesdames et j’ai beaucoup de respect pour vous, n’êtes-vous pas nos reines !
Le Bouquet de Roses : C’est très aimable à vous jeune homme mais que voulez-vous c’est la loi de la nature nous ne faisons que passer ! Profitez bien de votre jeunesse et de votre printemps.
Le petit bouquet (tout retourné) : Vite de l’eau que je respire, elles ont raison…
« On est bien peu de chose
Et mon amie la Rose
Me l’a dit ce matin… »

ALLO c’est toi.
Tu sais qui a gagné les élections ?
NON
François Hollande.
MAIS COMMENT C’EST POSSIBLE
Et bien c’est possible
AH BON !
OH VRAIMENT tu ne crois pas que c’est la cata
ALORS VRAIMENT la France est foutue.
CE N’EST PAS CROYABLE cette réaction Arrête de dire n’importe quoi.
AH LA TU exagères.
NON MAIS TU te fiches du monde.
AH OUI MAIS TU  t’en fous je le sais
ENFIN TU es complètement irresponsable
DIS TU CROIS PAS QUE tu es légèrement parano ?HEIN QUAND MEME
T'AS RAISON TE LAISSES PAS FAIRE, il reste les législatives.

-        Bonjour Madame !
-         Maison médicale de Saint Laurent, Bonjour ! Que puis-je pour vous ?
-         Un rendez-vous
-         …..jeudi ? l’après-midi ?
-         Pas avant ? C’est pour mon fils, c’est urgent
-         Le matin, ça vous conviendrait ?
-         Avec quel médecin ?
-         Dr Couliboeuf
-         Y’en n’a pas un autre. Il est pas terrible celui-là
Silence
-         Alors allons-y pour le 12. a quelle heure ?
-         10h45, si vous voulez
-         Pas vraiment ma fille a la danse, je ne peux être aux deux endroits
-         Jeudi 10h45 ou le soir ?
-         Je ferai avec
-         C’est noté
-         Bonne journée à vous, au revoir
-         ……..

- Tes bagages sont prêts
- Oui, bien sûr
- T’as déjà pris l’avion au moins ?
- Non jamais
- Ben, ça va pas être de la tarte
- Es-tu sûre de ce que tu dis ?
- Oui, tu vas encore faire du cirque… tu pourras te tenir tranquille cette fois-ci ?
- Faut voir
- Comment ça « faut voir »? Fais un effort, bon sang !
- Oui, mais à quel prix est-ce possible ?
- A quel prix, à quel prix… Force toi !
- Ah bon…
- Quel enthousiasme ! Moi je te le dis, si ça se passe encore mal, c’est la dernière fois
- Parfait
- Ah ! Je crois que tu commences à réfléchir…Alors, c’est décidé? Pas de cirque ? Pas de bazar ?
- Encore…
- Ecoute, pour une fois, j’aimerais bien que les vacances se passent bien, parce qu’avec ton problème…
- Faut faire avec
- Ou alors, prends un traitement ! ça doit bien exister !
- Pourquoi pas ?
- ça te prend encore souvent ?
- De plus en plus
- Pfff ! … Bon, allez, rendez-vous demain à Roissy terminal 2
- A quelle heure ?
- 10h, c’est pas l’heure de ta crise au moins ?
-  Et pourtant

-         Tu connais la Scala de Milan ?
-         Quelle beauté !
-         Oui, mais nous n’avons pas vu que cela !
-         Le circuit vous a plu ?
-         Le circuit, oui, mais pas l’accompagnateur !
-         Oui, raconte voir
-         Nous l’avons perdu plus d’une fois. Au bout de 9 jours, nous avons compris que son Q.G. c’était le bar de la place principale de chaque ville ou village où nous nous arrêtions. C’est plutôt nous qui l’avons accompagné et remonté dans le bus car quelquefois il ne tenait plus debout, tu sais, moi, les circuits organisés c’est fini ! Ton père est trop fatigué, il ne supporte plus le soleil et il en a assez de tous ces désagréments, tu dis plus rien, tu m’écoutes ?
-         Oui, je t’écoute

La mer : Ouah, cette fois-ci vous êtes superbe !
L’arc en ciel : Je suis toujours superbe !
La mer : Non. Ce matin, après la pluie, vous n’étiez qu’à un tiers de votre superbe, justement. Ce sont les poissons qui m’ont prévenu qu’ils vous avaient aperçu, car moi je ne vous voyais pas !
L’arc en ciel : Je sais bien que vous ne me voyez pas toujours, cela me rend souvent triste et quand je suis triste, mes couleurs sont ternes, et quand mes couleurs sont ternes, je pleure, et quand je pleure, je disparais.
La mer : J’ai pas de chance d’avoir affaire à un arc en ciel dépressif, susceptible et orgueilleux. Haut les cœurs ! Ils nous regardent, ils ont sorti les appareils photo, vous êtes là, vous faites rêver, soyez heureux, arrêtez de tout calculer, de raisonner !

-         Oui c’est moi…ça va ? Qui ? Toi ! Oooh !!!
-         Oui pas mal…
-         Oui ben qu’est-ce que tu veux !...
-         Savoir ce que tu veux que je sache
-         Jamais on n’avait vu ça !... Oui ben Qu’est-ce que tu veux ?
-         Le revoir
-         On a beau dire ça n’arrange rien leurs histoires… Oui ben qu’est-ce que tu veux !...
-         Ça fait parler, donc on économise sur la nourriture 2x2=4+3=7x5=35-6=29
-         Ah ! Mais ça je leur ai dit, mais va te faire voir… Oui ben qu’est-ce que tu veux ! …
-         Que cela ne le rende pas aveugle 7x2=14+3=17x5 =85
-         Enfin on ne va pas refaire le monde…Hein, ben qu’est-ce que tu veux !...
-         Qu’il s’améliore ! Bordel…
-         C’est comme le prix des légumes, cinq par jour c’est la ruine, mais « Ben qu’est-ce que tu veux !
-         Tout
-         Un jour ça va péter j’te dis ! C’est forcé ben ! Qu’est-ce que tu veux !
-         Tu exagères
-         Répète je n’ai pas compris
-         Je te disais que Fernand est enfin rentré
-         On dirait une scie circulaire
-         Pourquoi me dis-tu ça ? Je t’assure ça ne me fait pas plaisir
-         Elle coince
-         Mais pas du tout, l’entente est cordiale
-         Botte ton pékinois
-         Il n’est pas allé jusqu’en Chine, n’exagère pas
-         La terre est ronde
-         Je les connais tes grandes formules, tu m’as assez rabattu les oreilles avec ça
-         Ah bon
-         Ben oui
-         Tu as raté ton pékinois
-         Je te dis qu’il ne revient pas de Chine
-         C’est un boxer
-         Mais non, c’est un champion, mais pas à la boxe
-         Il a souvent raison
-         Il a toujours raison
-         Rappelle plus tard
-         Ça y est tu prends encore la mouche
-         On a sonné à la porte
-         Bonne excuse
-         Si c’est important
-         Je ne te crois pas, tu ne veux pas poursuivre la conversation
-         N’oublie pas ce que je t’ai toujours dis
-         De toute façon, Fernand il t’a dans le nez et tu m’embêtes avec ta morale
-         Quoi ?
Bip, bip, bip…

-         Bon, alors, finalement ?
-         Il est à l’hôpital de Lisieux et sera transporté à Caen pour un pontage.
-         Samedi prochain ?
-         Je crois, l’opération doit avoir lieu dès son arrivée. Sais-tu quel âge il a ?
-         Ah ça, j’en sais rien du tout.
-         Il me semble qu’il est à peu près de notre âge, la soixantaine.
-         QUOI ??ça va pas !
-         Mais si, on lui en donnerait 80 mais il n’a que 60 ans.
-         Il faudrait demander aux autres.
-         Eh bien, tu verras. Tu sais que son chien est resté chez lui, il va falloir que quelqu’un s’en occupe.
-         Mouais…
-         Tu n’as pas l’air partante. Rassure-toi, j’en ai déjà parlé et j’ai peut-être une piste.
-         Qui s’occupe du paquet ?
-         Léa, elle veut bien le prendre en semaine chez elle et suggère que tu le gardes le week-end.
-         Ah non !
-         Mais il n’y a que vous deux qui ayez un jardin et tu sais comme il est remuant, il a besoin d’espace !
-         Bon alors on fait comme ça ?
-         Si t’es d’accord, éventuellement je passerai de temps en temps pour le sortir et André pourvoira à sa nourriture. Au fait iras-tu voir Clément à l’hôpital ?
-         Oh !ça a encore coupé. Allo, Allo ?
-         Tut, tut, tut…

Dialogue entre des personnages non humains.
Le thym – Saleté, qu’est-ce que tu fais là ? Tu envahis tout, il n’y en a plus que pour toi.
L’impatiens – La maîtresse nous a plantées l’année dernière disant que nous allions boucher les trous et mettre des fleurs là où il n’y en avait pas.
Le thym – Des fleurs, regarde-moi, quand il y en a encore très peu dans le jardin, j’explose et mes modestes fleurs attirent les insectes de leurs couleurs délicates.
L’impatiens – Moi aussi j’attire les insectes et mes corolles les invitent à entrer, on ne peut pas en dire autant de tes minus! Quant aux couleurs, notre palette s’étend du blanc au rouge violine.
Le thym – En tous cas, je me contente de la place que m’a impartie ma maîtresse, tandis que toi, tu es partout dans le jardin. « Pousse-toi un peu que je m’y mette ! »
L’impatiens – ça, tu l’as dit, même sur la pelouse maintenant.
Le thym – T’as-vu, ma maîtresse s’est aperçue de son erreur et elle te fait la chasse maintenant ; un pied par ci, un pied par là, mine de rien il y en a une vingtaine sur le carreau à chacun de son passage. Tandis que si elle coupe délicatement un de mes brins c’est pour le mettre dans sa cuisine et réjouir leurs papilles.
L’impatiens – Oui mais nous, nous nous élevons pour fleurir l’horizon. Nous résistons.
Le thym – Moi aussi je résiste, pendant que vous aviez disparu cet hiver, moi j’ai traversé la neige et le gel, j’avoue que je l’ai échappé belle, d’autres y ont laissé leur peau, leur bois devrais-je dire.
L’impatiens – Et voilà, nous nous faisons discrètes l’hiver mais revenons en force au printemps.
Le thym – Rira bien qui rira le dernier. J’ai entendu notre maître dire qu’il en avait assez de cette invasion et qu’il allait employer les grands moyens. Avec lui, ça va être le sarclage intensif, sa femme l’appelle Attila : là où il passe  plus un brin d’herbe ne repousse. Il s’est un peu calmé mais n’empêche que quand ça va le prendre, il va s’y mettre et gare à toi ! A la poubelle ! il ne prendra même pas le risque de vous mettre au compost. Je pourrai m’étaler sue mon petit lopin, accueillir les abeilles et parfumer la cuisine.
L’impatiens – Cause toujours, tu sais ce qu’on dit : »la mauvaise graine, ça repousse toujours ».
Le thym – Il y a une fin à tout !
E
La puce rencontra dans la rue une araignée bonne d’enfant ; elle vendait du verre pilé pour s’acheter des petits souliers. Et puis un camion est passé et la terre continua à tourner. Triste histoire. Deux avenirs brisés, riche dialogue étouffé. En effet
B
Deuxième tiroir de la cuisine unité de temps et de lieu.
Fourchette n°1 (martiale) : Bon, les filles, tout le monde en rang dans le tiroir, pointes en bas, fixe !
Fourchette n° 2 (à mi-voix) : Elle va pas faire sa chef longtemps, celle-là ? Pour qui elle se prend à la fin ?
N°1 : Encore en train de râler ? Tu veux aller voir chez les couteaux ? ça t’apprendra la vie !
N°2 : Oui ben les couteaux, ils vivent leur vie, eux, ils ont pas une piqueuse hystérique qui leur donne des ordres toutes les cinq minutes ! Personne ne va voir si ils ont la lame à gauche ou à droite, eux, les couteaux…
N°1 (moqueuse) : Gna gna gna les couteaux. Gna gna gna Arrête de te plaindre ! Tu voudrais peut-être que ce soit le souk chez les cuillères ? (Murmures nombreux dans la case des fourchettes)
N°1 : Silence là-dedans !
N°2 : Puisque tu abordes le sujet des cuillères, je voudrais signaler…
N°1 : Silence, j’aidit !
N°2 : Oui mais je voudrais…
N°1 (agressive) : Quoi encore !
N°2 (d’une toute petite voix) : Il y a… Il y a une petite cuillère dans notre tiroir (Murmures épouvantés des fourchettes)
N°1 : Fourchettes, mes amies, l’heure est grave ! L’ennemi est à vos portes ! Présentez-pointes ! (Brouhaha et cliquetis)
N°2 Mais, mais, elle ne veut rien de mal, elle est juste venue trouver refuge parmi nous… Son rêve, c’est d’être comme nous, les fourchettes !
N°1 Comme nous ? Tu rigoles ! Une fourchette sera toujours une fourchette avec ses pointes fièrement dressées pour piquer, pour attraper avec vigueur ! Les cuillères c’est , c’est … mou, creux, ça n’attrape que des liquides insipides : de la soupe, du thé, des trucs de mémés. Nous, les fourchettes, nous sommes armées pour les steaks, les rôtis…
Fourchette n°3 (timidement)… Le poisson ?
N°1 (énervée) : Oh vous, les fourchettes à poisson, ça va. Ecrasez. On vous supporte avec vos pointes aplaties et vos petites tailles, mais ne la ramenez pas, ou on vous envoie chez les cuillères. (Murmure honteux des fourchettes à poisson)
N°2 Mais enfin, les autres, ne vous laissez pas faire ! Révoltez-vous !
Fourchettes de tous les pays, unissez-vous ! (Petit bruit de bois dans un coin)
Baguettes (accent asiatique)  Nous, les baguettes, affirmons notre solidarité avec les fourchettes à poisson.
N°1 Alors quoi, c’est le foutoir dans le tiroir ? Dehors les étrangères, les baguettes, les fourchettes à dessert, tas de métèques ! Nous, les fourchettes pures, les grandes quatre pointes, nous voulons rester chez nous !
(Enorme bruits métalliques)
N°2 Nous voulons la démocratie dans le tiroir ! Une constitution ! Des élections libres ! Les droits civiques pour les baguettes et les fourchettes à poisson.
N°1 (menaçante) Toi, tu vas finir à la Martin Luther King
D

Roulette à pâtisserie : On roule mais pas pour la même cause
Bille en terre : ça c’est vrai, moi je ne me prends pas la tête, toi tu dois réfléchir à ta découpe, moi je joue.
R : c’est surtout la cuisinière qui réfléchit, elle me guide, tu sais
B : je ne voudrais pas être à ta place. Elle a souvent les mains grasses. J’ai horreur de ça. Moi, c’est des doigts de gamin qui m’animent. Des petites mains potelées qui me lancent et je roule pour elles.
R : Moi tout ce que je vois c’est que tu es maltraitée. T’as perdu ton vernis. Je t’ai connu rouge vermillon et là tu vires au grenat terne.
B : t’es pas gentille avec moi. Je sais que je vieillis et puis je passe de mode. Maintenant c’est les agates, les calots. Je ne suis plus à la hauteur, c’est sûre mais pas la peine de me le rappeler, c’est comme si moi, je te parlais de tes dents qui manquent.
R : Qu’est ce que tu dis, j’ai perdu une dent ?
B : Si ce n’était qu’une dent, il t’en manque au moins quatre.
R. J’ai rien senti. J’ai trop peur, l’autre fois presse-purée est passé à la poubelle. Maintenant, dans la cuisine, il y a un presse-purée électrique, tu verrais comme il frime. Moi je trouve qu’il fait un boucan. Presse-purée  lui était discret et j’aimais bien ses petits trous. Il était suspendu au dessus de moi et avec la lumière, ses petits trous c’était mon ciel étoilé. Maintenant, c’est fini. J’ai plus rien au dessus de ma tête. En plus si tu dis que j’ai perdu mes dents, j’ai trop peur de suivre presse purée.
B : T’es moins belle, c’est sûre.
R : Dis bille en terre, on s’en va. On roule pour nous cette fois. On va bien y arriver.
B : On y va ! ça roule, la terre est ronde on va faire le tour.
G
Dialogue de verres dans un buffet
-         Verre à vin (excité) : Dis donc, ça fait longtemps que t’as pas pris l’air, toi ! Enfin …l’eau !
-         Verre à eau( dépité) : T’as raison, on m’a collé dans le fond, au dernier rang, je prends la poussière. Raconte, toi, t’es parti longtemps
-         Verre à vin(hautain) : J’ai été arraché à ma torpeur par une main aux doigts fins, aux ongles vernis et délicatement posé sur une nappe rose, sur laquelle un énorme bouquet de lilas embaumait. Le soleil est venu me darder de ses rayons chauds,ça m’a fait un bien fou…
-         Verre à eau(jaloux) Ouah ! la bronzette !
-         Verre à vin (racoleur) : T’as pas entendu le brouhaha, la musique, les rires…. ?
A suivre
C
POMPOM le petit écureuil anorexique
ZOUZOU le rhododendron.
Pompom : détaches moi je veux courir.ZOUZOU : je ne peux rien faire pour toi.POMpom : il faut arrêter cette machine qui me nourrit contre mon gré.Je veux mes noisettes vides sans l’ombre d’un nutriment pour me sustenter.ZOUZOU : que ne ferais je pour t’aider Qu’une idée surgisse de mon cerveau végétal afin de te délivrer de cet enfer.
POMPOM : regarde cette infirmière tortionnaire qui nous épie par le hublot d’un air suspicieux
Zouzou : j’ai une idée. Je vais me concentrer afin que mes ramifications arrivent jusqu'à toi.
Et la je te délivrerai de tes liens et tu pourras te sauver de cet horrible endroit et retrouver ta liberté.
AM