Répertoire alphabétique de 16 700 auteurs : 70.000 romans et pièces de théâtre côtés au point de vue moral / G[eorges] Sagehomme, s. j.- 10e édition entièrement refondue par le chanoine A[médée] Donot.- [Paris, Tournai] : Casterman, 1966.- 729 p. ; 19 cm.
NIHIL OBSTAT V. DESCAMPS can. libr. cens., IMPRIMATUR J. THOMAS, vic. gen. Tornaci, die 18 februarii 1966. [Bm Lx : ns 3936]AVANT-PROPOS
Le Répertoire « Sagehomme » n'a pas besoin de présentation Ses neuf éditions successives ont porté le nom de son auteur aux quatre coins du monde. Rappelons, en hommage à sa mémoire, que le P. Georges Sagehomme était né à Tournai en 1862. Entré dans la Compagnie de Jésus, il passa une grande partie de sa carrière au collège Saint-Michel de Bruxelles où il est mort le 14 octobre 1937. Il est l'auteur d'une bonne dizaine d'ouvrages pour la jeunesse, dont le plus connu,
Le Roman d'un missionnaire, fut traduit en six langues.
Son expérience l'avait rendu conscient de l'importance morale des lectures. Il voulut mettre à la portée du grand public la documentation qu'il avait recueillie principalement dans la
Revue (française)
des lectures, fondée en 1908 par l'abbé Bethleem, - auteur déjà, depuis 1904, de l'ouvrage
Romans à lire et à proscrire, qui devait connaître onze éditions (la onzième en 1932) et le 14oe mille, - et dans la
Revue (belge)
des auteurs et des livres.
La première édition de son travail portait le titre :
Répertoire de 22.ooo romans et pièces de théâtre appréciés par sigles (in-32 de 668 p., publié en 1926 aux Éditions « Verbe et Lumière » à Bruxelles). Les ouvrages y figuraient par ordre alphabétique de titres.
L'abbé Bethleem, orfèvre en la matière, présentait ainsi le volume « Un guide, mais qui ne fait pas de phrases. Si vous lui demandez qui peut lire tel ou tel livre, il répond par un sigle. Et vous savez à quoi vous en tenir. Car le guide est clair. Il est compétent, il est probe. Il complètera certains gros ouvrages ou même il en tiendra lieu pour les lecteurs pressés, pour les prêtres obligés d'improviser une décision, pour les confesseurs, etc.
Même pour les bibliothécaires, il servira de mémento. A tous ceux qui lisent, et qui en lisant ne veulent pas se perdre, dans toutes les acceptions de ce mot, ce guide rendra d'inappréciables services. » (
Revue des Lectures, 15mai 1926, p. 552.)
Une deuxième édition, de format agrandi et grossie de 5.000 titres, paraissait en 1929. L'édition de 1931 adoptait, en passant chez Casterman, le classement, plus commode et plus scientifique, par auteurs, et portait le titre de
Répertoire alphabétique de 7.000 auteurs avec indication de la valeur morale de leurs 32.000 ouvrages.
Les éditions suivantes voyaient successivement les chiffres monter à 9.000 auteurs et 39.000 ouvrages (1937), 15.000 auteurs et50.000 ouvrages (1948), celle-ci complétée par le P. Dupuis, s .j., alors directeur de la
Revue des Auteurs et des Livres. La dernière en date (1955) - arrêtée en réalité au mois de novembre 1952 - accusait 16.500 auteurs et 57.000 ouvrages.
C'est un retard d'une douzaine d'années qu'il fallait combler. La charge en fut confiée à un Français, M. le chanoine Donot, du diocèse de Langres, qualifié pour cette besogne par un long enseignement au Petit Séminaire, par sa collaboration à la
Revue des lectures (1928-1939) au service de laquelle il passait, à Paris même, toutes ses vacances. Il eut le triste devoir de fermer la porte de ses locaux, au 77 de la rue de Vaugirard, à la déclaration de guerre, et, après la mort de son directeur à Perros-Guirec (août 1940), d'en sauvegarder les précieuses archives, avec l'aide de la F.N.C. et spécialement du regretté colonel Navel.
Au lendemain de l'occupation, M. le chanoine Donot répondit à l'appel de l'Action Catholique du livre qui l'invitait, pour éviter concurrence et dispersion des forces, à « fusionner » la
Revue des lectures avec son propre organe
Liber, né pendant la guerre. Ainsi vit le jour, héritière des deux titres, la revue bibliographique
Livres et Lectures (184, avenue de Verdun, à Issy-les Moulineaux). Il y continue une collaboration suivie. Il en a rédigé la première Table décennale, 1947-1957.
Il appartient aujourd'hui à la rédaction de l'
Ami du Clergé (B.P. 4 à Langres, Haute-Marne) où il assume, parmi d'autres, les tâches bibliographiques.
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Nova et vetera... La nouvelle édition reste fidèle au but visé par ses premiers rédacteurs : mettre à la portée du grand public et plus spécialement de tous ceux qui portent une responsabilité dans le choix des lectures : parents, éducateurs, professeurs, bibliothécaires, libraires, un
guide rapide et sûr qui les renseigne sur la valeur morale des oeuvres d'imagination : romans et pièces de théâtre.
Faut-il justifier cette prétention ?
Voici d'abord le témoignage de Georges Duhamel, de l'Académie française : « Il faut éviter de juger un ouvrage, quel qu'il soit, sous un jour qui serait celui de la littérature pure... C'est en
fonction de la vie qu'il nous faut juger les livres auxquels nous donnons notre attention. » (1)
Rendant compte d'un « livre de talent », le P. de Parvillez n'hésite pas à écrire dans
Livres et Lectures (2) :
« Un lecteur chrétien sera partagé entre deux sentiments très vifs : admiration pour des qualités de premier ordre, réprobation pour une conduite dégoûtante. C'est très gênant. Et si cela ne risque guère de fausser la conscience d'un lecteur chevronné et expérimenté, capable de faire les distinctions nécessaires, on sait trop combien une jeunesse ardente se laisse aller à aimer et copier ses personnages favoris, y compris leurs pires défauts. Lesquels sont ce qu'il y a de plus tentant et de plus facile à imiter.
» Voilà pourquoi un livre de talent, à cause même de ce talent qui prête (aux personnages) une vie intense et un attrait violent, risque d'être un poison pour toute une catégorie de lecteurs. »
La surveillance morale des lectures est plus qu'un droit : c'est un devoir.
LA COTATION PAR SIGLES
Elle se justifie elle-même par la nécessité de renseigner rapidement sur un très grand nombre de volumes. On notera cependant quelques différences avec les éditions précédentes. Du tableau explicatif, ont disparu les sigles E et A qui désignaient les ouvrages destinés aux enfants et aux adolescents (3).
Il a fallu d'autre part, sous peine de gonfler démesurément le volume, renoncer à l'introduction, tentée timidement dans la précédente édition, d'ouvrages autres que romanesques. Quelques-uns seulement ont été maintenus, soit parce qu'ils se rattachaient (de prés ou de loin) au genre romanesque, - par exemple certains essais et ouvrages d'histoire, de géographie, de voyages, - ou pour des raisons diverses d'opportunité qu'il est impossible de justifier ici.
Pour la même raison, nous avons dû supprimer nombre d'ouvrages antérieurs à 1930, non réédités, et qu'on ne trouve plus dans aucune bibliothèque, et réduire, un peu à regret d'ailleurs, l'énoncé intégral des œuvres d'auteurs défunts. Chaque fois que la chose était possible, nous avons caractérisé l'ensemble de leur œuvre par un sigle unique et la mention
Toute l'œuvre, quitte à énumérer, à la suite, les ouvrages qui, par exception, relèvent d'un autre sigle (4).
Une nouveauté : la présence d'un
astérisque à côté du sigle. Celui-ci, dont on a usé trop discrètement peut-être, désigne soit un ouvrage d'une plus grande valeur littéraire, soit le plus caractéristique de la manière de son auteur - dans les deux cas celui qu'il conviendrait de mentionner dans un manuel classique de littérature.
Nouveauté également, et non moins discrète : la mention
Romans pornographiques. Elle désigne un ensemble d'œuvres dont le seul titre offense la pudeur la plus élémentaire, ou des publications licencieuses qui ont fait l'objet d'une décision judiciaire en vertu de la loi française no 49-956 du 16 juillet 1949.
Le sigle I a été ajouté pour désigner les livres mis nommément à l'
Index et qui y restent jusqu'à nouvel ordre.
B ? a été remplacé par B'.
Une révision attentive a permis d'éliminer un certain nombre de fautes répétées dans les diverses éditions (5). L'attention très éveillée des correcteurs des Éditions Casterman a permis de supprimer un certain nombre de « doublets », dans les noms d'auteurs, étrangers notamment. La faute était moins imputable aux rédacteurs qu'aux sources par eux mises à contributions (6).
Tous les ouvrages ici mentionnés ont été écrits ou traduits en français. Pays ou langue d'origine figurent entre parenthèses. Les chiffres indiquent les dates (connues) de naissance et de décès des écrivains. Les lettres
Th désignent les pièces de théâtre. Les pseudonymes ont été eux-mêmes sérieusement contrôlés (7).
SOURCES D'INFORMATION
Comment, diront certains lecteurs, a-t-on pu lire tant d'ouvrages, les apprécier et porter sur eux un jugement moral ? Vingt vies ne suffiraient point à les parcourir !
C'est vrai. Aussi a-t-il fallu puiser ces renseignements aux meilleures sources, c'est-à-dire dans les comptes rendus critiques des revues bibliographiques. La présente édition a recueilli sa documentation dans
Livres et Lectures, les
Notes bibliographiques (de l'A.C.G.F.), le
Bulletin critique du livre français,
Les Livres (Bulletin bibliographique de l'Institut pédagogique national), la
Revue des Cercles d'Études d'Angers,
Le Bulletin du Livre,
Livres de France, S
élection des libraires, etc., dans maintes revues :
La Revue Nouvelle (belge),
Lectures (canadienne),
Table Ronde,
Nouvelle revue française, etc., dans les hebdomadaires littéraires :
Figaro littéraire,
Nouvelles littéraires, etc., et dans de nombreux manuels ou traités de littérature contemporaine...
Sans doute a-t-il fallu juger en dernier ressort. Le dernier rédacteur du « Sagehomme » a pu se tromper. Il peut, dans tous les cas, témoigner de sa bonne foi et présenter ses références. Il est prêt à réparer d'éventuelles erreurs.
EXPLICATION DES SIGLES
TB Tous lecteurs.
B Adultes, et généralement à partir de 18 ans.
B' Exigent formation morale, intellectuelle et religieuse suffisante.
D Appellent de sérieuses réserves.
M Œuvres nocives (8) à rejeter.
I Index.
NOTES :
(1) Cité par Livres et Lectures, n°1o8, février 1957, p. 74
(2) No 122, mai 1958, p. 284.
(3) Enfants et adolescents ont à leur service d'excellents répertoires : les sélections : «
Lectures des jeunes » (2 fasc. : 600 ouvrages pour les 4-14 ans ; 500 ouvrages pour les 14-18 ans), en vente au
Centre d'Etudes Pédagogiques, 15, rue Louis-David, Paris (16e) et à
Livres et Lectures, 184, avenue de Verdun, Issy-les-Moulineaux (Seine).
Nos jeunes lisent, par Louis Empain et Marcel Jadin, régulièrement tenus à jour, aux
Editions du Soleil Levant, 33, rue Émile Cavelier, Namur (9e édition en 1964).
La Bibliothèque idéale des jeunes, par Franz Weyergans. aux Editions Universitaires, 115, rue du Cherche-Midi, Paris (6e) et 163, rue du Trône, Bruxelles.
Je choisis mes collections, par R. du Mesnil, aux
Editions Odilis, 27, rue de la Pompe, Paris (16e).
Je choisis (Coll. de poche), « Servir », 106, rue du Bac, Paris (7e)
4- On nous a fait observer que dans le cas des M, ce sera faire de la publicité à des œuvres blamables aux dépens d'œuvres plus saines. Reprocherait-on au pharmacien de coller des étiquettes vertes ou rouges sur les produits dangereux et les poisons de son officine ?
(5) Il suffit d'une distraction de copiste ou de typographe, explicable et au demeurant fort excusable. Un seul exemple :
Le Drame de Marchenoir (forêt proche de Blois), paru en 1889, est devenu (signe des temps!) :
Le Drame... du marché noir.
(6) Nous pouvons affirmer, sans crainte de démenti, qu'aucun répertoire bibliographique - même le plus officiel - ne peut se flatter d'être impeccable. Six fiches au moins de la Bibliothèque Nationale ont été prises en défaut. L'homonymie est souvent cause de confusion. Le libellé des noms d'auteurs et des titres d'ouvrages laisse souvent à désirer dans les comptes rendus de maints périodiques.
(7) Et ce n'est point une mince besogne. Un seul exemple : Voulez-vous connaître la véritable identité de l'auteur dramatique bien connu Henri Duvernois ? La très savante
Bibliographie des Auteurs modernes, de Talvart et Place (tome V, p. 146) vous répond : « Schabacher »,
Le Grand Laromre encyclopédique : « Sch
wabacher » et le récent
Dictionnaire des pseudonymes, d'Henry Coston (p. 92) : « Schwa
lbacher » !!!
(8) Mlle G. Grandamy, responsable des
Notes bibliographiques, s'exprime ainsi sur la question (mai 1963, p. 437) : « Nous sommes bien d'accord que les romans foncièrement nocifs c'est-à-dire susceptibles de faire du mal à ceux qui les lisent, même s'ils se croient protégés par leur culture, leur formation morale et religieuse et leur expérience de la vie, doivent être exclus de nos Bibliothèques. Nous les classons « à déconseiller », quelle que soit leur valeur littéraire.
» Entrent dans cette catégorie : - les romans contenant des passages érotiques ou obscènes... ; ceux qui prônent l'immoralité, ou qui plongent le lecteur dans une atmosphère totalement amorale, morbide ou désespérée; ceux-là peuvent ne rien contenir d'érotique ou de grossier : leur nocivité est « en profondeur». C'est le cas, par exemple, de
Bonjour tristesse, de F. Sagan ; ceux qui attaquent nettement le christianisme. Exemple :
L'Œuf de Wyasma, de L. de Villefosse. »