5000 choses à faire cette année et plus tard
Ranger le grenier
Prendre chaque jour une photo du ciel au-dessus de la terrasse et en faire une collection
Prendre des cours de piano
Ranger la cave
Trouver enfin des chaussures qui ne me font pas mal aux pieds
Réussir à faire des meringues
Aller à Florence
Arrêter de manger du chocolat tous les soirs, MAIS trouver le meilleur chocolat possible
Revoir tous les films de Kubrick
Aller dans le plus grand nombre d’îles possibles. D
Les bateaux mouche et la batterie
Un site de visite des plantes herboristes pour en faire en infusion et soigner les plantes et les êtres humains.
Les bateaux mouches sur les semaines
Voir les changements des saisons et voir l’aménagement de la plage sur les berges.
Etre bénévole pour retaper et coudre et donner des idées.
Je ne connais aucune adresse, elle existe à Lisieux sur informatique. E
Planter des asperges grosses comme ça
Déplacer mes deux rosiers grimpants
Renouveler mes semis de fleurs
Retrouver des plants de capucines tubéreuses
Repeindre ma chambre
Aller en Ariège
Marcher en Corse
Nager dans la Manche
Réfléchir à quoi faire d’autre contre
Bien voter
Prendre du temps pour regarder les pâquerettes pousser
Lire tranquillement dans mon hamac et m’assoupir avec le soleil qui me cligne de l’œil entre deux feuilles. G
- trier mes photos
- ne garder que ce qui me sert réellement
- réfléchir avant d’agir (ça, c’est bien, ça permet de repousser les échéances. Je garde)
- savoir rester assise
- ne penser à rien
- écrire
- prendre le temps encore
- faire ce que je veux
- vouloir ce que je fais
- arrêter de faire (le droit d’arrêter de faire…) et de se faire des contraintes
- m’engager
- me dégager des contradictions
- vivre en harmonie, en symphonie, en sympathie….C
être acrobate
chanter à l’opéra
nager 100m sans reprendre mon souffle
parler anglais couramment
voyager au THIBET et faire une retraite chez les moines bouddhistes
me lever de bonne heure tous les matins
diminuer la pile d’ouvrage prévu.
DE JC à Marie Madeleine.
Oui
Marie Madeleine,je le sais.Après l’ascension du Golgotha,et ma
ressurection inespérée,au 3eme jour conformément aux écritures,je suis
toujours là.Tu m’attendais,toujours fidèle,belle et attirante.Ton voile
encadrant ton beau visage céleste et ton corps lascif d’une sensualité
débordante me font dire que ton idée d’ouvrir un lupanar en pleine Judée
chrétienne est une idée de genie.Fatigué d’une longue errance,j’ai bien
envie de me poser dans une petite entreprise de bon rapport.Aidé de mes
douze acolytes,qui ne jurent que par moi,je sens que nous allons
réussir.Rendez vous ce soir à Bethléem,près de la petite grotte que tu
connais bien,afin que nous puissions parler de ce projet.
Maître,
J’ai
le regret de vous informer des faits suivants : votre petite clerc de
notaire, à l’air si respectable, n’est pas d’une probité exemplaire.
Je
sais vous allez tomber des nues.Cette blondinette, toujours bien
habillée, avec son air si distinguée, n’est qu’une vulgaire voleuse.Pas
plus tard qu’hier, je l’ai rencontrée rue Pont Mortain.Dans sa petite
robe cintrée, ajustée, style courreges, elle était vraiment élégante.Pas
un cheveu ne dépassait de son brushing impeccable.Tout dans son allure
reflétait son bon goût et son souci de respectabilité qui sied tant aux
petites bourgeoises.
Oui Maître, mais savez vous comment cette
femme se procure l’argent nécessaire à ses envies de coquette?Elle vous
vole.Après etude approfondie de vos comptes,10000 euros ont disparu
depuis le début de l’année.Directement versés sur le compte de votre
employée,sous couvert de transactions immobilières traitées
recemment.J’attire votre attention sur d’éventuelles malversations à
votre encontre.En effet ,un scandale financier pourrait rejaillir sur la
réputation de votre étude,mettant à mal la confiance d’une partie de
votre clientèle.
Cher Maître,je me tiens à votre disposition pour toute information complémentaire.
Votre dévoué Michel Dupont,conseiller financier à la caisse d’épargne de l’agence de Lisieux.
Installé
confortablement devant la fenêtre ouverte, j’écoute la nuit descendre
sur cette montagne que j’aime tant. J’aimerais tellement pouvoir la
partager avec toi. Je regrette à chaque instant que tu n’aies pas pu
m’accompagner.
Ce matin au marché, j’avais envie de tout te
montrer, tout t’expliquer, les couleurs, les odeurs que l’on ne trouve
qu’ici. J’ai même acheté un morceau de ton fromage préféré, sans y
penser, tant pis, je l’offrirai à la voisine. J’imagine tes yeux emplis
de gourmandise devant tous les étals débordants de produits plus
alléchants les uns que les autres.
Cet après-midi, j’ai fait une
longue promenade au bord du torrent. Le chant de l’eau m’a toujours
apaisé. Les bons moments que nous passerions ensemble… J’ai croisé un
petit oiseau magnifique au plumage mordoré. Je ne le connais pas. Je
vais sans doute passer le reste de la soirée à le chercher dans tous les
ouvrages qui se sont amassés là au fil du temps et demain je t’écrirai
son nom. Je regrette de n’avoir pas pu le photographier, il m’a surpris,
peut-être que je le reverrai.
Demain je me lève tôt, tu sais quel
effort ça représente pour moi, mais marcher en montagne à l’aube est
quelque chose d’extraordinaire. Je voudrais pouvoir t’emmener le long
des sentiers, là où l’on est seul au monde avec l’impression que
personne n’est venu avant nous. La nature nous accueille à bras ouverts à
condition qu’on la respecte. Rien n’est plus émouvant que le chant des
oiseaux au lever du jour. Je te présenterai toutes les jolies fleurs
dont je t’envoie les photos depuis longtemps déjà, tu verras, elles sont
encore plus belles dans ma montagne.
Il me reste tant de choses à te dire mais aurais-tu le temps de les lire ? Je vais en rester là pour ce soir.
Peut-être
que ces quelques lignes te donneront enfin l’envie de découvrir la plus
belle région qui soit. Je crois que je saurais être le plus merveilleux
des guides.
Je t’embrasse.
Ici aussi le temps est
magnifique. Frais le matin, ensoleillé tout le jour. Je passe mes
journées au jardin, l’ouvrage ne manque pas. Tu vois, je ne pouvais
vraiment pas partir à cette saison, les fleurs ne poussent pas aussi
bien sans moi et qui en aurait profité ?
Ca me fera très plaisir
de découvrir ta belle région, il faut juste que nous trouvions une date
commune et ça ce n’est pas simple.
Ici, j’ai terminé le nouveau
parterre, repeint les volets, tu verras la maison a de l’allure, demain
j’irai acheter les plantes pour garnir les fenêtres. Il me faut aussi
quelques lavandes et quelques thyms pour parfumer l’été qui arrive. Ces
plantes me feront penser à ton pays presque comme si j’y étais.
Ne
m’en veux pas si je n’écris pas chaque jour, mais le temps me manque et
quand je rentre le soir, je me plonge voluptueusement dans un bain en
compagnie d’un bon bouquin, Maupassant en ce moment, et je suis sûre que
tu me comprends, avant de partir pour une bonne nuit réparatrice.
Bisous
PS : tes lettres me font très plaisir, je les attends avec impatience.C
St Aubin, le 7 février 1940,
Cher Maurice,
Ta
mère et moi espérons que la neige a pu être dégagée rue Thiers. Nous
avons eu beaucoup de travail de notre côté pour réparer les
canalisations. Grand-mère est venue quelques jours chez nous car sa
fièvre et sa toux étaient de plus en plus mauvaises.
Le Docteur Godefroid n’a pu venir qu’hier.
Les livreurs n’ont pu passer et nous manquons de farine et d’huile. Nous t’enverrons un colis dès que possible. Travaille bien.
Ton père
Rouen, juillet
Ma
sœur bien-aimée, Ta dernière lettre m’a bien amusé. Je vois que la
petite troupe se prépare pour la kermesse. Je voudrais bien voir ! toi
en petite soubrette, Jean en gendarme, Nicolas en voleur et Lucie en
matronne. La fanfare répète-t-elle avec le Père Gilbert ? Je serai en
congé le 6 et espère pouvoir prendre le train de 11 heures. Mon oncle
Daniel me conduira à la gare. D’ici là, sois sérieuse avec ton petit
béguin…Dis-lui que je lui donnerai un coup de mainà la ferme des Lasnel
cet été.
Je t’embrasse affectueusement, petite sœur,
Ton frère à qui tu manques
P.S. : Embrasse Grand-mère pour moi. Je lui rentrerai son bois pendant les vacances, qu’elle ne s’inquiète pas pour ça.
Monsieur le commissaire de Police,
C’est
avec surprise, et un certain mécontentement que j’ai reçu hier une
injonction de la part de vos services de payer une amande de 200 € pour
dépôt d’objet encombrant sur la voie publique. Ne croyez pas que j’aie
l’habitude d’abandonner des objets devenus inutiles sur le trottoir,
mais il faut comprendre que la situation était exceptionnelle. Il y a
quelques temps, j’ai décidé d’arracher la haie d’arbustes qui bordait
mon jardinet afin de gagner de la place. Je dois vous dire que ce fut un
travail de romain. Je n’avais pas les outils adéquats et je ne vous
raconte pas combien il est harassant de découper des troncs d’arbre avec
un couteau à pain et des ciseaux de couturière. Bref, je n’entre pas
non plus dans les détails, et j’en viens à notre affaire. J’avais déjà
arraché six thuyas et m’apprêtais à m’attaquer au septième quand ma
petite pelle en plastique rouge rencontra un obstacle sous la terre, à
quelques centimètres seulement de la surface. Je pensais que c’était une
racine, un rocher, bref la perspective de gros efforts et d’une bonne
suée pour m’en débarrasser.
J’entrepris de dégager l’obstacle en
creusant tout autour avec la pelle. Mais, plus je cherchais, plus ces
contours me paraissaient larges ! Finalement, après maintes efforts, je
m’aperçus que cet objet dur avait une superficie énorme, puisqu’il
occupait plus de la moitié du sous-sol de mon jardin. Intriguée, je
débarrassais la surface de l’objet de la terre qui le recouvrait. Elle
était lisse, dure et brillante comme du métal, mais chaude et palpitante
comme si elle était vivante. Sa couleur n’était pas définie, s’irisant
doucement. Je ne vous explique pas comment je pus dégager ce monstrueux
objet de mon gazon. Une fois la corvée terminée, j’avais sous les yeux,
posé au milieu du tas de terre retourné qu’était devenu mon coquet
jardinet, une énorme chose ronde d’un diamètre de sept ou huit mètres et
d’une épaisseur de trois mètres environ. Sur un côté se dessinait une
sorte de porte au dessus de laquelle étaient inscrits des signes
étranges, qui, après moult recherches étaient inconnus de toutes les
écritures possible dans le monde. Mettez-vous à ma place, Monsieur le
Commissaire. Que faire ? Alerter les scientifiques, le gouvernement, les
médias, qu’un engin extraterrestre avait été découvert à Lisieux, sur
le territoire qui avait autrefois été une partie du jardin de l’Evêché ?
Je veux garder ma petite vie tranquille, Monsieur le Commissaire. Les
hordes de photographes, les agents spéciaux, les curieux, tout cela, ce
n’est pas pour moi. Je veux juste continuer à arracher mes thuyas, à
agrandir mon carré de pelouse, et pouvoir profiter de mon jardin. Alors
voilà, Monsieur le Commissaire, je ne vous explique pas comment, de
nuit, en me cachant des voisins, j’ai pu sortir l’engin et le déposer
sur le trottoir. Naïvement, je pensais que les éboueurs allaient
peut-être le ramasser avec les poubelles… Et voilà que je me retrouve
avec 250€ à payer. Si je vous ai exposé toute la situation c’est que
j’espère que vous comprendrez que je n’avais pas le choix, c’est
pourquoi je vous demande de bien vouloir m’exonérer du paiement de cette
amande. Veuillez agréer, Monsieur le Commissaire, l’expression de mes
sincères salutations. D
Mon cher frère, je te remercie pour ton
courrier de Polynésie me donnant où vous devez vous relaxer ce que tu
fais de tes vacances, ainsi que ta femme et ton fils dans votre logement
de fortune tu dégustes de bons homards grillés et du poisson frais tout
cela sous les palmiers et des ballades en pirogue, toujours le soleil
et vous bronzez sur le sable doré. Tu sais pour nous en France cela fait
du chemin pour aller en Polynésie dans l’océan Indien. Dans Six mois tu
rentres en France dans ton sous marin atomique. Je te joins une
enveloppe pour que tu envoies des photos de vous et de votre boa. Un
retour agréable pour ta famille en avion. Tous les trois, nous vous
embrassons jusqu’à votre retour à Toulon. Ici il ne fait pas trop chaud.
On se reverra le 14 juillet au défilé. Pour un mois de juillet 1986. Ta
sœur Edith. E
A Marthe Dauphine
Tanambo
Diego Suarez
Madagascar
Le 13.12.11
Chère Marthe
Te
souviens-tu de moi? Ça fait tellement longtemps, j’avais 8 ans quand
nous avons quitté Diégo. Tu as été ma dernière nounou notre dernière
« ramatou » comme on disait. Je me souviens très précisément de ta case
dans ton quartier de Tanambo. Ta case était ta chambre, minuscule. Elle
était meublée d’un lit très haut recouvert de tissus moelleux
multicolores, les murs tapissés de toutes sortes de babioles cartes
postales et autres souvenirs. Ce jour là, tu nous avais emmené mon frère
et moi passer l’après-midi avec toi parmi les tiens. Je me souviens du
repas pris avec ta tribu entière autour de la grande table de la case
principale : poisson séché et riz blanc. Nous avions l’impression Régis
et moi d’être tellement importants tous ces gens autour de nous qui nous
regardaient engloutir notre festin en plein après-midi, tous ces
malgaches tellement fiers de nourrir les deux petits français… Et le
soir à la table familiale mes parents inquiets devant notre manque
d’appétit… C’est toi qui leur a expliqué chère Marthe, cinquante ans tu
te rends compte cinquante ans déjà. J’ai trouvé cette enveloppe dans un
carton et tout est revenu. C’est étrange comme les souvenirs d’enfance
peuvent être précis mais aussi ressembler à des miettes ou des
fragments, des fragments de miroir, miroirs brisés qui me renvoient plus
que des morceaux épars de nos vies. Chère Marthe et toi ! Tu peux avoir
maintenant 75 à 80 ans. Je vois parfaitement ton visage café au lait
ton grain de beauté près de l’aile du nez, tes peignes pour tenir tes
cheveux tirés… Chère Marthe je n’ai pas ton adresse précise. Peut-être
que le quartier de Tanambo n’existe plus, ou peut-être que tu l’as
quitté. Je t’embrasse G.
Chère Louise.
J’ai eu mes dix neuf
ans. J’ai épousé Henri, il y a six mois. Le mariage était très réussi.
Mes quatre sœurs m’ont bien aidée. Il y avait cinquante personnes, la
cousine Hortense est venue aussi pourtant elle habite à cinquante
kilomètres. Chacun avait mis son plus bel habit. Mes sœurs m’ont aussi
aidée pour la robe. Elles ont coupé, cousu, brodé un tissus blanc pour
en faire un bel habit. Henri était très content du résultat. Lui avait
mis un costume neuf et c’est un évènement car Jeanne sa mère est très
avare. Mes sœurs étaient fières que l’aie un trousseau comme toutes les
autres filles du village. J’ai pensé à maman, je me suis dit qu’elle
nous regardait du ciel avec un œil bienveillant. J’ai prié beaucoup pour
que Henri et moi, nous ayons une vie heureuse et de nombreux enfants.
Henriette ma sœur aînée a déjà quatre enfants. Nous les avons coiffés
pour le mariage. Les deux garçons étaient si mignons avec leurs
anglaises blondes. Je crois que je suis enceinte, j’ai des nausées le
matin. Je n’en ai rien dit à ma belle-mère. Elle est très sèche avec
moi. Je vis désormais avec Henri à la ferme, lui travaille dur toute la
journée. Moi, je dois laver le linge au lavoir, soigner les volailles,
traire les vaches, tirer l’eau au puits. Ma belle-mère fait le repas, je
dois aussi l’aider. Je n’ai guère le temps d’écrire, ni de lire et ma
belle-mère n’aime pas me voir perdre mon temps à ça. Si je m’arrête de
travailler, je pense à mes sœurs et je suis très triste de ne pas les
voir plus souvent. Heureusement Henri est très gentil avec moi. Hier, il
m’a ramené un ruban rouge pour attacher le gilet que je suis en train
de tricoter. Ça fera très joli. Voilà pour aujourd’hui, Jeanne
m’appelle, il me faut retourner à ma tâche. Je t’embrasse.
Chère
mamie, en fouillant dans le grenier, j’ai trouvé cette lettre. Elle
était bien cachée. J’ai été très émue de lire tes mots. J’ai cherché
d’autres enveloppes, je n’ai rien trouvé. Sans doute as-tu écrit souvent
mais tes lettres se sont égarées. Tu dois dormir sous terre depuis pas
mal de temps, mais je t’écris quand même peut-être que toi aussi tu me
regardes du ciel comme ta maman le faisait le jour de ton mariage. Tu
sais, les temps ont bien changé. D’ailleurs je n’arrive même pas à
imaginer ta vie, même en te lisant. Moi, je voyage, je suis allée en
Bolivie, sais-tu seulement où ce pays se trouve ? Je ne suis pas pressée
d’avoir des enfants, j’ai bien le temps d’en faire et puis aujourd’hui,
on choisit. Je veux vivre d’abord, et prendre le temps de choisir mon
compagnon. Quant au mariage, c’est un peu désuet aujourd’hui. J’aimerai
aller vivre aux Etats-Unis pour y travailler. De toute façon je n’ai pas
encore fini mes études, on verra bien…G
Cher Marquis,
A
l’aube de ce jour, je vous écris, mes esprits revenant à la surface,
après une longue nuit agitée au sujet du différend qui nous a divisés en
ce début d’année concernant ces bâtisses qui m’étaient dévolues lors du
partage de ces terres entre nos deux familles. Je pense toujours que
les bijoux de famille cachés dans ce coffre de diamant m’appartiennent
car la ligne de sang de ma famille est plus pure que la votre. Si vous
persévérez dans cette croisée de fers entre deux familles, soyez
certains que sabre au clair, dès lundi de la semaine prochaine, je serai
là pour vous provoquer en duel dans la cour du château. Mes respects Mr
le Marquis.
Chevalier De la Morinerie
Cher Chevalier de La Morinerie
Je
viens par cette lettre vous répondre, cachet du roi faisant foi, une
fois avoir parcouru votre parchemin. Je vous assure qu’un règlement de
notre différent se fera bien, sabre au clair, dans la cour du château.
Si vous revenez à de meilleurs sentiments envers ma personne,
rendez-vous à l’orée du bois, j’y serai avec l’une des dauphines du Roi,
ma cousine, nous pourrions nous entendre et nous comprendre pour
conjurer nos différents par l’entremise de cette confidente du roi s’y
rendant en carrosse, à l’effigie de notre Roi. Veuillez agréer, Marquis,
mes respects chevaleresques.
Marquis De Gonzac de la Ferrière
M.
Une enveloppe « par avion » et une enveloppe standard : écrire deux lettres correspondant à l’enveloppe
Chère Marraine,
Je
suis heureux que tu aies choisi ma photo pour me parrainer. Ti dis que
la petite somme que tu verseras tous les mois n’est rien pour toi mais
pour moi c’est beaucoup. Elle va assurer ma scolarité et mes parents ne
vont pas devoir m’envoyer travailler. Tu sais, ici les enfants peuvent
commencer à six ans. Il faut comprendre les parents, nous n’avons
presque rien et les petites sommes que chacun peut rapporter à la maison
font que la famille mangera mieux. Pour le reste, nous nous contentons
de peu, nous sommes souvent habillés par l’aide humanitaire et nos cases
d’une ou deux pièces contiennent les ustensiles de cuisine et les
nattes que nous déroulons le soir. Mais à la saison sèche, tout se passe
dehors. La saison des pluies complique tout évidement.
Pour aller
à l’école au village (il n’y a pas d’école de brousse), je dois me
lever de bonne heure et je fais le trajet à pied mais c’est très amusant
car les copains et copines me rejoignent sur la piste et nous nous
amusons beaucoup. Quelquefois, nous pensons à nos camarades qui sont
déjà aux champs à sarcler ou à garder les troupeaux de chèvres. C’est
dur et dangereux.
L’année prochaine, j’irai au collège à la ville.
Je prendrai le taxi brousse et ne rentrerai qu’à la fin de la semaine.
Je serai interne et j’aurai un uniforme. Mon papa a dit qu’il viendrait
me chercher quelquefois sur son vélomoteur. Je ne t’ai pas dit qu’il
travaillait dans la forêt à abattre des arbres pour une compagnie
française. Maman élève mes cinq petits frères et sœurs, ma sœur Animata
va aussi à l’école, les autres sont trop petits.
J’espère que tu
viendras me voir mais si tu ne peux pas je demanderai à l’instituteur de
faire des photos et je te les enverrai et toi, pourras-tu m’en
envoyer ? de toi et de ta famille et aussi de ton village.
Si je
réussis bien à l’école, je pourrai peut-être venir faire mes études en
France mais j’ai entendu dire que ce n’était pas si facile maintenant
chez vous pour les étrangers.
Tu sais, j’aime bien écrire, alors
si tu veux bien je t’écrirai souvent et je te raconterai mon village, la
forêt, les animaux. Ici la nuit tombe d’un seul coup et on n’entend
plus aucun bruit pendant un moment, et puis ça reprend mais les cris ne
sont plus les mêmes. A ce moment-là les bébés pleurent mais les mamans
qui les portent toujours dans le dos leur chantent des chansons douces
pour les consoler et ils se rendorment.
Bon, il faut vraiment que j’arrête d’écrire sinon mes devoirs ne vont pas être faits. Je t’embrasse et te remercie très fort.
Abdou
Ma chère Maman,
C’est une bonne initiative que tu as prise de parrainer cet enfant. Les nôtres verront ainsi qu’ils ne sont pas si malheureux.
J’ai
un peu honte de te parler de nos travaux quand tu me dis qu’Abdou et sa
famille vivent à sept dans deux pièces, sans eau, sans électricité bien
entendu.
Nous avons abattu tous les murs de la salle, la chambre
et la cuisine pour ne faire qu’une seule pièce à vivre. Nous n’avons
conservé que la chambre du bout et la salle de bain qui seront affectés
aux hôtes quand tous nos travaux seront finis. Les trois chambres dans
le grenier sont terminées et nous avons tous pris possession de notre
nid. Les toilettes prévues sur le palier vont bientôt être
opérationnelles.
Les ouvriers ont commencé l’extension où sont
prévus chambre, salle de bain et atelier. Je pense qu’à la fin de
l’année tout sera terminé. Et l’année prochaine, nous ouvrirons une
véranda devant la maison.
Une chanson ou plutôt un poème
disait : » Est-ce ainsi que les hommes vivent, » Oui, pourquoi
disposons-nous de tant de place, de tant de confort, alors que d’autres
vivent les uns sur les autres dans des conditions d’hygiène
inacceptables et pas seulement en Afrique ? J’ai un peu de remords et
pourtant je fais comme tout le monde.
J’ai oublié de te remercier
de la corvée de repassage que tu m’as faite, cela m’a bien aidée, je
suis vraiment débordée en ce moment. Pierre s’investit beaucoup dans la
maison, et puis les trajets pour aller travailler, conduire les enfants à
leurs activités, vraiment j’ai apprécié que tu prennes en charge le
repassage. Je sais que tu as aussi beaucoup à faire et qu’avec Papa vous
ne vous épargnez pas et je t’en suis reconnaissante.
Je te quitte pour préparer le goûter et je t’embrasse très fort ma petite maman,
Ta fille aimante,
Louise
E.