Le 27 juin était un atelier d'écriture surprise.
Il a commencé comme toujours avec des gourmandises.
Annie nous a proposé d'écrire sur:
- une impression du matin liée à un sens
- à partir de "Les 10 amours de Nishino" de Kawakami Hiromi nous sommes invités à écrire par binôme. De réfléchir à deux pour trouver un personnage qui a un lourd secret. Ce personnage ne parlera en aucun cas, mais deux personnages l'évoqueront. Nous serons ces deux personnages avec des vécus différents.
Mais pour cette dernière édition, nous avons écrit sur Annie avec ou sans sa consigne et pour lui dire MERCI.
Vibration intense
Souffle immense
Les sons du didgeridoo
Energie stimulante
Sort de ta bouche
Résonne dans ton corps
Un air vibrant
L’image de la plage
Dans tous ses états
L’air, l’eau, le vent.
Chacun porte un secret plus ou
moins lourd du passé
Chacun a un chacun caché en soi
Un être cher, un ami, un amour
Quelqu’un qu’on aime en secret
Quelqu’un que l’on apprécie pour sa
juste valeur
Même si cette personne, on la
connaît peu
On la connaît pour ce qu’elle est
quand on la rencontre
Parce qu’elle porte sous son charme
ses secrets du passé
Propres à chacun.
Un secret bien gardé
Trahison ! Trahison ! La jeune
femme s’élance et se débat en criant au traitre au traitre.
Je te faisais confiance, tu m’as
trahi au fil du temps, au fil des ans. Belle il y a longtemps. Elle a dormi.
Elle s’est réveillée flétrie. Cette femme maintenant accuse le temps. Comme le
temps a changé, comme le temps passe vite, comme le temps l’a changée.
Aujourd’hui, elle accuse son traitre assassin. Elle crie au trésor le plus
précieux : la jeunesse éternelle. Le secret du temps.
Il avait un veston bleu. Pâle était
son teint. Sa cicatrice sur la joue qu’on prenait pour une fossette. Blonds ses
cheveux ils étaient. Terrible en est la suite. Il l’a oubliée.
Après l'atelier,
suivant les consignes de l'exercice,
Cette dame, empreinte d’une sensibilité refoulée, silencieuse, discrète,
sans âme, s’arrête devant une vitrine.
‘ Oh maman, regarde la dame comme elle ressemble à une sorcière’
En effet, une femme presque sans dents, sans soins apparents, les cheveux
gras, filasses, peu entretenus. Un faux œil qui trahissait l’autre avec un
regard vide de sens. Une allure noire, ténébreuse. Une jupe lui tombait en
lambeaux. L’on devinait le chagrin de ses journées, portés.
Elle ne prêtait attention à ce qu’elle regardait, à ce qu’on la regardait.
‘maman, elle me fait peur la dame’
Un air maussade lui appartenait tant par son visage et ses traits ingrats
que par sa tenue négligée. Elle paraissait ne parler à personne et l’on faisait
de même en retour.
Heurtée par les paroles claires et justes du petit garçon, elle fait tomber
son sac et se précipite violemment dans une rue angulaire.
Quelques jours plus tard, le sac à main est ramené au poste de police.
L’homme qui le prend regarde à l’intérieur pour trouver à qui appartient ce
sac. Il y découvre des choses peu ordinaires, pour le moins insignifiantes, qui
ressemblaient à un amas de souvenirs enfouis. L’élément le plus évocateur était
une photo. Elle représentait un jeune couple assis sur un rocher le long d’un
port de pêche. Enfin, des papiers d’identité. Cette femme s’appelait Jocelyne
Griset. Son nom lui rappelait vaguement une jeune fille qu’il avait connue dans
son jeune âge, une enfant fragile et sensible à ce qu’on disait.
Puisque que personne ne vient le réclamer, il décide de se rendre à son
adresse pour le lui rapporter.
C’était une petite maison dans un quartier pauvre de la ville. Il frappe à
sa porte, elle ouvre. Il franchit le seuil et entre. Dans la pièce, un désordre
accablant. Des tableaux peints de sa main éventrés de toutes parts. Un bouquet
de fleurs, fanées depuis des lustres, dominait la pièce. Posé sur une table
centrale, dans un vase dont les fêlures étaient innombrables. Autour étaient
éparpillés des pétales séchés, flétris sur des flaques d’eau jaunie. Du linge
sale laissé à l’abandon sur le battant d’un vieux fauteuil usé. Des rideaux
défraîchis. L’air était presque irrespirable tant l’odeur nauséabonde,
renfermée, ressassée lui prenait aux naseaux.
L’homme policier cependant, interroge cette femme dont la voix nasilleuse
soustrait son interlocuteur à la bienveillance.
‘Ce sac est le vôtre ?’
‘Je le croyais perdu à tout jamais’
‘Tout se retrouve. Vérifiez qu’il ne manque rien.’
‘C’est inutile, je sais qu’il ne manque rien‘. Car seules renfermées dans
son sac des valeurs qui n’appartenaient qu’à son cœur.
‘Le difficile en littérature, c’est de savoir quoi ne pas dire‘. Gustave Flaubert
S
Pierre
J’aime bien voyager avec Annie. Elle m’emporte vers
d’autres mondes. Je l’écoute m’expliquer
la création d’un haïku japonais. Je suis sa lecture du matin qui chemine à
travers la campagne japonaise et parle de cette femme répandant l’eau du
ruisseau cascader doucement. Tiens ce mot, douceur, ça lui va aussi- c’est sûre
démarrer pour un autre monde en douceur, avec paix ça allège. Elle m’a aussi
fait voyager jusqu’au château de Saint Germain de Livet où elle m’a fait
rencontrer la femme guerrière du château et ses hommes de gardes en veille
vis-à-vis des anglais. J’aime bien les voyages d’Annie le samedi matin, ils
sont extraordinaires et m’amènent à faire des rencontres avec moi-même qui
n’auraient pas eu lieu sans sa médiation.
Christophe,
Les autres mondes des autres. Annie est toujours là pour
nous éclairer à sa façon. Les poèmes de Bérénice viennent parsemer l’humour des
samedis matins studieux. Sous couvert du rôle d’animatrice, Annie a gardé ses
réflexes de prof de littérature- Que voit-elle quand elle regarde les adultes
écrire, une bande d’ado pas finie, des adultes éclairés par la lumière, un
assemblage hétéroclite de personnalités en manque…en manque de quoi
d’ailleurs…Qui est-elle pour donner tant et recevoir quoi ? A quoi
carbure-t-elle ? Est-ce l’énergie des mots, la bienveillance partagée, le
non jugement affiché qui la touche et lui donne envie de continuer ?
Annie
Une vie à partager
Les écrits en mon cœur
Bonté et bienveillance
Chevillées à l’esprit.
S
Ce portrait d’Annie, professeur, contraste beaucoup avec ce
qu’en disent certains habitués du café du village, dit Gustave, d’une voix
rocailleuse. « Elle oublie qu’elle était sirène dans des temps lointains
et qu’elle chantait à l’entrée des marins et de leurs bateaux au Port de
Trouville, pour les enchanter par ses doux chants marins pleins de voluptés.
Elle essayait d’être la convoitise de ces hommes qui après un long voyage,
avaient rêvé d’elle pendant leur voyage au long cours. Eh oui, ils étaient
vingt et cent même sur la mer, ils se retrouvaient mille aux pieds d’Annie, la
nouvelle déesse de la mer pour eux. Mais comme toute déesse elle ne pouvait
donner que ce qu’elle a… Comme la mer les poissons qu’elle contient. Ça change
avec son autorité professorale qu’elle
exerce aujourd’hui.
Professeure de musique, elle fait chanter ses élèves dans
ses cours de solfège. Elle est très rigoureuse dans le suivi de ses cours. Do
ré mi fa sol la si do, répètent les élèves en chœur et par cœur bien sûr. Puis
c’est la pratique d’un instrument qui va être en jeu cette fois-ci. C’est que
le cours avec elle, est roulé comme du papier musique. Son instrument préféré
pour notre éducation c’est évidemment la flute. Avec Annie pas de couac, il
faut se mettre au diapason avec la musique qu’elle enseigne et même porter la
blouse grise comme dans certains pensionnats, ensuite il faudra oublier le
maître comme on dit !! Mais cela c’est une autre paire de manche, car
Annie, la professeur n’entend pas cela de cette oreille- là. Elle veut des
élèves obéissants. Elle les dirige à la baguette dirais-je. Chaque élève doit
respecter le silence à l’atelier d’écriture maintenant, maintenant se dit-elle
qu’il est doux ce temps où je me faisais respecter au doigt et à l’œil.
M
J’entends… tout et n’importe quoi. Mais ce matin, j’ai
entendu proposer de faire vivre chaque chose comme si c’était la première fois.
Donc, je viens à l’atelier d’écriture pour la première fois ce matin. Que
vais-je entendre
Tout évolue et c’est merveilleux… Nous aussi nous évoluons,
à partie des expériences, des découvertes, des rencontres, des échanges qui
jalonnent notre vie. Ainsi, il y a deux ans maintenant j’ai décidé de
participer à l’atelier d’écriture… Qu’est-ce qu’on y fait ? Comment ?
Avec qui ? Autant de questions… Autant de points d’interrogations… Allons,
bon…je me lance. Et j’ai découvert un groupe très divers. Certaines personnes
participaient depuis un certain temps déjà. L’animatrice de cet atelier n’a
rien d’une instit…du moins celles (les institutrices) de mon souvenir…jamais
elle ne juge la qualité de l’écrit, au contraire, elle a une façon de reformuler
qui fait ressortir le positif du texte et lui donne un nouvel aspect, plus
facile à comprendre, même pour l’auteur. Pourtant, les propositions sont
diverses et elle doit passer bien du temps à chercher le nouveau thème de la
prochaine rencontre. Et si au début, on a tendance à se dire que ce que l’on
écrit ne vaut pas grand-chose, petit à petit on prend confiance et le jugement
disparait. Merci Annie
M
Arôme qui me fait déjà saliver
Odeur du sud de l’Italie
Fraîcheur, verdure
ô ce pot derrière les volets mi-clos de basilique sur la
fenêtre de la cuisine
Ne pas oublier de l’arroser ce soir
Annie, La petite Annie c’était une bande dessinée de mon
enfance ; une petite fille aux joues rondes aux yeux noirs très
vifs ; le visage entouré de bouclettes ; qui se sortait toujours avec
malice des situations périlleuses. Etais-tu comme cet enfant ? Peut-être…
Le regard est resté, profond, tendre aussi. La bonne mine est toujours là,
serais-tu un peu gourmande ? Aimes-tu cuisiner ?
Les bouclettes s’en sont allées au fil des ans et cette
coupe de cheveux sportive et sans fantaisie laisse présager d’autres
préoccupations que la coquetterie. Tiens, tu es gauchère ! As-tu eu des
soucis pour cela à l’école ? tu as dû écrire avec de l’encre, un
porte-plume, un buvard et je t’imagine élève attentive, sage, pleine de bonne
volonté. Tu ne portes pas d’alliance…Femme libre ? Ta silhouette est
tranquille, une harmonie intérieure s’en dégage. Ta grande simplicité te rend
affable. Ta voix est à la fois douce et ferme. Quelle a pu être ta
profession ? Tu sembles évaluer d’un seul coup d’œil les personnes qui te
côtoient. Enseignante ? Psychologue ? En un rien de temps tu sais
retenir l’essentiel d’un texte et le reformuler, ta pensée est analytique,
rapide. Altruiste aussi puisque m’a-t-on dit tu nous consacres bénévolement de
ton temps, ces samedis d’atelier qui m’ont redonné » la possibilité
d’écrire, de recadrer mes pensées- de sourire, d’échanger des textes- de
rencontrer des gens sympathiques. T’a-t-on apporté nous aussi quelque chose ?
Je l’espère et te remercie de nous avoir procuré ces moments de convivialité.
E
La douceur de la peau et la fermeté sur les lèvres- la
petite rondeur dans la bouche entre la langue et le palais- craque-croque la
pulpe qui explose- le sucre- le parfum un peu acide- mais déjà sucré- le jus
suave cric crac croc et hop le noyau rejeté.
Annie petit à petit pas à pas affine sa méthode aiguise son
oreille.
Ecouter pour écrire puis s’écouter. Ouvrir ses oreilles pour
entendre la consigne puis faire résonner le texte de chacun en soi. Goûter la
brioche, le gâteau de Savoie, le chocolat, le bouillon KUB, la madeleine et
partager dans les mots ses gourmandises. Sentir sur le chemin de la médiathèque
puis en fermant les yeux, se laisser surprendre par un brin de lavande, un thé
parfumé et s’ouvrir aux souvenirs de chacun. Regarder une petite image offerte
ou aller à la rencontre d’un personnage, être derrière une fenêtre et prendre
le temps d’imaginer au-delà de ce simple regard une aventure. Toucher, toujours
de la douceur pour ne pas hérisser. L’art d’être ensemble et de partager.
Ecrire. Rire. Sourire. Partager. Ecouter ou Ecrire Ecouter Partager Sourire
Rire et parfois juste au bord de l’œil une petite larme d’émotion. Merci Annie
pour tes rendez-vous. Ton secret ? C’est ton cœur gros comme ça….
G
Après une dure journée, se glisser dans les draps frais, la fenêtre ouverte,
sentir l'air léger ; puis trop de chaleur, l'air insuffisamment frais, le
lit réchauffé, rien ne va plus. Attendre que la température baisse avec
l'endormissement et enfin, savourer la fraîcheur sur le corps libéré des draps.
Annie, je suis heureuse de te revoir aujourd'hui. Nous nous sommes
rencontrées à cause ? Ou grâce à l'écriture ? A Pont-L'Evêque,
souviens-toi, au rez-de-chaussée de la bibliothèque, si froid, en température
veux-je dire ! Mais tu as quitté Pont-L'Evêque, ta maison si grande et tu
t'es installée dans une maison de paille. Rappelle-toi le texte de Ghislaine où
Mémé fermait définitivement sa porte et s'en allait sur les routes, sac au dos
et chat sur l'épaule ?
Il y a des sujets comme cela, écrits et lus par les participants, qui m'ont
bien fait rire. La personnalité du groupe étant variée, sa production l'est
aussi et les textes faits d'humour, de tendresse, de poésie, de réalisme me
font passer des moments agréables et enrichissants. Ils me ressourcent pour un
bon moment et cela, c'est grâce à toi.
Et je t'ai suivie ici, à la médiathèque de Lisieux. Ton public y est plus
nombreux et tes sujets d'écriture toujours passionnants, variés, surprenants,
déroutants parfois.
J'ai abandonné un peu malgré moi le groupe. Comme dans la pub je te
dirais : »Tu m'as manqué, tu sais. »
Revenons à Pont-L'Evêque. La plus affectée par ton départ, du moins celle
qui le dit le plus, a été Stéphanie, elle me parle souvent de toi. Mais toutes
les autres : Anne-Laure, Elisabeth, Isabelle, Mado et Raymonde se soucient
de toi et de ta santé ; je rencontre aussi des gens qui me parlent de toi,
rassure-toi, je n'en ai jamais rencontrés à qui tu as laissé un mauvais
souvenir ! Là_bas tu fais l'unanimité pour ta gentillesse, ta douceur et
ta disponibilité.
Avec toute ma maladresse, c'est donc un hommage que je voudrais te rendre,
non pas comme à ces personnalités entrées au Panthéon, mais à cette animatrice,
déclencheur d'idées – de fourmillements d'idées- attentive au moindre mot,
restituant les émotions et ne jugeant pas.
Annie, je te dis merci pour tous ces ateliers vécus avec toi. (Et pourtant
un de mes amis disait : » On remercie ceux dont on n'a plus
besoin. ») Non, nous avons encore besoin de toi , l'aventure avec toi
continue, entraîne-nous dans d'autres découvertes, d'autres surprises.
Je te souhaite aussi de bonnes vacances mais ce sera sûrement pour toi
l'occasion de trouver d'autres sujets d'écriture. Et repose-toi, profite pleinement
du soleil, des paysages, de ta famille certainement, de ta maison et surtout,
surtout, réunis-nous encore et fais nous écrire tant que tes idées ne seront
pas taries.
E
Depuis quelques jours,
Elle s’est ouverte,
Avec ses jolis contours,
Et ses feuilles vertes,
Alliés à une pure blancheur.
Admirative et apaisée,
Définitivement cette fleur,
C’est ma préférée !
(Fleur = orchidée, Sens = vue)
La première fois, j’ai vu la fragilité,
Une femme douce, pleine d’humilité
Le mois suivant, j’ai été touchée
Par sa bienveillance incontestée.
A chaque séance, elle écoutait
Attentive et garante du respect.
Elle m’a fait voyager,
Avec l’odeur du thé chocolaté.
Depuis que j’ai goûté aux ateliers,
Je ne peux plus m’en passer.
Tous mes sens se sont réveillés,
J’ai peut-être même un peu changée.
Elle m’a guidée et accompagnée,
M’a laissée m’exprimer.
Si elle m’assure être toujours là à la rentrée,
C’est apaisée que j’entamerai l’été !
B
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Qui a-t-il dans ce sac?? Des cadeaux... |