jeudi 6 janvier 2011

Du bon usage de la délation

Deux sites web ont récemment fait l’actualité et créé la polémique : Facebook et Wikileaks. A travers eux, ce sont les dérives d’Internet qui sont visées. A mon avis, ce sont de fausses cibles. Le cœur du problème n’est-il pas la délation ?

Rappelons la dernière affaire concernant Facebook. Deux salariés sont virés pour avoir dénigré leur employeur et leur société sur leur page. Le conseil des prud’hommes valide le licenciement. Dans la relation de cette affaire, un fait m’interpelle par son absence. Alors que les médias mettait l’accent sur Facebook et les dangers de son utilisation, était passée sous silence la vraie cause du problème : un « ami » des deux salariés avaient transmis les messages injurieux au patron. En résumé, il y avait un délateur dans l’entreprise.

Depuis plusieurs mois, le site d’informations WikiLeaks effraie le pouvoir en publiant des documents confidentiels. Fin novembre, il révélait 250 000 notes diplomatiques que le département d’Etat américain aurait bien aimé garder secrets. Souvenez-vous, en octobre, des rapports de l’armée américaine en Irak étaient aussi diffusés. Comment Wikileaks a récupéré ces documents ? Bien sûr, le site cache l’identité de sa source. Le Pentagone pense toutefois avoir trouvé la cause d’une partie des fuites en la personne d’un simple soldat de 23 ans. Analyste de données pour l’armée US, Bradley Manning aurait tout simplement utilisé son accès au réseau militaire pour télécharger les données confidentielles sur un CD. Puis, il aurait offert ces informations à WikiLeaks. Encore un cas de délation.

Pour ou contre Facebook ? Pour ou contre Wikileaks ? Les médias ne visent-t-ils pas à côté du problème ? On se méfie de Facebook parce qu’il dévoile des informations privées. Oui mais ces divulgations ne se sont produites que parce qu’un envieux ou un ambitieux comptait tirer une promotion de ses révélations. Tout contestable soit-il, Facebook n’a pas inventé la délation et son fondateur Mark Zuckerberg n’a pas créé son réseau social dans ce but.

Plusieurs voix soutiennent Wikileaks car il œuvrerait pour une société de transparence dans laquelle l’Etat et les puissants devraient jouer franc-jeu face au citoyen. Mais comment ne pas être gêné par les méthodes employées pour ce combat : le vol d’informations confidentielles ? Faut-il applaudir Wikileaks autant que diaboliser Facebook ? Le site de publication de documents secrets nous interroge sur le bon usage de la délation. Y a-t-il un bon usage ? La fin justifie-t-elle les moyens ?

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