mercredi 19 mai 2010

Littérature des Balkans

Après la rencontre avec la bulgare Theodora Dimova remarquée notamment pour son surprenant roman Adriana et de Florina Ilis, auteure de La croisade des enfants, véritable tableau de la Roumanie contemporaine sous le regard complice d'adolescents en voyage, nous poursuivons notre découverte de la culture des Balkans avec un auteur serbe, David ALBAHARI et l'un de ses romans : L'homme de neige.


L'homme de neige présente beaucoup de similitudes avec son auteur puisqu'il s'agit d'un écrivain d'ex-Yougoslavie invité en résidence dans une université nord-américaine. Malgré l'excellent accueil matériel qui lui est réservé, le narrateur reste confronté à une forme d'incompréhension liée à une vision déformée de son pays que véhiculent les universitaires qui l'entourent. Avec une écriture minutieuse, dense et précise, David Albahari s'interroge, de façon presque fataliste, sur le sens de l'histoire, sur la géographie et sur leur enseignement.

"Ha!"a lancé le professeur de sciences politiques en me voyant apparaître à la porte de son bureau. Voilà une ponctualité, a-t-il dit, à laquelle on ne s'attendrait pas de la part de gens des pays dont je venais, mais vu que j'étais originaire d'une région frontalière, il estimait que j'avais probablement combiné en moi des qualités différentes, atténuant celles qui étaient typiques et accentuant les inhabituelles. La surprise qu'il me destinait, c'était un livre. Il le poussait vers moi, sur son bureau, tout en le couvrant de sa main. "Pas si vite", a-t-il dit quand j'ai tendu le bras. Il a retiré sa main. Atlas historique de l'Europe centrale et orientale, ai-je lu sur la couverture. "ici, a dit le professeur de sciences politiques en tapant sur le livre de son index plié, est inscrit votre destin, ici est le noyau dont tout procède et où tout conflue."Je n'ai rien dit. "C'est le meilleur livre sur les peuples fantômes qui, même au bout de mille ans et plus, n'arrivent pas à trouver la paix, errent sans cesse à travers des espaces qu'ils ont depuis longtemps transformés en cimetières, en pays des morts, convaincus que seul le monde de l'au-delà est le vrai monde, que l'inconsistance est la vraie plénitude et que les frontières ne sont que des pures inventions."



Ses autres romans :


L’appât,
Gallimard, 1999
Le livre bref,
Griot, 1999
Goetz et Meyer,
Gallimard, 2002
Tsing,
Est-Ouest Internationales, 2004
Globe-trotter,
Gallimard, 2006
Mrak, ténèbres,
Ginkgo, 2007
Hitler à Chicago,
Les Allusifs, 2008
La langue est de l’histoire, et le récit est de la géographie,
in L’Histoire ou la Géographie, meet, 2008
Dans le hall,
Revue meet n°12, Le Caire/Vancouver, 2008









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