jeudi 2 juillet 2009

La pluie, avant qu'elle tombe

J'ai toujours aimé qu'on me raconte des histoires, particulièrement celles d'un temps passé, bientôt tombé dans l'oubli et dont les traces ne subsistent que dans une mémoire devenue précieuse.« Dans la pluie avant qu'elle tombe » On est emporté par la voix et les souvenirs d'une vieille dame, une vie entière décrite, avec ses attachements et ses déceptions, pour comprendre la généalogie d'un drame. Il s'agit d'une histoire sans hommes, une histoire de mères, de filles, d'amies et d'amantes, entre passions et indifférences.



La présentation de l'éditeur :

Rosamond vient de mourir, mais sa voix résonne encore, dans une confession enregistrée, adressée à la mystérieuse Imogen. S’appuyant sur vingt photos soigneusement choisies, elle laisse libre cours à ses souvenirs et raconte, des années quarante à aujourd’hui, l’histoire de trois générations de femmes, liées par le désir, l’enfance perdue et quelques lieux magiques. Et de son récit douloureux et intense naît une question, lancinante : y a-t-il une logique qui préside à ces existences ?

Tout Jonathan Coe est là : la virtuosité de la construction, le don d’inscrire l’intime dans l’Histoire, l’obsession des coïncidences et des échos qui font osciller nos vies entre hasard et destin. Et s’il délaisse cette fois le masque de la comédie, il nous offre du même coup son roman le plus grave, le plus poignant, le plus abouti.



Un petit extrait :

<< Après un instant d'immobilité, une grimace de concentration, elle commença par jouer une unique note, longue et grave, à la flûte. Elle tint la note, la laissa flotter dans l'air puis s'évanouir.

Puis elle joua tout aussi longuement une nouvelle note, une tierce mineure au-dessus de la première, qu'elle fit suivre, après quelques secondes de silence, d'une simple phrase de trois notes, dans une tonalité apparemment tout autre.

Alors seulement elle appuya sur sa pédale d'effets et soudain, miraculeusement, les deux premières notes et la petite phrase musicale se répétèrent, encore et encore. Un nouveau coup de pédale, et les notes se mirent à fleurir, à se multiplier. Des accords se dessinèrent, des boucles se formèrent, en unissons fugitifs, jusqu'à ce que l'air paraisse empli d'un orchestre de flûtes, dont l'harmonie surnaturelle fournissait une base à Catharine, qui se mit à improviser timidement des lignes mélodiques discrètes et fragmentaires. La musique qui envahissait l'église semblait infiniment triste et irréelle, comme si elle provenait non seulement d'un endroit lointain et ignoré, mais d'un passé enfoui. >>



Interview de Jonathan Coe

1 commentaire:

seb a dit…

Effectivement un bien joli roman