Son dernier roman s'intitule "Le boulevard périphérique". C'est l'itinéraire suivi tous les jours par le narrateur pour se rendre à l'hôpital ou sa belle-fille Paule lutte contre le cancer. Chemin parcouru en voiture, train, bus, RER, trajet répétitif, parfois exténuant, voire désespérant, pour aboutir à cette chambre 108 parce qu'il faut simplement être là. Il a le sentiment de ne servir à rien mais il est une présence compassionnelle nécessaire.
Comme celui du cheminement, l'autre thème récurrent chez Bauchau est celui de la perméabilité temporelle. Les visites à Paule ramènent le souvenir de Stéphane, un ami tué à la fin de la guerre en tant que résistant. Parfois aussi, ce sont des souvenirs d'enfance que la pensée associative (Bauchaufut longtemps analyste) fait surgir dans le présent. A l'itinéraire géographique correspond donc un itinéraire mental, lieux matériels, lieux de la mémoire par lesquels le narrateur passe et repasse et qui constituent la structure même du roman.
On peut aussi y discerner un jeu de contrastes entre les lignes : horizontale pour Paule couchée sur son lit d'hôpital, verticale pour Stéphane initiant le narrateur à l'escalade et à vaincre sa peur. Contraste aussi entre la présence lumineuse et aérienne de Stéphane et celle destructrice et compacte de Shadow, son bourreau.
S'il y a des références (littéraires, bibliques, mythologiques...) dans ce roman, ce sont celles qui ont accompagné l'auteur dans sa vie (il a 95 ans), elles n'alourdissent en rien une écriture dense et légère à la fois. C'est un livre qu'on ressent encore longtemps en soi après l'avoir lu, parce qu'il représente avec une grande lucidité, les différents aspects de notre condition humaine, c'est-à-dire mortelle.
Comme tous les bons livres : à emprunter à la médiathèque ! Dans l'espace adultes, romans : R BAU
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