vendredi 29 juillet 2022

Atelier d'écriture du 23 juillet 2022

La ferme Groult à Criquebeuf, Paul Alfred Colin, 1875

Pour cet atelier, nous nous sommes aventurés en dehors de la médiathèque... Il avait lieu au Musée d'Art et d'Histoire de Lisieux, et plus particulièrement dans la salle d'exposition temporaire « Paysages en collections ».

Tout d'abord, nous avons observé les différents tableaux afin d'écrire quelques mots clés qui nous venaient en tête.

Le deuxième exercice consistait à écrire une correspondance entre deux personnes, en s'inspirant d'un des tableau. Le choix de l'époque et de la forme (lettre, mail, sms...) était libre.

Si vous souhaitez visiter l'exposition, elle est toujours visible jusqu'au 18 septembre prochain. L'entrée est gratuite !

Voici les textes qu'elle nous a inspirés...



Camille


Tant à faire, tant à voir

Tous s’affairent autour du lavoir

Les paysans chargent

Leurs attelages patients

Tandis qu’à la marge

L’enfant se détend

Derrière lui, bavards discrets

L’attroupement de canards aux jolis duvets

Les arbres de toute leur hauteur

Laissent percer des douces lueurs

On ressent que la journée défile

Les familles de poules se déplacent en file

 

A droite à gauche partout

Jonchant le sol seau renversé

Dans le toit de chaume un trou

Carriole à l’arrêt, à réparer

Animaux à nourrir

A peine le temps pour les soupirs

 

La vie de la ferme s’avère intense

Derrière ses étendues immenses

Fourmille la vie à l’infini

Oies s’agitant, vache paisible

Paissant tranquille ou aux déplacements en troupe audibles

 

 -----------------

 

Mercredi 23 juillet 1875

 

Ma chère mère,

Je n’ai pas réussi à t’attendre pour te dire au revoir. Cette nuit je n’ai pas fermé l’œil. Je raturais les lettres, je jetais mes feuilles emplies de larmes, se déchirant comme mon cœur malheureux. Je redoutais trop de voir tes yeux humides et ta mine s’assombrir. J’ai préféré m’enfuir avant l’aube à pas de loup. Je soupçonne même que je vous ai éveillés et que tu m’auras devinée. Votre chagrin m’est trop insupportable. Je sais qu’une nouvelle vie m’attend grâce à tous vos sacrifices. Je pars en emportant dans mes bagages votre amour précieux et nos souvenirs heureux. Je vous aime pour toujours.

 

 

Dimanche 27 juillet 1875

 

Maman,

Voici quatre jours que je vous ai quittés. C’était au-dessus de mes forces de vous dire adieu et maintenant je m’en veux de ne vous avoir pas serrés dans mes bras une dernière fois.

Durant deux jours et demi nous avons serpenté les flancs de nos collines bien aimées. Leurs paysages familiers défilaient sous mes yeux tels des tableaux à la beauté immuable.

L’approche du bas de la vallée dont grand-père nous décrivait dans ses histoires l’étrangeté et les couleurs bariolées prenait corps très différemment de tout ce que mon imaginaire se représentait.

C’est difficile de trouver quels mots décriraient les architectures singulières des habitations de ces contrées longeant le fleuve. Demain il faudra d’ailleurs embarquer pour le remonter en direction de ma destinée. Que dieu vous protège.

 

 

Mardi 29 juillet 1875

 

Ma petite mère tant aimée,

Je n’ai guère pu t’écrire tant mon cœur chavirait de tout côté dans cette épopée fluviale. J’étais si incommodée par le mouvement incessant des flots que je croyais perdre pied et pire, perdre la raison. Le sol se dérobait sous mon corps tel mon destin en ce moment même me transporte en m’arrachant tout repère solide et tangible.

Je me sens tel un arbre déraciné sans aucune stabilité. Si le décor à l’arrivée était un spectacle somptueux à la clémence du crépuscule tendre, dans un dégradé de nuances orangées se reflétant dans le miroir scintillant, je n’ai su réellement l’apprécier qu’une fois débarquée, malgré qu’il m’a bien fallu quelques minutes, peut-être plus, pour me remettre de mes aventures perturbantes.

Si tu savais comme je regrette amèrement de n’avoir pas persévéré quand mon cousin Yvain tenait à m’apprendre à nager dans notre étang familier où nul danger ne m’apparait aujourd’hui comme significatif.

 

 

Vendredi 1er août 1875

 

Mère,

C’est après moult frayeurs et tristesses qu’hier j’ai pu rejoindre enfin la grand ville qui constitue désormais ma nouvelle maison. Mon accueil fut chaleureux et mon fiancé fait preuve d’une patience touchante. Malgré tout, l’ombre de ma nostalgie qui plane derrière mes tentatives de sourire ne saurait échapper à sa sensibilité manifeste. J’espère ne décevoir ni ses espoirs, ni votre honneur et m’acclimater bientôt à ce nouvel univers qui m’est encore tout neuf.

 

 

Mercredi 13 août 1875

 

Maman,

Ici fourmillent mille et un inconnus s’affairant dans tous les coins de rue. Les boutiques s’enchevêtrent sans discontinuer et rivalisent de diversité. Les vitrines brillantes feraient pâlir les princesses tellement la cité semble regorger de richesses. Mon fiancé voudrait me couvrir de ces biens desquels les femmes élégantes paraissent raffoler. Je ne compte pas ses efforts pour satisfaire à mes aspirations. Néanmoins je n’éprouve guère aucun désir, même en me forçant. Le seul objet auquel je m’accroche et qui m’importe est mon carnet de croquis aux traits de pastel dont je tourne chaque soir les pages avec langueur.

J’ignore si je serai jamais consolable en vérité.

 

 

Jeudi 21 août 1875

 

Ma douce maman,

Voici trois semaines que j’ai rejoint ma nouvelle demeure. Je compte les jours et même les heures. Cela me culpabilise de ne savoir pas comment être heureuse ici et j’ai même peur maintenant que mes écrits ne vous blessent vous ou ma belle-famille charmante au demeurant.

Charles a proposé que je rencontre le meilleur médecin de la ville. Il se plie en quatre et je lui en suis tout à fait gré.

Je vous aime. Que Dieu vous garde.

 

 

Lundi 1er septembre 1875

 

Maman,

Un mois déjà… ma gorge est nouée. Je n’ose plus écrire. J’ai peur que le temps ne parvienne pas lui-même à me guérir. Le mariage approche. Je ne trouve guère l’énergie de me projeter, de participer à l’organiser.

Avec amour.

 

 

Mardi 22 septembre 1875

 

Maman, ma chère maman,

La mélancolie gagne du terrain, je ne réussis plus à la freiner. Le médecin est inquiet. Pardonne-moi de vous inquiéter. Je m’en veux tellement de tous vous blesser, vous décevoir.

 

 

Mercredi… Octobre… de ma dernière année

 

Charles, mère, père,

A vous qui m’aimez et que j’aime. Je ne vous demande nullement de comprendre, de pardonner ni d’accepter seulement mon geste… Mon dramatique et irréversible geste… Ma décision terrible et sans retour… Les mots me manquent. Je suis en proie à la faiblesse. Je cède à la facilité. Je vous quitte pour mieux vous retrouver dans la légèreté du ciel.

 


Mickaël

 

Très chère mère,

Je ne vous écris que trop peu à votre goût, si bien que, je le sais par avance, cette lettre va sûrement vous faire plaisir. Mais ce ne sera qu’une joie de courte durée car la nouvelle qu’elle annonce ne va malheureusement pas vous plaire.

Je vais très prochainement partir pour un très long voyage de l’autre côté de l’océan, sur le nouveau continent.

J’embarque dans deux jours et n’aurai donc pas le temps de rentrer vous saluer avant mon départ.

Mon ami l’irlandais me l’a assuré, là-bas, la fortune nous tend les bras. Je ne peux pas passer à côté d’une telle occasion.

Je vous embrasse.

Votre cher et tendre fils, Mickaël

 


Très chère mère,

Le voyage fut long et parfois très chaotique mais nous sommes bien arrivés.

J’espère que ce courrier n’aura pas moins de chance que nous et qu’il ne sombrera pas suite à une tempête ou autre. Mon ami qui m’avait dit être un marin chevronné n’a pas très bien supporté la traversée.

A l’heure où je vous écris, celui-ci est encore malade. Je vais certainement devoir me débrouiller seul dans un premier temps. Cela me déçoit mais ne m’inquiète pas pour la suite car il est robuste et même si je devais me retrouver seul je n’aurais pas de mal à faire affaire avec les innombrables armateurs présents ici.

J’espère que vous vous portez bien et que vous ne... 

(le texte n'a pas pu être terminé)

 

 

Maïlys 


Mon frère, je suis partie ce matin. Vous dormiez encore, les parents et toi. Je ne pouvais plus supporter le poids du regard méprisant de papa, de la pitié dans les gestes de maman, le poids du vide dans mes entrailles. Il fallait que je souffle un peu. Je pars vers la mer, où tout paraît plus simple, où l’odeur des embruns calmera mes pensées. Où je ne serai plus aux yeux de tous cette jeune mère qui a abandonné son enfant. Je sais que tu comprendras et que tu ne m’en voudras pas. Je te fais confiance pour me couvrir et te donne très vite des nouvelles. Des bisous frangin.

 

Sœurette, je comprends et respecte tes choix. Celui de ton départ comme l’autre. Tu as fait ce dont tu avais besoin, ne portes pas trop d’intérêt au regard des autres. J’espère que l’air de la mer t’apaisera. A bientôt.

 

Frérot, merci pour ta compréhension qui me rassure tant, je sais qu’elle est sincère. Je t’écris ce message face à la mer. Le ciel est noir au-dessus de ma tête, la pluie n’est pas loin et les vagues se déchainent. Finalement les éléments reflètent ma pensée et la mer d’huile que j’avais imaginée pour me calmer n’est pas au rendez-vous. Quand j’ai vu ce temps ce matin je me suis dit que c’était peut-être une connerie d’être venue ici, et finalement là, assise sur le sable, je me sens à ma place. J’attends la pluie comme si elle allait me laver de tous mes souvenirs, me rendre ma page blanche du début, de la naissance. Ma fille, elle, sera une véritable page blanche. Elle grandira sans son passé, mais c’est ce que j’ai de mieux à lui offrir. J’attends la pluie mais je sais qu’elle ne me lavera de rien, c’est sûrement mieux ainsi. Je serai bientôt de retour mon frangin.

 

Tu avais besoin de te vider un peu la tête, mais c’est important que tes souvenirs restent car ils font partie de toi maintenant. Ta fille grandira sans toi mais elle ne sera pas moins aimée. A très bientôt sœurette.

 

Frérot, je suis sur la route du retour. J’ai eu beau attendre la pluie, elle n’est jamais venue. C’est toi qui as raison, cet événement fait partie de moi maintenant, de mon corps, de mes pensées et de mon histoire. La culpabilité est toujours aussi forte mais je sens qu’un jour, je pourrai l’accepter. Rentrer, c’est déjà un pas vers cela. Je serai à la maison vers 15h. Je sais que les parents seront au boulot et que toi tu n’as pas cours. J’aurai bien besoin de se sas de décompression avant d’affronter leurs regards. Je ne devrais pas y porter trop d’intérêt, mais c’est plus facile à dire qu’à faire, comme on dit. Le ressac des vagues m’a tout de même convaincue de leur parler. L'importance de toujours revenir sur le rivage. A tout à l’heure.

mercredi 6 juillet 2022

Dates des ateliers d'écriture - fin 2022

Voici les prochaines dates des ateliers d'écriture, de juillet à décembre !

Les deux ateliers d'été auront lieu à Lisieux... mais en hors les murs.

Pour la première date, rendez-vous devant le Musée d'Art et d'Histoire de Lisieux, le samedi 23 juillet à 9h45.
Nous écrirons sur le thème : « Voyage dans l’univers des paysages ».

Pour la deuxième date, le samedi 27 août, nous vous donnons rendez-vous à 9h45 à la Médiathèque de Lisieux, mais nous irons nous promener dans la ville. 
Le thème de l'atelier sera : « Buco Art ». Laissez-vous guider...

L'atelier de septembre s'inscrira dans l'événement national de la Semaine bleue, une semaine d'animations qui visent à valoriser la place des seniors dans notre société.
Pour l'occasion, nous écrirons autour du thème « Des visages mon visage », en nous inspirant de photos de résidents de maisons de retraite.
Cet atelier aura lieu le samedi 24 septembre. Encore une fois, rendez-vous à 9h45 à la Médiathèque de Lisieux.
Les textes seront par la suite affichés dans la médiathèque pendant la Semaine bleue, du 3 au 9 octobre.

Enfin le dernier atelier de Lisieux aura lieu le samedi 12 novembre, également à la Médiathèque à partir de 9h45.

Deux ateliers sont également prévus à la Médiathèque de Livarot, de 10h à 12h :
- le samedi 22 octobre
- le samedi 10 décembre

Pour récapituler :
Ateliers à Lisieux (rendez-vous à 9h45, atelier de 10h à 12h) : les samedis 23 juillet, 27 août, 24 septembre et 12 novembre.
Ateliers à Livarot (de 10h à 12h) : les samedis 22 octobre et 10 décembre.

Nous espérons vous retrouver nombreux pour ces nouveaux rendez-vous !

mercredi 25 mai 2022

Atelier d'écriture du 7 mai 2022

Pour ce nouvel atelier d'écriture du 7 mai, nous avons choisi un inconnu dans la médiathèque, l'avons observé et avons imaginé sa vie. Voici ces vies inventées et mises en mots.



Hélène


Blondinette, la douche n'est pas loin car ses frisures sont à peine sèches.

Ses ongles, soigneusement vernis de rouge, contrastent sur son livre grand ouvert.

Elle est lumineuse avec son gilet du même rouge, ses tennis turquoises, son jeans et son ventre rebondi sous une liquette blanche parsemée de petits points noirs.

Son petit sac noir est posé, bien calé à son côté dans ce fauteuil, rouge, lui aussi. Elle est lovée, concentrée, comme un Pierrot dans sa lune.

Elle est jeune, belle, paisible, heureuse de cette vie qui grandit en elle.

Elle attend ce bébé à venir.

Elle attend son amoureux parti pour le week-end, faire du VTT en Suisse-Normande.

Elle attend la suite de cette belle histoire d'amour qu'elle dévore dans son livre.

Elle attend d'être moins fatiguée pour repartir marcher, dans les allées du marché, faire quelques provisions et rentrer dans leur petit nid douillet.

L'appartement est, lui aussi, doucement coloré, avec une petite chambre déjà préparée pour l'arrivée du bébé.

Avant de préparer à manger, encore une pause canapé, pour continuer à bouquiner.

Son amie d'enfance, Joë, vient passer le reste de la journée avec elle.

Elles vont papoter, rigoler, visionner leur série préférée et rêvasser, se projeter, de leurs univers familiers vers leurs avenirs avec sourires.



Noémie


Elle est brune, cheveux raides tombant sur ses épaules, une paire de lunettes rondes posée sur le nez. Elle se tient au centre de son groupe d’amis, plus petite d’au moins une tête mais la démarche pas moins affirmée. Elle porte une veste kaki ouverte sur un t-shirt blanc qui retombe sur son jean. Elle jette un regard à droite, à gauche, à la recherche de l’objet de sa venue à la médiathèque. Un sac à dos sur les épaules, elle sort tout juste de son cours de français du samedi matin, au lycée Victor Hugo. La matinée lui a semblé si longue, à étudier toutes les subtilités de la langue française, à se noyer dans les méandres de la grammaire… Elle rêverait de s’évader dans sa prochaine lecture. Lisa, car tel est son prénom, souhaiterait se lancer dans des études de langues. La culture des autres pays l’a toujours fascinée. Si elle pouvait exercer un métier qui mêle voyages et rencontres, cela apporterait bien du bonheur à sa vie. Idéalement, travailler dans un musée d’un pays à l’étranger lui plairait bien. Elle pourrait passer des heures à raconter l’histoire de chaque tableau, parler de cette nuance de peinture qui donne vie à la composition. Elle partagerait son amour de la culture aux visiteurs, et ils regarderaient alors les tableaux avec un œil nouveau. 

Elle venait justement à la médiathèque pour emprunter ce livre sur l’histoire de l’art antique. Il lui semblait que son contenu pourrait rassasier cette soif insatiable de connaissance. 

 


Maïlys

 

Il feuillette une BD, va-t-il la prendre ? Non, pas celle-là. Les mains dans les poches de son jean, il continue d’observer les rayons. Quelle sera sa prochaine lecture ? Il remonte ses lunettes, défroisse sa chemise à carreaux, passe une main dans ses cheveux courts.

C’est un gros lecteur de BD, il aime venir à la médiathèque et prendre le temps de choisir la prochaine fournée. Il sait qu’ici il aura du choix et de bons conseils, prodigués par ce bibliothécaire passionné qu’il connait un peu. C’est toujours les BD d’abord, c’est son petit plaisir. Puis il jette un œil aux romans et déniche un bon drame familial, affublé d’un post-it coup de cœur. Ça plaira à sa femme, c’est sûr ! Il réfléchit au repas du soir. Ces derniers jours c’est madame qui s’en est occupé. Des réunions à n’en plus finir qui s’allongent sur la soirée… alors c’est souvent elle qui gère les enfants et le dîner. Mais aujourd’hui c’est samedi et il veut lui montrer sa reconnaissance. Qu’est-ce qui pourrait lui faire plaisir ? Faire plaisir aussi à Nina et Florent, leurs petits amours ? Et s’il préparait sa spécialité depuis toujours, la recette de paëlla héritée de sa grand-mère espagnole ? Oui c’est décidé, ce sera paëlla ce soir, tout le monde adore ! Il se dirige vers les DVD : quitte à préparer une soirée gastronomique, autant qu’elle soit accompagnée d’un bon film qu’il pourra faire découvrir à ses enfants. Un film qui ne les quittera pas, comme ceux qu’il a vus petit, ceux que son père lui a aussi légués. C’est comme une passation alors il faut bien choisir. Peut-être que Nina et Florent, à leur tour, le donneront en héritage à leurs enfants. Ou peut-être qu’ils auront d’autres passions à passer à la génération suivante. Ces choses-là ne se commandent pas.

Son choix est fait : une bonne pile de BD, un film parfait, un roman qui pourra devenir un coup de cœur.

Plus qu’à faire les courses pour le repas de ce soir et il pourra aller retrouver sa petite famille.



Et pour finir, un texte libre sur la période du confinement :


Marie


Confinement

Croissant de lune cette nuit
Petit-déjeuner du dimanche matin

Père Noël déçu
Mère Noël soupire
Ton coiffeur est absent
Ta barbe n’est pas soignée

Jessica et Martine
Les oies sur la mare 
Les poissons chatouillent leurs pieds

Voile fleuri d’oranger,
La mariée sort de l’église
Un anneau d’or au doigt

Brin d’herbe tremblotant
Pendu sous la caresse du vent
Mon cœur

Chat noir, chat blanc
Chat roux
Beautés aux yeux fendus

Il court, il court l’épagneul
La forêt applaudit.

Je chante sur mon balcon
Les voisins chassent aux canards

Aubépine fleurie
Fin de l’hiver
Le printemps ramène ses fraises

Le coucou s’amuse
Coucou coucou
L’écho lui répond
Hou hou hou hou

Morceau de pain oublié 
sur le trottoir
Le moineau s’élance
A moi la baguette

Auréolée d’or
La crêpe dans la poêle
Miam-miam

La pluie du printemps
Met au long des branches
Et met un diamant
A chaque bourgeon

Le soleil la pluie
Les grillons et les rainettes s’affolent
Un collier de poissons rouges
Autour du cœur

Le soleil rafraichit son visage
Dans l’eau de l’étang

Escargot mignon
Petit escargot
Cendrillon du jardin
Ne t’attarde pas sur l’herbe
Il est midi
Les hirondelles voleraient
Ton carrosse

Sur le fil de fer barbelé
Une note de musique
L’araignée suspendue

Cerisier sauvage en fleurs
Sur une branche un papillon
Non un duvet d’oiseau
Espoir posé sur l’avenir

Jardin d’hiver, jardin d’été
Quand allons-nous nous retrouver

Une poule sur un mur
Une fille sur un mur
L’antan souffle
Plumes et cheveux s’envolent


mercredi 23 mars 2022

Atelier d'écriture du 19 mars 2022

A l'occasion du Printemps des poètes, cet atelier était centré sur la poésie, et plus particulièrement sur la forme du haïku, un petit poème japonais constitué d'un verset de 17 syllabes.

Le point de départ était le thème de l'éphémère… un peu détourné !

Sujet 1 : écrire un haïku à partir d'un jeu de mot sur le terme "l'éphémère"

Sujet 2 : écrire des haïkus ou poèmes autour des cinq sens
- la vue : s'inspirer d'une des quatre photos ci-dessous 
- l'ouïe : s'inspirer de la chanson "La Havane" de Sofiane Pamart
- l'odorat : s'inspirer d'une odeur que Laure a fait sentir à chaque participant

 




Groupe Advocacy
 

La vue :
 
Petite fille, tu marches sur les tanks…
La colère de ton pays
Tu déploies fièrement ton drapeau
Enfant innocente
Tu marches pour la paix et l’amitié
 
 
L’ouïe :
 
« Y’a de l’émotion dans cette musique, elle me rend triste… » Aurélie
 
« Je ressens de la tendresse, 
je me mets à la place du pianiste, 
cela me rend heureux… » Denis
 
« Cette musique n’est pas mon style
mais elle est belle
Je pense à quelqu’un que j’ai perdu…
Cette musique me rend triste. » Frank
 
« Emotions partagées en musique
Ressentis exprimés… Moment éphémère
Ça fait de l’effet merde ! Toute brassée »
 
 
L’odorat :
 
Odeur fraîche, apaisante
Odeur agréable
Comme une fleur, une plante, un parfum de menthe, un parfum boisé…
Cela réveille des émotions en nous… des souvenirs
Enfant, malade pour dégager nos narines
Comme une odeur d’hôpital…
 

 
 
Mickaël
 
L’elfe est mère
L’elfe est mère ce soir
Son fils est venu au monde
Avenir espoir
 
 
La vue :
 
Le doigt levé, le regard froid
Il contemple le monde
Et pour lui il se bat
------
L’innocence dans le regard
Elle contemple les chars
Inconsciente du danger
Tout ce qu’elle voudrait c’est jouer
 
 
L’ouïe :
 
Les ondes fendent l’air, font vibrer mon esprit
Comme un rayon de lumière qui réchauffe ma vie
Je m’émeus, je voyage, je l’accueille sans réfléchir
Et sans même m’en rendre compte, j’esquisse un sourire
 
 
L’odorat :
 
C’est délicat, c’est fruité, je crois que j’ai bien aimé.
Il y a quelques mois je ne l’avais plus, le coco me l’avait pris.
Il y a quelques mois je les avais perdus, l’odorat et le goût aussi.
Son importance m’est alors apparue et j’espère bien qu’à l’avenir je ne le perdrai plus.
 
 
 
 
Camille
 
L’éphémère
Fragile subtile
Git la force de la vie
Dans le creux du cœur
 
Les fées mères
Toujours présentes
Même quand elles s’éloignent
Fidèles battantes

Les faits m’errent
Dure réalité
Je préfère la liberté
Elle fait mieux rêver
 
L’effet mer
Puissance des vagues
Inlassable mouvement
Ranimant le sable
 
Laids faits amères
Avenir si moche
Notre fin proche
Ma tête, mon cœur cabochent

Avenir si amoché
Notre fin proche et
Ma tête, mon cœur cabochés
 
 
La vue :
 
Elle nourrit le monde
La liberté qui gronde
S’imposant par la fronde
S’insurgeant de l’immonde
 
Elle n’est qu’éphémère
Un combat de toutes les ères
De proche en loin elle erre
Cherchant toujours ses repères
 
Son utopie fascine
Elle implante ses racines
Dans tout art, loin des usines
Qui font courber l’échine
 
On se bat en son nom
C’est grâce à elle qu’on peut dire non
Résister à l’oppression
Assumer ses opinions
 
La liberté ne plaît pas toujours
En ce qu’elle s’autorise des défauts
Pour redessiner les pourtours
Perpétuel labour
 
Elle oblige à des stratégies habiles
Pour réinventer de façon subtile
Aussi vrai que la vie est fragile
La liberté reste un besoin indélébile
 
 
L’ouïe :
 
Les notes de piano s’envolent
m’enlacent et m’encensent
me transportent en légèreté
Le cœur allégé, le silence revenu, le calme retrouvé l’espace d’un instant… le grand mouvement s’arrêtant, dans un bal incessant où tout urge où tout presse où tant de choses m’oppressent
Laisser aller, laisser filer le temps, respirer, écouter le vent, sourire aux oiseaux, se réjouir du beau… simplement renouveau du printemps qui nous rappelle à l’urgence du temps
L’arrêter quelques instants 
s’émouvoir du charmant de cet éclatant bourgeonnement de vie accroché à la branche virevoltant dans les courants d’air en valse chancelante et charmante
Si proche de nous le fruit de ce qui surgit inlassablement, contre tempêtes et marées, après orage et saucées, bravant le froid et la nuit, comme requinqué par ce répit, éphémère

Se laissant porter par les couleurs
Se remémorant mille plaisirs par les familières odeurs
Le promeneur leurre la mort le temps de son errance
Ralentissant la cadence
Retentissant en grandes pompes
C’est le malheur qu’il trompe
Se départissant des regrets,
Il laisse à sa place le passé
Pour seulement se concentrer
Sur sa félicité
Indépendance de tout fait extérieur
 
 
L’odorat :
 
Yeux fermés, muscles relâchés
Se réjouir de l’attente
Succuler la détente
Renoncer un moment à l’action
Privilégier la décontraction
 
Les narines frétillent
Guidant le plaisir des papilles
Un sourire irrépressible
Le retenir, impossible
 
Intriguées par un parfum
A la fois familier et hors du commun
Mystères de l’indescriptible
Monde vertigineux de l’invisible

Je voudrais te décrire
Pour mieux te l’offrir
Ce qui éveille mes sens
T’en conter la romance
 
La platitude de la peinture
Si l’on s’arrête à la texture
Ne traduit guère sa profondeur illimitée
Imaginaire légitimé
 
Comment trouver les mots
Qui transmettraient le si beau ?
La délicatesse des embruns
Que seul la poésie dépeint.
 
 
 

Maïlys
 
Effet mère
Lentement sa main
Sur son ventre arrondi
Caresse la peau
 
 
La vue :
 
Regard droit devant
Le peuple porte haut et fort
Le jaune, le bleu, l’espoir
------
Peuple sacrifié
Sous les bombes ennemies
D’un fou belliqueux
 
 
L’ouïe :
 
Larme océan
Je me noie dans la perte
Une mère dans la mer
------
Les vibrations résonnent
Dans mon oreille sourde
Joie muette
 
 
L’odorat :
 
Les odeurs s’impriment
Pourtant ma mémoire flanche
D’où je te connais, toi ?
------
Le printemps bourgeonne
Ton odeur dans le jardin
Se mêle aux fleurs
------
L’espoir du vert
Du rose, du blanc dans les arbres
Un nouveau monde éclos
 
 
 

Geoffroy
 
Quelques Haïku pas trop dans les clous, mais c'était chouette de se voir contraint à ce format. Moi qui d'habitude m'impose le moins de contrainte possible...
 
 
Éphémère
Nuit d'encre et de rêves
La vie est belle et longue
C'est une aube qui fuit.
 

La vue :
 
In memory
L'Homme n'apprend jamais
C'est un Dory à deux pattes
Feu, poudre et acier.
 
 
L’ouïe :
 
Cuba
Fumée de cigare
De la chaleur et du rhum
un soleil d'ailleurs.
 
 
L'odorat :
 
Nessie
Reflet de mousse
Un ruisseau dans sa course
Lac noir et profond







Petit rattrapage de l'atelier du 15 janvier :
(un seul texte reçu)

Agitée, elle tremble, son petit cœur tangue. Cette nuit fut un beau succès, mais, chuuuut... il le restera, ou ne le restera pas, dans l'histoire de sa vie…
"Ça suffit, se dit-elle, bravo l'artiste, met ton bonnet et rentre chez toi, ton dépassement fut génial".
Elle sort du casino, mais longe les boutiques, arrive sur le sable mouillé.
La terre se dérobe sous ses pieds.
Un frisson la réveille.
"Oui, se dit-elle, il est temps que mon cerveau se reconnecte à ma vie. Bas les masques… Ça y est, je suis enfin revenue là, les pieds sur terre, le soleil inonde la plage et mon chapeau fait de l'ombre à mon visage, je me jette dans l'océan".
Elle nage maintenant.
La connexion est totale dans les éléments, elle est bien là, dans l'univers, dans l'eau de la vie, de sa vie, de son origine, ses premiers frémissements de vie.
Elle est l'eau.
Elle est poisson.
Elle est algue
Elle est rien et tout.

Hélène.
 

vendredi 8 janvier 2021

Atelier d'écriture du 12 décembre 2020


Sujet 1

Réécrire avec des mots d'aujourd'hui et vos ressentis la célèbre scène de l'avare de Molière :Acte 1 | Scène 3
Tout est permis !
Sujet 2
Choisir une chanson, une comptine de votre choix et la réécrire à votre sauce.
Sujet 3
Voici un nouveau Logo-Rallye.
Règle : utiliser tous les mots, dans l'ordre et sans les modifier pour écrire un texte qui nousraconte une histoire intrigante.
Sujet 4
Sujet, format libre. Seule contrainte écrire 30mn, vous relire et retravailler votre teste au moins15mn.

Acte I, scène 3
Le texte suivant est extrait de L’Avare (Acte I, scène 3). Harpagon entre en scène et dévoile sa nature.
Harpagon : Hors d’ici tout à l’heure, et qu’on ne réplique pas. Allons, que l’on détale de chez moi, maître juré filou, vrai gibier de potence.
La flèche : Je n’ai jamais rien vu de si méchant que ce maudit vieillard, et je pense, sauf correction, qu’il a le diable au corps.
Harpagon : Tu murmures entre tes dents.
La flèche : Pourquoi me chassez-vous ?
Harpagon : C’est bien à toi, pendard, à me demander des raisons : sors vite, que je ne t’assomme.
La flèche : Qu’ est-ce que je vous ai fait ?
Harpagon : Tu m’as fait que je veux que tu sortes.
La flèche : Mon maître, votre fils, m’a donné ordre de l’attendre.
Harpagon : Va-t’ en l’attendre dans la rue, et ne sois point dans ma maison planté tout droit comme un piquet, à observer ce qui se passe, et faire ton profit de tout. Je ne veux point avoir sans cesse devant moi un espion de mes affaires, un traître, dont les yeux maudits assiégent toutes mes actions, dévorent ce que je possède, et furettent de tous côtés pour voir s’il n’ y a rien à voler.
La flèche : Comment diantre voulez-vous qu’on fasse pour vous voler ? êtes-vous un homme volable, quand vous renfermez toutes choses, et faites sentinelle jour et nuit ?
Harpagon : Je veux renfermer ce que bon me semble, et faire sentinelle comme il me plaît. Ne voilà pas de mes mouchards, qui prennent garde à ce qu’on fait ? Je tremble qu’il n’ait soupçonné quelque chose de mon argent. Ne serois-tu point homme à aller faire courir le bruit que j’ai chez moi de l’argent caché ?
La flèche : Vous avez de l’argent caché ?
Harpagon : Non, coquin, je ne dis pas cela. (à part.) J’enrage. Je demande si malicieusement tu n’irois point faire courir le bruit que j’en ai.
La flèche : Hé ! Que nous importe que vous en ayez ou que vous n’en ayez pas, si c’est pour nous la même chose ?
Harpagon :
Tu fais le raisonneur. Je te baillerai de ce raisonnement-ci par les oreilles. (il lève la main pour lui donner un soufflet.) sors d’ ici, encore une fois.
La flèche : Hé bien ! Je sors.
Harpagon : Attends. Ne m’ emportes-tu rien ?
La flèche : Que vous emporterois-je ?
Harpagon : Viens çà, que je voie. Montre-moi tes mains.
La flèche : Les voilà.
Harpagon : Les autres.
La flèche : Les autres ?
Harpagon : Oui.
La flèche : Les voilà.
Harpagon : N’ as-tu rien mis ici dedans ?
La flèche : Voyez vous-même.
Harpagon : (il tâte le bas de ses chausses.) ces grands hauts-de-chausses sont propres à devenir les receleurs des choses qu’ on dérobe ; et je voudrois qu’ on en eût fait pendre quelqu’ un.
La flèche : Ah ! Qu’ un homme comme cela mériteroit bien ce qu’ il craint ! Et que j’ aurois de joie à le voler !
Harpagon : Euh ?
La flèche : Quoi ?
Harpagon : Qu’ est-ce que tu parles de voler ?
La flèche : Je dis que vous fouillez bien partout, pour voir si je vous ai volé.
Harpagon : C’est ce que je veux faire. (il fouille dans les poches de la Flèche.)
La flèche : La peste soit de l’ avarice et des avaricieux !
Harpagon : Comment ? Que dis-tu ?
La flèche : Ce que je dis ?
Harpagon : Oui : qu’ est-ce que tu dis d’ avarice et d’ avaricieux ?
La flèche : Je dis que la peste soit de l’ avarice et des avaricieux.
Harpagon : De qui veux-tu parler ?
La flèche : Des avaricieux.
Harpagon : Et qui sont-ils ces avaricieux ?
La flèche : Des vilains et des ladres.
Harpagon : Mais qui est-ce que tu entends par là ?
La flèche : De quoi vous mettez-vous en peine ?
Harpagon : Je me mets en peine de ce qu’ il faut.
La flèche : Est-ce que vous croyez que je veux parler de vous ? »


Ping-Pong de mots :
sourire-grimace
nature- culture
passerelle-pont
jardin-malin
couper-coller
marcher-courir
trier-vider
écouter- musique
changer-ouvrir

Logo Rallye : (forêt-chemin-chaise-renard-étoile-vent)
Chante le vent depuis ce matin
Besoin d’entendre sa mélodie
Hors de la ville
Mets tes bottes
Pars bien vite jusqu’à la forêt pas si loin
Ecoute cette vie
Sens tous ces élèments
Vois ce don apaisant
Accueille sur ton chemin cette tente et la chaise
Et le caddy, valise de fortune
Et celui qui s’y tapit
Tel le renard
Qui n’a que l’étoile, les étoiles pour ciel de lit
Que le vent comme manteau, pas si chaud.

Place du village, Bar le Duc 1978, Marcel buvait son petit kawa au zinc de chez Paulo, ils se connaissaient depuis déjà 30 piges, mais ce matin était différent…
…Il n’y avait pas José, ni Brahim, ni Jean, ni Claudine. Les unes après les autres, à la fermeture de l’usine, ils avaient fini par déménager.
Aujourd’hui, pour la première fois, il est tout seul avec Paulo.
Seul sans boulot, seul sans ses potes, seul sans sa Nicole, partie depuis longtemps déjà.
Il va lui mettre des fleurs tous les dimanches et lui causer, comme il peut, lui raconter où ça en est ici.
Lorsque la porte tinte, il lève le nez, se redresse, observe ce jeune homme qui vient questionner Paulo.
Paulo le montre, d’un mouvement de tête dans sa direction.
Julien se présente et présente son projet de reportage, son besoin de rencontrer des gens qui pourront témoigner, essayer d’expliquer ce qui s’est passé, ce qui se passe ici, d’années en années.
Lui, Julien, son grand-père vivait là, son père y est né.
Leurs propos, leurs histoires se sont mêlées…
De longs silences aussi…
Hélène
Par Zoom


Sourire souris chat
Nature covid pangolin
Passerelle eau
Jardin pluie
Coupé aïe
Marcher forêt
Trier le bon grain de l’ivraie
Ecouter dur avec la visio
Changer le monde de demain

2020, pas le droit d’aller voir personne, juste aller se promener. Par chance, derrière chez moi, il y a une grande forêt profonde, avec un chemin qui la traverse. Ce matin-là, je marchais perdu dans mes pensées sombres, quel serait le monde de demain, comment vais-je m’en sortir, une angoisse sourde montait, montait. Quand un rayon de soleil apparut, comme un projecteur dans la grisaille. Il éclairait une chaise, quel drôle d’objet posé là. Une femme chevelure rousse, col de renard, vêtue d’une robe verte en voilage s’assit. Tout étonné, les fées, existent- elles ? je m’approche prêt à faire un vœu à exaucer et là, je reçois une branche sur la tête. Tâtez , j’ai encore la cicatrice, j’ai vu 1000  étoiles et chandelles. Un vent violent s’était levé. Quand j’ai repris connaissance, pas de fille, pas de chaise, mais du sang sur mes doigts et une douleur terrible à la tête… Et surtout un avenir incertain devant moi, mais je ne désespère pas. Demain, je retourne au bois. . .

Place du village, Bar le Duc, 1978. Marcel buvait son caoua au zinc de chez Paulo comme tous les matins. Avec Paulo, ils se connaissaient depuis déjà 30 piges. Mais ce matin, c’était différent. D’abord, Paulo avait changé la marque de son Calva, ça ne donnait pas la même chose, un autre goût presque synthétique- Où t’es allé chercher ça ? ça sent le plastique, montre la bouteille. Franchement, c’est à dégouter de l’avenir. Qu’est-ce qui nous attend avec tous ces produits chimiques. Je vais aller t’en chercher, moi, en Normandie, du vrai, du bon. T’as vu la provenance. Et t’as pas honte de nous faire boire ça ? tiens, ça m’écœure de ma journée. Paulo essayait de défendre l’agriculture de demain, les silos à grain en construction plus haut que les clochers alentour. Mais Marcel ne voulait rien savoir. La nostalgie lui courbait l’échine, tout juste s’il n’avait pas envi d’en finir. Paulo pour le calmer, est allé chercher un fond de bouteille et ils ont trinqué aux cafés calva, au vieux monde et au monde de demain. 10h, Marcel est sorti du café, un peu éméché, il est monté sur son tracteur Mac Cormick rouge, il a enclenché le démarreur et Boum, une explosion énorme a ébranlé la cité. Le lendemain, le journal titrait « Attentat à Bar le Duc- un septuagénaire a trouvé la mort- L’explosif utilisé était à base d’herbicide et de calva en bouteille plastique »

A mi-décembre, j’’ai mal aux membres et juste après, j’suis raplati. A la Noël, je pête la forme, huitre doucette- dinde et marrons- 2020 s’en va doucement avec tous ses …embêtements. En 21, on f’ra la fête, habillé sur notre 31. On se f’ra plein de bisous et on dansera jusqu’en 22. 
Ghislaine  


Textes de Michel M

Michel, confiné, non connecté, nous a envoyé des poèmes que voici, bonne lecture 


Abysses

 

 

Abysses propices à la Mort,

Ils engloutissent les Marins

dans cet espace confiné de sacrifices

près de bulles évaporées,

où des rochers portent des cicatrices,

où des plongeurs égarés dans ces trous noirs marins,

subissent des sévices, en ces précipices aquatiques,

dans la plénitude de ces espaces sillonnés,

par des poissons en enfilade qui s'immiscent,

apeurés par ces marinades, et leurs bateaux-édifices.

Ils s'évadent pour se frotter à des planctons,

où ils s'ébahissent à l'unisson, dans leurs exercices,

dans cette biodiversité, où l'homme est cité,

comme un fossoyeur des bas-fonds,

où des navires renaissent, s'affaissent, puis disparaissent,

dans des trous noirs peuplés par la Nuit,

peuplés de fantômes, de requins fascinants,

d'ogres marins, dans ces cratères marins,

où ils pourchassent des poissons aux habits de lumière,

ridés par des couleurs zébrées, se faufilant comme des étoiles filantes,

dans la pale clarté des bas-fonds qui me hantent,

où cette lumière évanescente, à peine naissante,

disparaissant , puis réapparaissant ,

dans ces caches d'épouvante

 

 

L’âme du marinier, pour ses amours pas sages

Mais passagers, fait ressurgir des rendez-vous d’amour, sur le Vieux port,

entre le chagrin de l’adieu et la joie des retrouvailles, les mouchoirs mouillés d’eau iodée,

et les feux de joie des saltimbanques jonglant avec les éclairs de tonnerre retombant sur terre,

en des bouquets de rose que les marins offrent à leurs fiancés promises au rang de marquise,

que les bateliers jettent sur la jetée de ce vieux port ; les pétales de ces fleurs s’étalent sur les quais

balayés par le Vent sur le Port de Honfleur qui les emporte au Bout de la nuit perdu dans

le brouillard où des âmes marines n’ont pas oublié la chanson des golfes clairs

qu’un air entrainant dans les nuits froides de l’été, non moi je ne l’ai pas oubliée cette chanson qu’ils fredonnaient : c’est une chanson qui leur ressemblent eux qui s’aiment mais le voyage sépare ceux qui s’aiment avec le bruit des flots.

 

Embruns

 

De ses embruns, la mer me dépasse.

De ses vagues explosant et se fracassant,

Elle me submerge de ses éclats de glace,

Qui implosent mon amertume

Dans la blancheur de ces vagues d’écume

Où des perles océanes diaphanes

Me projettent sur les remparts de la Ville,

Ville maritime où des baisers d’eau salée, parsèment de leur parfum d’iode les alentours des ports,

Où arrivent et repartent sans cesse,

Les bateaux sur les voies de l’import-expert

Où s’arriment et s’embrument les marins du Port

Avec leurs yeux aux couleurs océanes

En disant plus long sur leurs voyages

Que les goélands, compagnons volages,

 

De ses quais embrumés,

Des milliers d’éclats de signaux scintillent

Impulsés par des sémaphores

Au détour d’un chenal perdu dans les nuages

D’un paradis artificiel où des Dieux marins,

Perdus dans des cieux qui d’ennuagent

Tomains ou Grecs se rencontrent

Au-dessus de ces endroits salins

Où des myriades de couleurs embrumées

Ressuscitent en plein soleil,

Au mileu d’un port, près d’Albacore

Que j’aime encore.