Décrire
une vieille photo, puis écrire une histoire // personnages de la photo
Maquillés
d’un sourire moustachu
Et
affublés de drôles de bouts de tissu
Nous
regardent d’un air malicieux
Prêts
à nous rendre joyeux
Avec
un numéro des plus prodigieux
Sur
la piste ensablée
Chacun
rentre par un côté
Ils
saluent grands et petits
Puis
se regardent un peu surpris
Ils
se rapprochent avec minutie
Et
s’arrêtent net
Dans
une synchronisation parfaite
Les
deux mains sur la tête
Comme
un reflet imaginaire
Les
gestes des deux compères
Se
ressemblent et jamais ne s’interfèrent
Les
rires rythment leurs jeux
La
musique augmente un peu
Viens
le temps des adieux
Sous
les applaudissements
Ils
saluent gaiement
Et
quittent la piste en courant.
Texte à partir de
vieilles photos apportées par Annie : faire parler les personnages
« Qu’est-ce
qu’il m’énerve celui-là !
Il
faut toujours qu’il soit au milieu
Avec
cette position
Et
son air orgueilleux !
Je
préfère Jérémy
Il
est plus marrant
Surtout
dans ces habits !
Tu
parles d’un accoutrement !
C’est
au moins la 10ème photo
Je
commence à avoir des crampes
A
tenir ce tréteau
Les
yeux éblouis par les lampes…
J’ai
trop envie de rigoler
De
retirer ce chiffon du cou
Avec
Jérémy, sortir jouer
Pour
faire les 400 coups ! »
B
Description :
les couleurs sont vives. L’enfant porte une jolie robe à fleurs vertes, rouges,
jaunes.la brousse qu’on devine en arrière-plan est bien verte. ça doit être la
saison des pluies. L’enfant est tressée de frais. Son immense sourire éclaire
davantage la photo qui a dû être prise par un adulte dominant l’enfant.
Souvenir :
le petit paquet est arrivé quelques jours plus tôt. Bien scotché avec une belle
écriture. Dedans des babioles sans intérêt. « Des
cochonneries ! » aurait dit ma mère. C’est une dame âgée qui envoie
trois ou quatre fois par an un colis pour « les pauvres enfants
africains ». En général, rien ne peut servir. Mais là, au milieu des petits
riens, une jolie robe toute neuve. Elle est tellement « chic ». Et
les couleurs vives et gaies seront bien seyantes sur une peau noire.
Que faire de cette robe ? Elle irait surement
parfaitement à Marie, ma fille. Mais ce colis a été envoyé pour « les pauvres
enfants africains ». Et depuis qu’elle est avec moi, Marie n’est plus une
pauvre enfant africaine. Même si sa vie est bien plus difficile que beaucoup
des enfants qui viennent au dispensaire.
Dilemme. Mauvaise conscience. Envie. Aïe, aïe,aïe …
Et, chouette, chouette, chouette, Bernadette passe
par là. Bernadette, c’est une maman qui m’aide au dispensaire. Elle voit la
robe. La prend délicatement dans ses mains. La porte jusqu’à hauteur de ses
yeux. Un petit sifflement. Et la sentence tombe : « elle est pour
Marie »
Ouf !
Effectivement elle lui va comme un gant. On prendra
la photo pour l’envoyer à la donatrice. Marie est tellement fière, tellement
heureuse de cette robe qu’elle considère comme une robe de princesse. Elle est
lumineuse sur la photo. De cette lumière que je garde précieusement dans mon
cœur. Je n’ai plus d’autre photo d’elle.
Une photo présente 3 garçons d’une dizaine d’années.
Tous les trois habillés de façon identique.
-Vivement ce soir que tout ce cirque se
termine ! Dire que j’étais pressé de faire ma communion ! Si j’avais
su. La galère ! Et maintenant, il faut faire cette photo. Ne pas bouger,
avec ces fausses fleurs qui me grattouillent les mollets. Et ce photographe de
malheur qui m’oblige à m’appuyer sur l’épaule de mon cousin André. Il est
tellement nul celui-là. Vivement ce soir !
-Mon col me gêne. En plus j’ai l’impression d’être
une fille avec ce nœud autour du cou ! Mais bon ! Je vais tenir le
coup. Pour les cadeaux. Et Bonne-Maman me donnera sûrement un sou. J’ai demandé
à garder mon livre de prières. Ca fait plus sérieux. C’est pas comme Jules. Il
est encore trop gamin pour penser à tout ça.
-J’ai eu de la chance. Comme je suis le plus âgé,
j’ai pu exiger de m’assoir. C’est long, chez le photographe ! Et puis, ça
vous pose un homme d’être assis. J’ai pris la même pose que papa sur sa
dernière photo. Par contre, Antonin a refusé de mettre sa main gauche sur mon
bras. Dès qu’on sort, je lui flanque une trempe. Communion ou pas, c’est moi
l’ainé. Alors, respect.
L
Photo
d'un écolier en blouse grise, assis dans un décor de photographe (tableau de
paysage et paravent).
Pause,
Sous le préau
La guerre des boutons, on la reprend
après
Le temps d'un
sourire
Qui n'est pas le
rire
Avec les copains
Un œil fier et
serein
Et l'autre qui
interroge
Qui ne se sent pas si bien
On ne s'est même pas fait beau
Juste enlevé le
béret
Les genoux et les mains ont déjà vécu
une longue journée
Pas tant à
étudier
Ce n'est pas
l'intérêt
Mais à chahuter
Sur les temps de
récré
A jouer
A chamailler
A s'inventer des mondes décalés
Qui aident à
supporter
Quand il faudra
rentrer
Quatre
kilomètres à pied
Et le boulot
après
Pour aider
Dans les prés
Jusqu'à la nuit
tombée
Mais
demain sera bien
Quand
on retrouve les copains
Seul
face à l'objectif
Seul
à la maison
Avec
les parents bougons
Mais
fier de sa vraie vie
Avec
sa bande d'amis
De
complices
Ou
d'ennemis
On
pose un peu
Mais
si peu
Avant
de reprendre les jeux.
Photo
de 3 garçons, en pause en studio. (Faire parler les personnages, les faire
raconter)
Moi,
c'est ADRIEN
Je
suis l'aîné
Et
toc, le privilège d'être assis !
EUGENE,
à ma droite,
Mielleux,
fait celui que ça ne gêne pas d'être debout,
Et
pourtant, il n'a pas été sympa avec moi
Mais
Mère était là, derrière
Quant
à ALBERT
Mon
petit frère
Je
l'aime bien
Il
m'aime bien
On
est bons copains
Mais
que sera demain ?
H
Photos souvenirsCe n’est pas la première fois que je la vois, cette photo ! Ils sont quatre, qui posent… Les parents debout, bien droits mi- rieurs mi- sérieux, il faut avoir l’air digne… un jeune garçon, 8 ans peut-être, et la fille un peu plus âgée, elle sourit coquette apparemment heureuse de poser pour la photo. Lui, au contraire, obligé mais pas ravi d’être là…
Qui sont-ils ? Pourquoi cette photo est-elle
dans la grande boite des souvenirs de famille ? Les jupes ne sont pas trop
longues donc cela ne date pas d’avant la guerre de 14-18. Pourtant, les
costumes ont un petit air vieillot, suranné et je n’en ai jamais vu de
semblables sur les autres photos de la boite. Ce sont peut-être de lointains
cousins venus rendre visite aux parents de la capitale ? Ou des amis de
passage ? Ou de simples rencontres ?
Mais si c’était cela ils auraient posé devant quelques monuments… Mais non, c’est
une photo de chez le photographe, bien posée avec l’éclairage nécessaire, celui
dont on disposait à cette époque. Cela m’intrigue mais personne dans la famille
ne peut répondre à nos interrogations. Tant pis, je garde pour moi toutes nos
suppositions. Mais oui, j’y pense ! Ce sont peut-être de lointains cousins
de la Sarthe dont mon père parlait quelque fois. Mais là, le fil est rompu et
le mystère s’épaissit encore !
M
C’est Gustave et Edwige, posant pour moi. En ce
temps-là, le passage devant le photographe, était un moment épique, où le
naturel dans la vie quotidienne se reflétait au travers d’une photo. Le selfie
n’existait pas encore. Eh oui, je les vois bien, avant la photographie,
remontant ce sentier de gravier craquelant sous le pas du mulet remontant des
labours fumant encore de ces bonnes odeurs de terre fraichement remuée. Ce petit
sentier dont les abords sont couverts de ronces est toujours le théâtre de l’éradication
de ces ronciers avec l’apparition soudaine de ces chardons, ennemis canon de l’agriculture
intensive. Eh oui en ce temps, la débroussailleuse n’existait pas. Mais
Gustave, ancien ouvrier agricole existait bien et avait épousé en juste noce
Edwige, femme d’une famille aristocratique. Eh oui, pour elle, ce fut dur, dur,
changement de lieu de vie, changement de milieu. Eh oui, ce jour-là, Alphonse
les attendait avec impatience, avec ces deux petits ratiers dont il ne savait
plus quoi faire. Fallait-il les abandonner ou pas ? Eh oui en ce temps-là
la SPA n’existait pas.
M
Ils sont paisibles, l’instant l’est. La vache y
pense aussi. Au lait. Non, elle n’y pense pas. La famille non plus. Elle attend.
Pas la vache. Pas le train dans la campagne. Elle ne s’en souvient pas. La
famille non plus. Les chiens peut-être. C’était dans un temps défini.
B
Les sables, c’est le nom de la ferme. Pas de plage
mais une belle profondeur de terre, une terre souple, douce, composée de
silice, prospère, des vaches, des pommiers, du travail. Mais le dimanche, les
hommes allaient à la chasse. Arthur avait fait l’acquisition de deux petits
braques, les photos étaient rares à l’époque, seulement justifiées lors des
communions, des mariages, mais il aimait tellement ces deux chiens qu’il avait
souhaité qu’on le photographie à l’arrière de la maison. Il emmenait ces deux
chiens partout. Il fallait qu’il s’habitue à lui. Ils dormaient au pied de son
lit. Ils avaient commis quelques méfaits, dépenaillés ses espadrilles, mais ils
s’étaient faits rabroués durement. Et le dimanche, ils suivaient comme ils
pouvaient Arthur dans les bosquets. Ils
avaient l’instinct, ils se précipitaient joyeusement vers l’entrée des terriers
de lapins qui étaient légions dans la terre sableuse. Comment imaginer que tout
va s’arrêter Arthur a été réquisitionné. Il est mort emporté par un éclat d’obus.
Des sables, il ne reste rien. Toute cette partie de la Normandie a été pilonnée
avant l’arrivée des alliés. La terre est toujours aussi bonne mais lorsque la
charrue passe, elle remet à jour des bouts de métaux éclatés. Les deux chiens,
que sont-ils devenus dans cet enfer de feu ? Sont-ils morts calcinés
ou ont-ils retrouvés un maitre attentionné qui ressemblait à Arthur ?
G
C’est une vieille photo en
noir et blanc avec une bordure crénelée.
Un couple a été immortalisé.
Derrière eux, on distingue de jeunes arbres.
50 ans ? Elle croche son
bras, allongé le long du corps.
Sourires timides, ils posent.
Habillés de vêtements simples
et d’époque.
Elle : robe en dessous
du genou, manches légèrement retroussées.
Lui : large pantalon et
veste longue.
Le fils est rentré à la
maison, en permission.
C’est le printemps, le ciel est
clair.
Il est revenu avec un
appareil photo, alors on en profite.
On va poser, debout devant le verger. Clic. Clac !
C’est dimanche, on arrête le
quotidien le temps d’un moment ensemble ; lui et elle bras dessus bras
dessous, une vie de travail, une vie à deux, une vie rythmée par le jour, la
nuit, les saisons. Le temps qui passe à regarder les arbres grandir, à cueillir
les premières pommes. Deux fois par jour traire la vache et vendre le lait aux
voisins, accueillir les veaux, leur trouver un nom, les accompagner au champ.
Lui aide au potager et
travaille aux champs avec les voisins, à s’entraider. Elle a aussi des poules,
un couple de canards, des lapins à nourrir.
L’été elle fait des conserves
et un peu de confitures pour l’hiver. Elle fait son pain aussi chaque semaine.
Quand le fils vient, c’est un
jour de bonheur. On est fiers. On l’écoute raconter sa vie depuis qu’il est
parti. C’est un bon gars qu’a bon cœur.
C
E AM J C D
.
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