samedi 8 juin 2013

Atelier d'écriture du 8 juin 2013

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Pour ce dernier atelier d'écriture avant l'été, deux propositions:
1.Trouver un miroir, un lieu qui réfléchit une image. Observer le reflet, ce qu'on voit en arrière ou au travers. Après l'observation, noter 4 ou 5 mots qui viennent de l'observation. Puis faire quelque chose avec ces mots.
2.Se mettre à deux. Dans l'exposition de Muzo, choisir un tableau où il y un reflet. Lui donner un titre, puis faire dialoguer les deux parties du tableau.

Le miroir de l'âme
Mieux qu'un cauchemar, pire qu'un mauvais film. L'image est nulle : floue, distordue, illisible. Quoique ... les boites rose fuchsia du marchand de chaussures font bel effet dans cette façade de verre de la médiathèque. Et puis, la forme en Y des fenêtres de l'immeuble en face est plutôt rigolote. Bon ça ne fait quand même pas un bon scénario. Tiens, le monsieur qui se met le doigt dans le nez en pensant que personne ne le voit ! Bon ça ne fait toujours pas une page d'écriture pour l'atelier d'Annie. Elle risque d'être déçue, Annie !
Le soleil tape. Je vais rentrer. Non, un dernier effort. Je regarde, je regarde et je vois ... de l'Hébreu. Si ! Si ! Je lis « croissanterie » de droite à gauche. Sympa ! Non ? Je regarde encore un peu et je distingue un mouvement de l'autre côté de la vitre. Des gens, peut-être ? Une plante ou une forêt tropicale ? Et puis moi. Immobile au milieu du tableau. Mais de quel côté suis-je ? Où est ma droite ? Où est ma gauche ?


Bizarre.
Réflexion ...
Cette façade qui réfléchit tout mais déformé. Qui laisse tout deviner de l'intérieur mais ne livre aucun secret. N'est-ce pas moi ? N'est-ce pas l'image de ma vie intérieure ? Je peux tout y voir et tout y deviner mais ne saisis rien. Je dois décoder et deviner tout en sachant bien de quoi il s'agit.
Bizarre cette façade en verre de la médiathèque.
N'est-elle pas aussi l'image de l'Autre ? L'Autre qu'on croit connaître mais dont en fait on ne sait que du flou, du déformé, de l'à peu près ?
Bizarre cette façade. Bizarre cet exercice.
Mieux qu'un cauchemar mais pire qu'un mauvais film.
E
Tout pour l'audition
Oui au marché
Si l'on a une bonne audition
On peut entendre des tas de bruits.
Tout pour la vue
Oui au marché
On peut apercevoir des reflets
Dans les vitrines des magasins
Echoppes diverses, ombres fuyantes
Sous le soleil de Lisieux
Où parfois on en prend plein les yeux
Le soleil dont je ne sais quel Satan
M'avait privé ces derniers temps
Se fixe sur la lunette arrière de la voiture
Me brûlant les yeux
Au point que je doive détourner le regard.
M

Le miroir ocre m'habilla de chaudes couleurs.
Les pâles visages se teintaient d'un hâle fictif.
La vie se réchauffait de milles paillettes cuivrées.
Mirage sur la route des vacances où la brume de chaleur déformait les êtres et les choses... Le reflet des immeubles annonçait leur chute prochaine, château de cartes déséquilibré Miroir du « Palais des glaces » de mon enfance où es-tu ?
S

100 Millions d'Euros !
100 millions d'Euros voilà ce que disait l'affiche bleue de JackPot derrière la vitre du kiosque à journaux.
Et même, si on s'arrêtait un peu devant, elle disait « 100 millions d'euros MINIMUM » !
Déjà, 100 Millions, c'était pas mal : je pouvais m'offrir 100 maisons à 1 million, 45000piscines à 22222,222€, 2 millions 400,08 paires de chaussures à 49,99 €, 13333333kg de cerises, 66 666 666,666 cafés en terrasse, 12 784 815 plants de tomates sur le marché... Je pouvais m'offrir... le monde entier.
(Je pouvais même acheter 1000 millions (minimum) de tickets de Jackpot pour gagner encore une fois les 100 millions d'Euros (minimum).
Dans le reflet de la vitre du kiosque à journaux, les billets virevoltaient, les petits bleus de 5, ceux de 20, de 50, et même ceux qu'on ne voit jamais, 200, 500...
Dans le reflet de la vitre du kiosque à journaux, je me voyais aussi en transparence sur l'affiche du Jackpot : ce que je voyais, c'était la millionnaire, la propriétaire bienheureuse des 100 maisons, des 45000 piscines, des 13333333,3 kg de cerises !
Les 2 millions 400,08 paires de chaussures scintillaient à mes pieds, telles des pantoufles de vair d'une Cendrillon enfin reconnue par la chance.
Les 12784815 plants de tomates ondulaient doucement, chargés de 76708890 tomates bien mûres, clignotant derrière mon reflet dans la vitre.
C'est alors que le reflet de la vitre du kiosque à journaux explosa, le verre se brisa en 100Millions (minimum) de petits débris, et l'affiche apparut sans le titre explicite : « Super JackPot, 100 Millions d'Euros Minimum. Tirage Vendredi 7 juin » Et on « était samedi –samedi 8 juin.
D

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Tout
Exercice fait en compagnie de S.
Tableau choisi : deux profils emmêlés forment un seul visage. L'un des profils a un nez immense et une oreille. L'autre une immense bouche avec 6 dents.
Le nez parle à la bouche
Le nez : c'est quoi l'adresse de ton dentiste ?
La bouche : c'est le dentiste à 6 dents, pas dissident.
Le nez : tu crois qu'il soigne les tarins aussi ?
Les dents : tarin, tartarin, se tartarer. J'peux lui demander. J'pense pas qu'il ait la dent dure.
Le nez : le dérange pas, j'irai au pif. Je prêterai l'oreille au bruit de la roulette.
Les dents : avec ton grand nez et mes six dents, les deux yeux au milieu, nous sommes prêts à y aller ensemble ...
Les deux ensembles : ça roule !
E. S.
En chasse ! D'abord la Médiathèque. Logique, j'y suis. Illico presto, subito, direction la salle de prêts et pourtant propre de près ; soit dit en passant. Excepté l'ictodon à queue plate qui ne sort que la nuit, on y trouve... tout ; surtout des livres et des vitres, lourdes de promesses vitrifiées et ce jour voilées pour cause de soleil et ceux et celles qui les font vivre...les livres et les cachent parfois. J'entre, virage à droite : Extase, jubilation. Tout est là. Miroir, reflets, réflexion, transparences, apparence, apparitions : superpositions ; sur six ou sept mètres de haut. Véhémente surprise. Face à la chose je m'affale sur un fauteuil bas sans bras. Evidence, spectacle parfait, forcément à la Médiathèque André Malraux. Cinq images superposées, sans rapport ; quoique leur dissemblance contribue à leur originalité. En bas, deux poteaux avec chaussures supportent une vue du Havre avec eau sèche, œuvre de Pissarro, sublime bien sûr. Au dessus, si ce n'est pas un chantier de démolition, c'est un atelier de menuiserie avec poutres que des bipèdes semblent passer à la dégauchisseuse, une surtout, les autres sont au plafond ; les poutres ; avec chat incertain en bas à droite. On doit pouvoir s'en passer. D'ailleurs ce n'est pas un chat et ça se passe sur la tôle d'une camionnette du marché à fanfreluches. Rien ne bouge. Entre le peintre et les hommes du bois, posé sur le Havre beau quoique incongru, un demi melon adulte de Cavaillon. Je tâte, tâtonne, je soulève, on voit les dents. Un peu surpris mes orteils se contractent. En bas le pied bouge. Ça doit être à moi tout ça. Instinctivement, je bigle vers le haut. D'un seul élan l'Eglise Saint Jacques quoique légèrement tronquée, s'élève, ..., m'éblouit. Splendeur lumineuse, les hommes industrieux, le peintre inspiré, le sanctuaire hors du temps, la beauté toujours.
Si soleil chaud, ensemble visible gratuitement aux heurs d'ouverture de la Médiathèque. Demandez à la caisse avec précaution. Guide bilingue.
B

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