Pour ce dernier atelier de l'année, Anne-Lise a fait appel à notre odorat : une goutte d'huile essentielle sur le poignet, nous étions prêts à écrire. Peut-être arriverez-vous à retrouver ce parfum, à la lecture des textes...
Je vous souhaite de très belles fêtes de fin d'année, et vous dis à l'année prochaine pour de nouveaux ateliers à la médiathèque de Lisieux !
Sophie S.
« Doux Parfum »
Orange douce, petit grain bigarade ou bien mandarine…
Me voilà partie vers un bain de douceur, un bain d’été, un
bain de soleil.
Il me pique les yeux et attise mes narines comme autant de
petits de moments de plaisir qui m’ancrent à la vie et à ses moments suspendus
auxquels je sais me raccrocher quand, dehors, le soleil brille moins fort ou
bien même que les nuages ou le brouillard viennent à le faire disparaître
totalement.
Orange douce, petit grain bigarade ou bien mandarine…
Me voilà partie dans ce tumulte d’énergie qu’il me procure à
son approche. Une douce énergie, une énergie d’un foyer sécurisant et
réconfortant dans lequel il me plaît de me réfugier quand, dehors, l’énergie me
plombe. Il m’accueille dans cette atmosphère récemment diffusée et me met en
joie de bouger si je l’accompagne d’une douce musique dynamisante.
Orange douce, petit grain bigarade ou bien mandarine…
Me voilà réconciliée, alignée, mes sens en éveil remerciant
ces instants si précieux que la vie sait m’offrir et que je sais saisir pour
pouvoir m’épanouir.
Sophie T.
D’abord ça surprend.
On ne sentait rien ou plutôt on sentait du vide.
Une absence d’odeur.
Ou plutôt une odeur tellement habituelle qu’on ne la sent même plus.
Et d’un coup, tout change.
Une odeur forte, presque trop forte, emplit le nez.
Mais c’est tellement bref. On croit avoir rêvé, cette sensation d’avoir vécu
quelque chose mais sans se rappeler quoi.
Alors on y revient. Une autre grande inspiration.
Plus longue, plus intellectuelle, chercher une réponse à un « c’est quoi ? »
Une troisième inspiration. On y est presque.
On sent que ça pique, comme une acidité.
Une fragrance connue, familière presque nostalgique.
Et la sensation reste là, même quand les nouvelles inspirations n’entraînent plus
cette fragrance au fond du nez.
On l’a dans la tête, on l’a dans le cœur.
On lutte pour la garder, mais c’est déjà trop tard.
L’odeur est partie mais elle nous a laissé
Un grand sourire aux lèvres et la sérénité.
Kristell
« Brume d’agrume »
Je cherche. Je ne te trouve pas.
Qui es-tu ? Rappelle-toi à moi !
Je sais que pour m’endormir tu es là
Tu apaises mes maux et donnes à mes rêves l’éclat
Chaque matin tu vitamines mon cœur
En cake d’amour je goûte ta saveur
Tu pétilles et piques par ta senteur
Dans la cuisine, chasse la mauvaise odeur
Je te cherche parfois haut dans le ciel
Dans une tarte, je te trouve, tel un grand soleil
Avec du saumon mes papilles s’émerveillent
Je te presse, et tu coules en de multiples perles
Mon nez est bien troublé
Peut-être es-tu citron ?
Ou bien doux pamplemousse ?
Agrume tu me plais
Et me fais sentir bon
Ma journée sera douce
Merci pour ton coup de pouce !
Maïlys
Hiver. Tout doux, dans les chaumières. Les oranges pressées
du dimanche matin. L’odeur de cannelle qui s’échappe des tasses et du four.
Tout doux, le dernier chocolat du calendrier de l’avent.
Réveil à 11h. Les paquets colorés attendent sous le sapin. Le chat s’étire dans
un coin.
La ville frétille de milliers de petites mains d’enfants,
déballant leurs cadeaux impatiemment.
Tout doux, c’est l’anniversaire de mamie aujourd’hui. La
famille est réunie.
Hiver. Enrhumée. Un mouchoir de climarome pas loin du nez.
On savoure, lorsqu’il se débouche, ce mélange de lavande et de je ne sais quoi.
Enrhumée, dans le plaid enroulée. L’odeur de l’hiver, dans
la maison, se mêle à celle, dehors, du feu de cheminée des voisins.
Petit à petit tombent les aiguilles du sapin. Il va être
temps de l’enlever. Dire au revoir à ses notes de forêt. Des grands espaces qui
s’invitent chez nous.
A l’année prochaine, hiver tout doux.
Stéphanie
Je n’ai pas beaucoup d’odorat et il peut m’arriver de me
juger pour ça, je me dis que je me prive de quelque chose, que je ne suis pas
en contact, mais avec quoi, que c’est le plus ancien des sens, le plus
primitif, le plus animal, et que je suis trop dans le mental, la bête noire des
ashrams.
Je ne sais pas pourquoi je n’ai pas beaucoup d’odorat.
Est-ce que le fait que j’ai tant fumé pendant tant d’années en est responsable
? Est-ce que savoir le pourquoi de ça a le moindre intérêt ? Il y a peut-être
des causes psychologiques et presque aussi anciennes que moi ?
Je ne sais pas forcément reconnaître les odeurs, mais je
sais celles qui me plaisent ou me déplaisent. Il y a des parfums que je
déteste. L’odeur que j’ai sur le poignet est délicieuse et citronnée.
Mes odeurs préférées sont celles du riz qui cuit, de l’herbe
fraichement coupée, de l’Eau Sauvage de Christian Dior que sentait mon père
quand j’étais petite et que par miracle sa belle-mère a offert à Patrice à Noël
l’an dernier si bien qu’il a senti l’Eau Sauvage de Christian Dior les derniers
mois de sa vie et de notre vie commune. J’aime aussi beaucoup d’autres odeurs
de végétaux, par exemple le céleri, de plantes aromatiques, ou de trucs qui
mijotent.
Quand je travaillais dans le social, comme on dit, je
n’étais pas gênée par les odeurs des gens dont je m’occupais alors que d’autres
disaient que tel ou tel sentait mauvais et même, à un moment je travaillais
avec des personnes très désocialisées et j’ai un jour emmené un junkie qui avait
de surcroit des problèmes psychiatriques majeurs, à une projection un dimanche
matin, au cinéma Le Bastille, je crois que c’était le film Les Chtis, dans une
salle pleine de SDF et c’était un moment magnifique. J’ai juste mis mon écharpe
un peu sur mon nez parce que quand même, mais j’ai été très heureuse de vivre
ça et je crois que personne d’autre, au taf, n’aurait pu le faire.
Quand j’ai fait des stages dans des services hospitaliers où
les gens se sevraient de l’alcool ou des drogues, un des ateliers chouchous des
équipes (avec l’atelier d’écriture) consistait à « piffer » des odeurs de
synthèses assez médiocres.
Je disais souvent, quand je vivais à Paris, que n’avoir pas
beaucoup d’odorat était un avantage adaptatif. Mais maintenant, je vis à
quelques kms de Lisieux, dans la campagne, et quand il m’arrive de courir le
matin, je suis gênée à la moindre bagnole qui passe. Depuis 23 ans que je ne fume
plus, peut-être que mon odorat s’est amélioré ?
Hélène
"Frais
Poivré
Citronné
Mais trop
Trop fort, entêtant, écœurant
Trop
Trop
Trop
Besoin de douceur
De délicatesse
De subtilité
À chercher
À trouver
Trop
Trop
Trop
L'éloigner pour ne plus être envahie
J'essaie mais la repousse
Envie de choisir
L'odeur de la pluie
D'une rose
De la peau aimée
Du foin fraîchement coupé
Celle-là, elle ne me dit rien de bien
Elle m'agresse
En ce matin chagrin
Pas de voyage
Pas de...
Pas de...
Un pas de deux
Un tourbillon
Et partir vers d'autres horizons. "
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