La Semaine bleue, qui est un événement dédié aux personnes âgées, était l'occasion de rendre hommage à nos aînés. Nous avons écrit ces textes à partir de photos de Steve McCurry.
L'édition de cette année aura lieu du 2 au 8 octobre. Vous pourrez retrouver à cette occasion les textes dans le hall de la médiathèque.
Irène
Maman papa où êtes-vous belle maman je te découvre enfin je
suis si heureuse de partir et de revenir vers vous. Ne partez pas je vous suis
j’aime votre compagnie belle compagnie je vous aime. Ni passé ni avenir à
l’aise enfin du respect de l’autre du soleil du bruit du silence plus de guerre
la paix vous êtes nos petits on vous choie notre repère enfin l’entente la
quiétude. Pas d’histoires de disputes mes aïeux. J’aime enfin la vie en
harmonie avec l’univers de tous les temps vous ne m’effrayez pas vous avez bien
vécu. Non il ne faut pas se suicider non il ne faut pas la vie est trop courte
quand j’étais jeune je trouvais la vie trop longue. On ne peut tout vivre on ne
peut se laisser aller trop longtemps le travail le courage les épreuves le
temps passe trop vite je n’ai pas de petit enfant que faut-il faire ? Brûler
les étapes et tout gâcher changer de vie les amours sont une leçon les
saisons passent les jeunes partent parfois fumer boire les addictions survivre
se dire qu’il y a pire que soi être heureux être soi marcher dans la forêt
mamie ne peut plus marcher je pense à elle. Je veux lui parler l’écouter elle a
son autorité mais elle me rassure elle est la dernière des aïeuls j’aime ton
fils mamie on va bien s’occuper de toi quand tu dis avancer tu es courageuse
tu nous portes ton enthousiasme ta joie de vivre. Ton corps ne peut plus mais
ton esprit est là. Maman tu es partie épuisée fatiguée papa aussi et Hubert mon
frère il y a les enfants maintenant c’est l’amour qui vous porte la vie
présente et future.
Hervé
Joie de vivre
Quiétude
Richesse intérieure
Amour de soi
Amour du prochain
Sensibilité
Plénitude intérieure
Extériorisation de soi des toxicités
Libération intérieure
Ne pas se laisser déborder
Garde la tête hors de l’eau
Concentration intérieure et extérieure
Expulser les pensées négatives
Penser positif
Ne pas regarder derrière soi
Bien être de la personne
La richesse ne fait pas la personne
Sans se comparer
Jean-Lou
Maïlys
Tu es grincheuse, souvent
La vie ne t’a pas fait de cadeau
Ça, on le ressent
Tu as du mal à exprimer tes sentiments
A voir ce qui est beau
Tu te mets en colère facilement
Mais quand tu vois tes petits-enfants
Ton sourire, tout à coup, illumine tes yeux
Il est rare, donc d’autant plus précieux
Il est cette note de joie au milieu des années
Cette note qui t’aide à continuer d’avancer
A 90 ans passés
Tu es aujourd’hui arrière-arrière-grand-mère
Regarde cette famille que tu as contribué à construire
Regarde nous pousser, grandir
Au milieu de nous tous, il y a ton sourire
C’est le plus beau cadeau que tu puisses nous offrir
Léonie
Photo d’un homme âgé. Visage bariolé bleu/vert. Chemises
avec de la peinture. Vraie peinture ou effet avec l’ordi ?
Le visage moustachu donne un âge. Avancé, l’âge.
Le regard donne un autre âge. Jeune, l’âge.
Les chemises donnent encore un âge différent. D’jeuns,
l’âge.
C’est quoi l’âge ? Des chiffres sur une pièce d’identité ?
Une expérience ? Positive ? Négative ? Une place dans la société ?
Je ne sais pas. Certains disent « l’âge c’est dans la tête
», d’autres « on a l’âge de ses artères ».
Certains sont fiers de leur âge. D’autres le cachent autant
qu’ils peuvent.
Certains trichent sur leur âge, d’autres l’arborent
fièrement.
Dans certains milieux on ne demande pas l’âge d’une dame.
Dans d’autre il se présente comme un compliment au même titre que les
mensurations.
Certains veulent terminer leur vie dans le grand-âge (ne
dit-on pas « ad méha essré en hébreu – jusqu’à 120 ans » en hébreu ?) d’autres
souhaitent partir jeunes (24 ans comme Ste Thérèse ou 33 comme le Christ)
Tout ça c’est l’âge. Mais ça ne veut rien dire. Cette photo
nous le prouve : visage buriné et ridé d’un homme âgé ; regard limpide d’un
homme qui a encore tout à découvrir ; habillement qui ne correspond ni au
grand-âge ni à la jeunesse.
Cet homme qui a l’expérience de la vie nous dit : l’âge ne
raconte rien mais l’homme tout entier raconte une vie entière.
Hélène
Regard profond
Tant intérieur qu'extérieur
Porteur du passé
Franc vers l'avenir
Bouche fermée
Non crispée
Juste droite
Comme lui
N'y a-t-il pas si peu à dire
Si ce n'est l'essentiel parfois
Juste là
Et tellement là
Il est avec moi
Il est miroir
Il me cause sans parler
Je sais des choses
J'en imagine
Il est porteur de tant d'histoires
Il ouvre les portes à tant de souvenirs
Qu'a-t-il transmis
À ses fils à ses filles de la vie
De la vie ?
Sophie
Le temps passe, il file, il défile, tel une pelote qui nous
échappe et se déroule sans qu’on ne puisse la rattraper.
Aujourd’hui enfant, demain adulte, après demain vieillard…
…Vieillard… Cette période qui inquiète, qui fait peur ;
Qu’aurons-nous à donner au monde quand le moment sera venu ?
Aujourd’hui, je ne sais pas bien, et pourtant… LE souvenir
de mes grand-mères est puissant !
Ces femmes étaient telles des femmes de l’ombre. Sans bruit,
discrètes, altruistes et résilientes.
Dans leurs yeux, je pouvais lire tellement… Du plaisir dans
la simplicité d’un moment, à la rudesse d’un passé bouleversant, comme autant
de marques du temps sur leur visage et leur corps, comme autant d’expériences
vécues.
A leur contact, le temps semblait ralentir ; leur écoute
attentive, leur bonté, le don de soi ; à leur contact, mes souvenirs se sont
construits.
Leur attente quotidienne, leur vulnérabilité, sont
touchantes…
La joie dans leurs yeux à nous voir vivre, la transmission
des valeurs passées qui ne seront pas toujours appliquées… Et pourtant…
Tellement de bienveillance à notre égard.
Grâce à elles, notre corps, notre cœur et notre esprit
gravent de la douceur, de la paix.
Avec elles, ce sont des habitudes, des odeurs, des gestes,
des sons, des matières, des goûts, des objets, qui se gravent à jamais et nos
sens n’ont de cesse de nous le rappeler.
Mémé, Mamie, pour tout cela je vous remercie.
Stéphanie
La première photo ne m’a pas plu, parce que la personne âgée
était debout, toute seule, dans une pièce sombre. J’ai préféré celle qu’a eue
ma voisine de gauche, parce que la femme âgée, dessus, est souriante, assise
par terre, encore en activité. Elle vend quelque chose que je n’identifie pas,
mais qui semble être fait de ses mains, donc elle est créative.
Peut-être qu’en vrai, c’est mieux d’avoir un toit sur sa
tête et de ne pas devoir gagner encore sa vie à pas d’âge, mais ce n’est pas le
sujet, et la seconde photo étant plus exotique, elle me ramène moins aux fins
de vie que j’ai connues, à celle à laquelle j’assiste en ce moment.
Anne-Lise parlait de joie mais c’est un sujet qui ne
m’inspire pas la joie. Peut-être que c’est d’écrire, qui procure cette joie à
laquelle je suis invitée.
Je vais chaque jour à l’hôpital de Lisieux voir mon mari. Il
a bientôt soixante-douze ans donc il fait partie de ces aînés auxquels il
s’agit de se sensibiliser une semaine par an.
Il a un cancer au poumon et au foie, et je crois qu’il est
en fin de vie. Mais je ne sais rien. Prédire est une chose difficile, surtout
quand il s’agit d’avenir.
Moi j’ai 66 ans, et je ressens de la force et de la joie
profonde.
Lui il n’a plus de force, il pèse moins de 60 kilos pour
presque 1,80 m. Ses muscles ont fondu, surtout depuis juillet, car ça fait au
moins deux mois que sa vie a rétréci. Du lit au canapé, du canapé à la chaise
longue dehors. Heureusement c’était l’été. C’est beaucoup moins dur d’être
allongé sous les tilleuls que sur un lit.
Je sais que la photo numéro un correspond bien davantage à
ce qu’il vit et à ce qui m’attend, parce que l’autre se passe en Amérique du Sud,
qui est à mille mille.
Je suis cueillie par ce sujet, auquel je ne m’attendais pas
du tout. Mes yeux se brouillent et je ne vois plus les touches de mon macBook
Air. Je pleure enfin, ce qui ne m’était pas arrivé depuis des jours. Je pleure
de le décrire, je pleure de vous dire tout ça.
J’entends qu’il s’agit de se faire plaisir et de s’amuser
mais Patrice est là-haut, à Robert Bisson, en pneumologie. Il voudrait sortir
de l’hôpital lundi mais je sens bien que ce n’est pas le projet du service. Moi
ça m’est égal qu’il reste à l’hôpital car ça me permet d’être libre le matin et
le soir. Je dis ça mais c’est même pas vrai car je reçois des visiteurs à la
maison, sa fille s’en va, son fils arrive, il s’en va et c’est sa sœur qui
vient, je ne vais pas tarder à me sentir envahie.
J’aurais pu parler de ma grand-mère qui était une
merveilleuse vieille dame pleine de vie jusqu’à la fin, ou de Vincelette, qui à
70 ans bien sonnés va en tandem avec son mari participer à (et souvent
remporter) des championnats de natation, en France, en Europe. Quand elle fait
les masters mondiaux, je suppose qu’elle prend l’avion ; elle a un petit carnet
où elle note ses temps au 50 mètres, au 200 mètres 4 nages et autres
joyeusetés.
Comme ma grand-mère Alice, elle est un modèle pour moi mais comment savoir ce qui va m’arriver ? C’est la surprise du chef.
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