Pendant cet atelier, nous avons travaillé sur les homonymes
- Ver, verre, vers, vert
- Aire, air, ère, erre, hère
Il y a du choix !
L'exercice suivant consistait à écrire soit un texte sous forme poétique, soit un dialogue de sourd en s'aidant également d'homonymes.
Enfin, un texte sur le passage de la folie à la raison... ou l'inverse.
Camille proposait également d'écrire un texte pour le concours d'écriture du festival Les Gros Maux, un festival d'art urbain engagé pour dénoncer les maux de notre société. Plus d'informations à ce lien.
Marie
Vers les étoiles
Attirée aussi par le vert des forêts
Je n’ai pas envie de mettre des souliers de vair
Mes pas sont simplement perdus
Un verre plein d’eau m’attend sur le bord du chemin
Je bois et invite deux petits vers de terre à y goûter avec moi
Au revoir, à bientôt
Amen
Je ne suis pas la fille de Vercingétorix
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Où voulez-vous que je m’enfuie
J’erre depuis si longtemps et je ne suis pas pour autant un pauvre hère
Mais dans l’air d’aujourd’hui
Je ne suis pas à l’aise peut-être
Vivrais-je un jour une autres ère
Alors je marche encore
Laissez-moi partir sur l’air de « Ça ira »
La Mer rouge peut-être
la mère de mes ancêtres
La raison, la folie
La folie, la raison
Seulement les saisons de la terre et des hommes
Je ne sais pas, pour moi
Je ne sais plus
Ça ne veut rien dire
Les mots oui les actes encore mieux
Camille
« La vie en vert »
Dans l’ère du temps
L’air du printemps
Qui me prend pour une hère
Me transforme en hère
Vraie aire de jeu
Où j’erre en mes poèmes malicieux
Le ver de terre
Allant plutôt vers les recoins divers
Sous cette flore nouvelle colorée au milieu de tout le vert
A la santé de ces précieux être silencieux je lève mon verre
En attendant une vraie serre
C’est la chambre d’amis qui me sert
A mes dizaines de bébés plantes que leurs trop petits pots serrent
Un jour ils rejoindront orvet, sous-bois, biches, cerfs.
Oh !
Il trouvera de l’eau
S’il se hisse plus haut
Dans mon jardin aux… merveilles !
« L’ère du temps »
Dans quel état j’erre ?
Ce monde manque d’air !
Vivement la nouvelle ère
Où se déploieront nos créativités dans une plus vivable aire
J’étouffe
A bout de souffle
Je m’essouffle
Si je garde mes pantoufles
Non je ne veux pas rester sur place
Ramper lentement, en limace
Plutôt que des grimaces
Je construirai de nouveaux palaces
Un sous-bois, un petit étang
Des hôtels à insectes géants
Des abris pour tout le règne du vivant
De la faune, de la flore, en feux d’artifices éblouissants
« La foi »
- J’ai la foi.
- Bah tout le monde a un foie.
- Je veux dire : je crois.
- Non c’est sûr, sinon tu ne survivrais pas.
- Tu ne comprends pas : ma foi.
- Non, ma foi, je crois que c’est toi.
- Moi ?
- Toi…
- Quoi ?
- Toi qui ne comprends pas.
- Pourquoi ?
- Te fâche pas mais pour une fois je te trouve naïf de croire qu’on n’aurait
pas tous un foie.
- Ah tu crois toi que tout le monde a la foi ?
- C’est sûr. A la fois, tu ne sembles pas tellement y croire !
- Ah si justement, j’y crois.
- Tu crois quoi ?
- Je crois que je crois.
- Pour sûr, on évolue tous. Mais je crois qu’on ne peut pas toujours croître,
la vie croît puis décroît.
- Mais moi… je parlais des croix.
- Voilà. Tu t’exprimes puis tu déclines. C’est normal, crois-moi.
- Non ma foi ne décroît pas. Je crois qu’elle ne fait que croître.
Quelle est la raison de cette folie ?
Quelle folie que de suivre toujours la raison !
La folie arrive-t-elle vraiment sans raison ?
C’est fou comme la déraison surgit à raison.
Les grands maux du monde
Brûlent nos forêts, nos ressources
Brûlent mes lèvres de crier des gros mots immondes
Lorsque dans l’indifférence se tarissent nos sources
Lorsque les catastrophes planétaires inondent
Dans leur inarrêtable course
Contre le déluge, la Nature féconde
Engendre plus de richesses
Que n’en sauraient contenir nos bourses
Maïlys
Le ver s’achemine, ondule dans la terre, se fraye un chemin
parmi ses congénères. Il est déterminé, son but est loin mais il l’aperçoit,
tout vert. Il va y arriver. Il poursuit son trajet vers le trésor. Tout près,
tout près, encore un effort. Il arrive enfin à son butin. La pomme est
magnifique, brillante de mille feux ! Il cherche à l’atteindre mais
malheur ! La pomme est en verre, il ne peut la croquer. Tant pis, il se
cherchera un autre goûter.
Nous rentrons dans une ère, où l’air se fait rare.
Où la nature voit son aire, rétrécir et rétrécir encore.
Où nous, pauvres hères, errons au désespoir.
Quand allons-nous, enfin, nous mettre à la page ?
- Ma mère va partir à Caen, elle veut voir la mer.
- Elle veut voir sa mère ?
- Non la mer, elle veut se baigner.
- Aaah, et elle part quand ?
- Oui c’est ça, à Caen.
- Oui mais quand à Caen ?
- Elle part dimanche, et après Caen elle ira dans la Manche.
- Et bien quoi ? Que se passera-t-il quand elle ira dans la Manche ?
- Et bien, elle verra aussi la mer.
- Aaaah. Mais dis-moi, elle va bien ta mère ?
- Ma foi, elle est un peu malade.
- Ton foie est malade ?
- Non non, mon foie va bien, c’est ma mère qui n’est pas très en forme. L’autre
fois, elle a fait une crise de foie. Ma foi, elle a besoin de repos.
- Je ne suis pas sûr de te suivre avec tes histoires de foi. J’ai la tête qui
tourne.
- Veux-tu un verre d’eau ?
- Je veux bien !
- Prends donc le vert.
- Oui mais lequel ?
- Eh bien, le vert !
- Tu sais, j’ai du mal à te comprendre parfois.
Ils sont là, je les aperçois, derrière la vitre.
Ils marchent vers l’entrée, se marrent déjà.
Je les observe.
Ils passent le sas, me fixent avec un grand sourire
narquois.
« Bonjour Madaaaaame ».
C’est ça, fais le malin, va.
Ils s’installent sur les canapés, hilares, je crois qu’ils
ont fumé.
Ils ne savent pas se tenir, je sens la colère monter.
Du calme, ce ne sont que des adolescents.
Un peu bêbêtes, un peu insolents, un peu bruyants…
Très bruyants. L’un met sa musique à fond, l’autre éclate de
rire.
Je les regarde, ils savent mais s’en fichent pas mal.
On a beau leur dire…
Ils baissent le son, font des messes basses, préparent leur
prochain coup.
Je suis tendue, ils sont capables de tout.
Je retourne à mon travail, une oreille aux aguets.
Du mal à me concentrer, que vont-ils encore inventer ?
J’entends alors un énorme rot, là c’est la goutte de trop.
Ni une, ni deux, mon collègue et moi sommes debout.
Comme une envie de leur crier dessus :
« Cassez-vous, et qu’on ne vous revoit plus !!! »
Ils pourraient nous rendre fous, mais il faut se contenir.
C’est ce qu’ils cherchent, nous pousser à bout, nous faire faillir.
Alors, aussi calmement que possible, nous les poussons vers
la sortie.
Toujours hilares, ils nous narguent, mais eux, ils sont sous la pluie.
Anne-Marie
« Petit ver. »
Je
suis hors champ dit Camille en parlant de moi. Est que ça étonne
quelqu'un ? Car dans mon champ il y a un petit ver tout nu. Evidemment
tout vert se confondant avec l’herbe du jardin, courant vers la salade si appétissante.
Assoiffée par tant d’émotion je courus vers ce verre salvateur et repris à tue-tête
ma comptine préférée ; qui a vu dans la rue le petit ver de terre, qui a
vu dans la rue le petit verre tout nu.
« Pauvre hère. »
Elle
errait dans cette petite ville sans âme. On lui avait dit que cette bourgade
était propice au bon air. Une petite ville à la campagne en somme. A ceci près
c’est qu’aujourd’hui on respirait surtout les déchets soufrés qui se
dégageaient des usines pétrochimiques avoisinantes à droite, sous les arcades
de l’ancienne ville gallo-romaine le coiffeur « l’hair du
temps » s’activait autour d’un brushing permanenté. Un pauvre hère se dirigeât
vers elle et lui dit : « T’as pas cent balles ». Elle se réfugia
sur le parking du carmel et se retrouva nez à nez avec un petit hère qui avait
perdu sa maman. Et ben voilà elle la tenait enfin sa petite ville à la
campagne.
Il
était une fois un maire qui se proclamait aussi mère. Elle rencontrait quotidiennement
ses administrés.
Le curé du même village se souciait de la vie spirituelle de
ses paroissiens. Il fit la requête suivante à l’édile qui n’en crut pas ses
oreilles : pourrions-nous chanter la carmagnole au 14 juillet au lieu de la
Marseillaise ?
Mme le maire pourtant d’un naturel progressiste, réagit
violemment. Comment, le clergé s’intéressait à l’idéologie populaire ? Non ce
n’était pas possible le prêtre avait dû regarder Don Camillo en boucle, série
télévisée qui avait fait le buzz dans les années après-guerre aux temps bénis
des chaînes publiques.
Mon bon ami vous devriez prendre des vacances au bord de la
mer. Je sens votre foi qui vacille. Sûrement qu’une petite cure de
détoxification du foie vous serait profitable. Certes la ville de Foix réputée
pour ses eaux thermales semble être l’endroit idéal pour une régénération de
tout votre organisme. Et c’est ainsi que notre bon curé fut évincé
temporairement de son petit village.
« Raison ou folie. »
Raison,
raisonnable. J’entends encore les diktats de mon enfance. « Sois
raisonnable » Non je n’ai pas envie. Je sentais qu’on allait me rogner les
ailes. Ressembler à tout le monde pas question. « L’ennui naquit un jour de
l’uniformité »
« Critique de la raison pure » Kant peut être ? Les
philosophes au cours des siècles ont toujours apprécié la raison et la folie.
Alors j’assume mon grain de folie, générateur de créativité,
m’ouvrant au monde dans un bain d’originalité. Evidemment l’enfer de Dante ne
nous attire pas. Pas plus que l’asile d’aliénés. Mais n’ayons pas peur des
fous. Humanité, tolérance vous serviront de passeport.
Passeport pour la folie j’aime bien l’idée.
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