Gallica et Europeana : la politique contradictoire
Gallica, la bibliothèque numérique de la BNF est une bonne adresse où manger : environ 190 000 images ou ensembles iconographiques devraient rassasier votre appétit. Surtout si vous avez faim de gravures. Les numérisations sont très précises autorisant les zooms, même si un dispositif technique empêche le téléchargement des images en pleine taille. Prêtez attention aux conditions : "La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source", précise cette page de leur site.
Par conséquent, je vous invite à choisir un restaurant moins regardant : Europeana. Au menu de cette bibliothèque numérique, une richesse prodigieuse puisqu'elle regroupe le fonds de Gallica mais aussi celui d'autres grandes institutions culturelles françaises et européennes (Bibliothèque municipale de Lyon, Musée national d'histoire naturelle, Archives nationales de Norvège, Deutsche Digitale Bibliothek...). Le moteur de recherche se révèle plus efficace. Surtout la politique de ce portail est très favorable aux Internautes. La plupart des images sont présentées comme relevant du domaine public et, à ce titre, vous pouvez les copier, modifier, les distribuer, même dans un but commercial et ce sans demander une quelconque permission.
Des conditions qui, paradoxalement, entrent en contradiction avec celles de Gallica. Autrement dit, vous ne pouvez pas utiliser une image sur Gallica dans votre projet commercial, sans vous acquitter de droits de reproduction. Mais si vous récupérez la même image sur Europeana (qui indexe le contenu de Gallica), vous n'avez plus de contraintes !
Du côté des musées français, peut mieux faire
En 2015, la Réunion des Musées Nationaux (RMN) offrait une vitrine sur le web à leur fabuleux trésor artistique : Images d'art. L'Internaute accédait enfin à une reproduction fidèle de tableaux aussi célèbres que la Liberté guidant le peuple de Delacroix ou le Déjeuner sur l'herbe de Manet... Fini d'utiliser les versions sombres, jaunâtres, brillantes ou tronquées dénichées sur le web. Les chefs-d’œuvre de la RMN sont téléchargeables gratuitement hors contexte commercial. Reste le regret d'avoir accès à des tailles d'image réduites : comment apprécier les détails du Sacre de l'empereur Napoléon 1er par
Panam aux États-Unis
La semaine dernière (7 février 2017), le Metropolitan Museum of Art (MET) a causé un séisme en ringardisant les différentes formules de ses confrères français. Les œuvres du MET tombés dans le domaine public sont passées en licence CC 0. Traduisez licence Creative Commons zéro contrainte. Téléchargement libre de 375 000 images, pas de demande d'autorisation, ni d'obligation de la paternité. Et ce n'est pas tout : l'Internaute peut récupérer les image en haute qualité, les modifier et les utiliser pour tous ses projets, même à but commercial. Le Graal. Rien ne vous empêche d'imprimer ce portrait de la princesse de Broglie par Ingres sur des mugs et de les vendre sans reverser des royalties au MET.Pour être honnête, ce tremblement de terre n'est qu'une réplique. Le Rijksmuseum d'Amsterdam, depuis 2012 ou la New-York Public Library, depuis 2015, diffusent une partie de leurs œuvres en haute définition et pour un usage très libre. Au rythme de 40 000 images/an, le musée néerlandais envisage de mettre en ligne les reproductions d'1 million d’œuvres ! Qui dit mieux ?
Cependant, à force de multiplier ces sites-ressources, on risque de perdre son temps à chercher la perle rare en passant de l'un à l'autre. Heureusement, la société Creative Commons vient d'élaborer un moteur de recherche qui butine plusieurs ressources, à savoir le MET, le Rijksmuseum et la New-York Public Library... Cerise sur le gâteau, d'un seul clic vous pouvez copier les crédits de l'image pour les coller dans votre blog. A ce jour, je n'ai pas trouvé mieux ! Espérons que les musées français en arrivent à adopter l'état d'esprit de Tacco Dibbits, le directeur des collections du Rijksmuseum : « Nous sommes une institution publique, donc les œuvres et les objets que nous possédons, d’une certaine manière, appartiennent à tout le monde". Cet homme a tout compris.
Autres ressources
- Wikimedia Commons.
- Flickr The Commons
- La bibliothèque électronique de Lisieux. Son contenu est librement téléchargeable en résolution maximum puis réutilisable, comme au MET.
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