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JOURNAL INTIME ......
Dans le vieux secrétaire
Dans la grande cuisine de ma mère
Derrière des tas de coupons de versement
Des allocations familiales pour nous les
enfants
Un carnet
Noir épais
Enfumé
Secret
L'écriture appliquée
De pleins et de
déliés
Marie-Louise dans sa vie de tous les
jours
Au
jour le jour
Jeune
esseulée sans son Pierre
Parti
pour la grande guerre
Les travaux de
la ferme
Au fil des
saisons
Et
puis l'arrivée du petit Pierre
Seule
mais si fière
La fatigue les
durs hivers
Labeurs peurs et
quelques douceurs
Résignation
Vie à tâtons
H
Du
temps de son activité mon parrain était un grand homme d’affaires. D’ailleurs
il est grand tout-court ! Il voyageait beaucoup dans le monde entier et
nous rapportait toujours un petit cadeau typique du pays où il avait été.
Cette
fois-ci il passait la semaine en Angleterre. Pas très intéressant au niveau
exotique comme pays. Surtout pour la bande d’adolescents que nous étions. Le
petit cadeau de retour excitait moins notre curiosité. D’ailleurs, y aurait-il
un petit cadeau ?
Le
soir du retour, le rituel fut respecté. Tous les enfants, du plus grand au plus
petit se sont réunions autour de Parrain assis dans le canapé. La grande besace
à petits cadeaux était bien là. Le rituel fut appliqué : d’abord les
petits. Puis les moyens. Puis les grands. Je faisais déjà partie des grands.
Quand
notre tour arriva, Parain sortit de la besace quatre paquets absolument
identiques. Chacun des quatre grands en reçu un. Nous étions surpris.
D’habitude les cadeaux étaient personnalisés.
Nous
avons ouvert nos paquets avec quand même un brin de suspicion. Que pouvait-il
venir de sympa d’Angleterre ?
Lorsque
je découvris le petit cadeau je fus très perplexe. Un livre, à la couverture
très rigide mais en tissu jaune pâle. Le titre : « Nothing Book ». Le livre
RIEN !
???
Quand
on ouvre le livre, des pages blanches. Même pas des pages avec des lignes.
Je
jette un regard à droite et à gauche et remarque les réactions des autres
grands.
Soudain,
Juliette déclare, hyper enthousiaste : « c’est génial. Parrain,
écris-moi quelque chose dans mon « Nothing
Book » » Et elle a demandé à chacun de faire de même.
Nous
avons tous imité sa démarche.
Depuis,
j’ai toujours un « Nothing Book ».
J’en suis au septième.
Et
je demande à chacun de mes visiteurs d’écrire dans ce « Nothing Book ». Je l’emporte avec
moi à chaque vacances pour qu’il soit complété par les gens rencontrés.
Que
de merveilles de poésie, de dessins, de caricatures, d’amitié dans ces pages
blanches des « Nothing Books »
E
Pour
sûr, il était vraiment très joli, ce carnet.
Noir, couverture rigide, petite serrure
avec petit cadenas en forme de cœur, pages sépia à réglures violettes.Cadeau de
Noël de ma tante Luce.
Il donnait envie de s'y mettre tout de
suite, de quitter immédiatement l'assemblée familiale réunie autour du sapin,
des guirlandes et autres décorations de Noël fabriquées par des enfants chinois
de six ans pour célébrer la fraternité et la paix dans le monde.
J'étais motivée, j'allais le commencer
sans attendre, ce journal intime.
Donc : 25 décembre 1977... Quelle
est la formule habituelle ? Ah oui... « Cher petit journal ».
Cher. Combien la tante Luce, connue pour
sa radinerie, avait-elle investi dans ce carnet ? Il y avait de quoi
douter.
Petit. Ça oui, il était petit.
Forcément, elle n'avait pas choisi le grand modèle, la tante Luce.
Et ensuite, quoi mettre, sur ces
réglures violettes, somme toute assez moches, vraiment ringardes sur ce papier
jaunâtre ? J'attendrais la fin de la journée, j'aurais sûrement plus de
choses à dire...
Je l'ai ressorti il y a quinze jours, du
fond d'une caisse de vieux vêtements. Ce qu'il y avait dedans ?
« 25 décembre 1977, cher petit
journal »... puis rien. Rien que les taches qu'avaient faites les réglures
violettes en déteignant sur le papier moisi.
Décidément, Tante Luce n'avait pas
choisi la qualité.
Et ma vie, soit je la vivais, soit je la
racontais. J'avais fait mon choix.
D
Mon
journal.
Un
mois, puis deux semaines, deux mois, puis trois semaines. Je ne vais pas me le
cacher, mais certains jours nous font plus vibrer que d’autres, certains jours sont plus
lumineux, plus solaires, plus magiques.
Des
toiles d’araignée se font et se défont, mais il y aura toujours un moment où ma
main le saisira, le secouera et l’ouvrira, afin de permettre à mes doigts de
tracer quelques lignes importantes, lumineuses, solaires, magiques.
A
Aie
Aie Aie
Dilemme
du jour, en cahier contenant des secrets est en train de me faire de l’œil. Ai-je
le droit. Est-ce que je vais vraiment découvrir quelque chose, après tout si
elle n’avait pas voulu que je le lise, elle l’aurait sans nul doute cadenassé
et ou encore caché. Alors que là, il m’attend les bras ouverts presque qu’avec
la dernière page noircie pour m’initier à continuer. Malgré mes scrupules la
tentation est trop forte, je ne peux résister et comme ce n’est pas non plus
totalement autorisé me voici aux aguets très attentive au moindre grincement de
parquet qui saura me prévenir en cas de
retour de l’auteur ou de ces congénères car personne ne doit savoir que
désormais je suis au courant des petits secrets.
Par
où vais-je commencer ? Je lis en diagonale la dernière page celle qui s’était
invitée à venir la découvrir, je ne sais pas de combien de temps je dispose, j’ai
bien envie de reprendre l’histoire depuis le début ou plutôt aux premières
pages de cet ouvrage qui elles sont déjà la suite de nombreuses autres, ou bien
cibler d’avantage, il faut que je fasse travailler ma mémoire, quel était donc
ce jour où nous nous étions fâchés, où j’avais eu envie d’être la petite
souris, serais un des personnage ?
Après
plusieurs fausses alertes du vent, de la pluie bref de la tempête, cette fois
il semblerait que je sois contrainte à repartir mon enquête et immersion dans l’intime
à la prochaine escapade de son auteur
D
Sur
une idée de Sylvain Ebon, de l’Abbé Nédictine, dans les décors de Paul Ricard,
qui rit jaune avec le Père Nod.
A
mon arrivée en Italie,
j’ai fait des gammes à Bergame.
Je
rêvais d’en faire à Birmingham, game, game, game
Puis
j’ai bu beaucoup de rhum, à Rome, Rome, Rome, Rome
J’étais
évidemment complétement rond, rond, rond
Je
me suis alors fait un tour de rein à Turin, rin, rin, rin
Du
coup, j’ai eu affaire à la médecine à Messine, cine, cine, cine
Puis
j’ai fait la sieste à Trieste, ieste, ieste, ieste
Une
fois rétabli, j’ai porté un toast, à Aoste oste, oste oste
Ah
moi, faut pas m’en raconter
J’aime
le vin, l’apéro et l’orangeade, geade, geade geade
Moi,
l’alcool nomade qui ne peut boire de la limonade, nade, nade
Je
suis alors parti en Grèce, boire de l’ouzo
Il
faut dire que boire de l’Ouzo ça ouse beaucoup la …
Puis
au Port du Pirée, j’en ai bu du pire et du meilleur
J’ai
alors bu du vin fou à Corfou
J’y
suis devenu alors complétement fou, fou, fou
C’est
là qu’on a perdu ma Thrace, en Thrace, trace, trace
Ah
moi faut pas m’en raconter
J’aime…
….
Puis
je suis allé en Allemagne
Je
me suis réveillé dans un wagon à Constance
D’une
mauvaise humeur de circonstance, la, la, la
Ah
moi , en Bavière, j’en ai bavé, hiert, hier, hier
Car
j’ai trop bu de bière à Munich, hic, hic, hic
Puis
le hic, c’est que j’étais bourré à Strasbourg
Avant
d’être passé à Offenburg, à Kehl, là, quelle aventure. La bière et sa mousse m’étaient
montées … à la tête. … loin de la mise en bière.
En
Allemagne, j’ai fait un détour par la Pologne
J’ai
alors craqué, avant d’aller à Cracovie
J’ai
donc bu un verre d’eau de vie à Varsovie
J’en
ai marre de l’eau de vie
Comme
cette vie me tuait, j’ai plongé dans La Vistule
En
effet, la vie d’alcoolo dépendant tue, comme on …. Hypo, pypo, hypothermie
oblige !!!
Puis
je suis revenu à la Frontière Allemande
Enfin,
je suis arrivé en France, en tant qu’alcoolo européen transfrontière, je suis
passé à Colmar
J’en
avais marre, je me suis retrouvé dans le coltard, tard, tard, tard. J’avais
peur de la mise en bière. J’avais la pression sion, sion, sion
Ah
moi faut pas m’en raconter
J’aime
le vin…………..
Puis
j’ai fait une halte à Altkirch où j’ai bu du kirch. Dès l’aube à Troyes, je
suis parti avec mes deux acolytes vers Montard où j’ai été viré de mon bar
préféré par mon barman préféré. Je me suis alors dirigé vers Avallon, où nous
avalons ces Montrachet ou ce Viré-clissé près de Macon, vin fleuri à souhait.
Puis j’ai bu un dijo à Dijon.
J’ai
pris un vin de Beaune où j’en tenais déjà une bonne. J’ai suivi la route du vin louant ce breuvage à
Louhans. J’ai été pris près de Lyon, boire un petit beaujolais, lais, lais,
lais, non, beau, beau, beau avec sa robe pourpre, dans un bouchon lyonnais,
nais, nais, nais
Excité
comme un fauve par l’alcool, cool, cool, cool
Je
me suis alors dirigé vers Montélimar où j’ai vu monter mon alcoolémie, mie,
mie, mie
A
force de marcher, j’avais mal aux nougats, ga, ga, ga comme Lady Gaga
J’ai
bu ensuite une orangeade, à Orange comme me le préconisait une amie Jade, Jade,
Jade
A
Avignon, j’y ai dansé en rond, rond, rond sur son fameux pont d’Avignon gnon
gnon gnon
Je
suis alors passé à Nice, boire un apéritif anisé très corcé déjà ; je
prenais ensuite le bac pour la Corse. J’ai repris le bateau vers Marseille,
chercher de l’oseille. Avec l’oseille, je suis allé à Porqueu… où j’y ai bu un
peu trop d’alcool, comme Hier à Hyères, où j’ai pu un peu trop de bière. Porque
tant d’alcool me direz-vous avec justesse ? Porque l’alcool dont je raffole,
j’en suis le porte-parole. Puis cap vers Nîmes où tout s’arrime où je m’égare
autour des arènes, me perdant entre les arcades, mon cœur battant la chamade,
derrière ces colonnades, où je bus en enfilade quelques limonades en guise de
sevrage où je ne sais plus mon âge, dans cette divagation autour de la maison
carrée, où je tourne en rond comme un hérétique contre lequel la société sobre
jette l’opprobre.
Puis
direction Mende, Clermont Ferrant puis Montluçon où j’ai bu un Saint Pourçain, ….pour
cent terroirs Bourbonnais sur un petit territoire très sain pour ça. Je me suis
alors dirigé vers Vichy, où il faut allier eau pétillante et vin au terme de ce
voyage, puis j’ai mangé un pâté de pomme-de-terre, à tomber parterre comme on
dit.
Ah
moi faut pas m’en raconter………….
Puis
je suis remonté à Paris en train quand Paris m’a pris doucement dans ses bras.
Dans un train Paris Caen, j’y ai bu un thé à la menthe, je suis alors arrivé à
Saint Malo, où j’avais mal au foie ma foi. J’ai continué mon périple à Brest,
où ma voiture est tombée en rade, puis j’ai perdu la boussole à Paimpol avec
une paimpolaise. Je suis alors rentré par Rennes pour que rien ne traine, j’y
ai dépensé mes étrennes, j’y ai englouti une bouteille de chou-chen, avant que
je n’en avale une autre à Laval. En Mayenne, la, la, la, la. Là, j’ai suivi la
flèche afin de boire quelque Saumur. Puis pour me réchauffer à Cholet j’ai bu
un bon lait chaud, puis près d’Angers, où un loir par la suite, là, là, là.
Ah
moi, faut pas m’en raconter
J’ai
découvert un jour dans mon grenier
Les
péripéties de la vie de mon grand-père
Il
vivait retiré dans la campagne andalouse
Où
il s’y était réfugié
Avec
ses enfants, il tenait une ferme et employait quelques journaliers retenus au
jour le jour pour ramasser quelques pois-chiches, olives, du côté de Romda.
A
cette époque-là, il vivait chichement mais était heureux, l’éducation était
rigoureuse. Le fouet était de sortie à des moments exceptionnels et l’instituteur
se déplaçait à la ferme de temps en temps, d’après mon père.
M
Les
vaches
Le
vent au saut des trois frontières dévalait les pentes et l’aurore éveillait le
vallon de lueurs primitives. Ses flans anticlinaux anticipaient le futur mais
le temps pour nous s’est arrêté. La paire dans sa corolle close a recueilli nos
vies et l’herbe obstinée où nous plongeons nos visages quand la chaleur
bruissait de soleil, filtrait la fuite des nuages. L’alouette invisible
vrillait une note haute et l’herbe encore en ondes vagues berçait nos cœurs émerveillés.
Leurs
battements ont comme le rythme des saisons.
Tissage
d’argent flou les fils de la vierge dans leur lente dérive. Ont desserré leurs
liens, nos ivresses ne sont plus qu’herbes fanées, subsistant nos souvenirs
écrus et nos cœurs rassasiés. L’automne est venu. Dans la houle de ses brumes
on ne voyait plus rien et tout se confondait comme une mémoire perdue.
Les
bêtes reposaient. Seul un souffle puissant, un rauque préhistorique manifestait
la vie.
Puis
le vent à nouveau bondissait et les charmilles d’antan en torches brandies
oscillaient d’or le rideau d’ombres des bois. La buse tourne sans fin et raille
le ciel d’un cri net. Le temps s’en est all, déjà s’efface nos cœurs déracinés.
B
Journal
intime: Combien en ai-je commencé? Il me faudrait fouiller les placards
de mes successives résidences pour retrouver feuilles éparses, carnets
entamés et non finis! Dilettante peut-être? Manque de constance
surement. Il est difficile de matérialiser, de figer à l'encre et au
papier ses pensées et ressentis: Est-ce un peu mourir? Etre dans l'ici
et maintenant? Arrêter son mouvement, analyser, mettre en mots et
fatalement restreindre ses sensations. Et puis se livrer totalement
nécessite la certitude de ne pas être jugé, de ne pas être trahi par le
support réceptacle: Que son trésor ne soit pas pillé par des regards
impies! De même qu'il me parait difficile car irrespectueux de lire le
journal intime d'autrui sans son accord.
Journal intime, confident, ami muet: Faudrait-il le confier aux flammes pour le réduire au silence éternel? Enfer ou paradis?
D
N
K
S
C
S
C
M
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