Voici un court extrait d'un auteur qui ignora peindre à travers ces lignes, en 1999, les souffrances d'un bibliothécaire !
"Je lis des vieux livres parce que les pages tour-
nées de nombreuses fois et marquées par les
doigts ont plus de poids pour les yeux, parce
que chaque exemplaire d'un livre peut appar-
tenir à plusieurs vies. Les livres devraient rester
sans surveillance dans les endroits publics pour
nées de nombreuses fois et marquées par les
doigts ont plus de poids pour les yeux, parce
que chaque exemplaire d'un livre peut appar-
tenir à plusieurs vies. Les livres devraient rester
sans surveillance dans les endroits publics pour
se déplacer avec les passants qui les emporte-
raient un moment avec eux, puis ils devraient
mourir comme eux, usés par les malheurs, conta-
minés, noyés en tombant d'un pont avec les sui-
cidés, fourrés dans un poêle l'hiver, déchirés par
les enfants pour en faire des petits bateaux, bref
ils devraient mourir n'importe comment sauf
d'ennui et de propriété privée, condamnés à vie
à l'étagère."
Trois Chevaux, Erri de Luca
Cette photo, prise dans nos murs, dans vos murs, il y a 2 mois, concerne des vieux livres qui ont accompagné vos vies et qui désormais, faute de place, vont quitter leur écurie...
Usés par plusieurs manipulations ? C'est ce qu'on peut leur souhaiter !
Au mieux certains suivront la belle suggestion prémonitoire de l'auteur, qui se répand de nos jours sous forme de Boîtes à livres, où les livres sans surveillance dans un endroit public sautent de poche en poche au gré des caprices et des humeurs des passants.
Mais ... Il y a ceux qui meurent d'insuccès, c'est-à-dire d'ennui sur leur étagère, alors ceux-là nous fendent le coeur, à nous les frustrés de voir passer dans nos mains tant d'oeuvres de l'esprit sans l'once d'une minute à leur accorder. Quel sort leur réserver, à part les aider à sauter - tout seuls - du pont de Normandie ?
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