Atelier d’Annie sans Annie. Une première.
Pour la première proposition d’écriture : Un personnage
croisé en venant. Le décrire juste des mots. D’où vient-il ? Où va-t-il ?
Que va-t-il faire ? Quel est son caractère ?
La deuxième proposition est
de Dominique : 9 fables de La Fontaine sont distribuées. Chacun
doit faire une lettre à Jean de La Fontaine ou à un des personnages de la
fable. Ensuite cette lettre est donnée à
son voisin et celui-ci doit répondre.Proposition issue « Des papous dans la tête »
Un personnage croisé en venant
Je ne me suis pas posé de question. Visiblement malgré un
air distrait et un sourire onctueux ce n’était pas un homme velu, mais il avait
dû partir en vitesse en laissant sa barbe coincée dans sa porte. A cette heure
propice à la folâtrerie, il vaquait nez au vent. Je m’enquis. Je souhaite
rencontrer un fromage du Cantal : un vrai. De vache. Pas une de celles du
plateau où il en broutait mille, il n’y en a plus : que des sapins. Je lui
souhaitais bonne chance.
B
Longiligne, bien que carré d’épaules, vaste kabig breton
bleu foncé, brandebourg en bois et grosses lunettes à monture noire. C’est un
père agressif avec son petit garçon, 4, 5 ans qui pleure et trépigne sur le
trottoir. Il lui crie : « Tu envoies exprès des bulles de savon dans
les yeux de ta sœur… » La sœur, 7,8 ans recule et me bouscule un peu. « Demande
pardon à la dame » braille-t-il. Doucement je dis : « Ce n’est
pas très grave, ma chérie » lui, obnubilé et méchamment : « Mais
si, c’est grave, il brûle les yeux de sa sœur ! ». La maman en
retrait, à voix basse. « Non, ce n’est pas très grave ». Questions :
Comment arrive-t-on à diriger la trajectoire d’une bulle de savon ?
Comment aurais-je pu intervenir ? Je n’ai pas osé, par politesse ou par lâcheté ?
E
Pas grand yeux bleus sourire moustache cheveux gris court
crâne un peu dégarni pull jacquard 80 ans ne les fait pas manteau court anorak
jaune moutarde sac de course à la main démarche souple bras en mouvement vient
de la campagne va acheter des produis locaux sur le marché pour préserver son
corps enjoué ouvert peu enclin à gémir sur son sort attentif à son
vieillissement tout de même.
Lettre du Chêne à Mr de La Fontaine
Monsieur de La Fontaine,
Quelques mots au sujet du texte que vous avez écrit il y
fort longtemps déjà.
Dans un premier temps, je fus fort aise d’avoir un premier
rôle dans une de vos fables. Mon nom était même dans le titre ! Quelle
gloire ! Si je traverse les siècles de par ma nature même, vous me
permettez, par votre texte, de traverser les âges des âges et pénétrer même au
cœur des cités, dans les plus humbles chambres du 6° étage.
Mais voilà ! La gloire ne fut pas celle que j’espérais.
Moi, si fort, moi, si grand, moi, si solide. Qu’avez-vous fait ?
Oui ! Monsieur de La Fontaine, qu’avez-vous fait de moi ? Une
allumette, un fétu de paille, un être cassant ! Comment avez-vous pu ?
Comment avez-vous osé ?
Faire d’une humble tige un héros triomphant ! Oser dire
que ceux qui plient sont plus forts que ceux qui résistent. Non, Monsieur de La
Fontaine, je ne puis accepter une telle thèse.
Et pourtant, les faits vous donnent raison. La violence des
éléments a fait voler plus d’arbres que d’herbe. Et me voilà humilié à la face
du monde entier (hélas ! votre renommée est universelle), obligé de
reconnaitre votre victoire.
Monsieur de La Fontaine, pouvez-vous, de là où vous êtes,
depuis le paradis des poètes, faire apparaitre un grand fabuliste moderne qui
pourrait rééquilibrer la balance entre les forts et les souples ?
C’est tout simplement que je vous fais ma requête, comptant
sur votre compréhension.
Je vous prie de m’excuser si je vous ai importuné.
Recevez, Monsieur de La Fontaine, mes humbles et sincères
salutations,
Le Chêne.
Lettre de Monsieur Jean de La Fontaine au Renard suite au
courrier écrit sous la dictée du Renard par Dédorah.
Cher Renard,
Merci de ta lettre qui a mis bien du temps à m’atteindre,
pas moins que plusieurs siècles.
Mais je vois bien que ton inquiétude est toujours
d’actualité.
Hélas, ta renommée était déjà là du temps où j’écrivis ce
texte te concernant. Je me suis d’ailleurs appuyé sur cette renommée pour le composer.
Mais puisque tu m’as écrit ta douleur, puis-je me permettre
l’un ou l’autre conseil ?
Il me semble qu’un petit travail d’introspection te
permettrait de mieux prendre conscience des faiblesses inhérentes à ton état de
renard : voleur (de poules ou autres), manquant d’hygiène (ne te
traite-t-on pas de sac à puces ?).
Peut-être qu’avec quelques efforts, tu pourrais te rendre
plus agréable aux hommes et ainsi faire évoluer ta mauvaise réputation ?
Tout ceci n’est que conseils amicaux. N’y voit aucun
jugement. Je te dois tellement de succès, cher Renard !
En attendant d’autres nouvelles de ta part, je te souhaite
de bonnes et belles choses.
Ton dévoué,
Jean de La Fontaine.
Cher Renard,
Je te remercie pour ton invitation. Ça aurait été avec grand
plaisir de pouvoir dîner en ta compagnie ce vendredi. Ton attention me va droit
au cœur et pour te remercier je te propose de se rencontrer jeudi à un
déjeuner, un petit pique-nique entre
amis. Bien entendu, ton invitation ne sera que partie remise. Quand sincèrement,
il te prendra de m’indiquer tes motivations dans cette entrevue j’accepterai
enfin ton dîner. Pour des raisons qui me sont propres je ne peux t’en dire plus
long dans cette lettre. A jeudi donc, on en reparlera en face à face. Tu me
diras dans ce repas bien des louanges sur ce qui est entendu entre nous.
Personne n’en saura rien, je te le garantis. C’est promis.
La Cigogne
Le lièvre
Rien ne sert de courir, d’aller vite, il faut partir à
point. Cette leçon, d’assurance trop certaine, être sûre d’un résultat avant
même d’avoir commencé ton épreuve, sous- estimer ton adversaire te servira à l’avenir.
Tâche de t’en rappeler cher amis.
M. de la Fontaine
Un glaiseur plein aura et sur le point d’calancher, fit
radiner ses lardons et leur jacta en lourd : Faudrait pas vous faire les
gnons en bazardant l’héritage qu’nous ont lourdé les vieux. Y’a des tunards des
fafiots des langères qui sont planqués. Un fois l’vioque claboté, les gniards
repiquent au boulot comme des mioques à la redresse. Ni de pèze. Mais le vioque
fut mariole d’leur avoir radoté que l’boulot c’est le plus bate des bizness.
Pour ta gouverne cher la Fontaine à la guimauve, gnan, gnan,
à tous les étages et particulièrement au zoo. La cigale ne mange jamais de
viande et contrairement à la fourmi elle joue du crin-crin doux pour la joie et
même les transports des amoureux mais pas la nuit. Quant aux fourmis des vraies
salopes elles bouffent n’importe quoi été comme hiver. Elles laissent les lieux
propres.
Chère amie
Depuis l’écriture de votre fable, j’ai calanché c’est vrai
et ceux qui sont arrivés après ont fait ce qu’ils ont pu. J’entends outre-tombe
ânonner mes histoires, ça me laisse sans
voix. D’ailleurs ma langue a été nettoyée comme vous le dites si bien par des
armées de fourmis accompagnées de nombreux rampants dont j’omettrai de vous
parler, cela vous gâcherait la vie. Mes oreilles n’existent plus bien entendu
mais mon âme se laisse bercer par un flutiau fait avec un de mes os de jambe. Ça me ravit l’esprit et ainsi dans les limbes
je revois mes morales. Alors je vous prie, je comprends votre colère mais
laissez –moi vous dire que désormais dans l’éther, la sagesse m’a gagné, alors
apaisez-vous, dites-vous que les beaux jours sont devant vous. Je vous attends
avec impatience.
B+G
Chère amie la cigogne
S(en est fini de tous ses repas que nous prenions ensemble,
des lourdeurs des mets, des pesanteurs des conversations. Vos collègues à longs
becs me fatiguaient la truffe. Quant à leurs commentaires sur vos mœurs de
terrier, je n’en pouvais absolument plus. Tout a une fin, et la vôtre fut mise
en scène en tenant compte de vos inclinaisons à aller chercher au fond de vase
à long col votre pitance. Je ris encore de la bonne farce, je vous ai cuite,
fourrée à l’herbe aromatique. Désormais une de vos plumes blanche et noire orne
ma tête rousse. Au diable Jean et sa bonne morale. A lui de revoir sa copie.
Votre âme ère-t-elle encore dans ce monde ? Parviendrez-vous à me répondre ?
J’attends tout en me curant les dents avec vos petites plumes. Demain, j’invite
une de vos amies, vous savez celle dont les pattes sont un peu jaunasses. D’ailleurs
côté pattes, j’avoue ne rien avoir grignoté de si craquant. Excellent pour s’ouvrir
l’appétit. Je vous embrasse où que vous soyez dans les nûes.
Très jolie histoire vraie. Ô ! Pas cigogne que ça l’âme
de la cigogne…Pourquoi pas. Dans l’immatériel, le recommencement ? De si
jolies plumes et vos repas. Toute offrande même malicieuse n’est-elle pas
amour.
G+B
Madame la petite grenouille à Monsieur Jean de la Fontaine,
noble.
Le 15 mai 2015
Monsieur le noble,
Pourquoi les petits ne devraient-ils pas chercher à imiter
les grands ? Croyez-vous qu’il soit bon de vouloir accepter sa condition
inférieure sans chercher à y remédier, à progresser ?
Meurt-on obligatoirement à chercher à sortir de la misère ?
L’esclave ne peut-il espérer devenir libre sans mourir et le prolétaire à
posséder un statut plus enviable ? Vaux-t-il mieux un pourceau satisfait
qu’un prince mécontent ? L’histoire nous a appris qu’il est parfois
nécessaire à certains de « crever »- ô ces plages du débarquement
couvertes de cadavres !...) pour que d’autres puissent bénéficier de leurs
efforts à vouloir se grandir et qu’accepter sa condition de minable eu d’oppressé
sans réagir n’est pas facteur de progrès.
La Grenouille
Madame, tout est dans la mesure. Je n’ai jamais pensé ou dit
qu’il ne fallait rien faire pour progresser mais accepter sa condition permet d’envisager
de s’élever. Apprendre à se connaitre d’abord, à découvrir ses propres talents
et à les mettre au service de soi-même et de l’humanité me semble d’une grande
importance. Qu’apporte la violence ? … Une autre violence et qui ne fera
rien avancer. Il faut apprendre à réfléchir, à vivre en bons termes avec son
voisin… La liberté c’est d’abord sortir de son propre esclavage. N’est-ce pas
nous même qui créons nos propres prisons ? Comment peut-on en sortir ?
En essayant d’Aimer. Tout est une question d’esprit et vous avez le droit de
penser et d’exprimer ce que vous venez d’écrire. Que votre vie soit à l’image de vos pensées, puisque tel est
votre désir.
E+J
Monsieur Jean de la Fontaine, je vous remercie, moi le Corbeau,
pour la leçon que vous venez de me donner. Le Renard, certes, n’est pas
particulièrement mon ami et c’est sans doute pour cela que je me suis laissé
prendre à ses flatteries. Un ami m’aurait fait le même compliment, j’aurai
réagi de façon différente. Je me serai envolé auprès de lui, nous aurions
chanté ensemble et partagé ce fromage.
Monsieur le Corbeau beau
Croyez-vous réellement que vous êtes joli, beau avec un
superbe plumage, un phénix, que vous possédez une belle voix : Croa, croa,
croa… Allons, allons un peu de modestie et de clairvoyance, un véritable ami ne
vous adressera pas tous ces faux compliments- ceci dit je ne vous empêche pas
de partager votre repas et de chanter avec qui vous voulez, mais ne vous
plaignez pas ensuite d’avoir été berné. Je vous conseille de consulter un psy
afin d’avoir une plus juste idée de vous-même. Amicalement.
Jean
E+J
Cher Monsieur Jean de la Fontaine
Je vous écris en tant que Compère Renard au sujet de la
moralité de votre fable suite au partage de mets simples avec commère la
Cigogne. Nous nous invitons que rarement hélas mais mon côté matois est, je vous
le signale dépourvu de fantaisie. Mme Cigogne est une fine bouche et j’obtempère
dès qu’il s’agit de pratiquer la collation avec des baguettes. Il ne s’agit, ni
pour moi, ni pour elle de mettre les petits plats dans les grands et d’aucune
traitrise. J’aime particulièrement la poule au pot et elle est plutôt
végétarienne. Il s’agit dans nos invitations que de présenter les choses pour
le plaisir des yeux.
Mon cher ami Renard
Sachez que l’instant doit se mettre à la portée de l’invitée.
Vous préparez un repas avec ce qui vous convient, ne vous étonnez pas qu’elle
vous rende la pareille. Cela vous fait connaître la diversité des goûts et des
saveurs. Il ne s’agit pas d’inviter selon ses propres goûts mais de s’ouvrir en
toute simplicité à ce qui peut plaire à chacun. De plus si l’on se sent trompé
et incompris, il est juste qu’on ait envie de faire de même.
Retenez la leçon, elle vous servira un jour.
E+M
Mon vieux papa
Tu es bien gentil de nous avoir indiqué qu’un trésor se
cachait dans le champ et qu’il serait notre héritage ! Mais de quel trésor
parlais-tu ? Nous avons beau fouiller, creuser, retourner, tout le lopin
de terre…Rien ! Nous pensions vivre tranquilles, à l’abri du besoin, sans
trop nous fatiguer…t’es-tu moqué de nous ? Pourtant, là où nous avons œuvré,
l’herbe pousse plus belle qu’autrefois, les plantes ont comme une nouvelle
jeunesse, et…peut-être que si nous semons quelques graines, le blé sera plus
fourni, les épis plus forts, la récolte meilleure. Alors retroussons nos
manches et essayons. En attendant la prochaine récolte, bon repos pour toi, tu
as assez travaillé dans ta vie. Tes fils
M+E
Le
corbeau et le renard.
Cher
Maître.
Comment pouvez vous affirmer que votre espèce déteste le fromage ou
toute autre galette alléchante.C’est bien vous que j’ai aperçu devant la célèbre
et prestigieuse fromagerie « Sucre d’orge »il y a peu de temps, en
train de parlementer avec le directeur. A vous entendre il était question de dividendes,
de bénéfices voir de rachat de l’entreprise.La présentation de ses statistiques
sous forme de camemberts devait vous convaincre de la bonne santé financière de
cette usine.
De plus n’allez pas me faire croire que vous etes insensible
à toute flatterie.C’est bien vous que l’on a faire des courbettes à un public
enthousiaste, lors de votre dernière représentation à l’opéra de Lisieux.
Veuillez agréer, cher Maître l’expression de ma flagornerie la plus
distinguée.
La
cigale et la fourmi
Madame Cigale,
depensière patentée.
A Monsieur
de La Fontaine, moraliste
Objet : demande
de crédit.
Monsieur.
Je me permets d’attirer votre attention sur le fait suivant : je ne
suis jamais allée emprunter chez Fourmi.En effet depuis la crise et surtout
depuis mon passage en commission de surendettement, je ne formule plus aucune
demande à ce genre d’organisme.
Lors de la rencontre avec un conseiller financier qui
traitait mon dossier, celui-ci m’a bien expliqué que l’emprunt m’était
defavorable.Le taux d’usure pratiqué par Fourmi
allait continuer à affaiblir mon budget et me conduirait à terme a une
ruine financière.
Je vous ferais remarquer par ailleurs que depuis quelques
années Fourmi est moins prêteuse.
Je vous
prie d’agréer Monsieur le fabuliste l’expression de ma désinvolture corrigée.
AM
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