Au
pied d’une étagère.
Une photo jaunie tombée d’une étagère
Du passé ressurgit, un mot à son
revers :
« Célébrons aujourd’hui et
célébrons hier
Car tout de ce jour-ci fut une graine
naguère.
Les mensonges et les cris ensèment
autant la terre
Qu’un enfant endormi sur le sein de
sa mère.
C’est un cycle de vie bien plus
qu’une chimère :
Ce qui vaut en petit vaut pour la Terre entière.
Relevons le défi, cherchons à être
fiers.
A notre échelle aussi il y a de quoi
faire.
N’accordons de répit, mettons-nous en
travers
Des luttes sans merci qui nous sont
étrangères.
C’est en étant unis qu’on évite les
guerres :
Cela semble gratuit mais je suis
singulière.
Nos pires ennemies sont parfois
messagères
D’un espoir tandis qu’elles nous
paraissent altières.
N’ayons d’autre souci que de garder
l’œil clair.
Nous sommes en sursis, pas encore en
enfer.
Dans le ciel Jésus Christ mais tout
son ministère,
Malgré son parti pris, se repaît de
prières.
Est-ce un crime alors si l’on
n’honore nos pères
Qu’à l’aune de ce qu’ils furent
eux-mêmes pour leurs frères,
D’avoir pour eux du mépris, un regard
sévère ?
Durent-ils être abrutis pour tant
laisser tout faire !
La nausée vient aussi, je ne peux
m’en défaire,
De voir tant d’ennemis nés d’une même
mère.
Nous n’avons qu’une vie mais toutes
les vies diffèrent.
Le choix du pilori ou celui d’une
chaire
Trop souvent s’applaudit. Ce fut le
cas hier.
Une aube nouvelle luit, elle vient me
dire : Espère !
Prends donc le temps aussi
d’accrocher au vestiaire
La colère, l’ennui, la honte et la
misère :
Ils sont sources de bruit, il vaut
mieux les faire taire
En attendant la nuit bien meilleure
conseillère.
Si, dans mon utopie, on me lance des
pierres
J’en ferais un tas gris puis des
allées entières,
Les contours d’un pays mais pas d’un
cimetière,
Si cela est joli peut-être une
barrière
Où poussent des jonquilles, des
lauriers et du lierre :
D’un côté mes amis, de l’autre les
gens amers.
Profitons de la nuit, rêvons à ces
prés verts,
Aux pâtures jolies où végète un
Cerbère ».
Ce mot je l’ai écrit il y a
longtemps, hier.
Etait-ce un jour de pluie ou sous la Lune entière ?
Célébrons aujourd’hui et célébrons
hier
Car tout de ce jour-ci fut une graine
naguère.
Nous voilà réunis au pied d’une
étagère
Où s’entassent pêle-mêle et couverts
de poussière
Les souvenirs, l’envie de celle qui
fut ta mère.
Tes yeux en sont rougis. Je t’en
espère fier.
Magali
KREMER
-
Recueil de poésies Entre Eux Deux.
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