Je suis presque novice en matière de BD. J’appartiens en effet à l’ancienne école : j’ai grandi avec Astérix, Tintin, Gaston Lagaffe, Lucky Luke. Devenu un grand garçon, j’ai arrêté d’en lire. Je ne connais presque rien des héros d’aujourd’hui et des nouveaux genres à succès. Conscient de mon ignorance, mes collègues de l’espace jeunesse m’ont un jour mis entre les mains Naruto. Merci, je peux maintenant citer au moins un manga.
C’est donc avec curiosité que j’ai tourné les pages de dBD. Le magazine se digère bien grâce à une recette plutôt légère. Il n’y a aucun article de fond, tout du moins pour ce numéro de septembre. Sont privilégiées les interviews des dessinateurs/scénaristes et la critique des derniers albums sortis. Le tout présenté de manière attractive grâce aux illustrations (des planches bien entendu mais aussi des dessins préparatoires) et grâce à la présence de fonds colorés et originaux. On a visiblement affaire à une équipe de maquettistes orientés graphisme. Même les pubs ne jurent pas avec le reste du contenu. Ce sont uniquement de belles compositions graphiques vantant la sortie d’un album ou l’imminence d’un festival.
Une double page de dDB. Regardez-moi ça comme c'est beau.
La revue s’adresse plutôt à de grands garçons comme moi au vu des BD présentées. Pas de mangas ou de titres pour pré-adolescents. Ni, à l’inverse, d’albums à tendance érotique (pour les amateurs, vous devrez vous contenter d’une planche p.38 montrant le streap-tease d’une femme-chat ... gloups). dBD propose donc de la BD select.
En feuilletant les pages, j’en arrive à quelques réflexions sur le monde de la bande-dessinée. D’abord, c’est un monde poreux. Certains dessinateurs passent parfois au jeu vidéo ou au film d’animation. De même, le recyclage des productions artistiques s’y pratique de temps en temps, un livre devenant BD et une BD accédant au cinéma (tenez, Adèle Blanc-Sec par exemple). Il n’en reste pas moins que la BD nourrit un complexe d’infériorité par rapport au 7e art. C’est en tout cas ce que révèle le billet de Henri Filipini. Le journaliste se plaint que des auteurs de BD ne rêvent que de l’adaptation sur grand écran de leur œuvre. Parmi les neuf arts, la BD serait peut-être le seul à ne pas avoir acquis ses lettres de noblesse. Pourtant je reste admiratif devant la performance graphique de certains albums. Kraa de Benoît Sokal montre des planches qui s’approchent plus de la peinture que du dessin.
Une autre conclusion s'impose : bien que les héroïnes ne manquent pas, le monde de la BD se conjugue essentiellement au masculin. Parmi les auteurs - dessinateurs ou scénaristes- où sont les femmes ? 2 ou 3 parmi la centaine de créateurs cités dans le cahier critique. Une quasi absence qui n'est bien sûr pas exclusif à la BD. Les femmes ne savent-elles pas dessiner ? Ne savent-elles pas conter des histoires ?
Une double-page du cahier critique. Chaque BD présentée reçoit une appréciation sous forme d'icône
dBD s’avère une revue agréable à consulter. En une centaine de pages, elle offre un panorama de la production actuelle du 9e art mais vise clairement un public adultes ou grands adolescents.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire