La médiathèque de Lisieux vient d’acquérir un livre incontournable dans l’apprentissage de la photographie : L’œil du photographe et l’art de la composition. Incontournable car un photographe n’est pas seulement quelqu’un qui maîtrise son appareil mais aussi quelqu’un qui sait construire son image.
Vous voilà prêt à prendre une photo de famille. Vous alignez les différentes personnes, vous apostrophez l’oncle Jean-Pierre pour qu’il rentre dans le cadre, vous demandez à tous de regarder l’objectif puis de sourire. Tout le monde ou presque sait prendre une photo. Il suffit d’appuyer sur le bouton de l’appareil au dessous de son index ou de son majeur. Pour autant, ce geste ne fait pas le photographe. Prétendre être photographe, c’est développer une approche artistique de la photo. Comme le souligne l’auteur du livre Michael Freeman, « composer et insuffler du caractère à une image demande un minimum d’effort […] C’est l’un des défis de la photographie : parvenir à dépasser le piège tendu par la facilité du procédé ».
Johannes Itten, professeur au Bauhaus dans l’Allemagne des années 1920, déclarait à ses étudiants qu’ils pouvaient créer un chef d’œuvre sans connaissance des règles de composition ou de la théorie des couleurs. Mais s’ils s’en sentaient incapables, ils feraient mieux d’apprendre. Justement, c’est là qu’intervient Michael Freeman, photographe à la renommée internationale. Il est l’un des rares auteurs à proposer un livre qui se consacre à l’apprentissage de ces règles.
Plutôt que « règles », Michael Freeman préfère parler de « principes » ou d’« outils ». Autrement dit, ce ne sont pas des commandements. Libre aux photographes de les mettre en pratique. Une photo réussie peut très bien s’en affranchir. Mais mieux vaut les connaître. Elles constitueront autant de guides pour placer le sujet, disposer les éléments dans le cadre ou encore diriger le regard du spectateur. Pour répondre à ces problèmes, l’auteur illustre son discours par des photos souvent simples mais très parlantes auxquelles s’ajoutent des schémas. Progressivement, le lecteur, qu’il soit photographe ou non, découvre pourquoi une photo séduit. Il appréhende les « secrets » d’une prise de vue réussie.
Le livre déborde largement le sujet, finalement assez théorique, de la composition. L’avant-dernier chapitre souligne qu’avant toute prise de vue, le photographe doit s’interroger sur son intention. Quelle type d’image souhaite-il obtenir ? Simple ou complexe ? Claire ou ambiguë ? Conventionnelle ou originale ? Documentaire ou expressive ? Autant de couples antinomiques au sein desquels le photographe doit choisir ou tendre. Dans le chapitre « le processus », l’auteur détaille l’attitude du photographe devant un sujet qu’il s’apprête à capturer. Un temps qui peut s’étaler sur plusieurs minutes ou sur une fraction de seconde. Là encore l’auteur explore un thème peu expliqué et il le fait de façon toujours aussi pédagogique. A travers plusieurs photos de la même scène, Michael Freeman nous livre sa patiente recherche du bon cliché. Sur certaines pages, il n’hésite donc pas à afficher ses essais, même ratés.
Au terme des 190 pages, le lecteur a la sensation d’avoir développé et affiné son regard, ce que Michael Freeman appelle « l’œil du photographe, cette façon si particulière de déceler en chaque chose vue une image potentielle ».
Michael Freeman, L'œil du photographe et l'art de la composition, Paris, Pearson Education France, 2007
Sommaire :
- Le cadre de l’image
- Principe de base de la composition
- Graphisme et éléments photographiques
- Lumière, couleur et composition
- L’intention
- Le processus
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