Ayant parcouru les résumés présentés çà et là dans les revues et blogs divers, je portais mon attention sur L'autoportrait bleu
de Noémi Lefebvre qui situe son action à Berlin sous l'égide de Schoenberg.
Roman voyageur, nostalgique, intellectuel, musical... roman dodécaphonique ?
Et bien non ! Pourtant à quoi peut ressembler un roman dans lequel la narratrice retourne à Berlin après 15 ans, part à la rencontre de l'oeuvre musicale et peinte de Schoenberg et lit la correspondance entre Adorno et Thomas Mann ?
Tout d'abord, ce roman ne ressemble à rien de connu ni rien d'attendu. Il semble écrit dans un seul souffle ou plutôt dans un seul grand élan de la parole, le récit allant aussi vite que la pensée, nous laissant à peine le temps de méditer sur les multiples réflexions de l'auteure autour de la résistance, la société, la culture ou même les sentiments. L'écriture n'en est que plus dynamique, pétillante, absorbante, attachante, pleine d'humour mais aussi de tendresse et d'une grande finesse.
Et bien non ! Pourtant à quoi peut ressembler un roman dans lequel la narratrice retourne à Berlin après 15 ans, part à la rencontre de l'oeuvre musicale et peinte de Schoenberg et lit la correspondance entre Adorno et Thomas Mann ?
Tout d'abord, ce roman ne ressemble à rien de connu ni rien d'attendu. Il semble écrit dans un seul souffle ou plutôt dans un seul grand élan de la parole, le récit allant aussi vite que la pensée, nous laissant à peine le temps de méditer sur les multiples réflexions de l'auteure autour de la résistance, la société, la culture ou même les sentiments. L'écriture n'en est que plus dynamique, pétillante, absorbante, attachante, pleine d'humour mais aussi de tendresse et d'une grande finesse.
J'ai essayé de vous livrer quelques passages mais les idées s'enchaînent avec tant de vivacité et d'imagination qu'il m'a été assez difficile d'en choisir le début et surtout de les couper, difficile aussi de ne pas les dénaturer.
Voici tout de même la scène du concert de Wagner !
"Accroupie dans la pénombre du deuxième balcon deuxième rang car il ne fallait pas espérer rejoindre nos excellentes places avant l'entracte sans créer un événement antiwagnérien majeur, je me débattais avec la poignée de mon sac en plastique de Woolworth que je ne pouvais pas décrocher de mon poignet, chaque essai de désolidarisation de Woolworth avec moi produisait un épouvantable bruit de plastique froissé, il fallait profiter de l'entrée des cuivres pour dégager mon poignet millimètre par millimètre, heureusement, je me suis dit, que ce n'est pas un divertimento de Mozart, en même temps j'essayais de subir le choc wagnérien de la manière la moins calculée et la plus immédiate..."
[...]
"...il faut virer ce flûtiste, a dit ma soeur, mieux vaut encore Tannhäuser sans aucune flûte que cette flûte-là dans Tannhäuser, c'est pas Dieu possible une flûte aussi fausse, elle a dit dans mon oreille mais avec tant de révolte que l'humanité assise à proximité a réagi par des manifestations de désagrément parfaitement explicites, le public humain est moins gêné par cette flûte qui bousille que par ta remarque sur cette flûte bousilleuse, j'ai murmuré à ma soeur qui a haussé les épaules, j'ai raison, a dit ma soeur et le public a tort. J'aime énormément chez ma soeur, cette capacité à dire sans peur qu'elle a raison quand elle a raison et dire aussi sans reproche que le public a tort quand il a tort. Cette incroyable facilité qu'a ma soeur de dire qu'elle a raison et le public tort est ce qui me plaît le plus chez ma soeur, en vérité c'est la quintessence de ma soeur, jamais ma soeur n'a transigé une seule fois sur cette entêtement à avoir raison même contre le public, n'a jamais été victime de l'éducation au bonheur collectif..."
Originalité, fraîcheur, spontanéité et quelque chose de joyeux finalement font de ce premier roman un petit bijou.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire