Extrait d'un texte qui orne mon bureau, qui me parle tous les jours et chaque jour un peu plus que la veille :
"Pour éclairer l'époque, il faut des gens qui veillent. Qui trient et qui racontent. C'est la noble tâche des journalistes : traquer le sens sous la mousse, repérer le lien sous la différence. Mais pour comprendre (…), il faut aussi du recul et de la liberté. Il faut s'évader de la tyrannie du court terme (…). Tel est le privilège -et, peut-être l'utilité sociale- de l'écrivain. Il macère, il rumine (…). Il recourt à la fiction. Sans perdre son souci de vérité. Le mensonge du romancier dit vrai (Aragon). Ainsi, ont tout intérêt à dialoguer journalistes et écrivains : les premiers apprennent aux seconds à se dégager des mirages de l'actualité. Les seconds, en regardant travailler les premiers, oublieront peut-être que leur nombril est le centre du monde.
Notre planète n'est pas simple. Elle a besoin d'observateurs passionnés.
Etre curieux, c'est prendre soin du monde (curieux vient du mot latin cura qui veut dire le soin, comme dans cure ou curatif). Ecrivains et journalistes n'ont pas certes le monopole de cette responsabilité mais salut aux chevaliers de la curiosité !"
Editorial d'Erik Orsenna, Libération, mars 2008
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