Le mois de janvier sonne l'heure des best-of de l'année précédente. Je vous propose donc, comme l'année dernière, quelques citations glanées parmi mes lectures.
Amour déçu
« Parce que cela rappelle immédiatement à Sam II, ce qui le rend enragé, qu’il est petit alors que vous êtes grand, mais non, ce n’est pas ça, qu’il est faible alors que vous êtes puissant, mais non, ce n’est pas ça non plus, il est furieux d’être contingent alors que vous êtes nécessaire, non pas tout à fait, ce qui le rend malade, c’est qu’il vous aimait et vous n’y avait même pas fait attention » Donald Barthelme, Le Père Mort, 1980
Apprentissage
« Quand un homme a faim, donne-lui du poisson, mais surtout apprend-lui à pêcher » proverbe chinois
Les autres et moi
« Malentendu du je : Je suis… Oui je peux bien le dire, mais je ne suis pas pour autrui celui que je suis pour moi-même. Il est à peu près sûr que je me leurre un peu […] Délicatesse du tu : Tu es… Tu n’es pas pour toi-même celui que tu es pour moi. Tu ne m’entendras pas, tu seras blessé. » Alice Ferney, Les autres, 2006
Coqueluche
« Deux jours plus tard, on se souciait plus de ce qu’avait dit le jeune homme, mais on avait retenu qu’il l’avait assez bien dit. Il passa désormais pour un esprit brillant, c’est-à-dire qu’il eut le droit de dire n’importe quoi sans conséquences ». Eric-Emmanuel Schmitt, La secte des Egoïstes, 1994
Curiosité
« Tout est intéressant pourvu qu’on le regarde assez longtemps » Gustave Flaubert
Dopage
« Naguère en RDA, le dopage de masse était orchestré par les autorités sportives, de concert avec les autorités policières de la Stasi. On distribuait alors de petites pilules bleues aux nageuses métamorphosées en amazones aux épaules de déménageurs et aux voix de basses wagnériennes ». Jean-Marie Brohm, Les shootés du stade, 1998
Horreur
« Elle avait les yeux clos. Il exigea qu’elle les ouvre, et elle souleva complaisamment les paupières comme des rideaux et découvrit pour lui deux mondes petits et terribles, deux cavernes éclairées par quelque chose qui n’était pas de la lumière mais son envers, comme des ténèbres qui obscurcissaient l’obscurité elle-même » José Carlos Somoza, La clé de l’abyme, 2009
Impatience
« Je pousse les semaines, je bouscule les jours, je raccourcis les heures, je souffle sur les minutes » Sarah Bernhardt
Jeunesse
« Vous dîtes : à 16 ans, on croit n’avoir pas de souvenirs, on croit n’avoir qu’un avenir. En somme, là où vous avez raison, c’est que la vie vous attend, comme un boulevard qui s’ouvrirait devant vous, comme une allée vierge, et dont on ne sait pas la fin. Là où vous avez tort, cent fois tort, c’est que peut-être l’essentiel s’est déjà joué, que tout s’est formé dans l’enfance, dans les années que vous venez de traverser : ce qui arrivera peut n’être qu’une conséquence de ce qui s’est déjà produit ». Philippe Besson, En l’absence des hommes, 2001
Mépris de soi
« Et mon âme, comment la vois-tu ? Une source de montagne, de la rosée matinale ? A ma naissance sûrement. Maintenant, elle est lourde, visqueuse, grise et puante. Mon âme suinte et se répand. Je suis une flaque d’eau et le monde est un trottoir. Même les chiens m’évitent. Je ne suis plus qu’une mare immonde. J’essaie parfois de tromper la foule en jouant avec les rayons du soleil. Je me pare des teintes de l’arc-en-ciel. Elle me trouve jolie et me sourit. Mais mes reflets multicolores sont un leurre, mon âme est une marée noire ». Laure Buisson, Le perfectionniste, 2005
Narquoiserie
« Les rumeurs concernant ma mort sont très exagérées » Mark Twain
Renaissance
« Il s’est mis à pleuvoir, des gouttes lourdes comme des balles, je me suis laissé trouer, transpercer, je me suis laissé lavé de fond en comble » Olivier Adam, Des vents contraires, 2008
Récompense
« Ainsi, voyez, dit d’Artagnan, Charles II reçoit M. Monck à neuf heures ; moi, il me recevra à dix heures, c’est une grande audience, de celles que nous appelons au Louvre grande distribution d’eau bénite de cour. Allons-nous mettre sous la gouttière ». Alexandre Dumas, Le vicomte de Bragelonne, 1848
Volonté
« Quand on veut quelque chose, l’univers tout entier conspire pour qu’on l’obtienne » Paulo Coelho, L’Alchismiste, 1988
En illustration, portraits de José Carlos Somoza, de Paulo Coelho et Alexandre Dumas. Les images proviennent de Wikimedia Commons. Elles sont donc libres.
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