Détail d'un évènement affreux... Arrivé à une Fille de Lisieux, département du Calvados, qui, après s'être déguisée le jour du Dimanche gras dernier, a mis au monde deux enfants, les a assassinés à coups de fourche dans une écurie, et les a cachés dans le fumier ; mais la providence permit qu'elle fût arrêté. Elle est maintenant entre les mains de la Justice.
Rose Nina, âgée de dix-huit ans, fille d'auberge de la ville de Lisieux, était enceinte de sept mois ; elle eut l'imprudence de se déguiser le jour du dimanche gras 1820. Cette malheureuse, oubliant son sexe et sans respect pour la religion, prit un habit de polichinelle, et sous ce déguisement, elle eut la témérité de se mettre à la tête d'une douzaine de masques, et de passer devant l'église, accompagnée de cette horrible bande, et poussant des cris affreux. Un grand nombre de fidèles étaient en ce moment réunis dans l'église, le Saint Sacrement était sur l'autel, une foule de chrétiens étaient à la porte du temple ; elle en entraîna une partie avec elle, et dans sa marche rapide des vieillards, des femmes, des enfants furent blessés et renversés dans la rue. Cette malheureuse fille, après avoir couru deux heures dans la ville, et fait un vacarme épouvantable, se plaignit d'être malade et tomba presque aussitôt évanouie dans les bras de ceux qui l'accompagnaient ; elle fut portée en triomphe par cette exécrable escorte, et ne revint de son évanouissement que lorsqu'elle fut rendue chez elle. Restée seule, elle fut dans sa chambre quitter son déguisement ; à peine déshabillée, elle sentit les douleurs de l'enfantement. Jusqu'à ce jour elle avait réussi à cacher sa grossesse, elle voulut également cacher son accouchement ; elle se rendit dans l'écurie, y mis au monde deux enfants, et s'armant d'une fourche, elle donna la mort à ces deux petits innocents de la manière la plus horrible. Voulant ensuite cacher son crime à tous les yeux, sortit de l'écurie, fit un trou dans le fumier et vint y ensevelir ses deux victimes encore fumantes du sang que sa rage avait versé. Au même instant la voix d'un roulier se fit entendre, il demande le garçon d'écurie qui était à courir après les masques. La cruelle Rose eut la force et l'audace d'aller aider le roulier à dételer ses chevaux.
Par un de ces miracles que permet souvent la providence pour faire découvrir les crimes que l'on croit les mieux cachés, en arrivant sur le fumier, les chevaux sentir les corps des deux enfants qui y étaient enterrés ; il reculèrent, et malgré tous les efforts du roulier, ils ne voulurent plus avancer ; les voisins se rassemblent à la porte de l'écurie, le maître de l'auberge arrive, étonné de voir autant de monde ; son chien perce la foule, gratte le fumier, et découvre les deux enfans dont la coupable mère fut arrêtée sur-le-champ.
[à la suite : COMPLAINTE NOUVELLE, sur l'air Du maréchal de Saxe]
Réf. : Détail d'un événement affreux, arrivé à une fille de Lisieux....- Angers : de l'Imprimerie Auguste Mame, 1820.- 2 p. : ill. ; 27 cm. Texte établi sur l'exemplaire du Musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (MuCEM) consultable sur le très beau site de l'Agence photographique de la Réunion des Musées Nationaux.
2 commentaires:
Je prends note de cet événement typiquement Chrétien, dont tout ceux qui l'abhorrent sont toujours vus comme des démons. Je vous ferais remarquer que "crétin" à la même éthymologie que "Chrétien".
Le manque d'archives et de chroniques de l'époque ne nous a pas permis de vérifier la véracité de ce fait divers et s'il c'est réellement passé à Lisieux. Un joli cas d'infanticide pour le moins !
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