mardi 6 octobre 2009

Makoko

Connaissez-vous Makoko Kangourou le grand poète libérien mort à 25 ans ?


La colère de Makoko Kangourou

Gens s’être ri de ma peau noire et de mes dents,
Gens s’être ri, qui être laids comme gorilles
et avoir peau comme oreilles des éléphants,
et mamans montrer moi à leurs petites filles.

Femmes, sur boulevards, dire à moi : « Vilain noir ! »
qui avoir sur leurs joues poussière de farine,
sentir eau de Cologne étant si bonne à boire :
pourtant, moi aimer les voir très sur ma poitrine.

Autrefois, dans pays de moi, à Libéria,
Nègres manger les blancs qui avoir chair rose et vive
et prendre femmes qui avoir ronds d’or aux bras :
moi, aimer mieux bananes de Tananarive.

Mais, quand rire de moi gens sur les boulevards,
avoir parfois aux dents le goût de leur chair molle,
et penser à ces blancs que mes ancêtres noirs
rôtir à petit feu comme des escaroles.


Un petit livre remarquable, à placer tout à côté des Déliquescences du regretté Adoré Floupette (1885), en vente dans toutes les bonnes librairies : Les Poésies de Makoko Kangourou / publiées par Marcel Prouille et Charles Moulié avec un frontispice de Guy Tollac.- 5e édition.- Paris : Dorbon ainé, 1910.

Il est vrai qu'au moment où Tintin au Congo est de nouveau convoqué au tribunal, une réimpression des Poésies de Makoko ne serait pas très politiquement correct, encore que....



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