samedi 10 mars 2012

Atelier d'écriture du 10 mars 2012

Première proposition
« Ce n’est pas parce qu’il ne pleut pas qu’il n’y a pas d’arbres dans le désert,
C’est parce qu’il n’y a pas d’arbres dans le désert qu’il n’y pleut pas ».

Alain Baraton sur France Inter

Ce n’est pas parce qu’il y a moins de prof’ dans les lycées qu’il y a tant de délinquants,
C’est parce qu’il y a tant de délinquants qu’il y a moins de prof’ dans les lycées.
Ce n’est pas parce que les chaussures sont trouées que les cordonniers sont mal chaussés,
C’est parce que les cordonniers sont mal chaussés que les chaussures sont trouées. E

Ce n’est pas parce que la pollinisation ne se réalise pas correctement aux Etats-Unis qu’il y a moins d’abeilles, c’est parce qu’il y a moins d’abeilles que la pollinisation ne se réalise pas correctement.
Ce n’est pas parce que la pollinisation ne se réalise pas correctement aux Etats-Unis qu’il y a moins d’abeilles, c’est parce qu’il y a moins d’abeilles que la pollinisation ne se réalise pas correctement. B
Ce n’est pas parce que les pommiers fleurissent en mai qu’il y a des manifs au printemps
C’est parce qu’il y a des fleurs aux cerisiers qu’on va manifester. G
Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas d’argent qu’il n’y a plus de dépenses, c’est parce qu’il y a des dépenses qu’il n’y a plus d’argent.
Ce n’est pas parce qu’il n’y a plus d’autorité qu’il n’y a plus d’ordre, c’est parce qu’il y a de l’ordre qu’il n’y a plus d’autorité.
Ce n’est pas parce qu’il n’y a plus de saisons qu’il fait mauvais temps, c’est parce qu’il fait mauvais temps qu’il n’y a plus de saisons. AM

….
Deuxième proposition
Faire chacun une liste d’expressions qui agacent, exemple « Je suis désolé » ou « C’est un prêt qui a un prix, j’en veux un, je t’en donne deux pour trois sous les cinq.
Suite à la lecture des expressions de chacun, retenir une expression qui n’est pas la sienne.
Puis trouver des rimes, des sonorités, des consonances et se lancer dans l’écriture d’un texte qui reprend les expressions choisies.
Quelques expressions : Au jour d’aujourd’hui- Je lui dis, et il me dit, et je lui dis et…- Les chats ne font pas des chiens- Ferme ta barrière il va pleuvoir- Mettre la charrue avant les bœufs- attention à la marche- si tu veux, comme tu veux- que du bonheur- se lever du mauvais pied- pierre qui roule n’amasse pas mousse- ça marche où t’es- y’a pas de problème- mettre les points sur les i- supporter les équipes- prendre des vessies pour des lanternes- la cerise sur le gâteau-…
Les textes
Le valet malais sarclait l’allée poussant le galet tel un palet. Qu’il est laid !
Habillé d’un polaire léger, coiffé d’un bonnet de laine, il dévalait la vallée. Qu’elle était claire ma vallée !
Il allait au palais regarder l’émission à la télé. Il a oublié sa clé ; il parlait, il appelait, il meuglait, il hurlait, personne ne semblait l’écouter. Il s’est installé pour téléphoner, la porte s’ouvrit, une main tendit un bol de lait, l’autre tenait un balai, on entendit : « Quand tu veux, je suis désolé ! » E
Dehors le jour fuit, la nuit s’annonce, le froid aussi, et je me prépare à cuire des muffins et d’autres biscuits, pour accompagner le thé, près de la cheminée, où les bûches suintent un peu.
Je préfère ne pas allumer la télévision, parce qu’au jour d’aujourd’hui, les élections occupent beaucoup de gens : de jour comme de nuit, c’est à qui va séduire un maximum d’individus, parfois sur des idées recuites depuis des lustres.
Le temps passe, la nuit s’installe, la lune luit, ainsi que des myriades d’étoiles. Peu de bruits, juste parfois le cri des chouettes, ou un renard qui glapit au loin.
Au matin, dès que le jour s’avance, les oiseaux commencent leurs cui-cui, ce n’est pas du bruit ! C’est la vie qui reprend.
J’ai encore à faire au jardin, des buis et des fruitiers à tailler, les derniers fruits à trier avant la pluie.
Ce qui me séduit, c’est que le printemps arrive et avec lui, je vais poursuivre mes activités au rucher aussi, ce qui réduit un peu mon temps libre, mais est tellement satisfaisant aujourd’hui. Cela m’a conduit à me former, à rencontrer des gens passionnants, qui ont donné une bonne partie de leur vie à ces petits insectes et poursuivent inlassablement cette relation, comme tant d’autres depuis la nuit des temps.
Voila où j’en suis au jour d’aujourd’hui. B
Ferme ta barrière il va pleuvoir depuis hier j’ai un bavoir pas de problème puisque je t’aime parce que tu m’aimes? Ecoute alors cette histoire d’or dans un champ vert un verre de terre sorti prudent au doux printemps mais un malin sorti de rien, un peu nerveux sans faire de nœuds. Il s’approcha comme un chat pour une caresse. Mais l’autre dit laisse je suis ta queue.
B.
Le militaire supporte son partenaire, qui supporte le solitaire, qui supporte le supporter…
Arrêtons là cet inventaire, trop terre à terre !
Le lavatère supporte le scorsonère, qui supporte la pomme de terre… C’est atterrant, arrêtons tout
L’important supporter sportif éploré apportait en porte-à-porte sporadique des portées de porc portègnes et pourtant importés de Porto par porteur sans support.
Quel type piteux, pitoyables, si typique ! Insupportable…D
Une poire pour la soif
Pierre le loir s’en allait à la foire tout fière. Arrivé à la foire il alla boire de la bière. Boire Boire Boire. Il laissa un pourboire. Tient il va pleuvoir. Pierre le loir après quelques emplettes s’en retourna chez lui. Dans un lierre il vit une poire couleur d’ivoire qui lui fit un clin d’œil. Pierre le loir ne pouvait pas le croire. La poire avait un joli petit derrière. Une frontière séparait le végétal de l’animal mais Pierre avait bu de la bière. Il dit à la poire « J’ai assuré mes arrières, pas de galère avec Pierre Jolie poire couleur d’ivoire, acceptes-tu de venir t’asseoir avec moi  sur cette barrière » La poire répondit tout à trac « Ferme ta barrière il va pleuvoir ». Pierre n’en crut pas ses oreilles, la poire se moquait-elle de lui ? Dégrisé, il gravit la barrière, prit la poire et… la mangea. G
Combien ça fait, trois fois rien ?
C'est une bonne question, et même si c'est une question de foi(s), ce n'est pas pour autant une question de chrétien.
Parce qu'on soit Estonien, Indien, Urugayen ou même Lexovien, en somme tous Terriens, ça représente quand même quelque chose, trois fois rien.
Par exemple, si c'est le mien, est-ce que ça vaut quand même trois fois rien ?
Et si c'est le tien, est-ce que ça vaut seulement une fois rien ?
Et si c'est le sien, est-ce que ça vaut plein de fois rien ?
Autre exemple : si c'est ce que je te donne, trois fois rien, c'est peu. Mais si c'est ce que tu me dois, trois fois rien, c'est peut-être beaucoup.
Finalement, se demander combien ça fait, trois fois rien, est-ce que c'est vraiment bien ? Est-ce que ce ne serait pas une question à abandonner aux moins que rien (comme les académiciens) ou aux vauriens que sont les mathématiciens ?
Et est-ce qu'au total, on n'en n'aurait tout simplement rien à faire ? Je dirais même plus : trois fois rien à faire...Y
Inspecteur Malavoy.
Je reprends mon poste d’observation, telle une vigie à l’avant du bateau.
Personne ne m’enthousiasme dans le public. Une impression de petitesse, d’uniformité. Est ce le reflet de mon état d’esprit ce matin ? Le temps maussade y contribue t’il ?
Ca y est je l’ai. J’ai failli m’engueuler avec lui. Car décidé à fouiller dans les placards ou sont rangées les revues, il me gêne et je suis obligé de me déplacer. Je lui fais comprendre à demi-mots et dans un langage peu châtié. Il me rétorque: vous pourriez être polie, c’est facile. Puis continue ses recherches en m’ignorant. Grand, mince, les cheveux blancs, revêtu d’un blouson marron et d’un jean, que cherche t-il aussi fébrilement? Je vais le suivre discrètement. Il l’a trouvé sa revue .Plongé dans sa lecture, ignorant le monde extérieur, d’un seul coup il jette un regard peu amène à un lecteur qui s’approche de lui. Je vous le dis, je ne le trouve pas sympathique du tout.ET si je le poussais dans ses retranchements, il s’énerverait, on pourrait appeler la police. Et là il se serait passé quelque chose dans notre petite cité lexovienne.
Et bien ce monsieur désagréable puisque j’ai le temps je vais continuer sa surveillance, me métamorphosant en détective privé. Je me fonds dans l’anonymat de la médiathèque, afin qu’il m’oublie. Je suis quand même intriguée par ses recherches intempestives dans les tiroirs Que va-t-il dénicher ? Après un quart d’heure d’errance, l’air dégagé la mine suspecte je rejoins mon homme qui se dirige vers la sortie. Délibérément je le suis. Il traverse le marché. Mais ou va-t-il d’un pas si rapide
Je le vois pénétrer dans l’enceinte du commissariat.et bien moi qui parlais de police, je suis servie !L’endroit reconnaissable à ses voitures d’intervention en stationnement n’est qu’un vulgaire bâtiment ;sans âme et sans couleur. Ce lieu malgré une conscience irréprochable est toujours à éviter. O surprise le quidam en grande conversation avec l’officier d’accueil semble très a l’aise dans cet endroit fort peu chaleureux. Il n’est pas venu juste pour déposer une plainte ou exprimer une revendication quelconque. Mais que fait-il ici ?
Ah heureusement Bernard est là. Représentant de l’ordre et de la justice, il va pouvoir m’aider. Je suis très connue des services de police. Je pénètre dans l’entrée du commissariat aussi désincarnée que l’ensemble du bâtiment. Après les civilités d’usage mon interrogatoire commence. Qui est ce monsieur? Qu’est ce qu’il fait là? Et pourquoi cet endroit lui semble si familier? A mon grand étonnement j’apprends que cet énergumène fait partie de la grande maison. Identité: inspecteur Malavoy. Diplômé de l’école nationale des beaux arts avant d’entamer une carrière dans la police. Surnommé inspecteur gadget par ses collègues pendant ses études car s’appuie sur la technologie afin de mener à bien ses enquêtes. Il avait été conditionné par une série télévisée qu’il regardait dans son enfance. Célibataire il est réputé pour son caractère peu aimable et son comportement hyper nerveux. Propension aux disputes et aux altercations lors de ses enquêtes.
Mandaté par la brigade de surveillance des biens publics il enquête actuellement sur un trafic d’œuvres d’art. En planque à la médiathèque il observe tout mouvement qui pourrait lui fournir des indices. Fouiller les tiroirs n’était qu’un prétexte  pour affiner son observation. Car l’exposition actuelle n’était elle pas le fruit du recel d’œuvres disparues il y a quelques années ? Abîmé dans la contemplation des tableaux et fort de ses études aux Beaux Arts notre homme était dubitatif. Ces formes, ces couleurs, ces visages toujours les mêmes lui rappelaient un peintre bien connu. Le samouraï là, dans la maîtrise de son art, en un mouvement parfait. Et ces femmes, blanches colombes aux ailes repliées. Des oiseaux prisonniers, prêts à s’envoler. Du bleu, du rouge, des visages pales et de profil. Du figuratif, de l’abstrait, du rêve, de la beauté. Un peintre talentueux sûrement, oui mais lequel ?
Toujours discrète afin d’observer l’inspecteur gadget et avancer dans mon enquête, je reprends ma filature. D’un pas alerte et dynamique, il se dirige à nouveau vers la médiathèque. L’exposition de peinture n’est plus la même. Mais si le policier est toujours là c’est que le trafic continue.  Je l’aperçois, fouillant discrètement dans la poche de son blouson. Extrayant un petit appareil, rectangulaire et de petite taille. De couleur gris argenté, il semble tenir facilement dans le creux de la main. C’est d’ailleurs de cette façon qu’il vient s’y loger tel un petit animal discipliné, dans la grande main élégante du monsieur qui cherche. Je le vois se diriger vers les tableaux, et d’une façon naturelle lever cette main à leur hauteur. Une lueur furtive et brève, quasi imperceptible se déclenche à chaque mouvement. Personne n’a rien remarqué. Je suis toujours aussi intriguée. Que cherche-t-il véritablement ?
Mon regard est attiré par la une des journaux alignés sur les étagères : trafic d’œuvres d’art à la médiathèque de Lisieux. Mais oui mais c’est bien sur! L’article était ainsi rédigé: L’inspecteur Malavoy, mandaté par le quai d’Orsay enquête depuis des mois sur un trafic d’œuvres d’art .Grâce à ses bonnes connaissances en histoire de l’art, l’inspecteur a découvert le subterfuge qui a permis de mettre à jour le stratagème des receleurs. Ces derniers utilisaient la technique du palimpseste, technique qui permet de faire disparaitre l’écriture d’un manuscrit sur parchemin et d’écrire à nouveau. Les trafiquants avaient adopte cette technique afin d’écouler discrètement  tous ces tableaux de valeur dérobés depuis des années : Les fameux Chagall, les nymphéas de Monnet. Heureusement, contrairement à la technique du palimpseste qui faisaient disparaître les impressions d’origine les trafiquants avaient été prudents et n’avaient rien effacé définitivement. Et c’est grâce à l’appareil ultra perfectionné et sophistiqué de l’inspecteur Malvy que la supercherie a été découverte. Oui me direz vous mais pourquoi à la médiathèque de Lisieux ? AM
Raccommoder ne vaut pas du neuf.
Une des expressions favorites de ma grand-mère.C’etait sa conclusion lorsqu’on lui narrait des disputes de famille ou d’amis et qui laissaient des traces indélébiles.
Son expérience de couturière lui était très utile.Des après midis entières de raccommodages et de ravaudages lui avaient permis de voir que les coutures malmenées, les boutons arrachés, n’étaient plus aussi solides et résistants après un traumatisme.Qu’il fallait les bichonner, prendre du temps afin de les réparer Mais qu’au final la solidité des liens ne serait plus jamais la même. AM
De bon matin, la sonnerie du téléphone me sort précipitamment du lit, l’esprit nébuleux, les yeux pleins de plumes.
L’œil en coin, sur mes gardes, je décroche.
-Salut c’est Fred !
J’ai du mal à retenir un soupir, comme à son habitude, il me noie  d’une cascade de paroles, entremêlées de « si tu veux » d’ailleurs, je n’entends que cette tirade.
Je peux les compter les « si tu veux »sauf que si je me mets à les comptabiliser  je vais oublier ce qu’il me raconte.
Bref, une seule envie me vient à l’esprit, lui crier :
-non je ne veux pas !
-stop respire un coup, permets à ton cerveau un flash de lueur, un moment de calme.
Il continue, il parle, il parle….. j’ai envie de prendre mon petit déjeuner…si tu veux…..c’est mon vœu…..le temps est pluvieux…….salut mon vieux. M.
Dans le matin bleu, sur la branche, siffle le roitelet
Une vision de la forêt m’envahit
Elle tombait en mes yeux, avec sa fulgurance
D’une nuit qu’échancre le jour
Dans les ombres ??? d’un corridor
Où l’homme et la forêt s’époumonent
Soudain derrière un rideau de fumée
Où mousson en fil descendant, se dissipe
Dans mon esprit de vagabond
Vagabondant dans cette forêt
Où la nuit, la sève de mon mélèze s’élève
La nuit, je pense à elle et elle m’élève
Comme une montgolfière dont je suis fière
Légère comme une bulle d’air
Puis la sève se faufile, craquelle sous le givre
La nuit comme une amande sous la glace
A l’intérieur de cet arbre secret et discret
La nuit, je lui dis : jaillit sève ! Jaillit
Comme une étincelle dans mon imagination
Comme un geyser sur le désert de mon manuscrit vierge,
Caressé par ma plume avec détours et contours
Cette tendresse de caresse, à fleur de peau,
Que j’épie dans cette forêt bleue
C’est un secret dévoilé plein de promesses
D’une tendresse à fleur d’écorce d’arbres
Là où j’ai vu une pluie d’oiseaux tombant
Comme des éclairs de soleil
Dans ces bois nimbés de nuages phosphorescents
Où avec ses yeux bleus ciel l’enfant
Jongle avec ses sens en éveil
Son corps tendu vers un infini silence
Où Adame verte, il mêle candeur de l’enfance
Jusqu’à l’absorption de l’âme vers une transe
Là où l’homme prend sa distance
Lui l’humain immature bafouant la nature. M