samedi 18 février 2023

Atelier d'écriture du 11 février 2023

« Écrire c'est danser assis », nous sommes partis de cette belle citation de Charles Olson pour démarrer cet atelier d'écriture. Alors écrire, c'est quoi pour vous ?

Nous avons ensuite retrouvé les titres donnés la fois précédente afin d'écrire un poème s'en inspirant.

Enfin, le dernier exercice était l'occasion d'écrire un poème à quelqu'un, sans rien attendre en retour.



Sophie


Ecrire, c’est laisser courir son imagination.
C’est laisser aller, plonger dans l’inconnu.
C’est exprimer les sentiments, les émotions, qui restent le reste du temps enfouis en nous.
C’est prendre la place d’un autre, la peau d’un autre, la vie d’un autre, c’est ne plus être soi et pourtant, ça dit tellement sur soi.
C’est jouer avec les mots, utiliser les règles, la grammaire, la rhétorique pour quitter la réalité.
C’est voyager sans partir de chez soi, dans le temps, dans l’espace, dans la société.
C’est emmener dans son voyage tous les futurs lecteurs, des larmes ou des étoiles dans les yeux.
C’est partager son monde.


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« Le diable du marais »


Si je ne l’avais pas vu
Je n’y aurais jamais cru.
Je n’aurais pas dû être là
Mais pour elle j’aurais fait n’importe quoi.
Courageux mais pas téméraire,
Je n’avais vraiment pas envie de le faire.
Mais voilà elle avait peur,
Je me devais d’être son sauveur.
Malgré le bruit qui me glaçait le sang,
J’avançais, toujours droit devant.
Et quand au moment fatidique
Je pensais voir cette créature magique,
Ma lampe torche a finalement éclairé,
Juste au bord de l’eau,
Un simple petit crapaud,
qu’on prenait pour le diable du marais.


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Vous êtes derrière tous les mots que j’écris.
Aujourd’hui et pour tout ma vie.
Mon poignet posé à plat sur ma page.
Mon stylo calé toujours à la même place,
Mes doigts autour de lui qui l’enlace,
Comme on sait une fois pour toutes comment on nage,
Moi je sais pour toujours que j’écris,
Grâce à tout ce que vous m’avez transmis.
Et tous ces mots qui viennent et s’enchaînent,
Qui se complètent, s’assemblent sans peine.
C’est vous aussi qui m’avez appris
A les collectionner petit à petit
Dans ma tête et dans mon cœur
Pour les coucher comme par magie
A chaque ligne que j’écris
Et qui me comblent de bonheur.
Oui c’est à vous que je dis merci
Et à qui aujourd’hui je dédie
Ce geste que je fais par cœur
Et que vous avez pris des heures,
A me transmettre, juste par amour
De donner sans attendre en retour.

 


Hélène


Écrire c'est prolonger, au-delà de mes doigts, au-delà de mon corps, ce qui est dans ma tête
Écrire c'est m'aider à clarifier mes pensées
Écrire c'est déposer ce qui bouillonne là-haut
Écrire c'est transmettre un message, communiquer
Écrire c'est prendre mon temps pour dire plus juste
Écrire c'est dire plus facilement qu'à l'oral
Écrire c'est utiliser les mots les plus justes possibles, en pouvant rectifier la spontanéité
Écrire c'est lâcher, laisser venir
Écrire c'est déposer sur le papier
Écrire c'est rendre concret ce qui est abstrait
Écrire c'est le plaisir du stylo qui court sur la feuille
Écrire c'est jouer avec les mots, les rythmes, les sonorités
Écrire c'est s'amuser et être surprise par ce qui apparaît
Écrire ça donne à voir pour soi ou pour un autre ou pour les autres.


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« la chaussure »


La chaussure
Ou le pied nu
Les orteils à l'air
Ça me fait rêver
Aux jours d'été
Dans le sable mouillé
Où dans ma maison
Sur le parquet marron
Mais la chaussure
Ta chaussure
La regarder
Et imaginer qui tu es
As-tu belle allure
Ou ta vie est-elle dure
Tu fais quel sport
Tu aimes le confort
Ou bien mal dans ton corps
Mais la chaussure
Me rassure
Me dit que ça va
En pensant à toi
Qui peut-être n'en a pas
Si tu es né où il ne fallait pas
En pensant à toi
Qui l'as laissée sur le bas-côté
Pour courir plus vite
Dans ta fuite
Ou qui est restée
Sous les gravats
En pensant à toi
Qui les as usées, trouées
Et n'as pas de quoi
Pour les remplacer
La chaussure
Ou le pied nu
Regarder l'azur
Le nez en l'air
Ou le regard parterre.


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Qui je choisis
Je ne sais pas
OK c'est parti
Ce sera Toi
Toi le vieux Monsieur
Que je croise souvent
Devant ton immeuble en passant
Nous nous saluons d'un bonjour franc
Et souriant
Déménager
C'est entr'autre quitter
Les voisins
Qu'on aime bien
Alors Toi Monsieur
Par ton Bonjour
Par ton Sourire
Tu es mon accroche-cœur
Une poussière de bonheur
Que je t'offre aussi
Car je t'imagine seul
Un peu en errance
Dans ce grand bloc immense
D'appartements
Aux longs couloirs
De renoncements
Sans histoire
Du passé
Une page est tournée
Ta solitude
Devient une habitude
Et si tu demandais
Monsieur
À la copropriété
À installer un banc
Pour s'asseoir en passant
On pourrait
Bacouetter sur l'actualité
Écouter les oiseaux chanter
Regarder le chat se toiletter
Profiter du temps qu'il fait
À tout à l'heure
Peut-être
Monsieur.


 

Camille

 

Ecrire c’est dans assis
Ecrire c’est crier sans bruit
Ecrire c’est faire le tour du monde plus vite que la musique
Ecrire c’est voyager sans bouger
Ecrire c’est s’adresser à l’autre en différé ou avant qu’il advienne
Ecrire c’est t’aimer pour l’éternité
Ecrire c’est s’amouracher sans même encore s’être rencontré
Ecrire c’est côtoyer ses rêves
Ecrire c’est rencontrer son imaginaire
Ecrire c’est un temps pour arrêter la course du soleil
Ecrire c’est écouter la musicalité de l’Univers
Ecrire c’est le pouvoir d’être en lien par-delà les millénaires
Ecrire c’est me taire en continuant à causer


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Sans adresse
A la vie
Je restitue sa tendresse
A l’infini

Tellement de beauté
Dépassant mes mots
Et tous nos tableaux
Notre art humain ne saurait rien lui ôter



Maïlys

 

Ecrire c’est se libérer
du poids d’un monde trop pesant

Ecrire c’est laisser filer
les fantômes qui encombrent les tiroirs

Ecrire c’est danser
seul mais entouré de gens

Ecrire c’est se contempler
les personnages sont un miroir

Ecrire c’est dépasser
ce que nous offre le présent

Ecrire c’est inventer
une vie qu’on aimerait avoir


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Chut, le chat s’est endormi
Non non non, pas de télé ce soir
Il ne faut pas faire de bruit
Regarde, ses moustaches frémissent
Tu peux le caresser, mais après, au lit
Ah non on ne saute pas sur le canapé
Ce serait très malpoli
De réveiller ce chat
Si bien endormi
Allez, on va faire dodo
Tu peux lui faire un dernier bisou
Un petit câlin
Mais chut, pas de cri
Pas un quart de plus
Non non, c’est fini
Le chat est en train de rêver
On ne va pas le déranger
Regarde, fais comme moi
Marche sur la pointe des pieds
Glisse toi sous les draps
Fais de beaux rêves, mon petit

vendredi 10 février 2023

Atelier d'écriture du 28 janvier 2023

Cet atelier d'écriture était l'occasion de travailler autour de la contrainte.

L'exercice principal consistait à écrire une histoire courte à la première personne, avec quelques phrases données à l'avance, à insérer dans le texte. Le titre était également imposé, un titre par personne.

Le 2e exercice était l'écriture d'une brève de comptoir.



Zoé


« Je ne sais pas »

Je suis là, assise, debout et je réfléchis. Quoi ? Que dois-je faire ? Mais avant de prendre la décision qui peut chambouler la vie de mes partenaires, je dois vous expliquer précisément ce que je fais ici. J’appartiens à un groupe d’espionnage surentraîné qui se nomme « Les petits bouts ». Le but étant de déjouer un plan machiavélique mis au point par le criminel connu en France sous le nom de « Léonard le canard ». C’est un nom peu commun pour un super méchant, n’est-ce-pas ? Bref. Avec ma bande, j’ai réussi à m’introduire dans son quartier général communément appelé « Head quarter » pour les britanniques. Mais en arrivant, tout a changé. Littéralement. Je suis partie avec mon équipe moi, Beth, Lolo et petit pois (oui le but est d’avoir un nom de code pour se repérer facilement en mission) et j’ai escaladé avec eux le mur en béton avec les cordes 3000 ultras-résistantes pour arriver à attraper la clenche de la porte située tout en haut du bâtiment, afin de passer de manière discrète. Ce fut loupé. Ce satané de Léonard le Canard m’avait repéré au moment où nous sommes rentrés dans son super quartier. La discrétion et nous cela fait deux et ce qui s’est passé ensuite, vous allez pas le croire. A l’approche d’une intersection, je ne voyais plus que son poil long, noir et épais qui dépassait de son nez. Et ce fut là que tout a basculé. Il se jeta sur moi et m’emmena loin de mon équipe qui fut projeté en arrière par son méga aimant puissant capable de mettre à terre quiconque s’approchant de cet instrument. J’arrivai en sa compagnie dans, ce que je pense, sa salle favorite avec sur une table basse, deux coupes de champagne. Dedans, les bulles étaient pétillantes à souhait. Il me posa sur un de ces canapés durs et froids qui composaient cette vaste pièce, et me proposa un marché. Dans une semaine, un braquage à la banque de Buenos Aires, d’une valeur de 2,636,842,805 euros. Il avait besoin d’une experte pour pouvoir ouvrir le coffre central qui contenait l’argent. Or, il n’y avait que moi qui sache le faire. Et c’est là qu’il me proposa de venir avec lui au braquage et en échange, mes co-équipiers seraient libérés. Mais, si je refuse, ceux-ci seront envoyés en prison à perpétuité pour espionnage et trahison à la nation à l’aide de preuves factices qu’il pourrait créer lui-même. Les juges seront tellement naïfs que le procès ne se passera pas en 3 heures mais en 10 minutes (J’exagère). Et c’est là que je vous retrouve maintenant, dans ma situation actuelle, à savoir ce que je dois faire. Je ne sais pas. Je réfléchis. Et d’un coup, une idée brillante me vient à l’esprit. Revenons en arrière. Avant de partir en mission, je me souviens m’être mise sur mon TEE-SHIRT en dessous de ma veste, un capteur permettant d’écouter les conversations de n’importe qui parlant jusqu’à 10 m de moi. Cela veut donc dire que je viens d’enregistrer la conversation qui a eu lieu tout de suite, je peux donc refuser de participer à son projet fantabulesque et partir en l’inculpant pour avoir créé de fausses preuves ! Je me lève et cours. Je vois au loin mes amis à terre, et les relèvent un par un, malgré leur état pitoyable. Derrière moi, les gardes qui nous rattrapent. Que faire ? Pas le temps de redescendre. Je décide donc de les affronter jusqu’à les rendre inconscients. Et c’est ainsi que mon histoire se termine. Echapper à Léonard le Canard et l’inculper après 10 ans de recherches intensives à son sujet.

 


Marie

 

« La chaussure »


C'était le dimanche. Je me réveillais d'un coup, sans sonnerie, avec entrain. Le beau temps était annoncé. Sitôt le p'tit déj' avalé, je préparais mes affaires. L'alu sur le sandwich, le sandwich dans le sac et le sac sur le dos, j'étais prête. Plus qu'à enfiler mes chaussures, mes croquenauds disait mon père. Marie y es-tu ? Je mettais mes chaussettes. Marie y es-tu ? Je mettais mes lacets. Marie y es-tu ? J'oubliais, des fois mon écharpe, des fois mes gants. Peu importe, on était déjà dans la voiture, mon père et son bonnet vert, mon frère et sa gourde remplie de bulles pétillantes, moi et ma chaussure tachée de bleu. Le trajet était toujours un poil long mais une fois sur place, la ville derrière et les sommets devant, nous n'attendions que ça : gravir la montagne et savourer nos chips sur un 360 °.

A chaque fois, nous, habitants du plat pays, étions ivres de beauté ; à chaque fois, nous nous disions en silence : on n'a jamais imaginé ça. Et mon regard de reposer sur la tâche bleue de ma chaussure. Aux anges.



Mickaël

 

« Un homme et un chat »

Je suis un chat, euh attends ce n’est pas ce qu’elle a dit… Mais, qu’a-t-elle dit déjà ? Un homme est un chat, un homme et un chat, un homme hait un chat… ? Bon, qu’importe, je pars là-dessus. Je suis un chat donc. Je me lève, il est 15h00, encore une sieste de 18h, bah quoi ? Normal non ?

Je baille, m’étire de tout mon long en plantant mes griffes dans le tapis quand soudain, j’aperçois mon humain tout décoiffé comme d’hab. Aujourd’hui son nez aussi est décoiffé, je ne vois plus que ça, ce long poil noir qui dépasse de sa narine. Il bouge de gauche à droite sur sa moustache, j’ai envie de sauter dessus mais me retiens et décide finalement de jouer avec ma fausse souris en plastique. C’est mieux comme ça, si je l’abîme qui va me donner mes croquettes ? Faut que j’en prenne soin, de mon humain. Comme lors de cette soirée où je le voyais boire jusqu’à plus soif d’innombrables coupes de champagne dont les bulles pétillantes à souhait m’ont fait perdre la tête et sauter dessus. C’était pour son bien et pour le mien aussi. Quand il a la gueule de bois il oublie ma gamelle et me fiche dehors si je miaule pour lui rappeler. Mais, pour une fois, le lendemain de cette soirée arrosée, mon assiette fut servie sans que je ne la réclame et surprise, dans ma gamelle d’eau, du champagne pétillant ! Si on me l’avait dit, je ne l’aurais jamais cru.


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- Hé Gégé, t’sais pas la dernière ?
- Bah non, mais quelque chose me dit quo va pas durer.
- Ouaip, je sais ce qui rend le rosé du père La pouche si bin.
- Ah ça c’est vrai qu’il est bin bon, mais qu’est quo l’est alors !?
- Parait que l’met de la fraise tagada dedans !
- De la fraise tagada !?
- Ouaip, o l’est bin tcheu !
- Mais qu’est-ce quo l’est que t’chette tagada là, o pousse dans son jardin ?
- Oh bé dame sans doute, l’est pas du genre à aller au Leclerc.

 

 

Camille

 

« Ça fume et ça rigole »

 

Ça fume et ça rigole
Jusqu’à l’aube pour oublier le temps
Ça boit et ça danse
Jusqu’à épuisement pour taire les peines

J’aime pas les réveils
J’essaye de les repousser, hélas je double leur haine et la mienne
J’adore rester en pyjama
Les jours où j’ai l’honneur de ne pas sortir de chez moi

Il faudrait ci, il faudrait ça
Ma lenteur s’endurcit dans ce grand fracas
Je ferais mieux de prioriser
Mes « tout doux listes » ont tout bien théorisé

Dans la pratique
Il y a des hics
Des pots, des hoquets
Heureux de trinquer

Ça fume,
Aussi vrai que la vie se consume
Ça rigole
La vie folle batifole

Je ne voyais plus que ce « poil long noir et épais qui poussait dans ma main »
Le couperai-je ? Le laisserai-je pousser ?
Demain plutôt… Demain peut-être…
De mes deux mains, le surlendemain

Après tout pourquoi là ?
Pourquoi se presser de faire ci ?
Se hâter de faire ça ?
Ça va me faire suer
Me faire soupirer

Je soupire déjà, remarquez
Rien que d’y penser
Rien que de crouler sous le poids
Des contraintes infinies

Vu le peu de jours qu’il reste
Avant, déjà, la fin du mois
Le peu d’années peut-être
Avant la fin de moi

La vaisselle, aujourd’hui,
Pas très envie
On pourrait la casser :
Ça serait l’occasion de la remplacer

Encore le ménage… ?!
Sans en faire tout un fromage,
A quoi bon si demain
Aussi sale le monde redevient ?

Le rangement,
A la limite, me détend
Pour mieux tout retransbahuter
Me voilà partie pour débazarder

Les vitres, c’est pas souvent
Mais vu sur le bureau ce qui m’attend
Ca me donnera l’illusion de profiter de
la lumière du jour, avant que la nuit accoure

Ce soir encore j’aurais voulu travailler mais
« Les bulles étaient pétillantes à souhait »
C’était mon anniversaire ; exception
Et ce soir c’est son anniversaire ; répétition

Les occasions ne manquent pas
Il suffit de les saisir avec joie
Et tant pis pour le reste
Qui dans mon cœur empeste

L’odeur du devoir
La moiteur de l’effort
L’horreur des jours noirs
Ô bain chaud de réconfort

Ah les normes, les devoirs
La coupe est pleine, je vous le dis !
De bulles fines de champagne
Faisant sur le brouhaha urbain rase campagne

« J’aurais jamais imaginé ça »
Les décennies si courtes
Les tâches infinies
Les travaux si durs
La retraite jamais mûre

J’m’en vais au fond de mon lit
M’autoproclamer en retraite, tant pis !
Au mépris de l’insomnie,
Qui tourne en boucle et me redit
Fais ça, fais ci !
Demain, parce qu’après il sera déjà lundi
Et pour une semaine
Le rythme fou, aura repris

J’me tire dans un autre pays,
Le plus longtemps possible, je m’enfuis
Loin de cette tyrannie
Qui fait de nos existences de drôles de vies

Retiens-moi, dansons !
Arrête ce mouvement, chantons !
Reste dans mes bras, rions !
Laisse la Terre en suspens, respirons !

Ça fume et ça rigole
Loin de l’enclume, des règles de ces marioles
Qui d’une plume, avec leurs injonctions folles
Ecument de leur cadence de carriole

Nous ne serons pas les chevaux de trait !
Sur cette course effrénée, tirons un trait !
L’appétit de l’ours est freinée si cesse notre attrait
Pour des bourses qui ne dérideront pas nos portraits

Ça fume et ça rigole
Pour échapper à cette course folle
Ça fume et ça rigole

En attendant que cesse la pluie
Ça fume et ça rigole
Les cœurs batifolent
Ça fume et ça rigole
Les contraintes s’envolent


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« Le caddie rouillé »


Regarde-moi ça :
V’là a zézette…
Où ça ?
Bah là ! Quoi… t’entends pas, son vieux caddy rouillé ?
Pffouah. Il était déjà bringuebalant le jour où elle l’a dégoté.
Il grince jusqu’à l’angle de la rue du Pont Neuf.
Paraît même qu’le père Ruffiot sert en hâte sa clientèle dès qu’il détecte le boucan du roulis strident. C’est Polo qui m’racontait : fissa fissa’l’les met dehors ses habitués en leur pressant le pas.
Il veut pas la voir.
Pourquoi ?
Parce qu’i’ peut pas la voir
Il peut pas blairer les scandales.
Elle l’a bien compris, la Cosette
Elle y fait son sketch.
Devant chez lui, ça s’arrête, ça s’attroupe
Il devient tout rouge
On croirait qu’il va faire une syncope
Une fois, il lui tend vite un paquet de boudins pour qu’elle fiche le camp
Elle l’engueulait presque, comme quoi qu’elle avait pas d’four
Et qu’la charité c’était pas s’débarrasser, qu’ça dispensait pas de réfléchir à s’mettre à la place des pauvres, qu’y voulait limite l’étouffer, l’empoisonner.
L’savait plus où s’foutre
Il s’est même excusé, le brave homme
Tellement Zézette elle a d’l’aplomb
Ce jour-là, elle s’est vu offrir trois tranches de pâté, pis des belles, une de chaque sorte.
Elle a ‘core réussi à le culpabiliser.
Résultat il a dû sortir de sa caisse une grosse pièce pour que Mademoiselle Zézette puisse s’acheter une baguette
Y’aurait encore eu des couverts jetables, il était bon pour lui fournir le couteau et l’assiette.
Nannn.
Ah bah si elle a pas froid aux yeux la Zézette
Y’a pas que les riches qui s’habituent à plus regarder la misère en face
J’voudrais pas dire mais quand même, y’a quand même des…



Sophie

 

« Tu me tiens, je te tiens »


Je le regarde fixement, il me regarde intensément. Ma main caresse à peine son menton, sa main serre le mien, un peu trop fort, mais je ne dis rien. Ça fait partie du jeu. Mes lèvres ne bougent pas, j’ai l’habitude. Ses lèvres s’entrouvrent régulièrement, un moment de déconcentration, puis se referment rapidement quand il se souvient qu’il doit rester sérieux. Très dur pour lui de canaliser son envie de rire. Combien de temps restons-nous dans cette bulle, je ne saurais le dire. Ne veut-il pas perdre ? Sans doute. Mais comprend-il aussi que s’il rompt le charme, la vie reprendra son cours et que je lui annoncerai avoir autre chose à faire, des choses sérieuses, des choses de grand personne… ? Et qu’il lui faudra trouver un autre jeu, mais y jouer seul. Je l’avais vite compris moi, il y a 30 ans de ça. Mon père travaillait du matin au soir, ne revenant que pour manger rapidement et se reposer dans sa chambre tout le reste du temps. Notre seul moment de rencontre était le dimanche, où je devais encore le partager avec mes frères et sœurs. Alors, ce moment-là où, les yeux dans les yeux, la main au bout du menton de l’autre, nous étions liés par ce jeu si simple, était ma bulle de joie à moi, pétillante comme les bulles d’une coupe de champagne. Une bulle chaque dimanche, qui suffisait à me donner l’ivresse de bonheur qui me faisait attendre le prochain rendez-vous hebdomadaire. Je me souviens encore parfaitement de son visage, à l’avoir tant de fois fixé, jusqu’à ce poil long, noir et épais qui dépassait de son nez. A la fin, je ne voyais plus que ça… Et c’est souvent ce qui finissait par me donner le fou rire que je voulais retarder au maximum ! C’est incroyable comme mon fils lui ressemble aujourd’hui, sans ce maudit poil qui dépassait évidemment. Mais voilà, je viens d’y penser, et je sens le sourire commencer à tirailler mes lèvres, mes yeux se plisser et cette fois c’est trop fort. Me voilà éclatant de rire, au grand plaisir de mon fils qui jubile d’avoir gagné. Tout ça pour un poil que mon père ne prenait pas la peine d’arracher, j’en ris encore 30 ans après. Je n’aurais jamais imaginé ça !


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Et les voilà qui recommencent !

- La Janine, elle a encore acheté une paire de talons hauts et une mini-jupe ! A son âge !

Et : - Le père Boulard, il a perdu sa jument. C’était pourtant une sacrée belle bête. Y a vraiment des coups durs dans la vie !

Mais pourquoi font-ils ça ? Parler pour parler ! Chacun raconte la sienne, en même temps que chacun paie sa tournée. Moi j’ai pas demandé à être là. Mais j’ai pas le choix, pour moi le samedi matin, c’est « Chez Lulu » que je le passe. Papa qui parle, qui boit, qui rigole et moi, dans mon coin, mon cocktail jus d’orange et grenadine avec trois fraises tagada sur un pic. Et je les entends discuter avec Papa, tous ses copains. Comment ne pas les entendre ?! Ils parlent si fort. Et le contenu !? Toujours différent, et toujours pareil. Et enfin cette phrase tant attendue :

- Allez, à la semaine prochaine les gars !

Et enfin nous quittons le bruit et l’odeur de café et d’alcool pour le bon air frais de la grand place.



Léonie


Je me souviens. A chaque fois que j’entends ce tube à la radio, je me souviens. Et c’est un bon souvenir même si la parodie était un peu piquante pour la personne concernée.

Quand cette parodie a été jouée, j’avais 19 ans. J’étais en deuxième année d’école d’infirmière. Et c’était au tour de ma promo d’organiser  le bizutage des première année.

Je n’aime pas les bizutages. Ils sont souvent basés sur l’humiliation des nouveaux. C’est d’ailleurs ce qui nous était arrivé l’année précédente quand c’était moi la première année.

J’écoute d’une oreille distraite les propositions fadasses de mes co-étudiants. On est une grosse promo – 126. Je peux donc rêver dans le fond de la classe.

Les idées sont classiques, bêtasses, inintéressantes.  Et cherchent toujours à embêter les nouvelles recrues.

Au bout d’un moment, je ne sais pas ce qui me prend, je lance tout fort : « et si on faisait un truc sur Paulette ? »

Silence, silence profond. L’organisation vient de dérailler. Hé oui, Paulette, c’est la directrice de l’établissement. Je vous la fait courte mais il faut quand même que je vous la présente, Paulette.

Petite, vraiment petite. Permanentée, toujours sapée de noir, talons les plus hauts possible. Et surtout, ongles longs manucurés, bagues multiples, bracelets tintinnabulants. Bref, le portrait de TOUT ce que ne peut pas, ne doit pas être une infirmière. Elle n’est pas crédible quand elle vient faire le cours sur l’hygiène des mains et la tenue professionnelle.

Après le silence c’est un bourdonnement de ruche qui s’élève du groupe. L’idée fait son chemin. Ok pour un truc sur Paulette. Mais quoi ?

Tu penses à quoi ?

Ben j’sais pas

T’as une idée ?

Ben non

Re-bourdonnement. Soudain une des filles chantonne t’as le look coco. Mais à la place de coco elle dit Paulette. Et ça le fait bien.

Voici la promo penchée sur la table, à réécrire la chanson de Laroche Valmont. 3 couplets. On parle des talons hauts, des mains manucurées, des bracelets tintinnabulants. Dommage qu’elle soit si bien apprêtée Paulette. On aurait pu parler d’un poil de nez noir qui dépasse. Bon à force de se triturer les méninges, la promo accouche de son pamphlet musical. Maintenant il faut décider de comment on va présenter ça. Alors bien sûr, on se tourne vers moi. Là, j’ai eu le temps de réfléchir.

Josiane ferait ça super.

Josiane c’est celle de la promo qui ressemble le plus à Paulette. Sauf que, comme elle est élève, elle n’a pas de hauts talons, pas de manucure, pas de bagues, pas de bracelets. Tout ça on peut arranger.

Josiane dit OK. Maintenant, yapuka.

-          Trouver la musique mais sans les paroles. Je vous rappelle qu’il y a 40 ans internet n’existait pas

-          Trouver les accessoires : dans une promo de 120 filles, c’est fastoche.

-          Apprendre les paroles qu’on chantera tous ensemble.

C’est parti. Le jour J arrive. On fait quelques blagues potaches pour les première année : enlever les chaussures qu’on met en tas ; poser une question hyper technique sur le métier …

Et l’apothéose. La parodie. Moi, je ne fais rien de spécial. Je regarde et je savoure. Les yeux des première année qui pétillent comme des bulles de cidre ; le sourire énorme des troisième année ; l’enthousiasme de ma promo. En fait c’était une pas si mauvaise idée que ça

La chanson se termine les élèves applaudissent et en redemandent ; l’équipe enseignante est figée : jamais, au grand jamais, quelqu’un n’avait osé s’attaquer à Paulette depuis toutes ses années de responsabilité.

Paulette se lève, remercie, vient embrasser Josiane et dit que c’est la première fois qu’on fait quelque chose comme ça pendant un bizutage.

L’après-midi reprend son cours.

Il y aura des suites : Paulette a convoqué Josiane pour savoir comment on en était arrivé là. Puis elle a convoqué les leaders de la promo. Ils ont fini par craquer et m’ont dénoncée.

Cela n’a fait que renforcer la rancune que Paulette me portait. Car vous l’avez compris, Paulette et moi, c’était pas le grand amour. Mais j’aurai jamais imaginé qu’elle avait si peu d’humour.



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Hé les filles, vous savez pour la Francine ? J’sais pas si je peux vous l’dire mais c'est gros. Elle a été arrêtée par les gendarmes. Si ! Si ! Ben, la s’maine dernière. Au Franprix. Passqu’elle avait fauché un caddy. Ouai, un caddy. J’te jure, elle est pas ben maline la Francine. Ah bon ? Elle a un caddy à elle ? T’es sûre ? Comment t’es sûre ? Il est tout rouillé ? Ha c’est vrai qu’ça f’rait pas top au Franprix un caddy rouillé. Mais alors, pourquoi qu’la maréchaussée ils l’ont arrêtée ?  A cause de c’qui y’avait dans son caddy rouillé ? Noooooon ? Pour de vrai ? Des escarpins Louboutin ? Y vendent ça au Franprix ?



vendredi 16 décembre 2022

Atelier d'écriture du 10 décembre 2022

Quatre exercices ont été proposés par Laure pendant cet atelier : 

- Ecrire un poème à la gloire d'un objet du quotidien

- Se laisser cueillir par la couverture d’un livre dans la médiathèque, puis inventer un texte pour dire ce que cette couverture m'évoque, m'inspire

- Décrire un paysage vu par un animal, sans le nommer 

- OU décrire une scène banale du quotidien vue par trois points de vue différents



Sophie

 

Je te regarde sans cesse
Je te touche, presque te caresse.
Avec moi tout la journée,
Accrochée à mon poignet,
Tu rythmes tous mes mouvements
Comment pourrais-je faire autrement ?
Je suis dépendante de toi
Je ne peux pas vivre sans toi.
Si un jour, dans le feu de l’action,
Je t’oublie sur la table du salon,
Il me faut très rapidement
Te trouver un remplaçant,
Pour tenir, jusqu’à ce que le soir
J’aie le plaisir de te revoir.
Et pourtant rien n’est plus relaxant
Que quand, pour quelques heures seulement,
J’oublie que le temps m’est compté
En te posant sur ma table de chevet.

 

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Il existe des moments inoubliables, qui restent éternellement dans les souvenirs. Une sensation de douceur comme des plumes que l’on caresse. Un moment d’innocence comme seul un enfant peut offrir. Un rayon de lumière qui réchauffe et qui rassure. Ça ne prend pas tout la place, c’est juste tapi dans un coin. Mais c’est si fort et si beau, que ça gagne tout l’espace. Qu’y a-t-il donc à ajouter ? Juste une ronde de bonheur : trois petits mots qui disent tout, l’amour, la joie, l’éternité. Toi, moi, lui, nous ensemble. Ces instants de chaleur sont dans nos trois cœurs, à jamais. Tous les trois.

Texte inspiré du livre Tous les trois de Gaël Brunet.

 

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Une vieille souche déchiquetée. Son ancien tronc git encore à côté, couvert de mousse et de champignons. Un jour d’orage, la foudre les avait séparés. Plus loin le petit chemin qui s’en va tellement loin que le regard n’en voit pas la fin. Il faut vite le traverser et retourner se cacher de l’autre côté, sous le fourré. Ouf. On peut continuer. Toujours tout droit jusqu’à la clairière, ça c’est le plus facile à faire. L’excitation est à son comble, le but est bientôt atteint. Ça y est, j’aperçois la chaumière et son joli petit jardin. Je ne suis plus qu’à quelques mètres, à moi le bon petit festin. Quand soudain je suis stoppé net. Infortuné ! Mon accès a été bouché ! Adieu tout ce qui me donnait faim. Pas moyen d’aller plus loin !  



Hélène

 

Eh oh, eh oh, ça roule ma poule
Plus vite qu'à pied
Vive la liberté
Tu prolonges mon corps
Avec un peu d'effort
Et je file
Agile
Pneus gonflés
Chaîne graissée
Tu me mènes
Là où j'aime
Sans autre contrainte
Même dans le train
Pour aller plus loin
Bien équipée de bas en haut
Quelle que soit la météo
Pas besoin d'essence
Ça fait la différence
Je te gare partout
Tu es vraiment chou
Toi mon vélo
Tu me portes sur ton dos
Et nous glissons
À l'unisson
Toi ma bicyclette
Tu me rends guillerette
Ta sonnette
Ta trompette
Et ton rétroviseur
Me mettent du baume au cœur
Dans le flot des voitures
Je me sens plus sûre
Mon destrier d'acier
Tu me plais
J'ai le cœur gai.


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« Petits pois, coquelicot et drosera. »

 

Je vous connais

Quels voyages !

Sans âge

Dans quel paysage ?

- voyage dans mon potager, légumes, fruits, herbes, j'en mets plein mon panier. Hum, je vais les déguster

- voyage au bord des chemins, les talus m'en offrent des brassées. Chaque saison, c'est selon. Hier l'herbe sèche était toute givrée et les oiseaux n'avaient pas encore béqueté toutes les boules du houx.

- voyage dans les tourbières en Ecosse, découverte improbable, il y a quelques années. Ouverture sur l'inconnu. Découverte de cette carnivore, si discrète, si élégante

- voyage ici ou là. Mystère des graines qui germent

- voyages, souvenirs

Des eucalyptus au Portugal

Des oliviers en Israël

Des palmiers en Tunisie

Des pommiers dans le pré à côté

Des saules les pieds dans la Touques

Des orties dans le jardin de Béatrice, pour la soupe ou pour infuser

- voyage ici ou là

Mystère

Mais belle réalité

Pour voyager

Même sans forcément

Beaucoup bouger.

 

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La rivière coule de plus en plus doucement, faut dire qu'il fait chaud. Bien chaud, bien sec, le niveau a baissé comme jamais.

Facile de la longer, les pattes à peine mouillées. Le saule pleureur me caresse le dos. Les rats se sont planqués. Les canards se sont envolés en me voyant passer, et les poules d'eau ont fui dans le pré où les fourrés de ronces serrées entre mêlées, m'empêchent de passer...

Continuer le long de la berge qui devient un muret facile à escalader...

Me voilà dans un potager.

L'hiver dernier, il y avait un poulailler, mais l'endroit est désert, éclairé d'un réverbère.

Les maisons se resserrent.

Le goudron sous mes pattes me chauffe les coussinets.

Le jour se lève à peine, je n'ai rien trouvé... Je me sens fatigué... Toute la nuit à chercher sans succès.

Tous ces gros cubes gris, aux couvercles verts, sont un vrai défi, trop lourds à renverser. Derrière l'immeuble en briques, tous alignés, l'un d'eux n'a plus son chapeau, j'y saute aussitôt.

L'odeur me laisse à penser que je pourrais y trouver......Ouais ! Un demi sandwich jambon fromage, le papier est facile à déchirer.

Me voilà sauvé.

À peine régalé de ce petit déjeuner, un énorme bruit de moteur, et de benne qui bascule me fait déguerpir, jusqu'au square à côté, où je vais pouvoir me cacher pour digérer et me reposer.



Laure

 

« Mon arc en ciel »

 

Oh toi mon adorable
Mon grand, mon petit
Tu es un compagnon
Parfois abordable
Parfois hors de prix
Mais souvent mignon 

Oh toi mon capricieux
Quand il fait froid
Tu peux rester figé
Et quand il pleut
Tu baves parfois
Et ça me casse les pieds 

Oh toi mon intemporel
Qui sert au-delà les frontières
Pour servir de guide
Je te souhaite la vie éternelle
Aujourd’hui comme hier
Solide ou liquide

Noir, rouge, vert, bleu
Et plus encore
Jaune, orange, violet, rose
Tu es toujours radieux
En tout occasion raccord
Et chaque fois tu oses 

Je ne te quitterai pas
Mon merveilleux stylo

 

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« Tic-toc »

 

T’as des tics
J’ai des tocs
Ça fait tic/toc
Drôle de son de cloche
Ça fait tic, tac, toc
Tes tics te rendent marteau
Mes tocs me rendent zinzin
La tuyauterie « clac »
Le robinet « clic »
Clic-clac
Drôle de son de cloche
Ça fait clic-clac
T’es un machin tip-top
Je suis une machine flip-flop
Tu flippes quand je suis tip-top
Car dans la tête ça fait boum-boum
Le petit vélo là-haut
Tourne et tourne et ça déraille
Faudrait pas que ça nous échappe
Mais ainsi va la vie
Ça fait clac
Ça clic
Clic-clac kodak c’est dans la boîte
Ça fait des tops
Parfois on flippe
On se tire à toute berzingue
A bicyclette, en brouette ou camionnette
Broum-broum
Ça éclabousse, flic, flac dans les flaques
Quelle heure est-il j’ai pas ma montre ?
Accélère Alfonse je flippe on est à la bourre.
C’est l’heure du thé,
Mamie va péter les plombs
Je ne voudrais pas que Dame Ginette me pique ma tasse.
Prends tes clics, tes clacs et ton doudou
Cherche pas chouchou on va faire grincer les pneus
Aller zou Mister Toc-Toc
Seront-ils à l’heure ?
Mystère et boule de gomme !

 

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« Trois drôles de visiteurs ! »

 

A : Putain, le machin !

B : Oh la vache !

C : Mais qu’est-ce qu’il est chou !

B : Chou ?

A : Chou ?

C : Mais oui regardez, il est super méga-chou.

A : T’es pas sérieuse, beurk, il me dégoute.

B : Moi il me fait peur.

C : Mais vous avez vu ses yeux ? Regardez ses yeux. Pétillants de malice, noirs brillants.

A : Ses yeux son larmoyants, sales, il n’y a rien de très mignon.

B : Ses yeux sont effrayants. J’ai l’impression qu’il veut me dévorer.

C : Et son nez est à croquer. Ni trop petit, ni trop gros. On dirait un dragibus noir. Mes préférés.

B : Son nez est assez gros pour me sentir et se dire que je suis de la bonne chair fraîche à déguster.

A : Son nez coule on dirait qu’il va éternuer. Manquerait plus qu’il s’approche. Rien que d’y penser ça m’écœure. Sans parler de ses oreilles, poilues et toutes mélangées. Je le trouve affreux.

B : Ses oreilles sont gigantesques et il pourrait m’entendre à des kilomètres.

C : Ses oreilles sont comme il faut, j’aimerais qu’il me chatouille avec les poils qui dépassent. Lui faire un gros câlin.

Annonce : Mesdames et messieurs, nous informons notre aimable clientèle que le parc va fermer ses portes dans 15 minutes. Veuillez vous rapprocher de la sortie.

A : Ouf, encore un peu plus et je vomissais.

B : Sauve qui peut, j’espère ne pas faire de cauchemars cette nuit.

C : Attendez, il nous reste du temps pour passer à la boutique souvenirs. Je crois que je vais m’offrir la peluche du chimpanzé !



Maïlys

 

Partout où je passe
Toujours avec moi une tasse

Qu’elle soit bleue, rouge, marron
Elle contient toutes les boissons

Thé vert, thé noir, thé à la mangue
Les savoirs fondent sur ma langue

Sortir de la torpeur le matin
L’infusion du soir qui réchauffe les mains

C’est si agréable cette chaleur
Qui se répand jusqu’au cœur

Une tasse calée devant le nez
Eloigne les mauvaises pensées !

 

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Ils sont là, stoïques. Ils la fixent tous pendant qu’elle témoigne. Les larmes au bord des yeux, les mains tremblantes qu’elle cramponne à la barre, elle raconte de nouveau l’histoire. Les regards sont mêlés de pitié, de dégoût, de compassion, un peu, pendant qu’elle déverse son flot de paroles. Elle se sent mise à nue, encore une fois. Cette fois-ci c’est figuratif. Elle aimerait s’enrouler sur elle-même, se cacher dans ses cheveux, échapper à ces regards si pesants. Mais elle s’exprime et c’est si important. C’est important pour elle, pour sa reconstruction. C’est important pour que ce serpent paye, qu’il ne fasse plus d’autres victimes, plus jamais. Alors elle continue de parler. Tenter de se vider de la colère, de la tristesse, de la peur. Au milieu des visages stoïques elle repère ceux qui sont bienveillants, qui la soutiennent d’un hochement de tête, d’une larme à l’œil. Elle n’est pas seule dans ce combat. Elle a fini de parler, se rassoit. Son avocate pose une main réconfortante sur son bras. Plus tard le verdict sera donné, elle ne préfère pas trop y penser. Pour l’instant elle se sent courageuse, et c’est tout ce qui compte.

Texte inspiré du livre Vilnius poker de Ričardas Gavelis.

 

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Sarah aperçoit Clémence qui s’approche du café pour rejoindre ses amis. Elle lui fait un signe à travers la vitre. « On est là ! » Mais Clémence n’a pas le temps de voir le dernier mot s’inscrire sur les lèvres de son amie, son pied butte contre le trottoir. Patatra, elle s’étale de tout son long, mains en avant sur le goudron.

Charly explose de rire. « Elle ne s’est pas loupée, notre Clem nationale ! » Une main sur les côtes, l’autre sous ses yeux mouillés, il n’arrive plus à s’arrêter. « C’est pas possible, c’est toujours à elle qu’il arrive des trucs pareils », se dit-il.

Pendant ce temps, Caroline s’insurge : « Mais t’es con ou quoi ? Elle s’est peut-être fait mal, peut-être qu’on va devoir l’emmener à l’hôpital ! » Elle commence à se ronger les ongles frénétiquement, regarde anxieusement ce qu’il se passe derrière la vitre.

La seule qui s’est levée, c’est Sarah. Son amie n’avait pas encore touché le sol qu’elle se précipitait déjà dehors pour lui venir en aide. « Ça va, rien de cassé ? » Elle s’accroupit, l’aide à se relever, frictionne son dos d’une main réconfortante.

Mais Clémence a le regard rivé sur ses deux amis dans le café. Leurs réactions opposées font monter en elle une secousse, puis deux, c’est maintenant elle qui est prise d’un fou rire. Puis c’est au tour de Sarah, et même des passants qui sourient de cet enthousiasme.

Ouf, plus de peur que de mal !

mardi 22 novembre 2022

Atelier d'écriture du 12 novembre 2022

Dans cet atelier, il s'agissait d'écrire des textes… à chute ! 

Voici ce que nous avons imaginé pour étonner les lecteurs.



Rose

 

« Une boîte »

 

J'ai une petite boîte.

Dans cette petite boîte il y a des trop belles....

Oh non mes petites chéries

Où elles sont passées

Mes si belles

Chaussures

 

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« Le gardien du trésor »

 

Il était une fois

Un gros trésor.

Le trésor se trouvait dans une grotte.

Mais à cette époque, personne ne savait où il était.

Sauf le dragon.

Le dragon s'appelait Lave.

Mais un jour un voyageur s'approcha du trésor.

À un moment, le voyageur poussa la pierre qui protégeait le trésor.

Le dragon brûla le voyageur et le trésor fut protégé.

Fin.

 

 

 

Hélène

 

« Je sors ce soir »

 

Je monte l'escalier quatre à quatre

J'aurais dû mettre mes baskets

Mais j'avais pas prévu

C'était pas prévisible

C'est arrivé si vite

Ça m'a fait peur

Encore un bon kilomètre

La place à traverser

Vais-je y arriver

Tourner à droite

Une longue ligne droite

Encore des marches

Et après les graviers

Sans me tordre les pieds

Heureusement

Je ne suis même pas essoufflée

Il faut que je sorte mes clés

Ploc Ploc ploc

Je les avais à l'œil

Tout en filant

Ce ciel noir

Et ce vent violent

Ploc Ploc ploc

Le temps de clancher la porte

Et la trombe d'eau

S'abat comme un rideau

Je suis sauvée

Je sors de chez le coiffeur

Ça a failli être une horreur.

 

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Nicolaï et Domino sont à la terrasse du café.

Des plans, ils en ont déjà tant fomenté.

L'excitation monte.

Lulu leur a donné jusqu'au 13, et c'est demain, pour lui livrer la marchandise.

Domino, ce matin, a trouvé un trèfle à quatre feuilles et Nicolaï est venu avec sa chevalière gravée d'une belle coccinelle.

Rester les pieds sur terre, bien tout calculer, chronométrer, chaque pas va être compté.

Tout est prêt.

OK pour y aller... après être passé à la caisse.

Direction le grand mur d'enceinte à franchir, le parc à traverser sous les grandes futées dont les ombres s'allongent, s'étirent sous cette belle lune ronde.

Les voici à la porte des

de Magny, de Goncourt, de Bellais

Dont le dernier est décédé cet été.

C'était Gaston, copain de boisson de Nicolaï, copain aussi pour les confidences, floues, mais joviales et prometteuses.

Aller, direct au placard sous l'escalier

Où, dans le secrétaire,

Le secret est délicatement ouvert.

Domino arrive à y extraire la petite boîte en bakélite, après mille précautions.

Mais Nicolaï s'impatiente, en tenant la porte entrouverte pour profiter d'un rayon de lune.

Un chat noir surgit avec un miaulement strident, entraînant avec lui tous ses copains, dans un courant d'air qui claque la porte.

Une bonne dizaine de chats hirsutes courent dans les couloirs où Nicolaï, qui siffle Domino, se met à courir lui aussi.

Domino met le coffret dans son sac à dos et ferme cette course folle, à la recherche d'une fenêtre d'où pouvoir sauter pour sortir.

Ça y est, les deux compères montent sur un vieux fauteuil et sautent ensemble.

Plouf !

Dans les douves, les crapauds et herbes folles leur font bon accueil.

Il est minuit.

Les cloches de l'église le disent.

Dégoulinants, il faut à nouveau traverser le parc, escalader le mur et prendre le temps, enfin, de s'asseoir dans un fourré pour ouvrir le coffret, où, stupéfaction,

est bien rangée, pliée en quatre, la photo d'un gros diamant tout brillant, étincelant.

Adieu...

Lulu...

C'est foutu.




Mickaël

 

Il a peur, elle aussi.

Elle se prépare à fuir, il se prépare à combattre

Sans la quitter des yeux, il attrape le manche de son arme

Sans le quitter des yeux, elle prie de toute son âme

Elle tremble, lui aussi

Il se lance à l’assaut, elle se sauve dans un sursaut

Il l’a loupée, elle s’est sauvée, bien trop agile cette araignée

 

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Une course contre le temps des boulets plein les pieds

Ça ne va pas être simple mais on va y arriver

Enfin je crois, j’espère, je n’ai pas la foi mais je prie pour ça

Il va falloir tout changer, perdre nos mauvaises habitudes

Plonger vers l’inconnu, loin de nos certitudes

Tout le monde doit s’y mettre mais beaucoup restent à convaincre

L’ignorance et la peur, c’est elles qu’il nous faut vaincre

Par-delà les frontières l’espoir doit se transmettre

Aux arbres et aux enfants, aux armes pour notre planète.

Plus de suspense, on sait où cela nous mène

A nous de combattre sans armes, sans violence et sans haine.

 

 

 

Camille

 

« Amor »

 

Nous chantions à tue-tête

Nous nous prenions dans les bras

Nous parlions à grandes voix

Nous dansions sur des airs de fête

Nous riions aux éclats

Nous succulions cette belle joie

 

Du creux de cette magie

Je profite de la nuit

Pour t’enlacer

Alors tu me souris

A ton regard je compris

Que tu allais m’embrasser

 

Ainsi notre énergique insomnie

Ne fit plus de bruit

Et les mots nous auraient embarrassés

Chut…

 

 

« A mort »

 

Aurait-on pu mieux déguster

Ces instants plein de vie ?

Qu’on aurait voulu infinis

Ce bonheur dans nos mémoires incruster

Comble le besoin d’une existence assouvie

Tandis que s’écoule toute la nuit

 

Ces élans qui s’émerveillent

Colorent l’urgence avant le grand sommeil

Chut…

 

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Les présages de la cartomancienne me restaient en tête. Sa boule de cristal avait formellement confirmé. J’avais moi-même l’impression maintenant de visualiser clairement ma destinée et ma destination. Bien sûr, si j’en parlais à ma sœur, elle rétorquerait que mes bêtises sortent tout droit d’un conte de fées. J’avais beau essayer de rationaliser, la vue du manoir étincelait dans mon imaginaire, c’était plus fort que moi. Je nourrissais mille scénarios comme pour écumer la liste des possibles et me préparer à toutes les éventualités. Finalement cette période prospère en pensées mais bien stérile en actions dura quelques temps. Comme si je succulais par avance. Comme si je redoutais au fond que la mer emporte mon château de sable avant même que je l’achève. Quand je réalisai que plusieurs semaines s’étaient écoulées, je dus me rendre à l’évidence et questionner, au fond, mes appréhensions. Cette introspection initia un tournant et fut le moteur de ma mise en mouvement. Je bouclai ma valise avec détermination, sans aucun doute. D’habitude, je prépare des listes, et mon intuition sent quand j’oublie quelque chose. Là, j’étais sûre de moi. Je ne dis rien à ma sœur. Il était hors de question qu’elle interfère, me refile son lot de préjugés, de désapprobations, me remplisse d’hésitations. Non, maintenant que je me sentais prête, je m’élancerai sans un avertir personne. J’aurai tout le loisir plus tard de lui raconter. Avec les prophéties de l’oracle de mon côté, je ne me sentais ni seule ni perdue.

J’étais en bonne route et j’avais parcouru le plus gros chemin quand je regardai en arrière, avec une montée d’anxiété irrépressible. Et si… Et si… Et si… Et si jamais… Et si cela… Et si ensuite… Et si ceci… Et si bien que, dans le train lancé à pleine vitesse, j’aurais sauté en marche au péril de ma vie si je m’étais écoutée. Mais l’angoisse qui monte me paralysait, bien plutôt. Je tremblais, les impatiences de mes jambes devenaient bruyantes et incontrôlables. Je commençais à perdre pied (… et jambe !) quand soudain la main de ma voisine se posa délicatement mais fermement sur mon genou. Silencieusement, cette dame au sourire discret et au regard tendre avait trouvé à apaiser la tension interne qui m’avait envahie. Elle n’eut rien besoin de rajouter. Elle resta là, dans ce contact inattendu de proximité physique, en tant qu’étrangère. Et… étrangement, sa présence soutenante me fit l’effet d’une mère calmant son nourrisson en proie aux sensations ingérables par lui-même. Il se sembla qu’elle venait en prolongement de ma diseuse de bonne aventure. Elle m’apparut comme une bonne fée, un ange gardien au cœur de mes tourments. Et dans ce nuage se dissipa ma peur. La scène était digne d’un tour de magie. Quand je cherche à me remémorer ce qui se passa ensuite, j’ai du mal à reconstituer le déroulement. Combien de temps me fixa-t-elle calmement ? Ai-je soutenu son regard longtemps ? Le train entra-t-il en gare rapidement après ? S’éloigna-t-elle vite ? S’ensuit l’image de l’attente sur le seuil de la porte, où je suis happée par la magnifique serre accolée à cette demeure sublime, attendant que le majordome m’ouvre et que je fasse mon premier pas dans ma nouvelle vie.

 

 

 

Laure

 

« Clic »

 

Réveil en sursaut.

Mes yeux encore embués par une nuit magique.

Je rassemble mes idées.

J’essaye de me concentrer.

Quel jour sommes-nous ?

Oh punaise. Ce n’est pas vrai. On y est !

C’est le jour J.

Un des jours les plus importants de ma vie.

Il faut que tout soit parfait.

1h pour se préparer.

Ça va être chaud.

Choisir ma tenue, make-up, me lisser les cheveux…

Ma robe bleue ?

Pff non je pense que Mathilde aura la même.

Ok je mets la verte plissée style vintage.

Mes jolies bottines. Accessoires assortis.

Chaque année c’est la même comédie.

Enfin celle-ci compte beaucoup plus encore.

C’est la dernière.

Faut dire que ce n’est pas rien.

Ça reste à vie ce moment est gravé à tout jamais dans les archives de tous.

On peut même les retrouver sur les réseaux.

Bref, je ne veux pas rater mon coup.

Dernier coup d’œil dans le miroir.

Ok validé.

A côté de qui je serai cette année ?

Episode 17.

Lycée Jean Rostand – Caen.

Dernière année de BTS.

Photo de classe du 18 septembre 2022.

 

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12 novembre 1972

Dans un silence intense la foule retient sous souffle.

Les regards intenses fixés vers l’horizon.

Des regards parfaits embués de larmes prêtes à glisser sur les joues rouges du matin glacé de cette journée particulière.

Des regards plissés pour ne rien rater.

Des regards dans le vide histoire de ne pas imaginer ce qui va se passer.

Des regards perdus dans l’horizon profond, fixés vers ces lumières de l’autre côté de cette étendue aqueuse si imprévisible.

Je suis comme les autres à cet instant, unis avec eux dans l’attente de ce moment particulier.

Mon cœur battant parfois un peu plus fort qu’un élan commun fait que l’on imagine que ça y est.

Qui recevra en premier le message, l’information que nous serons à ce moment, cet instant, ce rendez-vous et que cela engendrera un unisson collectif.

Je sens mes orteils gelés se crisper et s’ancrer dans le sol pavé de cette esplanade.

Mes muscles se tendent et figent et le froid glacé a envahi tout mon corps. Mes yeux figés vers là-bas.

Je me sens seule dans cette douleur atroce que mon esprit provoque à mon corps.

J’aimerais attraper la main de mon voisin, le serrer fort dans mes bras pour lui partager mon angoisse mais je n’y arrive pas.

Cette attente est si grande.

Déjà six mois que nous avons vu notre existence bouleversée.

Des chuchotements arrivent à mon oreille et mon cœur s’accélère, je regarde autour de moi ne comprenant pas ce qui se passe. Les chuchotements s’intensifient mais je ne vois pas de signal.

Est-ce que ça y est ?

Mon regard se pose dans celui de mon voisin.

Mon interrogation est la même que lui, et que celle de tous.

Y est-on ? Est-ce le moment ?

Je saisis mon bagage posé au sol. Mon ombrelle à l’autre main. Cela fait déjà 4h que nous y sommes et je m’impatiente.

Le froid a laissé place à la chaleur d’un soleil éclatant.

Et si le signal ne venait pas à nous ?

Et si on nous avait oubliés ?

Et si de l’autre côté tout était comme avant ?

Etait-ce une chance d’avoir été débarqués de ce côté-ci et mis dans cette prison dorée ?

Je ne m’étais jamais sentie aussi seule que ces derniers mois, aussi isolée.

J’avance pas à pas parmi cette foule immobile.

Mon instinct désireux de mettre mon corps en mouvement.

Est-ce que je perds la tête ? Le contrôle de moi-même ?

Ou est-ce la bonne décision ?

Vivre et être libre même si ce n’est que quelques instants.

Au début je suis perdue et me heurte dans mon parcours.

Je sens que la foule figée se dresse dans ses battements de cœur, contre moi, contre ma décision de me mettre en mouvement.

Le silence est de mise. Le silence est de mise depuis six mois déjà. Depuis que l’on est venu nous chercher pour nous parquer là.

Ah oui nous n’avons manqué de rien mais interdit le plus important : l’information, la pensée et la parole.

Ça suffit même si c’est pour la dernière fois je veux savoir ce qui m’attend de l’autre côté et même si cela m’en coûte.

Je sors de cette foule et me retrouve au pied de ce magnifique pont et je passe la barrière interdite.

Mon cerveau ne réfléchit pas et je suis déterminée.

Ne pas se retourner et avancer.

Au milieu du pont je prends une grande respiration et finis de le traverser.

Personne à la seconde barrière.

Je me retourne. Je suis seule.

Personne ne m’a suivie.

Je passe cette seconde barrière et quitte cette bulle qui ne m’est plus supportable.

12 novembre 2022.

M’y revoilà, tout est chaos, détruit et anéanti. Mon cœur se serre. Si j’avais su.

 

 


Marie

 

La neige, la neige sur le prunier

en avril ?

Non un duvet d’oiseau

Comme un espoir sur l’avenir

 

Un anneau d’or au doigt

La mariée sort de l’église

 

Le soleil baigne son front

Trop chaud dans l’étang et

Ressort avec à son cou

Un collier de poissons rouges

 

Mon cœur, mon cœur bat trop vite

Comme un oiseau qui veut sortir de sa coquille

Suspendue sur le fil barbelé

L’araignée comme une note de musique. Alléluia

 

Coccinelle sur mon doigt vole

Envole-toi vers ailleurs

Son du cor de chasse au fond des bois

Cachez-vous, biches et renards

 

La lune me sourit cette nuit

Derrière les nuages où vas-tu avec

Ton voile en dentelle ?

Ça ne te regarde pas

 

Le lézard aux yeux d’or grimpe sur le

Lierre du mur d’en face

 

Hirondelles sur mon balcon

Pépiements battements d’ailes

Retour du printemps

 

Il pleut il pleut mais le soleil essuie

Les cheveux et les pieds de sa

Sœur la pluie

 

Mignone bouille rouge du bébé endormi

Sous le tilleul trop tôt parti

 

Une trompette dans la nuit

Les voisins : chasse aux canards

Cerisier avec ses beaux fruits rouges

Quelle chance plein de boucles d’oreille


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Jour de Pâques 2018 – 1er avril

Fête de la résurrection explique notre Pasteur. Poisson dans le dos, les enfants les petits mais aussi les grands trouvent les œufs dans le jardin fleuri dans les haies et au pieds des arbres.

Réunion à 13h repas pris en commun, 13 à table.

Non pas possible. Au dernier moment un voisin bienvenu apporte d’autres boîtes de chocolats.

Super restez avec nous, partagez les œufs et le pain.

Et puis à 16h tous les invités et la famille partent.

Pierre sort : il y a une fuite d’eau au compteur dans les champs.

Pourquoi tu t’inquiètes à cette heure-ci.

Une heure passe. La fuite doit être importante.

Je sors, j’appelle, personne ne répond.

Je cours, j’attends, je reprends ma course.

Je perds mes chaussures dans la boue je m’en fous.

Un corps étendu. J’appelle, pas de réponse.

Pompiers Samu, poussez-vous, poussez-vous.

C’est un joli jour pour partir

Le jour de Pâques.

Tu parles d’un poisson !

 

13.11.2015

Ça commence, ça recommence

Encore.

J’attends trop longtemps.

 

 

 

Maïlys

 

Depuis que je la connais, elle se tient souvent là près de moi

Elle ne se laisse pas trop approcher, c’est comme ça

Mais elle m’écoute sans broncher, sans langue de bois

Si elle fait une bêtise éhontée, je lui pardonne ce trépas

Je suis très attachée, m’en passer je ne pourrais pas

Oui elle est très aimée, en même temps c’est mon chat

 

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Je me suis réveillée ce matin, un bruit inhabituel imprimé dans les oreilles. Comme une petite mélodie très ténue, qui ne me quitte plus. Ça me dit quelque chose, mais où l’ai-je entendue ? Cette nuit j’ai fait des rêves étranges, je voyais des poupées me sourire, de grandes tasses à la main. Elles étaient un peu flippantes, ces marionnettes aux grandes dents. Mais que m’arrive-t-il enfin ? A midi je retrouve ma sœur pour manger. Alors, prête pour l’aventure ? L’aventure ? Ne me dis pas que tu as oublié ?! Je n’ose pas lui dire que je ne vois pas de quoi elle peut bien parler. Vivement que se termine cette si étrange journée.

Sur le trajet du retour, les oiseaux pépient dans les arbres. La mélodie dans mes oreilles revient plus forte encore. Et si j’allais m’acheter une belle robe bleue pour la soirée de samedi ? Ça au moins, je m’en souviens, je m’offre même la permission de minuit. Le magasin est éclairé de fausses chandelles, d’autres rêves de la nuit me reviennent. Des chandelles qui parlent, qui chantent cette mélodie qui ne me quitte toujours pas. Mais pourquoi donc s’accroche-t-elle comme cela ? Non ce n’est pas possible, je deviens folle ! Qu’est-ce que j’ai bien pu oublier ? Mon téléphone sonne. Un sms de ma nièce adorée. J’ai trop hâte pour demain ! Demain ? je lui fais. Ben oui, c’est demain qu’on va à Disney !!! La mélodie se fait soudain plus claire. Nanananana nanananana… C’était donc ça, les poupées, les tasses, les chandelles… Ce soir je pourrai m’endormir sur mes deux oreilles, maintenant je sais que demain, en compagnie de ma nièce, je vais passer la plus magique des journées.