mardi 22 novembre 2022

Atelier d'écriture du 12 novembre 2022

Dans cet atelier, il s'agissait d'écrire des textes… à chute ! 

Voici ce que nous avons imaginé pour étonner les lecteurs.



Rose

 

« Une boîte »

 

J'ai une petite boîte.

Dans cette petite boîte il y a des trop belles....

Oh non mes petites chéries

Où elles sont passées

Mes si belles

Chaussures

 

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« Le gardien du trésor »

 

Il était une fois

Un gros trésor.

Le trésor se trouvait dans une grotte.

Mais à cette époque, personne ne savait où il était.

Sauf le dragon.

Le dragon s'appelait Lave.

Mais un jour un voyageur s'approcha du trésor.

À un moment, le voyageur poussa la pierre qui protégeait le trésor.

Le dragon brûla le voyageur et le trésor fut protégé.

Fin.

 

 

 

Hélène

 

« Je sors ce soir »

 

Je monte l'escalier quatre à quatre

J'aurais dû mettre mes baskets

Mais j'avais pas prévu

C'était pas prévisible

C'est arrivé si vite

Ça m'a fait peur

Encore un bon kilomètre

La place à traverser

Vais-je y arriver

Tourner à droite

Une longue ligne droite

Encore des marches

Et après les graviers

Sans me tordre les pieds

Heureusement

Je ne suis même pas essoufflée

Il faut que je sorte mes clés

Ploc Ploc ploc

Je les avais à l'œil

Tout en filant

Ce ciel noir

Et ce vent violent

Ploc Ploc ploc

Le temps de clancher la porte

Et la trombe d'eau

S'abat comme un rideau

Je suis sauvée

Je sors de chez le coiffeur

Ça a failli être une horreur.

 

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Nicolaï et Domino sont à la terrasse du café.

Des plans, ils en ont déjà tant fomenté.

L'excitation monte.

Lulu leur a donné jusqu'au 13, et c'est demain, pour lui livrer la marchandise.

Domino, ce matin, a trouvé un trèfle à quatre feuilles et Nicolaï est venu avec sa chevalière gravée d'une belle coccinelle.

Rester les pieds sur terre, bien tout calculer, chronométrer, chaque pas va être compté.

Tout est prêt.

OK pour y aller... après être passé à la caisse.

Direction le grand mur d'enceinte à franchir, le parc à traverser sous les grandes futées dont les ombres s'allongent, s'étirent sous cette belle lune ronde.

Les voici à la porte des

de Magny, de Goncourt, de Bellais

Dont le dernier est décédé cet été.

C'était Gaston, copain de boisson de Nicolaï, copain aussi pour les confidences, floues, mais joviales et prometteuses.

Aller, direct au placard sous l'escalier

Où, dans le secrétaire,

Le secret est délicatement ouvert.

Domino arrive à y extraire la petite boîte en bakélite, après mille précautions.

Mais Nicolaï s'impatiente, en tenant la porte entrouverte pour profiter d'un rayon de lune.

Un chat noir surgit avec un miaulement strident, entraînant avec lui tous ses copains, dans un courant d'air qui claque la porte.

Une bonne dizaine de chats hirsutes courent dans les couloirs où Nicolaï, qui siffle Domino, se met à courir lui aussi.

Domino met le coffret dans son sac à dos et ferme cette course folle, à la recherche d'une fenêtre d'où pouvoir sauter pour sortir.

Ça y est, les deux compères montent sur un vieux fauteuil et sautent ensemble.

Plouf !

Dans les douves, les crapauds et herbes folles leur font bon accueil.

Il est minuit.

Les cloches de l'église le disent.

Dégoulinants, il faut à nouveau traverser le parc, escalader le mur et prendre le temps, enfin, de s'asseoir dans un fourré pour ouvrir le coffret, où, stupéfaction,

est bien rangée, pliée en quatre, la photo d'un gros diamant tout brillant, étincelant.

Adieu...

Lulu...

C'est foutu.




Mickaël

 

Il a peur, elle aussi.

Elle se prépare à fuir, il se prépare à combattre

Sans la quitter des yeux, il attrape le manche de son arme

Sans le quitter des yeux, elle prie de toute son âme

Elle tremble, lui aussi

Il se lance à l’assaut, elle se sauve dans un sursaut

Il l’a loupée, elle s’est sauvée, bien trop agile cette araignée

 

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Une course contre le temps des boulets plein les pieds

Ça ne va pas être simple mais on va y arriver

Enfin je crois, j’espère, je n’ai pas la foi mais je prie pour ça

Il va falloir tout changer, perdre nos mauvaises habitudes

Plonger vers l’inconnu, loin de nos certitudes

Tout le monde doit s’y mettre mais beaucoup restent à convaincre

L’ignorance et la peur, c’est elles qu’il nous faut vaincre

Par-delà les frontières l’espoir doit se transmettre

Aux arbres et aux enfants, aux armes pour notre planète.

Plus de suspense, on sait où cela nous mène

A nous de combattre sans armes, sans violence et sans haine.

 

 

 

Camille

 

« Amor »

 

Nous chantions à tue-tête

Nous nous prenions dans les bras

Nous parlions à grandes voix

Nous dansions sur des airs de fête

Nous riions aux éclats

Nous succulions cette belle joie

 

Du creux de cette magie

Je profite de la nuit

Pour t’enlacer

Alors tu me souris

A ton regard je compris

Que tu allais m’embrasser

 

Ainsi notre énergique insomnie

Ne fit plus de bruit

Et les mots nous auraient embarrassés

Chut…

 

 

« A mort »

 

Aurait-on pu mieux déguster

Ces instants plein de vie ?

Qu’on aurait voulu infinis

Ce bonheur dans nos mémoires incruster

Comble le besoin d’une existence assouvie

Tandis que s’écoule toute la nuit

 

Ces élans qui s’émerveillent

Colorent l’urgence avant le grand sommeil

Chut…

 

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Les présages de la cartomancienne me restaient en tête. Sa boule de cristal avait formellement confirmé. J’avais moi-même l’impression maintenant de visualiser clairement ma destinée et ma destination. Bien sûr, si j’en parlais à ma sœur, elle rétorquerait que mes bêtises sortent tout droit d’un conte de fées. J’avais beau essayer de rationaliser, la vue du manoir étincelait dans mon imaginaire, c’était plus fort que moi. Je nourrissais mille scénarios comme pour écumer la liste des possibles et me préparer à toutes les éventualités. Finalement cette période prospère en pensées mais bien stérile en actions dura quelques temps. Comme si je succulais par avance. Comme si je redoutais au fond que la mer emporte mon château de sable avant même que je l’achève. Quand je réalisai que plusieurs semaines s’étaient écoulées, je dus me rendre à l’évidence et questionner, au fond, mes appréhensions. Cette introspection initia un tournant et fut le moteur de ma mise en mouvement. Je bouclai ma valise avec détermination, sans aucun doute. D’habitude, je prépare des listes, et mon intuition sent quand j’oublie quelque chose. Là, j’étais sûre de moi. Je ne dis rien à ma sœur. Il était hors de question qu’elle interfère, me refile son lot de préjugés, de désapprobations, me remplisse d’hésitations. Non, maintenant que je me sentais prête, je m’élancerai sans un avertir personne. J’aurai tout le loisir plus tard de lui raconter. Avec les prophéties de l’oracle de mon côté, je ne me sentais ni seule ni perdue.

J’étais en bonne route et j’avais parcouru le plus gros chemin quand je regardai en arrière, avec une montée d’anxiété irrépressible. Et si… Et si… Et si… Et si jamais… Et si cela… Et si ensuite… Et si ceci… Et si bien que, dans le train lancé à pleine vitesse, j’aurais sauté en marche au péril de ma vie si je m’étais écoutée. Mais l’angoisse qui monte me paralysait, bien plutôt. Je tremblais, les impatiences de mes jambes devenaient bruyantes et incontrôlables. Je commençais à perdre pied (… et jambe !) quand soudain la main de ma voisine se posa délicatement mais fermement sur mon genou. Silencieusement, cette dame au sourire discret et au regard tendre avait trouvé à apaiser la tension interne qui m’avait envahie. Elle n’eut rien besoin de rajouter. Elle resta là, dans ce contact inattendu de proximité physique, en tant qu’étrangère. Et… étrangement, sa présence soutenante me fit l’effet d’une mère calmant son nourrisson en proie aux sensations ingérables par lui-même. Il se sembla qu’elle venait en prolongement de ma diseuse de bonne aventure. Elle m’apparut comme une bonne fée, un ange gardien au cœur de mes tourments. Et dans ce nuage se dissipa ma peur. La scène était digne d’un tour de magie. Quand je cherche à me remémorer ce qui se passa ensuite, j’ai du mal à reconstituer le déroulement. Combien de temps me fixa-t-elle calmement ? Ai-je soutenu son regard longtemps ? Le train entra-t-il en gare rapidement après ? S’éloigna-t-elle vite ? S’ensuit l’image de l’attente sur le seuil de la porte, où je suis happée par la magnifique serre accolée à cette demeure sublime, attendant que le majordome m’ouvre et que je fasse mon premier pas dans ma nouvelle vie.

 

 

 

Laure

 

« Clic »

 

Réveil en sursaut.

Mes yeux encore embués par une nuit magique.

Je rassemble mes idées.

J’essaye de me concentrer.

Quel jour sommes-nous ?

Oh punaise. Ce n’est pas vrai. On y est !

C’est le jour J.

Un des jours les plus importants de ma vie.

Il faut que tout soit parfait.

1h pour se préparer.

Ça va être chaud.

Choisir ma tenue, make-up, me lisser les cheveux…

Ma robe bleue ?

Pff non je pense que Mathilde aura la même.

Ok je mets la verte plissée style vintage.

Mes jolies bottines. Accessoires assortis.

Chaque année c’est la même comédie.

Enfin celle-ci compte beaucoup plus encore.

C’est la dernière.

Faut dire que ce n’est pas rien.

Ça reste à vie ce moment est gravé à tout jamais dans les archives de tous.

On peut même les retrouver sur les réseaux.

Bref, je ne veux pas rater mon coup.

Dernier coup d’œil dans le miroir.

Ok validé.

A côté de qui je serai cette année ?

Episode 17.

Lycée Jean Rostand – Caen.

Dernière année de BTS.

Photo de classe du 18 septembre 2022.

 

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12 novembre 1972

Dans un silence intense la foule retient sous souffle.

Les regards intenses fixés vers l’horizon.

Des regards parfaits embués de larmes prêtes à glisser sur les joues rouges du matin glacé de cette journée particulière.

Des regards plissés pour ne rien rater.

Des regards dans le vide histoire de ne pas imaginer ce qui va se passer.

Des regards perdus dans l’horizon profond, fixés vers ces lumières de l’autre côté de cette étendue aqueuse si imprévisible.

Je suis comme les autres à cet instant, unis avec eux dans l’attente de ce moment particulier.

Mon cœur battant parfois un peu plus fort qu’un élan commun fait que l’on imagine que ça y est.

Qui recevra en premier le message, l’information que nous serons à ce moment, cet instant, ce rendez-vous et que cela engendrera un unisson collectif.

Je sens mes orteils gelés se crisper et s’ancrer dans le sol pavé de cette esplanade.

Mes muscles se tendent et figent et le froid glacé a envahi tout mon corps. Mes yeux figés vers là-bas.

Je me sens seule dans cette douleur atroce que mon esprit provoque à mon corps.

J’aimerais attraper la main de mon voisin, le serrer fort dans mes bras pour lui partager mon angoisse mais je n’y arrive pas.

Cette attente est si grande.

Déjà six mois que nous avons vu notre existence bouleversée.

Des chuchotements arrivent à mon oreille et mon cœur s’accélère, je regarde autour de moi ne comprenant pas ce qui se passe. Les chuchotements s’intensifient mais je ne vois pas de signal.

Est-ce que ça y est ?

Mon regard se pose dans celui de mon voisin.

Mon interrogation est la même que lui, et que celle de tous.

Y est-on ? Est-ce le moment ?

Je saisis mon bagage posé au sol. Mon ombrelle à l’autre main. Cela fait déjà 4h que nous y sommes et je m’impatiente.

Le froid a laissé place à la chaleur d’un soleil éclatant.

Et si le signal ne venait pas à nous ?

Et si on nous avait oubliés ?

Et si de l’autre côté tout était comme avant ?

Etait-ce une chance d’avoir été débarqués de ce côté-ci et mis dans cette prison dorée ?

Je ne m’étais jamais sentie aussi seule que ces derniers mois, aussi isolée.

J’avance pas à pas parmi cette foule immobile.

Mon instinct désireux de mettre mon corps en mouvement.

Est-ce que je perds la tête ? Le contrôle de moi-même ?

Ou est-ce la bonne décision ?

Vivre et être libre même si ce n’est que quelques instants.

Au début je suis perdue et me heurte dans mon parcours.

Je sens que la foule figée se dresse dans ses battements de cœur, contre moi, contre ma décision de me mettre en mouvement.

Le silence est de mise. Le silence est de mise depuis six mois déjà. Depuis que l’on est venu nous chercher pour nous parquer là.

Ah oui nous n’avons manqué de rien mais interdit le plus important : l’information, la pensée et la parole.

Ça suffit même si c’est pour la dernière fois je veux savoir ce qui m’attend de l’autre côté et même si cela m’en coûte.

Je sors de cette foule et me retrouve au pied de ce magnifique pont et je passe la barrière interdite.

Mon cerveau ne réfléchit pas et je suis déterminée.

Ne pas se retourner et avancer.

Au milieu du pont je prends une grande respiration et finis de le traverser.

Personne à la seconde barrière.

Je me retourne. Je suis seule.

Personne ne m’a suivie.

Je passe cette seconde barrière et quitte cette bulle qui ne m’est plus supportable.

12 novembre 2022.

M’y revoilà, tout est chaos, détruit et anéanti. Mon cœur se serre. Si j’avais su.

 

 


Marie

 

La neige, la neige sur le prunier

en avril ?

Non un duvet d’oiseau

Comme un espoir sur l’avenir

 

Un anneau d’or au doigt

La mariée sort de l’église

 

Le soleil baigne son front

Trop chaud dans l’étang et

Ressort avec à son cou

Un collier de poissons rouges

 

Mon cœur, mon cœur bat trop vite

Comme un oiseau qui veut sortir de sa coquille

Suspendue sur le fil barbelé

L’araignée comme une note de musique. Alléluia

 

Coccinelle sur mon doigt vole

Envole-toi vers ailleurs

Son du cor de chasse au fond des bois

Cachez-vous, biches et renards

 

La lune me sourit cette nuit

Derrière les nuages où vas-tu avec

Ton voile en dentelle ?

Ça ne te regarde pas

 

Le lézard aux yeux d’or grimpe sur le

Lierre du mur d’en face

 

Hirondelles sur mon balcon

Pépiements battements d’ailes

Retour du printemps

 

Il pleut il pleut mais le soleil essuie

Les cheveux et les pieds de sa

Sœur la pluie

 

Mignone bouille rouge du bébé endormi

Sous le tilleul trop tôt parti

 

Une trompette dans la nuit

Les voisins : chasse aux canards

Cerisier avec ses beaux fruits rouges

Quelle chance plein de boucles d’oreille


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Jour de Pâques 2018 – 1er avril

Fête de la résurrection explique notre Pasteur. Poisson dans le dos, les enfants les petits mais aussi les grands trouvent les œufs dans le jardin fleuri dans les haies et au pieds des arbres.

Réunion à 13h repas pris en commun, 13 à table.

Non pas possible. Au dernier moment un voisin bienvenu apporte d’autres boîtes de chocolats.

Super restez avec nous, partagez les œufs et le pain.

Et puis à 16h tous les invités et la famille partent.

Pierre sort : il y a une fuite d’eau au compteur dans les champs.

Pourquoi tu t’inquiètes à cette heure-ci.

Une heure passe. La fuite doit être importante.

Je sors, j’appelle, personne ne répond.

Je cours, j’attends, je reprends ma course.

Je perds mes chaussures dans la boue je m’en fous.

Un corps étendu. J’appelle, pas de réponse.

Pompiers Samu, poussez-vous, poussez-vous.

C’est un joli jour pour partir

Le jour de Pâques.

Tu parles d’un poisson !

 

13.11.2015

Ça commence, ça recommence

Encore.

J’attends trop longtemps.

 

 

 

Maïlys

 

Depuis que je la connais, elle se tient souvent là près de moi

Elle ne se laisse pas trop approcher, c’est comme ça

Mais elle m’écoute sans broncher, sans langue de bois

Si elle fait une bêtise éhontée, je lui pardonne ce trépas

Je suis très attachée, m’en passer je ne pourrais pas

Oui elle est très aimée, en même temps c’est mon chat

 

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Je me suis réveillée ce matin, un bruit inhabituel imprimé dans les oreilles. Comme une petite mélodie très ténue, qui ne me quitte plus. Ça me dit quelque chose, mais où l’ai-je entendue ? Cette nuit j’ai fait des rêves étranges, je voyais des poupées me sourire, de grandes tasses à la main. Elles étaient un peu flippantes, ces marionnettes aux grandes dents. Mais que m’arrive-t-il enfin ? A midi je retrouve ma sœur pour manger. Alors, prête pour l’aventure ? L’aventure ? Ne me dis pas que tu as oublié ?! Je n’ose pas lui dire que je ne vois pas de quoi elle peut bien parler. Vivement que se termine cette si étrange journée.

Sur le trajet du retour, les oiseaux pépient dans les arbres. La mélodie dans mes oreilles revient plus forte encore. Et si j’allais m’acheter une belle robe bleue pour la soirée de samedi ? Ça au moins, je m’en souviens, je m’offre même la permission de minuit. Le magasin est éclairé de fausses chandelles, d’autres rêves de la nuit me reviennent. Des chandelles qui parlent, qui chantent cette mélodie qui ne me quitte toujours pas. Mais pourquoi donc s’accroche-t-elle comme cela ? Non ce n’est pas possible, je deviens folle ! Qu’est-ce que j’ai bien pu oublier ? Mon téléphone sonne. Un sms de ma nièce adorée. J’ai trop hâte pour demain ! Demain ? je lui fais. Ben oui, c’est demain qu’on va à Disney !!! La mélodie se fait soudain plus claire. Nanananana nanananana… C’était donc ça, les poupées, les tasses, les chandelles… Ce soir je pourrai m’endormir sur mes deux oreilles, maintenant je sais que demain, en compagnie de ma nièce, je vais passer la plus magique des journées.