mardi 29 novembre 2016

3ème observatoire de lecture d'albums



3ème observatoire de lecture d’albums

Au cours de cet observatoire, nous avons échangé sur des albums  et nous avons beaucoup parlé de nos diverses expériences de lectures avec des publics du tout-petit au résident de la maison de retraite.  

Les livres qui ont été cités :
« Raconte-nous encore une histoire : Pourquoi lire 80 classiques du Père Castor ? »  Nathalie Beau
Ce guide pratique met en avant 80 classiques du Père Castor parmi les plus célèbres, choisis pour leurs qualités et leur apport positif pour les enfants : Michka, Roule galette, Poule rousse, Le petit bonhomme de pain d’épice, Le chaton désobéissant, La petite poule rouge…in Ricochet
cf le site des Amis du père Castor en Limousin http://www.amisduperecastor.fr

« Mais qui a volé le maillot de bain de la maitresse  en maillot de bain » Carole Chaix Aimery Chemin Après la lune jeunesse
Michèle n’est pas rentrée dans l’histoire, mais après lecture au groupe le livre évoque une vieille chansonnette de cours de récréation  
Haut les mains- Peau d'lapin- Haut les pieds- Peau d'gibier- La maîtresse en maillot d'bain !
La nudité, la perception du corps, la pudeur sont abordées dans cet ouvrage. Le graphisme est étonnant. Les pieds des adultes sont énormes, les enfants tout petit.  D’autres lectrices sont tentées… L’aventure est à poursuivre…
Laure dit la fable de La Fontaine Le loup et le chien sans album.
Les structures de phrases sont difficiles, mais c’est un peu l’exercice du livre de Dedieu «  La tirade du nez ». Il faut un peu d’entrainement  pour articuler correctement. En espace jeunesse dans le fonds conte, de très beaux albums illustrées autour des Fables de la Fontaine peuvent vous aider à faire passer ces textes auprès de vos différents publics.
Si vous souhaitez  lire Le loup et le chien, précipitez- vous chez votre buraliste pour acheter le 1 journal hebdomadaire innovant et atypique, sans publicité, la fable est à l’intérieur. 

Anne-Marie présente « Le bébé et l’agneau » de Gustavo Martin Garzo et Elena Odriozola Syros  livre qu’elle a lu, raconté à des publics de Centre de loisirs, en périscolaire et à l’EHPAD.
Livre qui traite de la parentalité, de la différence, de la relation mère-enfant, de la perte mais au sens de la disparition. Un coup de cœur pour Anne-Marie.
Ce livre est un livre repêché dans le désherbage de la Médiathèque. Dans les bibliothèques, les albums qui sont peu lus sont exclus du fonds et sont donnés à des Centres de Loisirs, des écoles… 

“Baboon” Kate Bankset et Georg Hallensleben  Gallimard livre lu par l’Association du Nord de la France Lis avec moi à des publics de crèche- d’école- de prison- de maison de retraite. Les albums ce n’est pas que pour les enfants. Est-ce qu’on infantilise les adultes quand on leur lit un album ?
Dominique évoque son idée de proposer aux enfants une promenade dans les photographies de Doisneau. 

Annie présente  « Méli-mélo de mots » de Valérie Yagoubi et Agnès Audras au Seuil Jeunesse. Un livre pour respirer entre deux lectures d’histoires, pour jouer avec les mots, pour promener les enfants dans un univers graphique différent. 

Bernadette nous fait la lecture d’ « Itak et la baleine » illustrations Géraldine Kosiak ; conte de Bernard Chèze. Seuil jeunesse. Un livre « kamishibaï », un volet se rabat à l’arrière du livre avec le texte à lire par le lecteur, qui fait défiler une par une les illustrations. La collection s’appelle Petit Conte du tapis, à explorer pour les lectures futures. 

Annick nous présente Poisson chat de Thierry Dedieu au Seuil. Annie l’avait aussi dans ses choix. C’est un livre sans texte pour les tout-petits.  Annick le commente- Annie tourne les pages  simplement et les enfants commentent.  Deux façons de faire, à chaque lecteur de tenter l’expérience et de rapporter au groupe son vécu. 

Bernadette conclut  avec  « Le vélo de Jo » Raphaël Fejtö Ecole des loisirs. Gilles fait un parallèle avec « Alboum » de Christian Bruel aux éditions Etre. Des personnages s’entassent jusqu’à la chute.  

  Remarques diverses
Nous avons tous des réceptions différentes d’un même texte.
Quand on lit, notre visage est un vrai théâtre pour l’enfant.
Pour lire nous avons tous besoin d’une zone de confort avec des livres « familiers ». La notion de prise de risque n’est pas évidente.
Quand on intervient dans le cadre de Lire et Faire Lire, doit-on lire en tenant compte du projet éducatif (quand c’est possible) ou doit-on apporter un grand bol d’air aux enfants en faisant une intervention dénuée de tout ce qui est scolaire ? Les avis sont partagés.  

Les lectrices Lire et Faire Lire ont commencé les lectures après les vacances de Toussaint. Les enfants qui viennent aux lectures sur les temps périscolaires sont parfois en surtension. Chantal s’est essayée à un slam sur les comptines du bord de mer. Stéphane conseille les techniques utilisées par les enseignants : jeu du silence- petite musique. Bernadette chante.

 Annie utilise « C'est un livre » De Lane Smith chez Gallimard « C'est un Livre » répond pour Annie au besoin d'établir un "rituel" d'entrée en lecture, c'est un tout petit peu différent du retour au calme, c'est une porte complice qu'on ouvre ensemble...

Extrait :« – Qu'est–ce que c'est que ça? – C'est un livre.– Comment on fait défiler le texte?
– On ne peut pas. Il faut tourner les pages. C'est un livre.
– On peut s'en servir pour chatter?– Non, c'est un livre.
– Ça envoie des textos? Ça va sur Twitter? Ça marche en wi–fi?
– Non... C'est un livre.»

 Gilles propose d’offrir à tous les bénévoles le livre « Calme et attentif comme une grenouille : la méditation pour les enfants... avec leurs parents / Eline Snel, Christophe André édition Arènes. Un livre qui donne des pistes pour décontracter les enfants avant de passer à la lecture.

Le prochain observatoire est le vendredi 20 janvier 9h30-17h

L’association Lire et Faire Lire invite Christian Bruel. Jean-Pierre Clet président de lire et faire lire et Gilles Moreau seront présents sur cette journée.

Christian Bruel est éditeur (Le sourire qui mord- Editions Etre), écrivain, concepteur d’albums, commissaire d’expositions, auteur d’études critiques, et formateur en littérature de jeunesse (cours, conférences, séminaires).
Les lecteurs et lectrices sont invités à lire Christian Bruel. Les livres sont disponibles à la Médiathèque.
Christian Bruel  considèrent les enfants comme des lecteurs à part entière méritant des points de vue non-altérés sur le monde.       
           
Contenu de son intervention
Perchés sur les épaules des albums
Les albums ne sont pas des miroirs mais des mondes projetés. Tous proposent un point de vue. Et quand l'un d'entre eux avance des idées ou de représentations qui contrarient plus ou moins explicitement telle ou telle conception consensuelle de l'existence (et de l'enfance perçue comme essentiellement homogène et vulnérable), il encourt le risque d'être retranché de l'espace public. La richesse des questionnements, les horizons nouveaux, le travail de la langue, l'entrelacs fécond du texte et des images ne comptent alors pour rien quand le souci d'éviter le trouble et les vagues l'emporte.
D'où certaines frilosités, tant du côté de la production que des diverses médiations.
Lors de cette journée, nous examinerons ensemble quelques lignes de force de la production en mettant en lumière les albums « phares » qui la jalonnent.
On n'est jamais trop petit pour entrer dans un album ni déjà trop grand pour n'en avoir plus besoin. Et pour se raconter un tant soit peu à soi-même, quel que soit son âge, certains albums sont assurément  indispensables. - Christian Bruel -











dimanche 13 novembre 2016

Atelier d'écriture du 8 octobre 2016

En amont de la conférence de Philippe Lejeune et Véronique Leroux-Hugon Ecrire sa vie, les participants seront invités à écrire sur les journaux intimes.




........ JOURNAL INTIME ...... 

Dans le vieux secrétaire
Dans la grande cuisine de ma mère
Derrière des tas de coupons de versement
Des allocations familiales pour nous les enfants 
Un carnet
Noir épais
Enfumé
Secret 
L'écriture appliquée
De pleins et de déliés 
Marie-Louise dans sa vie de tous les jours
Au jour le jour
Jeune esseulée sans son Pierre
Parti pour la grande guerre 
Les travaux de la ferme
Au fil des saisons
Et puis l'arrivée du petit Pierre
Seule mais si fière 
La fatigue les durs hivers
Labeurs peurs et quelques douceurs
Résignation
Vie à tâtons 
H

Du temps de son activité mon parrain était un grand homme d’affaires. D’ailleurs il est grand tout-court ! Il voyageait beaucoup dans le monde entier et nous rapportait toujours un petit cadeau typique du pays où il avait été.
Cette fois-ci il passait la semaine en Angleterre. Pas très intéressant au niveau exotique comme pays. Surtout pour la bande d’adolescents que nous étions. Le petit cadeau de retour excitait moins notre curiosité. D’ailleurs, y aurait-il un petit cadeau ?
Le soir du retour, le rituel fut respecté. Tous les enfants, du plus grand au plus petit se sont réunions autour de Parrain assis dans le canapé. La grande besace à petits cadeaux était bien là. Le rituel fut appliqué : d’abord les petits. Puis les moyens. Puis les grands. Je faisais déjà partie des grands.
Quand notre tour arriva, Parain sortit de la besace quatre paquets absolument identiques. Chacun des quatre grands en reçu un. Nous étions surpris. D’habitude les cadeaux étaient personnalisés.
Nous avons ouvert nos paquets avec quand même un brin de suspicion. Que pouvait-il venir de sympa d’Angleterre ?
Lorsque je découvris le petit cadeau je fus très perplexe. Un livre, à la couverture très rigide mais en tissu jaune pâle. Le titre : « Nothing Book ». Le livre RIEN !
???
Quand on ouvre le livre, des pages blanches. Même pas des pages avec des lignes.
Je jette un regard à droite et à gauche et remarque les réactions des autres grands.
Soudain, Juliette déclare, hyper enthousiaste : « c’est génial. Parrain, écris-moi quelque chose dans mon « Nothing Book » » Et elle a demandé à chacun de faire de même.
Nous avons tous imité sa démarche.
Depuis, j’ai toujours un « Nothing Book ». J’en suis au septième.
Et je demande à chacun de mes visiteurs d’écrire dans ce « Nothing Book ». Je l’emporte avec moi à chaque vacances pour qu’il soit complété par les gens rencontrés.
Que de merveilles de poésie, de dessins, de caricatures, d’amitié dans ces pages blanches des « Nothing Books »
E

Pour sûr, il était vraiment très joli, ce carnet.
Noir, couverture rigide, petite serrure avec petit cadenas en forme de cœur, pages sépia à réglures violettes.Cadeau de Noël de ma tante Luce.

Il donnait envie de s'y mettre tout de suite, de quitter immédiatement l'assemblée familiale réunie autour du sapin, des guirlandes et autres décorations de Noël fabriquées par des enfants chinois de six ans pour célébrer la fraternité et la paix dans le monde.
J'étais motivée, j'allais le commencer sans attendre, ce journal intime.
Donc : 25 décembre 1977... Quelle est la formule habituelle ? Ah oui... « Cher petit journal ».
Cher. Combien la tante Luce, connue pour sa radinerie, avait-elle investi dans ce carnet ? Il y avait de quoi douter.
Petit. Ça oui, il était petit. Forcément, elle n'avait pas choisi le grand modèle, la tante Luce.
Et ensuite, quoi mettre, sur ces réglures violettes, somme toute assez moches, vraiment ringardes sur ce papier jaunâtre ? J'attendrais la fin de la journée, j'aurais sûrement plus de choses à dire...

Je l'ai ressorti il y a quinze jours, du fond d'une caisse de vieux vêtements. Ce qu'il y avait dedans ?
« 25 décembre 1977, cher petit journal »... puis rien. Rien que les taches qu'avaient faites les réglures violettes en déteignant sur le papier moisi.
Décidément, Tante Luce n'avait pas choisi la qualité.
Et ma vie, soit je la vivais, soit je la racontais. J'avais fait mon choix.
D


Mon journal.
Un mois, puis deux semaines, deux mois, puis trois semaines. Je ne vais pas me le cacher, mais certains jours nous font plus vibrer  que d’autres, certains jours sont plus lumineux, plus solaires, plus magiques.
Des toiles d’araignée se font et se défont, mais il y aura toujours un moment où ma main le saisira, le secouera et l’ouvrira, afin de permettre à mes doigts de tracer quelques lignes importantes, lumineuses, solaires, magiques.
A

Aie Aie Aie
Dilemme du jour, en cahier contenant des secrets est en train de me faire de l’œil. Ai-je le droit. Est-ce que je vais vraiment découvrir quelque chose, après tout si elle n’avait pas voulu que je le lise, elle l’aurait sans nul doute cadenassé et ou encore caché. Alors que là, il m’attend les bras ouverts presque qu’avec la dernière page noircie pour m’initier à continuer. Malgré mes scrupules la tentation est trop forte, je ne peux résister et comme ce n’est pas non plus totalement autorisé me voici aux aguets très attentive au moindre grincement de parquet qui saura me  prévenir en cas de retour de l’auteur ou de ces congénères car personne ne doit savoir que désormais je suis au courant des petits secrets.
Par où vais-je commencer ? Je lis en diagonale la dernière page celle qui s’était invitée à venir la découvrir, je ne sais pas de combien de temps je dispose, j’ai bien envie de reprendre l’histoire depuis le début ou plutôt aux premières pages de cet ouvrage qui elles sont déjà la suite de nombreuses autres, ou bien cibler d’avantage, il faut que je fasse travailler ma mémoire, quel était donc ce jour où nous nous étions fâchés, où j’avais eu envie d’être la petite souris, serais un des personnage ?
Après plusieurs fausses alertes du vent, de la pluie bref de la tempête, cette fois il semblerait que je sois contrainte à repartir mon enquête et immersion dans l’intime à la prochaine escapade de son auteur
D

Sur une idée de Sylvain Ebon, de l’Abbé Nédictine, dans les décors de Paul Ricard, qui rit jaune avec le Père Nod.
A mon arrivée en Italie,
 j’ai fait des gammes à Bergame.
Je rêvais d’en faire à Birmingham, game, game, game
Puis j’ai bu beaucoup de rhum, à Rome, Rome, Rome, Rome
J’étais évidemment complétement rond, rond, rond
Je me suis alors fait un tour de rein à Turin, rin, rin, rin
Du coup, j’ai eu affaire à la médecine à Messine, cine, cine, cine
Puis j’ai fait la sieste à Trieste, ieste, ieste, ieste
Une fois rétabli, j’ai porté un toast, à Aoste oste, oste oste
Ah moi, faut pas m’en raconter
J’aime le vin, l’apéro et l’orangeade, geade, geade geade
Moi, l’alcool nomade qui ne peut boire de la limonade, nade, nade
Je suis alors parti en Grèce, boire de l’ouzo
Il faut dire que boire de l’Ouzo ça ouse beaucoup la …
Puis au Port du Pirée, j’en ai bu du pire et du meilleur
J’ai alors bu du vin fou à Corfou
J’y suis devenu alors complétement fou, fou, fou
C’est là qu’on a perdu ma Thrace, en Thrace, trace, trace
Ah moi faut pas m’en raconter
J’aime…
….
Puis je suis allé en Allemagne
Je me suis réveillé dans un wagon à Constance
D’une mauvaise humeur de circonstance, la, la, la
Ah moi , en Bavière, j’en ai bavé, hiert, hier, hier
Car j’ai trop bu de bière à Munich, hic, hic, hic
Puis le hic, c’est que j’étais bourré à Strasbourg
Avant d’être passé à Offenburg, à Kehl, là, quelle aventure. La bière et sa mousse m’étaient montées … à la tête. … loin de la mise en bière.
En Allemagne, j’ai fait un détour par la Pologne
J’ai alors craqué, avant d’aller à Cracovie
J’ai donc bu un verre d’eau de vie à Varsovie
J’en ai marre de l’eau de vie
Comme cette vie me tuait, j’ai plongé dans La Vistule
En effet, la vie d’alcoolo dépendant tue, comme on …. Hypo, pypo, hypothermie oblige !!!
Puis je suis revenu à la Frontière Allemande
Enfin, je suis arrivé en France, en tant qu’alcoolo européen transfrontière, je suis passé à Colmar
J’en avais marre, je me suis retrouvé dans le coltard, tard, tard, tard. J’avais peur de la mise en bière. J’avais la pression sion, sion, sion
Ah moi faut pas m’en raconter
J’aime le vin…………..
Puis j’ai fait une halte à Altkirch où j’ai bu du kirch. Dès l’aube à Troyes, je suis parti avec mes deux acolytes vers Montard où j’ai été viré de mon bar préféré par mon barman préféré. Je me suis alors dirigé vers Avallon, où nous avalons ces Montrachet ou ce Viré-clissé près de Macon, vin fleuri à souhait. Puis j’ai bu un dijo à Dijon.
J’ai pris un vin de Beaune où j’en tenais déjà une bonne. J’ai  suivi la route du vin louant ce breuvage à Louhans. J’ai été pris près de Lyon, boire un petit beaujolais, lais, lais, lais, non, beau, beau, beau avec sa robe pourpre, dans un bouchon lyonnais, nais, nais, nais
Excité comme un fauve par l’alcool, cool, cool, cool
Je me suis alors dirigé vers Montélimar où j’ai vu monter mon alcoolémie, mie, mie, mie
A force de marcher, j’avais mal aux nougats, ga, ga, ga comme Lady Gaga
J’ai bu ensuite une orangeade, à Orange comme me le préconisait une amie Jade, Jade, Jade
A Avignon, j’y ai dansé en rond, rond, rond sur son fameux pont d’Avignon gnon gnon gnon
Je suis alors passé à Nice, boire un apéritif anisé très corcé déjà ; je prenais ensuite le bac pour la Corse. J’ai repris le bateau vers Marseille, chercher de l’oseille. Avec l’oseille, je suis allé à Porqueu… où j’y ai bu un peu trop d’alcool, comme Hier à Hyères, où j’ai pu un peu trop de bière. Porque tant d’alcool me direz-vous avec justesse ? Porque l’alcool dont je raffole, j’en suis le porte-parole. Puis cap vers Nîmes où tout s’arrime où je m’égare autour des arènes, me perdant entre les arcades, mon cœur battant la chamade, derrière ces colonnades, où je bus en enfilade quelques limonades en guise de sevrage où je ne sais plus mon âge, dans cette divagation autour de la maison carrée, où je tourne en rond comme un hérétique contre lequel la société sobre jette l’opprobre.
Puis direction Mende, Clermont Ferrant puis Montluçon où j’ai bu un Saint Pourçain, ….pour cent terroirs Bourbonnais sur un petit territoire très sain pour ça. Je me suis alors dirigé vers Vichy, où il faut allier eau pétillante et vin au terme de ce voyage, puis j’ai mangé un pâté de pomme-de-terre, à tomber parterre comme on dit.
Ah moi faut pas m’en raconter………….
Puis je suis remonté à Paris en train quand Paris m’a pris doucement dans ses bras. Dans un train Paris Caen, j’y ai bu un thé à la menthe, je suis alors arrivé à Saint Malo, où j’avais mal au foie ma foi. J’ai continué mon périple à Brest, où ma voiture est tombée en rade, puis j’ai perdu la boussole à Paimpol avec une paimpolaise. Je suis alors rentré par Rennes pour que rien ne traine, j’y ai dépensé mes étrennes, j’y ai englouti une bouteille de chou-chen, avant que je n’en avale une autre à Laval. En Mayenne, la, la, la, la. Là, j’ai suivi la flèche afin de boire quelque Saumur. Puis pour me réchauffer à Cholet j’ai bu un bon lait chaud, puis près d’Angers, où un loir par la suite, là, là, là.
Ah moi, faut pas m’en raconter

J’ai découvert un jour dans mon grenier
Les péripéties de la vie de mon grand-père
Il vivait retiré dans la campagne andalouse
Où il s’y était réfugié
Avec ses enfants, il tenait une ferme et employait quelques journaliers retenus au jour le jour pour ramasser quelques pois-chiches, olives, du côté de Romda.
A cette époque-là, il vivait chichement mais était heureux, l’éducation était rigoureuse. Le fouet était de sortie à des moments exceptionnels et l’instituteur se déplaçait à la ferme de temps en temps, d’après mon père.
M

Les vaches
Le vent au saut des trois frontières dévalait les pentes et l’aurore éveillait le vallon de lueurs primitives. Ses flans anticlinaux anticipaient le futur mais le temps pour nous s’est arrêté. La paire dans sa corolle close a recueilli nos vies et l’herbe obstinée où nous plongeons nos visages quand la chaleur bruissait de soleil, filtrait la fuite des nuages. L’alouette invisible vrillait une note haute et l’herbe encore en ondes vagues berçait nos cœurs émerveillés.
Leurs battements ont comme le rythme des saisons.
Tissage d’argent flou les fils de la vierge dans leur lente dérive. Ont desserré leurs liens, nos ivresses ne sont plus qu’herbes fanées, subsistant nos souvenirs écrus et nos cœurs rassasiés. L’automne est venu. Dans la houle de ses brumes on ne voyait plus rien et tout se confondait comme une mémoire perdue.
Les bêtes reposaient. Seul un souffle puissant, un rauque préhistorique manifestait la vie.
Puis le vent à nouveau bondissait et les charmilles d’antan en torches brandies oscillaient d’or le rideau d’ombres des bois. La buse tourne sans fin et raille le ciel d’un cri net. Le temps s’en est all, déjà s’efface nos cœurs déracinés.
B

Journal intime: Combien en ai-je commencé? Il me faudrait fouiller les placards de mes successives résidences pour retrouver feuilles éparses, carnets entamés et non finis! Dilettante peut-être? Manque de constance surement. Il est difficile de matérialiser, de figer à l'encre et au papier ses pensées et ressentis: Est-ce un peu mourir? Etre dans l'ici et maintenant? Arrêter son mouvement, analyser, mettre en mots et fatalement restreindre ses sensations. Et puis se livrer totalement nécessite la certitude de ne pas être jugé, de ne pas être trahi par le support réceptacle: Que son trésor ne soit pas pillé par des regards impies! De même qu'il me parait difficile car irrespectueux de lire le journal intime d'autrui sans son accord.
Journal intime, confident, ami muet: Faudrait-il le confier aux flammes pour le réduire au silence éternel? Enfer ou paradis?
D

N
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C
S
C
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mercredi 2 novembre 2016

Confession d'un usager

Un usager de la médiathèque vient de nous laisser ce commentaire sur notre page Facebook. Il livre ses sentiments sur notre établissement et les bibliothèques en général. Afin que son texte conserve une visibilité, nous l'avons, avec son autorisation, déplacé sur ce blog.


"Vous l'ai-je déjà dit ? Je ne sais plus. La mémoire me fait défaut parfois. J'en ai beaucoup, beaucoup, mais alors beaucoup fréquenté de bibliothèques et médiathèques en tous genres, à défaut d'avoir pu réussir un de ces putains de concours à la con pour y travailler. Dans une autre vie, peut-être.



Celle de Lisieux est sans conteste une de mes préférés. Et je crois qu'elle le fût également pour mes fils, comme un refuge, comme un ultime espoir, comme une manière de poursuivre nos vies implosées en vol après ma répudiation, lorsque j'ai choisi cet exil stupide, afin de les accompagner. J'aime la médiathèque de part son architecture d'abord. J'adore sa structure avec sa couleur verte, tout en verre, à moitié enfoncée dans le sol, avec les traces de notre passé commun (la voie romaine). Et puis j'aime sa taille, la répartition des différentes, salles, pôles : accu
eil presse expo, jeunesse, multimédia, salle de lecture, livres, CD, DVD. J'aime sa petitesse. Elle me renvoie à celle de la rue de La Borderie, tout là-bas chez moi, au pays bleu, où j'ai travaillé plusieurs fois de suite du temps de ma jeunesse, où j'ai rencontré mon vieux camarade Rémy ("parce que c'était lui, parce que c'était moi"), où moi et les garçons nous lisions, nous empruntions, nous chérissions ce moment de partage des lectures que nous avons retrouvé dans cet établissement à Lisieux.

Mais le temps passe et fait son œuvre impitoyable. Les garçons sont grand maintenant, après Breteville/Odon ils sont d'abord partis vers la capitale avec leur mère, conjoint, frère et puis maintenant vers d'autres aventures. J'ai coutume de dire que la plupart de nos compatriotes lorsqu'ils louent ou achètent un logement ils cherchent où sont situés les commerces de proximité, moi je regarde où est la médiathèque la plus proche. Bien sûr, j'ai la chance inouïe d'aimer lire et je mesure chaque jour que Dieu fait le bonheur dont je bénéficie. Ce que j'aime par dessus tout, c'est m'installer dans la salle de lectures et lire. Car c'est là, dans ce silence que je fais taire mes angoisses, c'est là précisément avec juste le bruit des pages que les lecteurs tournent et le feulement de leurs vêtements lorsqu'ils se déplacent que je me ressource, que je redeviens moi-même.

Et je redoute comme la peste les changements à venir..."