mercredi 21 janvier 2009

Marquet a le vent en poupe

Marquet au musée Malraux du Havre jusqu'au dimanche 25 janvier : il est encore temps d'y voir 9 de ses huiles dans l'exposition Sur les quais, de Boudin à Marquet qui partira ensuite pour Bordeaux, port de prédilection du peintre ;
Marquet au musée national de la Marine à Paris, au pied de la tour Eiffel : empruntons ses Itinéraires maritimes, jusqu'au 2 février.

Place du Trocadéro, musée de la Marine : j'ai éprouvé une sérieuse crainte en traversant des salles emplies de figures de proue monumentales et d'embarcations royales dorées à l'or avant d'arriver à "la gal'rie tout au fond", réduite (ouf !) pour la circonstance pour mieux dévoiler l'intimité des peintures d'Albert Marquet (1875-1947). Tant mieux, car il pratiquait le format modeste.

L'entrée en matière est immédiate, et réussie : la présentation des premiers tableaux sur une cursive arrondie nous donne de la perspective, et on sent tout de suite qu'on va se régaler. En réalité, l'exposition a l'air d'avoir été conçue dans un espace en colimaçon : on commence par une vue assez généreuse des 77 peintures de ports, plages, grèves, estuaires et autres quais. Chaque cartel indique l'endroit où Marquet a posé son chevalet, de Stockholm aux bords du Danube, en passant par les côtes vendéennes et méditerranéennes.

Sa femme Marthe, qui a écrit sa biographie, raconte qu'il voyageait six mois par an, avec pour seule exigence de trouver une chambre avec "fenêtre sur port", qui lui donnait un premier cadre indissociable de ce qu'il se voyait peindre. Cette manière de faire lui valut le sarcasme d'être considéré comme "un peintre qui avait beaucoup voyagé mais qui n'avait rien vu".

Ocres et gris des ports nordiques, pluies, fumées et brumes (ah ! le Port de Rouen et son effet scotchant quand on prend du recul...) et puis toutes les teintes ensoleillées des ports du sud et les violets de la lagune de Venise, et souvent ces coups de pinceau noirs pour mettre en lumière des mâtures, un bord de quai, des silhouettes, des esquisses.
Et enfin, au coeur du colimaçon, dans la riche salle des dessins et aquarelles, je me suis surprise à observer une barque sur une eau d'un vert improbable, pour ne pas dire impossible, et de voir tout à coup la surface de l'eau... frissonner !

PS : Il a bien fallu en sortir, de cette gourmandise ! Réimmersion directe dans le gigantesque encyclopédique des salles adjacentes. Entre deux vitrines regorgeant de maquettes de sous-marins, frégates militaires, torpilles, torpilleurs et filets anti-torpilles, j'ai eu le soulagement d'entendre une femme dire à son amoureux planté devant une maquette éclatée : "Tu sais... Je ne suis pas sûre que ce soit un truc de nana !"

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