mardi 20 avril 2010

Peste

En ces temps de pandémies, d'épidémies et de nuages de cendres, et d'autres calamités à venir.... peut-être n'est-il pas inopportun de relire un petit opuscule rédigé en 1658 par un chirurgien lexovien : Discours sommaire et méthodique de la cure et préservation de la peste utile à toutes sortes de personnes recueilly par Marin Hamel, Maistre Chirurgien juré, exerçant & residant à Lysieux.- A Rouen : [s.n.], MDCLVIII [1658].- [8]-75 p. ; 14 cm.

Extrait :

« Lors sans differer vous estant mis bien avec Dieu, faut dés le premier & moindre signe qui paraît, & dans les douze heures ou les vingt-quatre precisément, prendre & avaler une dose de nos preservatifs qui sont sudorifiques, au dessous de dix ans la moitié, & aux petits enfans le quart, vous promener un peu dans la chambre, apres vous coucher bien chaudement, süer une heure ou deux sans dormir, & si le mal est rebelle, ou si vous revomissez le remede, reïterer en plus petite quantité jusques à trois fois, puis estant bien desseiché, prendre du linge blanc, changer ou parfumer vos habits, (ainsi que je le diray cy-après) & ayant pris une rôtie un peu esteincte ou un boüillon, vous serez, par la grace de Dieu, hors de peril dés l'heure mesme, ayant esteinct l'estincelle avant l'embrasement. Mais qui manquera d'assener bien à temps ce premier coup, sera en grande risque puis apres : Et c'est pourquoy il ne faut pas se fier ny amuser icy à ces galimatias & receptes qui n'ont rien d'alexitere, & ne sont composées que de Clou de Gyrofle, de Poivre, Gingembre, Genevre, & semblables concassez, qu'un tas de Charlatans empyriques ignorans, Pestes eux-mesmes & heretiques en faict de Medecine, qui sont en ce pays-cy en grande vogue de toutes conditions, ont pris dans quelque bouquin de Livre, & les distribuent aux Dupes pour des Secrets qu'ils vantent estre bien experimentez, où ils n'oseroient, toutesfois se confier eux-mesmes, ou c'est à leur détriment, ainsi qu'il arriva à un malheureux homme de Cormeilles, en l'an 1650. lequel voulant aller au danger, & usant de semblables remedes, s'eschauffa & desseicha tant le cerveau qu'il en devint phrenetique, & enfin alla se pendre à un arbre : Un autre voulant en vendre par avidité de gaigner, au mesme an devint fol à courir les rües par la violence d'un semblable remede. Le Curé de N. Dame d'Aunay, prés le Bourg du Sap, se confiant en semblables fatras ; & se voulant mesler de parfumer & éventer des maisons pestiferées à Orbec, y mourut de la Peste, & fist perir miserablement avec luy douze de ses amis, & tous ses domestiques quant à quant en 1651. Un certain Prestre de S. Jaques de Lysieux, & le Curé du Doux-Marest, qui est tres-ignorant & ridicule en nôtre Art, abusoient encor le peuple, à qui ils donnoient une décoction de Scabieuse, de Morsus diaboli, de SURELLE, & autres Herbes où ils dissoudoient de la Theriaque, pour un remede fort assuré. Le sieur Mabire, Chapelain des Pestiferez de cette ville de Lisieux, en a sa santé alterée pour sa vie...»

Ce document sera disponible dès le 1er mai au rayon normand de la Bibliothèque électronique de Lisieux. Prenez date !

P.S : Grand merci à Sylvain Pinon, notre stagiaire et étudiant en Master 2 Édition et mémoire des textes, d'avoir bien voulu relire et corriger notre saisie fautive.

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