mardi 23 mars 2010

Un DVD à la médiathèque : Chomsky & Compagnie

Dans ce reportage, le journaliste Daniel Mermet part à la rencontre de l’intellectuel américain Noam Chomsky et de quelques-uns de ses disciples. Son but : leur demander comment le pouvoir ou les médias fabriquent notre opinion. Amateurs de politiquement-correct, s’abstenir d’emprunter ce documentaire.

Ce DVD est un médicament, une thérapie. Il vous désintoxique. Pas de l’alcool, ni des drogues et autres toxicomanies. Mais des discours politiques, des publicités, des articles de presse, des émissions de télévision…

On vous ment, on vous manipule, on complote derrière votre dos. L’élite politique, médiatique et économique vous mène par le bout du nez. La rengaine est connue. Moins la façon d’opérer. Comment les hommes politiques arrivent à vous convaincre du bien-fondé d’une décision politique ? Comment une entreprise vous persuade que ses produits sont inoffensifs ? Bref comment arrive-t-on à obtenir votre consentement ? Et ce sans utiliser de pressions. Car, dans une démocratie, la fabrique de l’opinion est souvent indolore. On ne se rend pas compte qu’on est manipulé.

Dans cette cure vidéo, le médecin s’appelle Noam Chomsky. Cet intellectuel américain est linguiste (bof) mais aussi un brillant esprit qui a réfléchi sur le pouvoir (super !). Disons-le tout de suite, l’homme n’a pas bonne presse dans intelligentsia française. Premier problème : il est de gauche, mais vraiment à gauche. Une sorte de rouge foncé. Deuxième problème : il traîne deux casseroles dans sa carrière (une préface d’un livre de Faurisson et un livre qui excusait les massacres de Pol-Pot au Cambodge). Pas de quoi faire une batterie de cuisine mais suffisant pour troubler l’image du personnage. Troisième problème (mais seulement pour notre philosophe Alain Finkielkraut) : il est populaire (prononcez « populaire » d’une manière dédaigneuse, c’est-à-dire en crachant les premières lettres : « peuphh-ulaire », répétez, « peuphhh-ulaire ». Puis, éventuellement, essuyez les postillons projetés sur votre écran d’ordinateur).

Il est vrai que les intellectuels goûtent peu les thèses de Chomsky. L’Américain les égratigne sérieusement en les considérant comme les gens les plus endoctrinés de la société. Il ne pense pas mieux des médias, coupables moins de collusion avec le pouvoir politique et économique, que de conformisme.

Sans dévoiler le contenu et les arguments développés dans ce documentaire, disons qu’il encourage une analyse critique de tout ce que nous voyons ou entendons à la télévision, dans les journaux. Il invite même à une autocritique de nos mécanismes de pensées. Nos discours et nos opinions sont-ils le fruit d’une réflexion personnelle ou la simple intériorisation de l’idéologie ambiante ? Au final, le conseil de l’écrivain Eric-Emmanuel Schmitt prend tout son sens : « ne jamais croire ce qu’on est disposé à croire ».

Portrait de Noam Chomsky tiré de Wikimedia Commons.

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