vendredi 6 juillet 2007

Petites coupures

L'Inventrice du « camembert »
La Fermière Marie Harel

Notre érudit confrère, Georges Dubosc, a consacré à l'inventrice du « Camembert » une intéressante étude dans le Journal de Rouen. Nous la reproduisons ci-dessous :

On va rendre prochainement un hommage solennel au « camembert », prince des fromages normands, autour duquel s'était engagé, il y a quelques années, une guerre passionnée

Son nom, comme celui du « Calvados », était alors un véritable brandon de discorde. A côté du « camembert », fabriqué avec un art savant, raffiné d'après des rites traditionnels observés avec rigueur, il s'était créé des « camembert » qui usurpaient les noms et les qualités du vrai camembert. Il se tint même alors pour régler la délimitation du « camembert » et, fixer les limites de sa fabrication, un grand concile... fromager, à Vimoutiers, où M. de Resbecq, de Lisieux, défendit la cause du « camembert » normand, devenu la proie des imitateurs...

D'où vient donc le terme de « camembert » pour désigner ce fromage exquis ? D'une petite commune, Camembert, située sur la Viette, une riviérette affluente de la Vie, à trois kilomètres de Vimoutiers, dans l'arrondissement d'Argentan, dans l'Orne. Déjà, au temps où Thomas Corneille écrivait son Dictionnaire géographique de la France, au mot : Vimoutiers il citait les fromage de Camembert, comme fort estimés.

Qui inventa le « camembert » ? Il sied de signaler Mme Harel, qui habitait à Camembert même et, à laquelle, ainsi que nous l'avons annoncé, on va élever à Vimoutiers,un monument commémoratif, qui sera inauguré au printemps de 1927. La première, en effet, cette brave fermière normande a amélioré ce bon « fromage au lait, qui, ainsi que le dit la chanson est du pays de celle qui l’a fait ». Elle se nommait Marie Fontaine, femme Harel, née en 1761, exploitant, en 1791, avec son mari, une ferme à Camembert. Mme Harel, pour la première fois, y prépara son fromage, que Maître Harel, son mari, commença à vendre sur place, puis tous les jours de marché, à Argentan. Comme il se vendait fort bien, il en établit, en 1798, un dépôt en cette même ville, chez une dame Trouvé, marchande de comestibles, rue de l’Horloge.

Par la famille Paynel, la fabrication du « camembert » s'introduisit dans tout le Calvados : Paynel aîné, à Grandchamp ; Cyrille Paynel, à Mesnil-Mauger ; Victor Paynel, à Champosoult, dans l'Orne, comme nous l'avons indique, et Julie Lebret, femme Paynel, à Mézidon. A Caen, la, maison Paynel créa aussi un dépôt chez Mme Calenge, rue de la Monnaie. D'autre part, Mme Maurice Delessart, qui était la filleule de Mme Paynel et avait été élevée avec tous ses enfants, eut aussi sa part,.. du fromage. C'est par elle que la fabrication du « camembert » s'introduisit encore dans le Calvados, à Darnétal et à Mesnil-Mauger.

En dehors des villages voisins de Camembert et de Vimoutiers, Le Renouard et Ticheville, on a imité, copié le « camembert » dans bien d'autres endroits, en dehors même de la Normandie : à La Chapelle-aux-Pots, à Marseille-en-Beauvaisis, à Mazzé en Maine-et-Loire, à Vern dans l'Ille-et-Vilaine. On copie sa présentation, son façonnage dans des boîtes rondes en bois de peuplier, clouées ou agrafées, comme celles qu'on fabriqué à Livarot. Et ce n'est pas fini ! On produit encore du « camembert » étranger, en Allemagne, bien entendu, en Suisse, en Danemark, produits qui viennent concurrencer notre « camembert » national ! On a donc bien raison, pour rappeler l'origine du roi des fromages, de commémorer le souvenir de la fermière Marie Harel qui l'inventa, et à laquelle tous les gastronomes doivent garder une reconnaissance profonde !

Fromage ! Poésie !
Bouquet de nos repas
Que sentirait la vie,
Si l'on ne t'avait pas !

chantait jadis le chansonnier Meusy !

G.D.

A propos de « l’inventrice du Camembert »

A propos d’une note sur « l’inventrice du Camembert », la fermière Marie Harel, à laquelle on doit élever un monument à Vimoutiers, on nous signale une légère erreur. La filleule de M. Victor Paynel, qui épousa la fille de Marie Harel, s’appelait bien Mme Morice, mais non Mme Morice de Lessard. On l’a anoblie involontairement !

Elle habitait tout simplement un village du Calvados qui porte le nom de Lessard-et-Le-Chêne, où elle introduisit la fromagerie. Cette commune de 262 habitants, se trouve dans le canton et dans l’arrondissement de Lisieux. Lessard et Le Chêne formaient un fief de la vicomté d’Auge et de la sergenterie de Cambremer. Les deux communes furent réunies par arrêté du Directoire du département du Calvados du 16 février 1791.

Il existe toujours deux fromageries à de Lessard-et-Le-Chêne, dirigées par M. Foyer et M. E. de Neuville, mais on nous informe que la famille Morice a quitté Lessard, il y a un demi-siècle pour aller s’installer à Ouilly-le-Vicomte et y fonder une fromagerie qui existe encore aujourd’hui. Ardouin-Dumazet, dans son amusant Voyage en France, a conté que le « camembert » avait sa légende. Il aurait été inventé avant la Révolution par un brave curé de village qui aurait trouvé le moyen de fabriquer ces fromages onctueux et gras. Menacé pendant la Terreur, il aurait trouvé abri chez Marie Fontaine, femme de l’herbager Harel, qui l’aurait caché et réussit ainsi à le sauver. Pour témoigner sa reconnaissance, le curé enseigna à ses hôtes l’art de fabriquer son fromage.

Si non e vero e bene trovato !

G.D.

A la gloire d’une fermière normande
(10.IV.1928 ?)

Pour l’inauguration du monument à Marie Harel, la créatrice de Camembert, il y a, le 11 avril, fête à Vimoutiers (Orne), sous la présidence d’un ancien président de la République française, M. Alexandre Millerand, aujourd’hui sénateur du département.

Le monument à Marie Harel a été élevé par souscription publique non loin de la commune de ce nom.

C’est à Camembert que Marie Harel n’ée en 1761, prépara pour la première fois, dans sa ferme de beau-Moncel, ce fromage dont la renommée est mondiale. Rien ne manque à la gloire de ce produit du sol normand, même pas le plagiat. On a fabriqué du pseudo-camembert en Allemagne, en Suisse et au Danemark ; mais le faux amembert, outre qu’il est beaucoup moins bon au goût, n’a jamais réalisé de ces cures que certains docteurs américains attribuent au vrai camembert. En reconnaissance pour le camembert, le fondateur d’un sanatorium de New-York est venu, il n’y a pas bien longtemps, déposer une « guirlande » cravatée aux couleurs franco-américaines sur le tombeau de Marie Harel. Il prétendait avoir obtenu d’excellents résultats en soignants ses malades par des régimes où figuraient principalement le pain bis et le fromage de Camembert.

En France, ce sont surtout les gens bien-portants et les gourmets qui se régalent de Camembert.

Hommage au camembert

Autrefois, la jeunesse montmartroise s'amusait à chanter un hymne au fromage, dont le refrain état celui-ci :

Fromage, poésie
Bouquet de nos repas
Que sentirait la vie,
Si l'on ne t'avait pas !

Le fromage, apprécié par Brillat-Savarin à des détracteurs irréconciliables, mais aussi des laudateurs fanatiques.

Il en est jusqu'en Amérique, et, samedi dernier, un docteur américain est arrivé directement de New-York à Vimoutiers, dans l'Orne, pour honorer la créatrice du camembert.

C’était l'honorable Dr Joseph Kirim, fondateur du sanatorium d'East Filsner, à New-York. Lui-même s'est fait, paraît-il, une renommée dans cette ville en soignant les gens par un régime fait de fromage de Camembert. Il affirme s'être guéri par ce fromage, et, en reconnaissance, il vient déposer une couronne sur la tombe de Mme Harel qui, à la fin du XVIIIe siècle, trouva le mode de fabrication des fromages de Camembert.

C'est attendrissant, pour les amateurs de fromage.

Quant aux autres... ils se contentent de rester bons Français, mais ils n'ont pas la parole.





1 commentaire:

normandie5 a dit…

je recherche les paroles de la chanson évoquée: fromage, poésie, bouquet de nos repas..... car ma grand-mère chantait cette chanson
Merci