jeudi 18 décembre 2014

J'ai testé un MOOC !

Imaginez un cours suivi simultanément par des centaines, voire des milliers de personnes. Il n'y pas de condition d'âge, ni de diplôme, ni de lieu pour s'y inscrire. Ce rêve existe : il s'appelle le MOOC (Massive Open Online Course). Ce dispositif de formation en ligne est parfois présenté comme l'avenir de la formation. Fin novembre 2014, démarrait un MOOC francophone, ITyPA. Je suis monté dans le train pour vivre ma première expérience de MOOCeur.

ITyquoi ?


Une expérience qu'il était difficile de regretter puisque, comme la plupart des MOOC, l'inscription était gratuite. Ce MOOC s'appelait donc ITyPA, un acronyme pour Internet, Tout y est pour Apprendre. Pour résumer, l'objectif de la formation était de nous expliquer comment on peut apprendre à l'heure du numérique. Ci-dessous, la vidéo alléchante qui m'a convaincu de m'inscrire :
 
Le MOOC durait neuf semaines (10 octobre-11 décembre 2014) et requérait, selon les organisateurs, au moins 1h30 de travail hebdomadaire pour l'apprenant. Le principe d'ITyPA était assez déroutant : 
"ITyPA n’est pas un cours classique où l’enseignant vous dit ce que vous devez lire, les exercices que vous devez faire, avant telle date [...] Chaque membre d’ITyPA est à la fois consommateur, producteur, apprenant des et avec les autres, enseignant-accompagnant d’autres membres, observateur actif" (présentation de Itypa par les organisateurs). 
L'apprentissage se ferait en échangeant avec les pairs, c'est-à-dire principalement entre les participants. Chacun poserait des questions, partagerait des ressources qu'il aurait trouvé sur le web, aiderait les moins avertis que lui. Aucune évaluation ne concluait la formation ; chacun se fixait ses propres objectifs d'apprentissage. Ni dieu, ni maître (autre que soi-même), bref la liberté.

Derrière la promesse, la réalité

Il semble que cette liberté ait favorisé l'envol des oiseaux. Au départ, nous étions environ 850 inscrits mais très rapidement, le nombre de participants a fondu comme neige au soleil. Seuls 352 ont suivi le premier "cours" (soit environ 40%).  Neuf semaines plus tard, donc à la fin, nous n'étions plus que 42 personnes (5%). En conséquence, je n'ai plus retrouvé des personnes avec qui j'avais pris contact au début. A l'inverse, cette diminution des participants facilite les échanges car on se retrouve, au fil des semaines, entre habitués. Pour autant, j'ai rarement trouvé de la matière dans les échanges sur le forum du MOOC ou sur la communauté sur Twitter. Autrement dit, cet aspect connectiviste (se connecter aux autres pour apprendre), au demeurant séduisant, n'a pas très bien fonctionné. Globalement, la mayonnaise n'a pas pris. Mais j'en suis sûrement le principal responsable.

En conséquence, je me suis consacré aux "cours" proposés par les organisateurs. Autrement dit, je revenais à l'approche traditionnelle de l'apprentissage : lire un contenu structuré et rédigé par des connaisseurs. Chaque semaine, les organisateurs proposaient la présentation d'une thématique (recherche sur le web, veiller, partager...) sur une plate-forme. Ce contenu renvoyait vers des articles de blogs ou des vidéos. J'ai beaucoup butiné dans cette masse d'information, dépassant du coup assez largement l'investissement minimal en temps préconisé avant le début du Mooc (au moins 1h30 par semaine). J'ai aussi suivi les visio-conférences hebdomadaires avec des "experts" de la thématique. 
Un "cours" sur la plate-forme du MOOC ITyPA
Au final, quelques idées, méthodes ou outils glanés dans ces explorations cyber-spatiales, la découverte de professionnels aux idées enthousiasmantes mais pas de quoi démarrer ma révolution. J'ai le sentiment d'avoir peu appris, non pas à cause de la médiocrité de l'enseignement, mais sûrement parce que mon niveau était avancé. Mon travail de médiateur numérique à la médiathèque et mes activités extra-professionnelles m'avaient fait beaucoup réfléchir sur certains sujets et expérimenté de nombreux outils ou activités. 

Les MOOC, on s'en moque ? 

En fin de compte, est-ce tant au niveau des savoir-faire que le bénéfice d'Itypa se mesure : apprendre à mieux rechercher avec Google, mieux utiliser Twitter, savoir créer un document collaboratif... En fait, j'ai l'impression d'avoir pris du recul par rapport à mon activité d'internaute. J'ai assimilé quelques principes qui me serviront toute ma vie de "connecté" :
  • L'importance d'avoir un réseau avec qui partager ses passions, ses questions ou ses problèmes (les réseaux sociaux, notamment Twitter, démultiplient les possibilités de contacts).
  • La nécessité (voire le devoir) de publier ses réflexions, ses productions (articles, tableaux interactif, carte heuristique...). C'est d'ailleurs la raison d'être de cet article :)
  • Les bienfaits de la collaboration dans la production des savoirs
  • Le formidable outil qu'est Internet pour exercer sa citoyenneté.
Un exemple de réalisation par un apprenant, Denis Gérard, sur ItyPa : une carte heuristique sur son processus d'apprentissage

 Je ne vous en dévoile pas plus car peut-être serez-vous le prochain passager du train ITyPA. En effet, les organisateurs prévoient une nouvelle édition en 2015 ou 2016. De mon côté, je vais chercher un autre Mooc à expérimenter.

Pour en savoir plus

Aucun commentaire: